Aventurons-nous à la fin des années 1980 avec, cette fois, la seconde génération du fanzine calédonien CosmoFiction, celle qui se compose de six numéros étalés de 1988 à 1991. Notre voyage nostalgique se poursuit avec quelques-unes des critiques cinématographiques parues au fil des numéros du fanzine.
Durant les années 80, la (mauvaise) réputation de la Cannon précédait ses films… Autant dire que la sortie prochaine des MAÎTRES DE L’UNIVERS (MASTERS OF THE UNIVERSE, de Gary Goddard, 1987) en inquiétait plus d’un à l’époque, alors que le film s’annonçait comme l’un des plus ambitieux, si ce n’est LE plus ambitieux, de toute l’histoire de la firme des fameux frères Menahem Golan et Yoram Globus. Je me souviens même de l’avis du vendeur de la boutique Mad Movies à Paris qui m’avait confié que le film risquait d’être très bon, alors que celui-ci n’était pas encore à l’affiche et que j’achetais, fébrilement, tandis que je servais sous les drapeaux, un jeu de photos des MAÎTRES DE L’UNIVERS pour le futur fanzine CosmoFiction. Et c’est aujourd’hui, 24 ans plus tard, que je me demande comment j’ai pu, en 1988, aimer ce film… Je l’ai revu il y a un an ou deux, et je n’arrive toujours pas à m’expliquer ce qui m’a permis de parler alors d’un « très bon film » !… J’ai donc décidé de publier les deux critiques, la négative d’Alain (que je rejoins aujourd’hui sans hésitation !), parue dans CosmoFiction Fanzine numéro 1 d’avril 1988, et la positive d’Hervé (c’est-à-dire moi, Morbius), parue dans CosmoFiction Fanzine numéro 2 de juin 1988 … au risque de passer pour un fou ! Ah non : j’ai dû définitivement perdre mon âme d’enfant…
L’histoire : « Aux confins des galaxies, la planète Eternia connait le joug du terrible Skeletor. Seul Musclor, guerrier d’une force et d’un courage exceptionnels, peut changer le cours des évènements et c’est de la planète Terre, où il se retrouve avec ses compagnons, que Musclor entreprend un combat titanesque contre Skeletor et les Forces des Ténèbres. Un combat dont l’enjeu est le sort de l’Univers. » (Wikipédia)
« Annoncé en fanfare par les revues spécialisées en cinéma fantastique, LES MAÎTRES DE L’UNIVERS version cinématographique n’est assurément pas le produit qu’on était en droit d’attendre. D’ailleurs, son impact n’a pas ébranlé les médias autres que spécialisés : pendant que les « maîtres de l’univers » (Musclor et Skeletor) débarquaient en France, tout le monde a préféré s’intéresser aux maîtres du monde (Reagan et Gorbatchev) qui se payaient une bonne bouffe à Washington.
Une campagne publicitaire fantôme, une affiche douteuse avec en sous-titre « Musclor » (!), deux lignes dans Première, etc. Ingratitude envers les vrais maîtres ? Eh bien non ! LES MAÎTRES DE L’UNIVERS a reçu l’accueil qu’il méritait, n’en déplaise à la riche (et pauvre à la fois) équipe technique du film. C’est triste à dire, mais la superproduction Cannon ne fait pas l’effet d’une bombe ! L’espoir aura d’ailleurs été de très courte durée : à peine le très beau sigle Cannon disparu au début du générique, les premières images du film annoncent l’échec : un prélude narré à la manière Dominique Paturel et un générique gauchement pompé sur celui de SUPERMAN. La suite du film n’arrange rien : un scénario qu’on connaît par cœur, des héros qu’on connaît encore mieux : le bon, ses acolytes, la belle, le gnome, tous chiants sauf Dolph Lundgren (Musclor) qui semble s’être prêté au jeu par pitié tant on le sent capable de mieux faire ; des scènes d’action lentes, parfois au ralenti, des décors flous et des effets spéciaux d’une médiocrité à renvoyer Richard Edlund (méconnaissable !) à l’école !
Tout le monde aura compris que je n’ai pas aimé LES MAÎTRES DE L’UNIVERS… mais ne prenez pas cela pour une poussée de fièvre personnelle et passagère car pour voir si je n’étais pas malade, en sortant de la salle qui projetait le film pour le deuxième jour d’exclusivité, j’ai observé les cinq autres spectateurs (!) qui avaient crus au pouvoir des MAÎTRES DE L’UNIVERS deux heures plus tôt, et permettez-moi de vous dire que le mécontentement était général. En fait, pour achever l’œuvre, on peut dire que LES MAÎTRES DE L’UNIVERS est une bonne petite pub pour les jouets du même nom et que si certains, en voulant voir le dernier Walt Disney, se trompaient de salle et tombaient dans celle qui projette les aventures de Musclor, ils pourraient vraiment se croire devant le dernier film de la maison Disney ! »
- Alain -
« Diable ! Suis-je devenu fou, ou n’est-ce qu’une crise passagère ? GRAVE : je suis allé voir LES MAÎTRES DE L’UNIVERS. PIRE : je lui ai mis un « très bon » en cotation ! Mon sort est réglé : je vais être la risée de la rédaction et des lecteurs ; on va me rouer de coups, me renier, m’oublier. Vais-je pouvoir me faire entendre auprès d’Alain ? Yan va-t-il continuer à m’accepter en tant que rédac-chef ? Quant à Paul-Étienne, encore traumatisé par la bande-annonce des MAÎTRES DE L’UNIVERS, sera-t-il toujours présent dans la rédaction du numéo trois ?… Mais mon inquiétude est-elle réellement justifiée ? Ou n’est-ce pas plutôt de votre côté, mes bons Scifiles, que l’on devrait s’interroger ?…
On a dit (et on nous l’a assez rabâché !) que pour aimer LES MAÎTRES DE L’UNIVERS il fallait « avoir gardé son âme d’enfant ». Je peux donc soupirer : j’ai vingt-deux ans, et « elle » est toujours en vie ! D’autres, plus jeunes, l’ont apparemment perdue… à jamais ? Non. Je ne pense pas. Ils l’auront tout simplement laissée à l’entrée de la salle de cinéma ; car malgré ses faiblesses (et il en compte !), le film de Gary Goddard n’est pas le mutant difforme et pustuleux créé par la Cannon que l’on a voulu nous faire croire – et que l’on montre du doigt avec une réaction de retrait. C’est un divertissement de luxe, une superproduction où s’entrechoquent deux genres – space opera et heroic fantasy – qui évoquent, de par leur nom déjà, l’envergure des MAÎTRES DE L’UNIVERS.
À film grandiose, décors grandioses : le palais de Skeletor représente à lui seul un travail considérable. Le résultat est sur l’écran : tout un art et une architecture ont été inventés pour Grayskull. L’ensemble est d’une beauté surprenante. L’arrivée théâtrale de Skeletor dans la grande salle du palais est un moment de pur plaisir, la musique de Bill Conti épousant la marche élancée de l’ennemi juré de Musclor. Frank Langella, l’inoubliable Dracula de John Badham, est époustouflant dans son interprétation du « Grand Méchant ». Il donne au corps de celui-ci toute une noblesse et une puissance qui l’élèvent au rang du « plus-beau-méchant » après Dark Vador lui-même ! Son costume est une grande réussite, sans parler de son maquillage.
Parmi les temps forts du film, on notera : le tunnel créé par la clef cosmique de Gwildor, déformant les statues imposantes du palais de Grayskull ; les armées de Skeletor, accompagnées de nacelles, déambulant dans les rues d’une ville américaine du XXème siècle ; les combats dans une boutique de la ville ; les combats aériens sur disques flottants, une trouvaille originale ! Dolph Lundgren, pour sa part, s’avère incarner un Musclor convaincant. Seule, Malicia reste irritante tout au long du film ; elle est une véritable caricature de la Méchante-bête-et-cruelle.
Bref, je suis venu voir LES MAÎTRES DE L’UNIVERS et j’en ai eu pour mon argent. Je n’hésiterai pas à le revoir lors de sa sortie vidéo. Et, par pitié, que l’on ne salisse pas la musique de Bill Conti ou je fais un malheur ! Achetez-la, écoutez-la, puis jugez.
Ouf ! J’en ai fini avec LES MAÎTRES DE L’UNIVERS ! Mon Dieu ! Tout ça d’écrit ?! »
- Hervé -
À noter que LES MAÎTRES DE L’UNIVERS sont actuellement l’objet d’un remake…
Réalisation : Gary Goddard / Scénario : David Odell & Stephen Tolkin / Acteurs : Dolph Lundgren, Frank Langella, Billy Barty, Meg Foster, Courteney Cox, Robert Duncan McNeill, Jon Cypher…
Ce film est une abomination le pire que je n’ai jamais vu. Il est mauvais en tout rien est bon. les acteur son tous nul les costumes catastrophique. Et j’en passe des pires. S’il font un Remake, on devrait les poursuivre pour outrage au cinéma. Sur ce bonne continuation.