LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRES LA PLUIE

Posté le 6 mai 2012

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LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRÈS LA PLUIE de Kenji Mizoguchi (par Trapard du Cri du Cagou)

Je ne m’essayerai en aucun cas à tenter un bref historique des histoires de fantômes dans les diverses superstitions, pour cet article, ce dont je serai franchement incapable. Par contre, si je me limite aux Cultures Geek, le Fantôme est, à ma connaissance, un grand familier de la littérature britannique de Shakespeare, en passant par Oscar Wilde. Des auteurs nous présentant cet être sous sa forme la plus spirituelle, toujours en errance, parfois prisonnier d’une malédiction, d’une demeure ancienne, parfois avec humour, souvent avec cette fatalité qu’ont les âmes omniscientes qui ont quelques fois la capacité de la partager avec le monde terrestre.

Le cinéma anglais n’a jamais été, lui non plus, en reste avec ces histoires de fantômes, tandis qu’Hollywood leur a souvent préféré la face cachée, la plus sombre et angoissante de l’invisible lorsqu’il s’agit des films de maisons hantées abritant une malédiction terrible pour ses habitants ou ses visiteurs.

D’autres pays encore, incluront ce Folklore dans leur industrie cinématographique et particulièrement l’Asie : de la Chine, en passant par la Corée du Sud, Singapour, mais surtout le Japon.

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Dans Les Contes de la Lune Vague Après la Pluie, il n’est ni question de fantômes angoissants revenus de l’au-delà par vengeance façon RING ou DARK WATER d’Hideo Nakata, ou des THE GRUDGE de Takashi Shimizu, pas non plus ceux des ONE MISSED CALL de Takashi Miike, ni ceux des NIGHTMARE DETECTIVE de Shin’ya Tsukamoto, et encore moins ces formes spectrales fantasmatiques et obsédantes des films de Kiyoshi Kurosawa.

Avec Les Contes de la Lune Vague Après la Pluie, nous sommes en 1953 et avec Kenji Mizoguchi, nous errons encore dans cet univers médiéval cher au cinéma japonais des années 50 et nous explorons une malédiction shakespearienne, où la Mort se présente ici, sous la forme d’un fantôme à l’apparence troublante de féminité, comme une confrontation à la tentation d’où l’un des principaux protagonistes tire certaines leçons de vie, sans s’en sortir tout à fait indemne. D’autres histoires d’avidités et de tentations obsédantes se croisent dans ce très beau film, dont la fin moralisatrice fait écho aux plus vieux contes eurasiens.

Le succès fut tel que ce film fit connaître Mizoguchi en Europe en obtenant le Lion d’argent à la Mostra de Venise en 1953.

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D’ailleurs, peu d’années après ce succès, Akira Kurosawa lui-même, tournera une adaptation de la pièce shakespearienne MacBeth, dans laquelle cette Malédiction mêlée de Sorcières fantomatiques, située en Ecosse, s’imbriquera parfaitement dans un décor médiéval et ancestral du Japon.

Pour re-situer le cinéma japonais des années 50 dans son contexte, c’est justement lors de cette décennie que l’industrie cinématographique de l’archipel cherchera un public hors de ses frontières.

Tandis que certains cinéastes comme Yasujiro Ozu continuent à réaliser et à faire exploiter leurs films au Japon, d’autres comme Kenji Mizoguchi et surtout Akira Kurosawa proposent un cinéma moins codifié, qui s’exporte plus facilement grâce notamment au Festival de Cannes ou d’autres festivals européens et américains. Un certain nombre de films de Kurosawa ont une telle influence sur le public et les producteurs occidentaux qu’ils seront refaits aux USA comme en Italie. Ainsi les 7 Samouraïs deviennent Les 7 Mercenaires et Yojimbo devient Pour une Poignée de Dollars.

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La présence américaine étant très forte depuis la fin de la guerre mondiale, certaines maisons de production japonaises s’associent à des producteurs américains pour créer une industrie prolifique en films d’exploitation exportables, surtout concernant la SF & le Fantastique dont le premier Godzilla en est un des moteurs.

Puis, vers la fin des années 50, venant d’Europe et des USA, une Nouvelle Vague de cinéastes épris de libertés et d’expressions scénaristiques et visuelles créé un écho particulier au Japon chez de jeunes réalisateurs talentueux comme Nagisa Oshima, Masaki Kobayashi, Seijun Suzuki et beaucoup d’autres encore.

Les décennies suivantes feront internationalement le reste…

Quand aux Contes de la Lune Vague après la Pluie, je préfère, pour cet article, et par respect pour ceux qui ne l’auraient jamais vu, ne pas trop en dire pour ne pas spoiler les éventuels lecteurs qui se feront seuls, leur avis sur ce film lent, à l’atmosphère oppressante et à la musique aérienne et obsédante.

- Trapard -

criducagou

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