Frank R. Paul (1884-1963) est reconnu comme étant le premier dessinateur des extravagantes couvertures des pulps (magazines bon marché de science-fiction américains) des années 1920-1950, il est même considéré comme le père de l’illustration de SF moderne. Son inimitable talent pour inventer des mondes extraterrestres aux architectures impressionnantes et aux couleurs criardes a bâti sa réputation.
Je tenais à vous faire découvrir Frank R. Paul, ce formidable artiste de l’Imaginaire que je ne connaissais pas encore. En fait, si, je devais sans doute l’avoir déjà croisé à travers les merveilleuses couvertures des pulps de l’âge d’or de la SF (pulps dont j’ai déjà parlé ici dans Les Echos d’Altaïr) et dont je suis fan, mais je ne m’étais jamais attardé sur les noms de leurs auteurs, davantage attiré par les incroyables spectacles de vaisseaux, de machines, de cités et d’aliens colorés que par le génie qui en était à l’origine. L’erreur est aujourd’hui réparée grâce au Dictionnaire Visuel des Mondes Extraterrestres d’Yves Bosson et de Farid Abdelouahab (éd. Flammarion), une mine de renseignements et d’images ! C’est justement le côté complètement décalé et fantasmagorique de ces couvertures qui me plaît, avec leurs représentations naïves de l’espace et du futur introduites dans des mises en scène spectaculaires. Bien sûr que tout cela a forcément vieilli, et même bien vieilli aujourd’hui ! Et alors ? C’est ce qui renforce encore plus ce charme désuet que j’apprécie tant. Partons sans tarder à la découverte de l’oeuvre de Frank R. Paul, un maître du genre, avant de visiter une galerie à sa gloire !
Frank Rudolph Paul est d’origine autrichienne. Il travaille dès 1914 pour Hugo Gernsback qui publie alors nombre de revues sans rapport avec la science-fiction, Electrical Experimenter ou Science and Invention pour ne citer qu’elles. Mais c’est à partir de la création du célèbre pulp de SF Amazing Stories par Hugo Gernsback, en 1926, que toute l’imagination de Paul va pouvoir réellement s’étaler sur les couvertures, les pages intérieures et les quatrièmes de couverture.
La formation d’architecte que Frank R. Paul a suivi au début de sa carrière (études à Vienne, Paris et New York) va s’avérer un formidable atout pour ses étonnantes conceptions de villes futuristes ou extraterrestres. Il réalisera 38 couvertures pour Amazing Stories et 200 autres pour les revues Air Wonder Stories, Science Wonder Stories, Wonder Stories, Planet Stories, Superworld Comics, Science-Fiction, Science-Fiction Plus, sans compter la première couverture de Marvel Comics. Sa couverture de La Guerre des Mondes pour Amazing Stories demeure la plus célèbre. Certains lui ont cependant reproché de ne pas être à l’aise pour représenter des personnages humains ou extraterrestres.
Dans L’Art de la Science-Fiction (éd. Chêne), Lester Del Rey déclare à propos de Frank R. Paul : « Interprète extrêmement doué des conséquences possibles de telle ou telle découverte, il était capable de prendre une idée à l’état brut et de la transformer en une vision imagée qui était en tous points fidèle à l’intention de départ. Avec ce bagage, Paul n’éprouve aucune difficulté à reprendre les descriptions maladroites de gadgets trouvées dans les histoires et à les transformer en quelque chose de beaucoup plus impressionnant que tout ce que les auteurs avaient pu imaginer. Comme il n’avait jamais fait d’illustration pour des revues de fiction courantes, il ne fit aucun effort pour adapter ses couvertures aux différents types de fiction. Paul cependant comprit parfaitement la nécessité de réaliser des couvertures suggestives et bien adaptées aux lecteurs à qui la revue était destinée. Il lisait le texte avec le plus grand soin, attentif surtout au détail technique et très vite il sentait où était la scène à faire, non pas tellement celle qui illustrait le conflit humain, que la situation la plus évocatrice des miracles futurs. »
Il faut savoir que, plutôt que de choisir un auteur populaire, le premier congrès mondial de la science-fiction à New York en 1939 a rendu hommage à Frank R. Paul en l’accueillant comme hôte d’honneur. L’enthousiasme des lecteurs de l’époque pour son oeuvre n’y est pas pour rien.
« Les images de Paul, d’un genre parfois naïf ou poétique, se caractérisent par de vives couleurs, souvent criardes, tributaires des contraintes d’impression. Reste que la tradition iconographique propre au genre « pulp SF », qui s’est développé à cette époque, doit beaucoup à son talent. » (Dictionnaire Visuel des Mondes Extraterrestres / Yves Bosson & Farid Abdelouahab / éd. Flammarion)
Nous laisserons le dernier mot à Pierre Versins, lequel déclare dans son Encyclopédie de l’Utopie et de la Science-Fiction (éd. L’Âge d’Homme) : « En ce qui concerne son talent, très caractériqtique et reconnaissable entre cent, il est indéniable dès qu’il s’agit de machines, inventées et « montées » avec une imagination prodigieuse et quasiment prêtes à fonctionner. On peut dire même que bien rarement ses illustrations ont besoin des nouvelles qu’elles illustrent, elles tiennent droites toutes seules. Et sa seule faiblesse – il n’a jamais su rendre réel un personnage, qu’il soit humain ou non – n’a pas grande importance en l’occurence. »
Visite de la galerie Frank R. Paul.
Pour en savoir plus sur Frank R. Paul.
Sources : Wikipédia, L’Art de la Science-Fiction, Dictionnaire Visuel des Mondes Extraterrestres, Encyclopédie de l’Utopie et de la Science-Fiction.
En effet, très bon article.
Bonjour, votre article est très bien fait. Je viens d’établir un lien vers mon blog perso.
Bonne soirée
Eh bien merci à vous.