Philippe Curval :
» Ce qui importe avant tout, c’est de considérer l’acte d’écrire de la science-fiction comme le réflexe spontané d’un certain nombre d’individus face à la sclérose de la culture contemporaine inapte à assimiler ses propres mutations, sans s’attarder au refus quasi généralisé d’un public peu préparé par les médias à saisir son pouvoir germinatif. Maintenant qu’une histoire du mouvement se dessine, il est facile de voir que la science-fiction évolue et se renouvelle car il est inscrit dans son destin de constituer le commentaire permanent de nos civilisations en pleine évolution. A la limite, je prétendrai même qu’il est absurde de considérer la science-fiction comme une littérature de rupture puisqu’elle ne fait qu’intégrer les données du monde actuel à son discours, à la manière de toutes les grandes littératures qui l’ont précédée. Le phénomène ostentatoire de répulsion qui accompagne son apparition, les réactions agressives à l’égard de ses alibis scientifiques tiennent plus à l’attitude conservatrice d’une élite imprégnée d’un savoir inerte qu’ à un complot antirévolutionnaire. »
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