LE CHOC DES MONDES (WHEN WORLDS COLLIDE)
Année : 1951
Réalisateur : Rudolph Maté
Scénario : Sydney Boehm (d’après le roman de Philip Gordon Wylie et Edwin Balmer)
Production : George Pal (Paramount Pictures)
Musique : Leith Stevens
Effets spéciaux : Jennings et Barndollar, Chesley Bonestell
Pays : USA
Durée : 85 min
Interprètes : Richard Derr, Barbara Rush, Peter Hansen, John Hoyt, Larry Keating, Rachel Ames…
L’HISTOIRE :
La planète Bellus va entrer en collision avec la Terre. L’espèce humaine est en sursis, il ne lui reste plus que huit mois à vivre. Néanmoins les Nations Unies considèrent les prévisions des spécialistes comme fausses, par conséquent aucune action n’est engagée. Seul un milliardaire finance lui-même les travaux d’un petit groupe de scientifiques dans le but de faire construire un vaisseau spatial capable d’accueillir une quarantaine d’hommes et de femmes tirés au sort, ainsi que différentes espèces d’animaux. L’engin spatial, véritable Arche de Noé, sera expédié vers Zyra, satellite de Bellus, que l’espèce humaine colonisera afin de survivre…
LE CHOC DES MONDES appartient aux grands classiques de la science-fiction cinématographique des années 1950. Il figure en bonne place parmi LA GUERRE DES MONDES, PLANETE INTERDITE, LES SURVIVANTS DE L’INFINI et autre JOUR OU LA TERRE S’ARRÊTA, échantillons les plus représentatifs de la célèbre sci-fi des fifties. Réalisé en 1951 par Rudolph Maté (soit la même année que LE JOUR OU LA TERRE S’ARRÊTA) et produit par le grand George Pal (LA GUERRE DES MONDES, LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS, DESTINATION LUNE, ATLANTIS), LE CHOC DES MONDES dispose pratiquement de la même équipe technique qui, en 1953, travaillera sur LA GUERRE DES MONDES. Ainsi, nous trouvons aux commandes du film : Gordon Jennings pour les effets spéciaux (lequel obtiendra d’ailleurs un Oscar amplement mérité pour son excellent travail), Chesley Bonestell en tant que conseiller technique et Leith Stevens pour la musique. Le budget du film s’élève quant à lui à 936 000 dollars.
On ne peut qu’être impressionné par la qualité des effets spéciaux du CHOC DES MONDES, en particulier en ce qui concerne les splendides peintures sur verre représentant la fusée géante en construction sur sa rampe de lancement et la maquette elle-même, véritable Arche de Noé autour de laquelle s’affairent des centaines d’hommes et de femmes, de machines et de grues, le jour de l’apocalypse se rapprochant un peu plus à chaque seconde qui passe… Zyra, première planète à frôler la Terre, provoquera divers cataclysmes : tremblements de terre, éruptions volcaniques, raz-de-marées (séquences souvent illustrées par de nombreux stocks-shots, budget limité oblige). Bellus, douze fois plus grande que notre planète, entrera quant à elle en parfaite collision avec notre pauvre monde, s’anéantissant elle-même.
LE CHOC DES MONDES bénéficie également d’une très belle photographie (nommée aux Oscars dans la catégorie « Meilleure photographie en couleurs ») signée John F. Seitz et W. Howard Greene, les scènes de fin du monde et de la fusée, avant et après le décollage, s’avèrent à ce propos très spectaculaires. Tout le film est empli d’une dimension tragique et… biblique (George Pal oblige !). Le film s’ouvre d’ailleurs sur la Bible. On ne sera donc guère surpris de savoir que Cecil B. DeMille ait voulu, au départ, réaliser LE CHOC DES MONDES. Le film se termine sur une note d’espoir : les quarante derniers représentants de l’espèce humaine, parvenus sur Zyra, découvrent un monde d’une grande beauté (mais visiblement déjà habité…) sur lequel ils vont devoir rebâtir toute une civilisation. Si autant les peintures sur verre précédentes étaient criantes de réalisme, le dernier plan nous dévoilant le paysage de Zyra est digne d’un dessin animé de Walt Disney ! Cette peinture ne devait être utilisée au départ que pour la promotion du film, George Pal ayant prévu l’utilisation d’une maquette pour la surface de la planète extraterrestre. Malheureusement la Paramount, beaucoup trop pressée, sortit LE CHOC DES MONDES avant que la maquette ne soit finie.
La suite littéraire du CHOC DES MONDES intitulée APRES LE CHOC DES MONDES, devait être tourné en raison de l’ampleur du succès du film de George Pal. Ce ne fut malheureusement pas le cas. DEEP IMPACT (Mimi Leder / 1997) se veut quelque peu la version moderne du CHOC DES MONDES, cependant un remake produit par Steven Spielberg est toujours prévu à ce jour. L’Encyclopédie de la science-fiction (de Jean-Pierre Piton et Alain Schlockoff / éd. Jacques Grancher) déclare à propos du CHOC DES MONDES : « Si le scénario qui n’est pas exempt de scories (deux intrigues amoureuses assez niaises, un personnage de mécène caricatural) agace dès la première image par ses références permanente à la Bible et par son prêche final (« Ce jour-là, un nouveau monde commença »), on peut néanmoins reconnaître au réalisateur, un certain dynamisme de la mise en scène. »
Sources : Wikipédia, Encyclopedia of Science-Fiction Movies, Keep Watching the Skies !
- Morbius -
Je l’ai vu il y a un moment déjà et j’avais aussi été vraiment bluffé par la qualité des effets spéciaux comme pour les autres productions de Georges Pal.
Par contre, très chrétiens, les sujets de George Pal m’ont souvent déçus pour leur minimalisme et c’est particulièrement le cas pour la fin du CHOC DES MONDES. Et un peu aussi concernant celle de LA GUERRE DES MONDES même si ce film reste pour moi un des piliers de ma vidéothèque depuis tout jeune. C’est d’ailleurs un peu pour celà que je n’ai jamais vraiment accroché celui de Spielberg qui bien que superbement réalisé, reste pour moi, un peu creux…
Et je ne critique ici aucune croyance qui ont été en partie, le berceau de ces films de SF des années 50, mais qui ont juste été exclues de mon éducation.
Étonnement, George Pal s’en est détaché dans les années 60 avec LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS qui est de la SF pure digne d’H.G. Wells et même un peu avant avec LES AVENTURES DE TOM POUCE (dont j’ai un vague souvenir)…
Évolution des mœurs obligeant ? Naissance du Gore en 1963, des films sexy à la Russ Meyer, des films de nudisme vers 1961-1963 et surtout la Nouvelle Vague de cinéma naturaliste venue d’Europe. De plus le monde entier n’allait pas tarder à exploser de l’intérieur vers 1966-1967-1968…etc…
Juste pour revenir à H.G. Wells, as-tu vu Morbius, THINGS TO COME ? Un film des années 30 aux décors monumentaux pour l’époque et qui est un peu passé à la trappe des grands classiques de la SF.
Sinon, je connais surtout le travail de Rudolph Maté sur les éclairages de gros classiques non fantastiques (TO BE OR NOT TO BE, GILDA…) mais comme beaucoup de personnes issues de ce métier de directeur de la photo (Mario Bava, Arthur Crabtree, Frank Darabont et j’en passe) les résultats, une fois la casquette de réalisateur choisie, sont souvent très bons.
Enfin, je trouve vraiment belles, les trois dernières photos choisies pour cet article.
La première est archi-connue.
Merci de ressusciter ces vieux films Morbius.
Apparemment le terme adapté à ce genre de passion n’est plus du domaine du « geek » mais du « nerd » (prononcer « neurde ») qui est un amateur de choses anciennes.
à+ et bonne fin de weekend.
« Nerd » ? Tiens donc, je ne connaissais pas… Décidément j’en apprends beaucoup avec toi !
J’ai un amour sans bornes pour les films de SF des fifties, et pour cette époque (avec également les années 1960). Tout jeune, PLANETE INTERDITE m’a profondément marqué, oserais-je dire plus encore que… STAR WARS ! Et ne parlons pas du JOUR OU LA TERRE S’ARRÊTA et de LA GUERRE DES MONDES !
C’est vrai que George Pal aimait beaucoup ramener la religion dans ses films, mais il est vrai aussi que c’était l’époque qui voulait ça. Aujourd’hui, tout le monde s’enfuirait des salles en hurlant si c’était encore le cas, et le réalisateur serait fusillé sur la place publique…
Ah oui, au fait, j’en profite pour répondre à une question que tu posais hier : est-ce que Jean-Pierre Dionnet est toujours sur Canal+ ? Eh bien malheureusement non, et ce depuis un bon moment déjà. J’adorais son « Cinéma de quartier ». Par contre, je ne savais pas qu’il avait un blog :
http://www.humano.com/blog/l-ange-du-bizarre
Bonne fin de semaine à toi aussi, Trapard.
Ah dommage pour J.-P. Dionnet quoiqu’on peut le retrouver de temps à autre sur des éditions françaises de DVD de films Chinois, Coréens et Japonais et de Fantastique encore un peu.
Un grand touche à tout, ce monsieur qui est parti de Metal Hurlant, aux Enfants du Rock jusqu’au cinéma que l’on aime !
Je garde le lien de son blog en marque page pour y revenir.
Il y a eu un petit retour à ce cinéma « biblique » (pour résumer avec un seul mot) concernant George Pal, avec la fin de PRÉDICTIONS d’Alex Proyas qui ne s’est pas fait fusillé mais dont le film a plutôt fait polémique, ou débat…J’ai d’ailleurs pensé au CHOC DES MONDES en voyant la fin de ce film.
Oui, tu as raison pour PREDICTIONS, j’ai d’ailleurs beaucoup aimé ce film alors que je déteste Nicolas Cage.
Rien à voir et juste entre parenthèse, le film INTOLERANCE (1916) de David Wark Griffith est connu pour les décors les plus monumentaux et onéreux de l’histoire d’Hollywood (à moins que j’ai loupé une information à ce sujet).
Griffith (qui est à l’origine des United Artists avec Charles Chaplin, Mary Pickford et Douglas Fairbanks) n’a jamais vraiment touché au fantastique exceptées des scènes un peu oniriques et une adaptation d’Edgar Poe, il me semble, et ses films sont souvent très mélodramatiques.
INTOLERANCE est un film basé sur la foi chrétienne que Griffith a tourné un an après son très célèbre NAISSANCE D’UNE NATION (1915) qui fut très critiqué car il mettait en scène le Klu Klux Klan comme héros masqués d’un laisser-aller malsain d’après la libération de l’esclavagisme, adapté d’un roman de son grand-père (je crois).
On y retrouve une des plus grandes actrices du muets (la plus grande pour moi, au même titre que Lon Chaney Senior, chez les hommes) c’est Lilian Gish.
Et pour fermer cette parenthèse et en revenir au fantastique cher à LEA : Lilian Gish interpréta un rôle que je trouve sublime en 1958 ! (l’eau a coulé sous les ponts, ou plutôt sur les plis de son visage depuis 1916…) dans LA NUIT DU CHASSEUR de Charles Laughton (ultime réalisation de l’interprète du Docteur Moreau et du Capitaine Bligh) et purée, quel film !
Dans ce film, par contre, la religion est plutôt montrée comme sournoise : Robert Mitchum, le prêtre assassin et voleur avec HATE et LOVE tatoués sur ses poings…
Attention spoiler.
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Pour l’utilisation du schéma des deux premiers humains de la Genèse, on le retrouve de temps à autre au cinéma et à la télévision.
De mémoire, je me souviens l’avoir vu dans un épisode de TWILIGHT ZONE (donc à la fin des années 50) puis dans le film de John Boorman, dans ZARDOZ (donc dans les années 70) mais amené de manière très psychédélique (utilisation du LSD et autres hallucinogènes devait être conseillée à l’époque, à l’entrée du cinéma…).
Je me souviens avoir vu l’épisode dont tu parles, en effet (mais je ne me rappelle plus du titre). Quant à ZARDOZ, c’est vrai que l’époque était, comment dire… très « planante » !
Ce film est, à mon avis, bien moins « fort » que La Guerre Des Monde, à cause de l’excès de sensiblerie qui gâche l’ambiance de peur qui dominait dans ce dernier.