FLASH GORDON, DE LA BD AUX SERIALS (par Trapard)
Déjà, j’aime particulièrement la bande dessinée de SF et d’aventure des années 30 et 40. Un goût né de mes lectures d’une des premières bandes dessinées de l’Histoire du 8ième Art que sont Les Aventures de Little Nemo in Slumberland de Winsor McCay, parues dans les années 1910 dans un journal américain. Si ce titre ne vous dit rien, peut-être vous rappelez-vous de ce gamin qui s’envole, à chaque planche, pour des histoires totalement surréalistes dans un monde magique de princesse et de crapaud en costard fumant le havane et injuriant son prochain, et en se frottant aux pires improbabilités et terminant, à chaque coup, au bas de son lit, la tête encore mêlée de son dernier rêve ?
C’est de par cette BD, que j’en suis naturellement arrivé à lire Jim la Jungle, Terry et les Pirates, Dick Tracy, Mandrake le Magicien et surtout…Flash Gordon.
Et moi, qui ai grandi avec Tintin, Asterix et Lucky Luke, je dois dire qu’il m’a fallu un peu de temps et d’étonnement, pour m’adapter à la précision du style américain, et particulièrement de celui d’Alex Raymond, l’auteur des aventures de Flash Gordon.
Gosse, j’avais pu découvrir l’adaptation anglo-italienne de la BD accompagnée de la très entraînante musique de Queen que je me passais en boucle sur mon lecteur de vinyles.
Mais Alex Raymond, c’est autre chose…On ne se laisse pas absorber par un univers kitch multicolore, on part…On voyage…
J’en suis donc, tout naturellement, arrivé à m’acheter le double serial de Flash Gordon édité et restauré par Bach Films, et vendu à Movies 2000 : Flash Gordon (1936, réalisé par Frederick Stephani, en 15 épisodes, et Flash Gordon conquers the Universe, tourné en partie par Ford Beebe, le roi du serial, en 12 épisodes).
Pour ceux qui, et je peux le comprendre, ont beaucoup de mal à s’immerger dans le cinéma des années 1930 et début 40, je peux leur conseiller de partir à la découverte de ce comédien des serials qu’était Buster Crabbe.
Buster Crabbe a été un très crédible Tarzan, dans Tarzan l’Intrépide, bien que le public féminin ait sûrement plus facilement adopté un Johnny Weissmuller, toujours impeccablement coiffé et très bon nageur. B. Crabbe a aussi été un bon Buck Rogers, Billy le Kid, et beaucoup d’autres personnages issus de bandes dessinées, comme il était courant à cette époque. Il a même tourné aux côtés de Johnny Weissmuller, dans Captive Girl, en 1950, un de ces films de jungle, où l’homme est livré à lui-même face à la nature hostile.
En Flash Gordon, Buster Crabbe endosse parfaitement le costume du personnage-titre, et j’avoue, pour ma part, m’être beaucoup plus rapproché d’Alex Raymond, grâce à ce vieux serial, qu’avec le film de Mike Hodges, encore auréolé de la période kitch du disco, bien que le film me plaise toujours assez.
Vous retrouverez, aux côtés de Flash, une jolie Dale Arden, personnage beaucoup plus emblématique et énigmatique, comme l’étaient les héroïnes de BD des années 30 et 40, que ne l’est la belle, mais un peu fade Melody Anderson des années 80. Et bien entendu, l’empereur Ming, le péril jaune impérial et venimeux, venant du ciel et plus seulement de l’Asie, comme le Fu Manchu de Sax Rohmer ou le Mister Wong de Harry Stephen Keeler…
De bonnes aventures spatiales en perspectives si vous êtes tentés, le tout tenu par des effets visuels et des décors étonnement très réussis pour une époque où la SF et le space-opera n’étaient pas la priorité d’Hollywood.
J’avais déjà découvert Things to Come (1936) de William Cameron Menzies, d’après H.G. Wells, il y a plusieurs années, et j’avais été fasciné par l’ampleur des décors futuristes. Et il y a deux ans de ça, Morbius m’avait prêté Mars attacks the World (1938), sorte de condensé de plusieurs épisodes du serial de 1936, qui m’avait aussi laissé entrevoir un univers de SF/X des années 30 dont j’étais loin de soupçonner l’importance. Mais voir les deux serials en entier, de 36 et de 40, c’est, tout de même, le must du must, pour découvrir l’univers cinématographique de la SF des années 30.
- Trapard -
Merci Trapard pour ce retour dans le passé de la SF rétro ! J’aime aussi le vieux serial Flash Gordon, celui qui, d’ailleurs, inspira George Lucas pour sa saga Star Wars. C’est une chance que l’on puisse le trouver aujourd’hui en DVD.
Ah, je ne savais pas que ces serials avaient inspiré George Lucas. C’est intéressant.
Si, si, c’est même d’ailleurs Flash Gordon qu’il voulait au départ à tout prix adapter au cinéma, mais les droits lui ont été refusés ! Ce sera Dino de Laurentiis qui les récupérera pour la version des années 1980.
Du coup, je suppose que c’est dans l’épisode de 1977 qu’il a repris quelques aspects de la BD et des serials. Mais je ne vois pas trop quoi. Peut-être l’univers mécanique ? Ou si, peut-être l’intérieur de la cité, à plusieurs niveaux, dans l’Empire contre-attaque, justement dans le passage qu’on a revu ces derniers temps, pour le décès de Bob Anderson, lorsque Luke perd sa main et qu’il apprend qu’il est le fils de Vador. Il y a tout un univers d’usine futuriste en suspension qu’on voit dans les serials (mais qu’on voit aussi d’ailleurs dans des films de SF des années 50, je pense à Planète Interdite, par exemple…).
En fait, il a repris de la BD d’Alex Raymond une bataille dans la neige avec des sortes d’autruches pour en faire sa version impressionnante dans L’Empire Contre-Attaque, et, toujours dans ce même film, la cité des nuages s’inspire de celle de l’univers de Flash Gordon. Mais d’autres aspects de la BD d’Alex Raymond sont présents dans ses films.
Mmm bien vu. Bien renseigné le Morbius.
Mais dis-moi, en cherchant pour mon article, des infos sur les adaptations de Flash Gordon, j’ai trouvé sur imdb http://www.imdb.com/title/tt0959086/ cette série TV de 2007 dont les photos me font penser qu’elle est très éloignée de l’univers d’Alex Raymond. Tu la connais ?
C’est une nullité absolue.
D’accord, un rajeunissement du mythe (donc épuration totale), je suppose.