« En Roumanie en avril 1941, une troupe de soldats allemands prend possession d’une forteresse bien que son gardien les mette en garde sur une présence surnaturelle en son sein. 108 croix en nickel sont accrochées au mur. Les soldats, pensant qu’elles sont en argent, en détachent une et libèrent une créature qui chaque nuit tuera les soldats. Une garnison SS débarque en renfort, persuadée que les morts sont dues à des partisans. Le capitaine de la troupe fait appel à un professeur juif infirme, le docteur Cuza, pour résoudre l’énigme contre l’avis du chef SS, le major Kaempffer. Cuza pactise avec la créature qui lui redonne force et vigueur en échange de son aide. Pensant agir ainsi contre les troupes allemandes et aveuglé, il apporte son soutien au Mal de l’humanité. C’est alors qu’intervient un étranger… » (Wikipédia)
Que voilà un monstre sacré ! Radu Molasar, l’incarnation du mal absolu, du film culte (et trop rare) LA FORTERESSE NOIRE (THE KEEP / Michael Mann / 1983), est une entité surnaturelle à la force prodigieuse qui prend progressivement forme au fur et à mesure de ses meurtres horribles. Sa métamorphose continuelle passe par les stades suivants : sphère d’énergie pure, nuage où se dessinent des fibres nerveuses, squelette surmonté d’un cerveau,’ »écorché » et enfin colosse musclé à la peau bleue et aux yeux rougeoyants. Véritable vision de cauchemar, créature impressionnante à la voix qui vous glace le sang, Molasar est un des monstres les plus effrayants du cinéma fantastique, créature souvent qualifiée de « lovecraftienne. » Son apparence est l’oeuvre du célèbre dessinateur français Enki Bilal, lequel déclare à propos de sa participation au film : « Il y avait une créature au rôle essentiel dans le film. Les deux premiers stades de sa conception étaient déjà plus ou moins terminés. Le squelette était fait et, à partir de celui-ci, j’ai dessiné un corps. J’ai habillé le squelette en quelque sorte. Je lui ai donné des traits, des superstructures, etc… J’ai donc fait le stade final de cette créature, et tout s’est très bien passé. » Cependant quelques petits changements ont été effectués sur la créature. Bilal s’explique : « Il y a eu des petits changements de détails, qui provenaient sans doute de l’aspect extrêmement abstrait, voire nébuleux, qu’avait Michael Mann de l’image du monstre dans sa tête. En effet, le monstre de The Keep n’est pas spectaculaire, au sens où il n’a pas de tentacules, etc… Ce n’est pas Alien. C’est un humanoïde, mais qui part de quelque chose de très inhumain. La difficulté résidait plutôt là. Michael Mann me donnait des impressions très vagues, que j’essayais de transcrire. Mais tout s’est déroulé très bien. C’était fabuleux de voir un petit crayonné prendre forme, exister en trois dimensions. »
Le maquilleur Nick Maley s’est chargé de la conception de la créature en fabriquant un costume hyper-sophistiqué. Les gros plans du visage de Molasar utilisent différents modèles de têtes animées, alors que lorsque la créature est vue en pieds il s’agit d’un acteur dans un costume, aux muscles artificiels actionnés grâce à un système de reliage perfectionné.
L’avis des spécialistes :
« Passionné par le personnage de Molasar, Michael Mann a particulièrement soigné chacune de ses apparitions, et rarement une créature fantastique aura dégagé une telle impression de puissance. Il s’agit peut-être du premier monstre « intellectuel » du cinéma, s’exprimant avec une voix particulièrement terrifiante, bien servi par des dialogues d’une grande pureté qui nous font immédiatement ressentir la perversité du personnage. Avant de terrifier, Molasar fascine et on se prend presque à espérer qu’il mène à bien ses ambitions : la cruauté et la brutalité des commandos nazis semblent soudain bien dérisoires face à l’immense pouvoir de Molasar. Reconnaissons que si la morale du film peut sembler ambiguë (on trouve toujours plus salaud que soi), elle est du moins exprimée avec panache. » (Olivier Billiottet / L’Année du Cinéma Fantastique 84-85 / éd. Bédérama)
« Molasar nous apparaît comme une créature ambiguë, comme l’homme en fait, dont il reflète la personnalité ; lorsqu’avant d’être détruit, le S.S. Kaempfer lui demande, terrorisé, d’où il vient, il lui répond qu’il est une partie de lui-même, son reflet. S’il apparaît comme la concrétisation du subconscient humain, et notamment de celui de l’esprit des nazis, le démon ressuscité endosse aussi la fonction d’un personnage légendaire issu de la culture juive : le Golem, être magique mû grâce à l’énonciation de formules cabalistiques et dont le cinéma nous gratifia de plusieurs adaptations. » (Denis tréhin / Mad Movies)
« Molasar, personnification du Mal emprisonné dans les profondeurs de la terre, attend la délivrance, tout comme Cthulhu ou Yog Sothoth. L’intervention maladroite de deux soldats allemands, pris au piège de leur cupidité, le libèrera. Le monde en guerre de Woermann et Kaempfer « bascule » dans l’irrationnel. La lutte contre l’inexplicable se révèle vaine, et seul un être de la puissance de Molasar pourra sauver l’humanité de la destruction. » (Daniel Scotto / L’Ecran Fantastique)
http://www.dailymotion.com/video/xdy14p
Sources : L’Année du Cinéma Fantastique 84-85, Mad Movies, L’Ecran Fantastique, Wikipédia.
Et il est tout de même mieux dans le film (avec les éclairages et tout) que sur les photos, très impressionnant…
Au passage, j’adore Michael Mann, un très bon artisan de l’image, toujours d’une rare efficacité.
Je le trouve aussi bien sur les photos que dans le film.
Je dis ça pour le côté latex de la seconde photo de lui…
Latex, latex… ouais, ouais… Latex ou pas latex, un machin comme ça que tu rencontres même au carnaval de Nouméa, ça doit faire son effet !
c’est sûre…Lol
Au passage, on vient de m’envoyer un lien de blog qui annonce le tout récent décès de Jean Rollin !!!
http://david-z.blogspot.com/search/label/Jean%20Rollin?zx=d5d3bd7f10a2b1ed
C’est décidément la série actuellement.
Rollin est décédé en décembre dernier.
Tu veux parler de qui ?
Je parle de tous les décès récents dans le milieu du cinéma : Irvin Kershner, John Barry, Leslie Nielsen, Anne Francis, et j’en oublie.
En effet.
Un des acteurs de Jean Rollin aussi (j’ai oublié son nom) et Paul Naschy, David Carradine…