Elles éclaboussèrent la rétine des fantasticophiles calédoniens durant une dizaine d’années, libérant pêle-mêle dans les salles obscures de Nouméa monstres effrayants, aliens menaçants, mondes inconnus, tueurs psychopathes, guerriers sanguinaires, cyborgs justiciers et mutants aquatiques en liberté. Elles s’emparaient des âmes de leurs fidèles pendant 24 heures et ne les libéraient qu’au petit matin, métamorphosées par cette orgie où se mêlaient rêves et cauchemars dans une débauche d’images et de sons… Ce furent LES 24 HEURES DU FANTASTIQUE, une expérience au-delà du réel…
L’ORIGINE MYSTÉRIEUSE DES 24 HEURES DU FANTASTIQUE…
S’il n’y avait pas eu le Sci-Fi Club, il n’y aurait jamais eu les 24 Heures du Fantastique. L’association destinée à promouvoir l’Imaginaire en Nouvelle-Calédonie est née en 1986 et la première édition des 24 Heures du Fantastique eut lieu en 1987, du 21 au 22 novembre.
J’avoue avoir beaucoup de mal à me rappeler exactement les circonstances qui nous ont amené, alors que j’étais président du Sci-Fi Club, à la création de ce fabuleux projet en compagnie des cinémas Hickson. Tout ce dont je me souviens c’est d’une conversation que j’ai eue à l’époque avec l’un de ses responsables. Je lui faisais part de mon regret de ne connaître aucun festival de films fantastiques et de science-fiction en Nouvelle-Calédonie, alors que je me rappelais d’un formidable après-midi cinéma fantastique au Liberty (merveilleuse salle aujourd’hui disparue) où, encore gamin, j’avais pu découvrir avec ma cousine et son copain LE BATEAU DE LA MORT, TERREUR SUR LA LIGNE et deux ou trois autres titres que j’ai oubliés. Quelque temps plus tard, incroyable mais vrai, ce responsable nous proposait ce qu’il avait baptisé Les 24 Heures du Fantastique, un projet fou où durant 24 heures seraient projetés 13 films fantastiques et de science-fiction pour une modique somme (800 F, soit moins de 7 € !). Tous les titres avaient déjà été projetés, voilà pourquoi le tarif était réduit. Je pense que Thierry G., vice-président du Sci-Fi Club de l’époque et projectionniste aux cinémas Hickson, fut pour beaucoup dans la réalisation du festival.
Je trouvais le projet dément ! Passer une journée entière enfermé dans une salle de cinéma à s’empiffrer de films me paraissait une chose impossible, mais l’idée me plaisait totalement, d’autant plus que nous allions obtenir une part sur les recettes, et le club en avait bien besoin pour vivre ! L’ensemble du bureau du Sci-Fi Club se lança alors dans l’aventure, et des affiches furent créées dans la précipitation une semaine avant la première édition des 24 Heures du Fantastique ! Deux furent choisies à l’occasion d’un concours et photocopiées sur des formats A3 fluos. Elles étaient très axées STAR WARS, avec notamment un Vador ayant terrassé Superman après lui avoir arraché le coeur ! Les voici…
LA PREMIÈRE ÉDITION DES 24 HEURES DU FANTASTIQUE
La première édition des 24 Heures du Fantastique se fit donc dans des délais extrêmement serrés, et un mystérieux petit dessin d’affiche (qui reprenait vaguement celle de LA GALAXIE DE LA TERREUR) fut publié à temps dans le quotidien Les Nouvelles Calédoniennes afin de signaler l’événement (il est publié plus haut, et personne n’a jamais su qui en est à l’origine, mais je soupçonne Thierry G. !). Et ce fut la salle du Liberty (sorte de Grand Rex nouméen, toutes proportions gardées car il n’y a que 300 places) qui fut sélectionnée pour accueillir le festival.
Cependant, et malgré tous ces préparatifs, cette première édition ne faillit jamais voir le jour… Voilà ce que j’écrivais alors dans le numéro 2 du bulletin du Sci-Fi Club, Sci-Fi News, daté de décembre 1987 : « N’étant toujours pas sûrs de la réalisation du festival, c’est avec une agréable surprise que les Scifiles découvrirent dans Les Nouvelles Calédoniennes datées du mercredi 18 novembre, soit trois jours avant le jour « J », l’annonce officielle des 24 Heures du Fantastique pour le samedi 21 novembre agrémenté d’un programme (déjà) fixé. Les Scifiles eurent donc juste le temps d’apprendre la nouvelle (pour ceux qui l’avaient apprise !) et ainsi être présents « en uniforme » le Grand Jour. » Je poursuivais en précisant : « Pour ma part, je m’empressais de photocopier illico presto 200 programmes et 200 affichettes publicitaires pour le Sci-Fi et me présentais le samedi 21 devant la salle de cinéma avec mes 400 affichettes, 2 affiches fluo avec programme, 1 affiche fluo de pub sur le Sci-Fi Miniclub, mon appareil photo, des sandwichs, des boissons et un compact disc bourré de musiques de films SF et F afin d’apporter une certaine ambiance (ou une ambiance certaine !) à la salle ! »
Malgré l’aspect brouillon du lancement des 24 Heures du Fantastique, le festival connut un joli succès car la salle de 300 places du cinéma Liberty fut entièrement remplie en un rien de temps ! Le programme en valait la peine : ALIENS, LES AVENTURES DE JACK BURTON, LA MOUCHE, LES MERCENAIRES DE L’ESPACE, GOTHIC, L’EMPRISE, MORSURES, LA MALEDICTION FINALE, HIGHLANDER, KING KONG II, TARAM ET LE CHAUDRON MAGIQUE, HITCHER et PSYCHOSE PHASE III.
Je me souviens du sentiment de fierté qui s’empara de nous, adhérents du Sci-Fi Club, alors que nous concrétisions l’un de nos premiers projets d’envergure à l’échelle de l’association (alors appelé Sci-Fi Miniclub) et que nous voyions la salle se remplir. Je me souviens aussi de cette nuit blanche que nous avons passé sur place… un véritable défi ! Pour tout savoir de cette première édition, cliquez sur les liens ci-dessous (article de CosmoFiction Fanzine numéro 1) :
Les 24 Heures du Fantastique 1987 (1)
Les 24 Heures du Fantastique 1987 (2)
L’édition 1987 des 24 Heures du Fantastique connut un tel succès qu’il fut alors décidé, bien entendu, de renouveler l’opération chaque année. Le festival était lancé, désormais rien ne l’arrêterait…
LE RETOUR DES 24 HEURES DU FANTASTIQUE
La seconde édition des 24 Heures du Fantastique se déroula du samedi 29 au dimanche 30 octobre 1988 (découvrez l’annonce dans Sci-Fi News numéro 12 ici-même). Au menu, toujours 13 films : HIDDEN, LA FOLLE HISTOIRE DE L’ESPACE, LES MAITRES DE L’UNIVERS, LES ENVOUTES, HOWARD, RUNNING MAN, LE SECRET DE LA PYRAMIDE, NUIT DE NOCE CHEZ LES FANTÔMES, TERMINATOR, CONTACT MORTEL, CONAN LE DESTRUCTEUR GANDAHAR et FX / EFFET DE CHOC. Le programme avait été élaboré cette fois-ci par nos soins (en compagnie des cinémas Hickson). Le tarif était passé à 1000 F (soit un peu plus de 8 €) et il devait s’y stabiliser pour quelques éditions. L’affiche avait été réalisée cette fois-ci par Stéphane Roux, auteur des Star Blagues de notre fanzine CosmoFiction. Le fanzine fut d’ailleurs très présent durant cette édition grâce à ce que nous appellions alors le « Stand CosmoFiction ». C’était notre stand, juste dans l’angle de la buvette du cinéma Liberty. Nous y vendions notre fanzine et renseignions le public sur les activités du Sci-Fi Club. Mais, plus que tout, cette édition des 24 Heures proposait pour la première fois à la vente des tee-shirts reproduisant l’affiche du festival ! On ne peut pas dire qu’il s’agissait d’une réussite : le tissu était plutôt de mauvaise qualité (nous avions choisi les prix les plus bas…) et l’impression de l’affiche s’avérait beaucoup trop sombre (déjà que l’affiche en elle-même était très sombre…). Enfin, pour la première fois encore, nous demandions au public de voter pour son film préféré à l’aide d’une fiche qui lui était distribuée à l’entrée. Comme le procédé n’obtint aucun succès (ou si peu), il fut très vite abandonné.
Cette deuxième édition des 24 Heures du Fantastique, malgré une organisation plus rigoureuse que la première, ne connut pas le succès de la précédente… Ce fut une surprise et, forcément, une sacrée déception… J’écrivais alors dans le bulletin du Sci-Fi Club de novembre 1988 : « Programme décevant ? Week-end prolongé de la Toussaint ? Départs en vacances ? Manifestations concurrentes ? Quelle est donc la raison du succès mitigé de cette deuxième édition des 24H du Fantastique ?… En tout cas, on ne pourra pas accuser cette année le Sci-Fi de ne pas avoir misé sur la publicité ! Environ 150 affiches tous formats (A4, A3, A2) ont été publiées et distribuées partout à Nouméa ; un encart publicitaire a été financé dans Les Nouvelles Calédoniennes. Télé 7 Jours et Mercreguy ont parlé de notre manifestation. Alors ? Le public calédonien est si difficile à comprendre ! »
Néanmoins les cinémas Hickson nous donnaient d’ores et déjà rendez-vous pour l’année suivante, à notre grand soulagement ! Et finalement le succès des éditions allait devenir croissant, si impressionnant que Les 24 Heures du Fantastique allaient bientôt se diviser en deux week-ends de projections ininterrompues ! Mais ça, c’est une autre histoire… Rendez-vous dans Les Echos d’Altaïr pour la suite dans les semaines qui viennent avec, au programme : »Les autres éditions des 24 Heures du Fantastique », « Les affiches d’Arnaud Pheu » et « Les 24 Heures du Fantastique : secrets et anecdotes » !
LA SUITE EST ICI.
J’m'en souviens comme si c’était hier !
Ma maman, ma tantine, mon cousin on y était et c’était d’enfer !
Les 24 heures du fantastiques…
Certains s’endormaient vers les 01h00/02h00 du matin…
Ceux qui tenaient le coup ressemblaient à des zombies…
D’autres s’réveillaient suite à des bruits de paquets de « TIMTAM » ou de « Twisties » qui passaient de mains en mains et se retrouvaient alors à suivre tant bien que mal le fils de l’histoire d’un film, tout en se frottant le visage, en se redressant légèrement et en scrutant autour d’eux pour faire un semblant de « Je ne dormais pas… » avec bien sûr cette ultime question : - »C’est quel fillm ? »
Que de bon souvenirs et merci surtout à Thierry G. comme tu le dis, il y était beaucoup pour que ce festival sorte de ses entrailles !
Où est ma DeLorean ?
Et moi, j’étais crevé comme pas un avec une nausée (les fumées de cigarettes…), mais que de souvenirs extraordinaires ! Quelle ambiance !
J’ai jamais pu y aller, j’avais pas le droit !
Comment ça tu n’avais pas le droit ?…
les films d’horreur : les parents. Je suppose.