MONSTRES SACRES : Dr JEKYLL ET Mr HYDE

Posté le 18 janvier 2013

MONSTRES SACRES : Dr JEKYLL ET Mr HYDE dans Cinéma 13052408352715263611222233

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Le Docteur Jekyll et Monsieur Hyde sont, d’abord, Le Bien contre Le Mal, le bon côté de la Force et sa face obscure, c’est aussi un peu du Ying mêlé de Yang et inversement, des thèmes universels sur les antagonismes qui se différencient pour mieux se compléter.

Plus proche de nous, Jekyll-Hyde c’est aussi, et bien sûr, un dédoublement de personnalité et plus précisément, le Trouble dissociatif de l’identité. Selon le « Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux », le trouble dissociatif de l’identité implique la présence de deux ou plusieurs identités ou « états de personnalité » distincts qui prennent tour à tour le contrôle du comportement du sujet, s’accompagnant d’une incapacité à évoquer des souvenirs personnels. Avant le XIXe siècle, des individus qui montraient des symptômes similaires pensaient être possédés par des esprits. C’est ce que démontre, en partie, le docu-fiction danois de Benjamin Christensen, de 1922, HAXÄN ou LA SORCELLERIE À TRAVERS LES ÂGES, dans lequel l’Inquisition moyenâgeuse est dénoncée comme une pure ânerie barbare aux yeux de la Science et de la Psychanalyse toute récente.

13011806093515263610771289 dans Monstres sacrésMais pour en revenir aux origines du dédoublement selon Jekyll et Hyde, elles prennent leurs sources dans « L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde » (aussi titré « L’Étrange Affaire du Dr Jekyll et de Mr Hyde »), un court roman (ou une longue nouvelle) de Robert Louis Stevenson publié en 1886.

Selon Stevenson, le Docteur Jekyll est un philanthrope obsédé par sa double personnalité, et il met au point une drogue pour séparer son bon côté de son mauvais. C’est ce dernier qui, nuit après nuit, prendra finalement le dessus et le transformera en monstrueux Monsieur Hyde.

On pourrait aujourd’hui imaginer l’auteur de ce récit, se questionnant sur lui-même, entre deux verres, entouré d’un côté par l’intelligentsia littéraire et poétique londonienne de la fin du XIXème, et de l’autre, par une certaine tendance victorienne à l’hypocrisie sociale. Et ainsi, Hyde devait naître…

« L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde » fut, à de très nombreuses reprises, adapté sur scène. Mais ce sont ses adaptations cinématographiques qui m’intéresseront ici. Personnellement, je n’ai jamais vu les versions de 1908 et de 1912, la première étant perdue à jamais (quoique…Un collectionneur nous la brandira peut-être, un de ces jours) et la seconde faisant partie du domaine public.

La version de John Stuart Robertson, datant de 1920, et interprétée par John Barrymore (le grand-père de Drew Barrymore, et grimé dans ce film, comme affectionnait l’être son contemporain, Lon Chaney), et dans le double rôle de Jekyll et Hyde, fait aujourd’hui partie des classiques du cinéma d’horreur des années 20.

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Les versions de Rouben Mamoulian (pour la Paramount, en 1931) et de Victor Fleming (pour la MGM, en 1941) sont plus intéressantes car retranscrites aux États-Unis dans les années 30-40, avec des valeurs très différentes. Le docteur Jekyll se voit désormais « affublé », à l’écran, d’une fiancée en attente de mariage. Les scénaristes semblent donc s’en être donnés à cœur joie de plonger Fredric March (qui s’est d’ailleurs mis un Oscar sous la cravate, grâce à son interprétation du rôle, en 1931) et Spencer Tracy (en 1941) alias Henry Jekyll, dans une profonde dualité inconsciente face aux responsabilités de l’engagement du mariage. Jekyll s’égare presque volontiers, sous les traits d’un Monsieur Hyde, qui préfère se fuir en épanouissant sa sexualité refoulée, et ceci à des années lumières de ce que donnent à voir les valeurs d’une bourgeoisie américaine qui se cherche une dignité, en pleine crise mondiale. Dans la version de 1931, le réalisateur Rouben Mamoulian pousse techniquement le vice en jouant sur le regard intérieur-extérieur de son personnage, en filmant une partie du film en « caméra subjective », Robert Fleming, quant à lui, préférant utiliser, pour la profondeur ambigüe de Jekyll-Hyde, les très grandes qualités de comédien de Spencer Tracy.

13011806153915263610771292Outre une parenthèse française en 1959, avec LE TESTAMENT DU DOCTEUR CORDELIER dans lequel Jean Renoir épure le mythe en retranscrivant de nouveau le roman de Stevensen, la Hammer Films anglaise, elle-même, préfère revenir, en 1961, à une adaptation plus libre, avec LES DEUX VISAGES DU DOCTEUR JEKYLL, réalisé par Terence Fisher, et interprété par Paul Massie.

Jerry Lewis donnera aussi sa version humoristique, en 1963, avec DOCTEUR JERRY ET MISTER LOVE.

Je ne m’étendrai pas sur tous les dérivés érotiques qu’un film comme DOCTEUR JEKYLL ET SISTER HYDE (1971, de Roy Ward Baker) engendrera en pleine montée de la Sexploitation puisque, la même année déjà, sortait THE ADULT VERSION OF JEKYLL & HYDE, de L. Ray Monde, dans lequel Jekyll (ou plutôt le Dr. Leeder, sous les traits de Jack Buddliner) semble très heureux de se découvrir un corps transformé si différent et si agréable, lorsqu’il prend les traits de Miss Hyde (la belle Jane Tsentas). Jusqu’au film de Gérard Kikoïne, interprété par un Anthony Perkins toujours aussi éthéré…

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D’autres nombreuses versions cinématographiques ont été adaptées plus ou moins librement du texte de Stevensen. Ou un moyen évident pour les scénaristes d’exploiter le sadisme et d’autres déviances inavouables pour ce Monstre Sacré du Cinéma Fantastique qu’est Monsieur Hyde, ce monstre de désinhibition derrière lequel semble vouloir éternellement se cacher, comme une ombre en plein jour, son alter-égo et, sûrement moins modeste qu’il semble vouloir le faire croire (va savoir avec ce corniaud-là que l’on nomme l’Être Humain…), le Docteur Jekyll.

- Trapard -

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4 commentaires pour « MONSTRES SACRES : Dr JEKYLL ET Mr HYDE »

  1.  
    trapard
    29 mars, 2015 | 17:25
     

    Je viens de voir une sorte de version du Dr Jekyll & Mr Hyde surnaturelle et gore des années 80 qui est assez peu connue :
    LES FORCES DU MAL (1987, Retribution) de Guy Magar.
    Un peintre raté qui a décidé de se suicider, se retrouve possédé, à son insu, par quelqu’un qui a été sauvagement assassiné auparavant, et qui va retrouver ses bourreaux, un par un, pour les exécuter par les moyens les plus gores possibles…

  2.  
    29 mars, 2015 | 17:31
     

    Une critique flash pour Cosmo ? ;-)

  3.  
    trapard
    29 mars, 2015 | 17:54
     

    Peut-être ;-) Je ne sais pas si c’est simple de parler de ce film sans trop spoiler son histoire.
    En plus, je viens de me rendre compte que LES FORCES DU MAL reprend un peu le scénario de MAN WITH TWO LIVES, genre remake ou reboot :

    http://morbius.unblog.fr/2013/06/04/man-with-two-lives-1942/

    Généralement, pour ce genre de films j’en parle d’abord en commentaire pour me laisser le temps de réfléchir à un article, même « flash ». Je laisse un peu mijoter dans un coin de mon cerveau :D

  4.  
    29 mars, 2015 | 18:19
     

    Attends que ce soit bien en ébullition ! :-D

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