THINGS TO COME (1936) de William Cameron Menzies
Sorti en France sous le titre de LA VIE FUTURE ou parfois LES MONDES FUTURS, le titre original de THINGS TO COME est nettement plus logique et prémonitoire, pour ce beau film humaniste et futuriste anglais, tourné du vivant de l’auteur H.G. Wells. Écrit en 1934, le scénario plaçait une future guerre fictive en décembre 1940 : Homme d’affaires prospère, John Cabal (Raymond Massey) n’arrive pas à profiter du bien-être de Noël à cause des sinistres annonces d’une guerre prochaine. Les bombardements commencent et la mobilisation générale s’annonce en même temps que la guerre mondiale. Quelque temps plus tard Cabal est pilote, et alors qu’il abat un bombardier ennemi, il se voit forcé d’atterrir et tire l’ennemi gravement blessé de l’épave. Mais les gaz euphoriques s’en prennent à l’homme blessé qui donne son masque à gaz à une petite fille qui passe. Puis la guerre se poursuit pendant des décennies, jusqu’à ce que les survivants oublient pourquoi ils se battent. L’humanité entre dans une nouvelle aire et alors que le monde est en ruines, la guerre ne fait que se poursuivre de 1940 à 2036…
Énorme pamphlet antimilitariste contre la future guerre mondiale à venir, auquel HG Wells a lui-même plus ou moins participé, THINGS TO COME est souvent plus une œuvre poétique qu’un réel film d’action, beaucoup de scènes étant de réels symboles pour appuyer son sujet. Produit par la London Films d’Alexander Korda qui, avec son frère Zoltán, est à l’origine de certains classiques du cinéma d’aventures « orientaux » comme les films avec le jeune comédien indien Sabu Dastagir (ELEPHANT BOY, 1937, LE VOLEUR DE BAGDAD, 1940, LE LIVRE DE LA JUNGLE, 1942…), avec THINGS TO COME, la London Films montrait déjà un goût très marqué pour un véritable cinéma de genres. C’est le cinéaste américain, William Cameron Menzies, plus connu pour son classique des 50′s de la 20th Century Fox INVADERS FROM MARS (1953), qui tourna ce petit clasique de la SF des années 30, une période anglaise d’entre-deux-guerres qui se prononçait, cinématographiquement parlant plutôt vers un univers noir, celui des thrillers et des premières adaptations des romans d’Edgar Wallace et autres sujets d’intrigues policières, ou de comédies, à l’inverse.
THINGS TO COME sort donc du lot, avec son déploiement de décors, d’accessoires et de costumes incroyables, et ses effets spéciaux impressionnants pour ces années 30, et c’est logiquement qu’il intégrera la rubrique du Grenier du Ciné SF des Échos d’Altaïr. Vous pouvez trouver le film sur le web, à savoir qu’il en existe plusieurs versions, la première, projetée en salles à l’époque de la sortie du film, étant d’une longueur de 117 minutes, les versions les plus récentes se limitant généralement à un montage de 96 minutes.
- Trapard -
Petit délire de trekker, avec toute la subjectivité que cela suppose et la passion parfois aveugle : voilà mon « Dico STAR TREK »… Vous ne serez pas forcément d’accord avec moi, mais qui a dit que je cherchais à être d’accord avec vous, hein ? Ces propos n’engagent que leur auteur, bien sûr, et s’adressent en priorité aux trekkers et trekkies, mais les autres sont aussi les bienvenus… Live long and prosper.
Data, c’est l’androïde de l’Enterprise D qui n’aime pas, à juste titre, qu’on le range dans la catégorie des robots. Data, c’est un cerveau électronique capable d’emmagasiner des données grandes comme l’univers, c’est une logique proche de celle inébranlable des Vulcains, c’est une mémoire à toute épreuve et une force démesurée, c’est un être mécanique conçu pour être pleinement fonctionnel, y compris pour satisfaire les désirs sexuels des êtres humains. Tasha en sait quelque chose…
Data, c’est l’androïde à l’expression figée dans un éternel étonnement. Curieux et avide d’apprendre, Data c’est aussi et surtout un androïde qui ne cesse de s’interroger sur la vie, sur les hommes et sur le monde qui l’entoure. Son plus grand désir est de devenir humain, aussi n’a-t-il de cesse de nous imiter, de nous « copier » dans ce que nous avons de meilleur… et de pire. Le sourire reste pour lui une énigme, en particulier celui de la Joconde qu’il tentera tant bien que mal d’imiter, tout comme son rire mécanique trahi son être artificiel quand il s’y essaie.
Data nous offrira de formidables moments émouvants avec THE MEASURE OF A MAN (Être ou ne pas être) ou THE OFFSPRING (Paternité) et comiques avec DATA’S DAY (Une journée de Data) ou A FISTFUL OF DATAS (Pour une poignée de Data). Les scènes d’anthologie en sa présence sont trop nombreuses pour être toutes citées.
Brent Spiner est l’homme incarnant l’androïde. Véritable comédien doué d’un talent fou, il aura su apporter l’âme dans la machine.
Data veut vraiment devenir humain ? Il ne sait pas ce qu’il pourrait y perdre en tentant l’impossible…
- Morbius -
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THE ASTOUNDING SHE-MONSTER
Année : 1957
Réalisateur : Ronald V. Ashcroft
Scénario : Ronald V. Ashcroft & Frank Hall
Production : Ronald V. Ashcroft (American International Pictures)
Musique : ?
Pays : USA
Durée : 62 min
Interprètes : Robert Clarke, Kenne Duncan, Marilyn Harvey, Jeanne Tatum, Shirley Kilpatrick…
Et encore une production de l’AMERICAN INTERNATIONAL PICTURES (A.I.P.) pour cette rubrique du Drive-in du samedi soir ! Ce ASTOUNDING SHE-MONSTER était même annoncé comme une production HOLLYWOOD INTERNATIONAL PICTURES, ce qui est plutôt aguichant pour un nanar produit par Roger Corman, et le réalisateur Ronald V. Ashcroft lui-même.
Un film Z à minuscule budget, basé sur une publicité alléchante et une affiche psychédélique avant l’heure. Loin d’être les premiers à jouer sur des formes visuelles qui lanceront la mode du psychédélisme au milieu des années 60, les réalisateurs lancés par Corman ont au moins le mérite d’en être d’excellents continuateurs, rien que par le simple principe du système D. En jouant sur les superpositions et sur quelques effets de montages simplistes, qui reprenaient de manière simplifiée le principe de certains effet spéciaux plus complexes made by Hollywood, les réalisateurs de l’A.I.P. recréaient des ambiances tellement abstraites qu’elles pouvaient en être effrayantes. Là où un réalisateur qui possède une assise budgétaire assez conséquente pour s’appliquer à créer une atmosphère visuelle à partir de cadrages léchés, d’effets de profondeurs de champ, de décors minutieux, de bons comédiens et surtout d’une équipe chevronnée, les minuscules équipes qui tournaient sous la houlette de l’A.I.P., travaillaient dans l’urgence et dans l’efficacité. Et cela se ressent malheureusement beaucoup trop, par certains côtés, dans THE ASTOUNDING SHE-MONSTER, particulièrement au niveau du scénario qui fait traîner le film en longueur avec d’interminables dialogues.
L’intrigue : un groupe de criminels enlèvent une riche héritière et se réfugient dans une maison à l’abandon, d’un géologue, isolée au milieu d’une forêt. Entre temps, un OVNI s’écrase à proximité et en sort un extraterrestre à l’apparence d’une superbe femme hautement radioactive qui tue à mains nues les animaux sauvages les plus féroces de la forêt…
C’est sur ce simple principe de radioactivité, qui était un des thèmes mis en avant dans la plupart des séries B des 50′s pour dénoncer l’utilisation d’armes atomiques par l’armée américaine, que le réalisateur, Ashcroft, filme sa belle extraterrestre à l’aide d’une simple superposition des déplacements de l’actrice Shirley Kilpatrick, en décalant simplement la première et la seconde image de quelques secondes, le résultat donnant une impression très abstraite, voire envoutante, de cette apparition d’outre-espace. La très belle et très féline Shirley Kilpatrick n’a jamais récidivé son expérience cinématographique, donc celle restera pour les fans des 50s, pour toujours, attachée à ce rôle de She-Monster qui, par certains égards, annonce un peu celui de Natasha Henstridge dans le rôle de Sil dans LA MUTANTE (Species, 1995, Roger Donaldson), surtout lorsqu’on la voit découvrir les différentes spécificités de l’hostile forêt qu’elle traverse au début du film.
THE ASTOUNDING SHE-MONSTER est loin d’être un bon film, mais c’est tout de même un très sympathique nanar si l’on fait abstraction de certaines longueurs et qu’on se laisse porter par la naïveté du sujet. C’est aussi une de ces sucreries de Drive-in des Fifties à redécouvrir lorsqu’on est disposé et bienveillant, concernant les recoins oubliés et abandonnés de l’Histoire de la SF destinée à un jeune public d’une génération qui disparaît doucement en nous léguant ces quelques souvenirs.
- Trapard -
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Et si on s’attardait régulièrement sur les vêtements à travers les films et les séries de science-fiction ? Et si on explorait les tendances ou les fantasmes exprimés à travers les designs les plus fous, les plus kitchs ou les plus provocants de la SF, mais aussi à travers les plus austères, les plus sérieux ou les plus envisageables dans un avenir plus ou moins éloigné ? Place à Utopic Fashion !
Discrétion assurée pour ce costume de l’homme de la Planète X. On est ici très loin des uniformes extravagants dont nous a habitué la SF avec celui de cet extraterrestre issu du film, THE MAN FROM PLANET X, un titre lui aussi très discret, pour un film au budget pas très voyant non plus, réalisé par Edgar G. Ulmer en 1951.
Notre E.T. au faciès peu recommandable est pourtant un gentil garçon, un peu timoré, et qui se laisse facilement embobiner par la cupidité du premier obscur scientifique venu. Le costume est donc à l’image de son porteur, simple et sobre, voire très anodin : un uniforme spatial gris sombre, monté d’un casque sphérique proche de celui d’un scaphandrier, et alimenté d’une source respiratoire qui lui permet de survivre face à l’oxygène de notre planète, et reliée à une petite boîte rectangulaire qui est fixée à même le torse du tout petit monsieur. L’homme de la Planète X est volontairement sobre, voire ridicule, et on apprendra au fur et à mesure du film qu’il est finalement très à plaindre, tel le E.T. de Steven Spielberg, qui, bien que sympathique, ne paye finalement pas de mine, lui non plus.
Mais THE MAN FROM PLANET X ne date pas de 1982 comme le film de Spielberg et nous sommes bien ici dans un univers ringard, voire craignos du tout début des 50′s, même si j’ai beaucoup d’affection pour ce nanar, comme pour toute l’œuvre d’Edgar G. Ulmer.
- Trapard -
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BLOOD OF THE VAMPIRE (1958) d’Henry Cass
Sorti en plein renouvellement du cinéma gothique après le très beau film en noir et blanc LES PROIES DU VAMPIRES (1957, El Vampiro) de Fernando Méndez (au Mexique), et surtout après LE CAUCHEMAR DE DRACULA (1958, Horror of Dracula) de Terence Fisher pour la Hammer Films (en Angleterre), c’est justement Jimmy Sangster, le scénariste de ce dernier film, qui écrivit BLOOD OF THE VAMPIRE pour la petite firme anglaise, Artists Alliance, Ltd, (Robert S. Baker et Monty Berman), et distribué par la Universal International.
Plus encore que pour LE CAUCHEMAR DE DRACULA, Sangster dessine, avec son scénario, une surenchère de sadisme, dont l’utilisation de la couleur, et du rouge du sang très particulièrement, accentue assez bien le propos. BLOOD OF THE VAMPIRE lance clairement le sujet avec une introduction qui nous présente un petit comité de villageois qui se sont réunis en cachette pour transpercer le cœur d’un cadavre à l’aide d’un pieu en bois, le générique démarrant sur le rouge du titre du film. Une intro brutale que Mario Bava n’oubliera sûrement pas pour créer celle de son MASQUE DU DÉMON (La Maschera del demonio) en 1960.
L’intrigue : Transylvanie, 19e siècle : un jeune médecin, Jean Pierre Duval, et sa fiancée Madeleine, sont terrorisés par le Dr Callistratus, qui fut autrefois exécuté mais qui est revenu à la vie avec une greffe de cœur. À l’aide de Carl, son assistant muet, bossu, et horriblement mutilé, le Dr Callistratus mène des recherches sur la carence de sang sur les patients d’un hôpital de prison pour criminels et entretenir son maintien à la vie…
BLOOD OF THE VAMPIRE est un beau et cruel film gothique, avec tous les codes visuels et les scènes sadiques du genre, réalisé par l’anglais Henry Cass, cinéaste qui nous a légué une petite poignée de comédies et de films d’horreur. Et outre le très charismatique acteur shakespearien Donald Wolfit dans le rôle du Dr Callistratus, BLOOD OF THE VAMPIRE nous permet de retrouver la jeune et jolie Barbara Shelley qui deviendra, peu après ce film, l’une des égéries de la Hammer Films dans DRACULA, PRINCE DES TÉNÈBRES (Dracula Prince of Darkness) de Terence Fisher, en 1966, entre autres.
Quant au personnage de Carl, le bossu difforme incarné par l’acteur Victor Maddern, dont sa source d’inspiration est né des films de la Universal Pictures comme dans le FRANKENSTEIN (1931) de James Whale, il inspirera sous cet aspect horrible, nombre de cinéastes du cinéma bis, et particulièrement en Espagne, comme Jesùs Franco dans son HORRIBLE DOCTEUR ORLOFF (Gritos en la Noche), en 1962, et Paul Naschy, pour son très macabre BOSSU DE LA MORGUE (El Jorobado de la Morgue) en 1973.
Enfin, Henry Cass avec son BLOOD OF THE VAMPIRE rentre dans cette vague de faux films de vampires sur la base de transfusions sanguines, lancée par Tod Browning, en 1927, avec LONDRES APRÈS MINUIT (London After Midnight) avec Lon Chaney, puis en 1935 avec LA MARQUE DU VAMPIRE (Mark of the Vampire) avec Béla Lugosi, et que les cinéastes européens reprenaient à leur compte avec de magnifiques films d’horreur (nous en parlions dernièrement sur le blog, au sujet des VAMPIRES de Riccardo Freda).
Les Échos d’Altaïr voulaient aussi revenir sur ce superbe classique anglais, assez injustement laissé de côté par les éditeurs français, et en hommage à cette veine gothique, particulièrement européenne, de la fin des années 50.
- Trapard -
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Comme chaque semaine, notre rendez-vous consacré aux 30 ans du RETOUR DU JEDI (1983 – 2013). Aujourd’hui, petite sélection de « matte paintings » (peintures sur verre) de l’EPISODE VI en compagnie de l’artiste. Les décors numériques, ce sera seize ans plus tard, pour la nouvelle trilogie…
Comme on le voit sur ces images, les artistes ayant oeuvré sur LE RETOUR DU JEDI avaient un immense talent. Voici quelques extraits d’une interview de Michel Pangrazio (superviseur des mattes sur l’EPISODE VI) et de Neil Krepela (chargé des prises de vues des mattes sur l’EPISODE VI) dans le numéro de L’Ecran Fantastique spécial RETOUR DU JEDI daté de 1983.
« Notre tâche consiste à intégrer des décors peints dans le film, de la façon la plus habile possible afin que personne ne s’en aperçoive. »
« Pour RETURN OF THE JEDI, nous avons été amenés à peindre une cinquantaine ou une soixantaine de décors en tout, mais sur le total, trente ou trente-cinq, peut-être, étaient destinés à faire des fonds. Le reste, c’était du tout-venant, des raccords sur des plans ou des éléments destinés à cacher des défauts, des « loupés ». »
« Nous faisons appel à des quantités de techniques différentes en fonction du résultat recherché ; à nous de voir quel procédé utiliser pour résoudre un problème précis. La transparence offre d’excellentes possibilités et elle a l’avantage d’être très souple : elle permet de placer des quantités de choses différentes à l’arrière-plan d’une même prise. Il n’y a qu’à positionner les éléments à des niveaux distincts devant la caméra. »
« Nous avons une bibliothèque à l’I.L.M. et nous y puisons des documents de référence. L’une de nos sources les plus précieuses est National Geographic : on y trouve des photos de tous les paysages et de toutes les constructions du monde, sous tous les climats. Même si ce n’est pas parfait, cela réussit toujours à nous donner l’inspiration. Pour les planètes, nous faisons appel à des photos de la Terre vue de l’espace. Ce n’est pas l’idéal pour représenter un monde qui n’existe pas, bien sûr… mais cela aide. Le simple fait de regarder une photo de quelque chose de bien réel nous permet de faire quelque chose de réaliste. À notre imagination de palier les manques. »
« La peinture des mattes est une technique nettement sous-estimée parce qu’on ne remarque jamais les mattes réussis mais au contraire ceux qui sont ratés. Quand c’est bien fait, c’est rigoureusement invisible. Je crois qu’il n’y a que très peu de films qui ont su faire appel aux avantages du procédé. »
« Il faut que la peinture soit réussie, mais défense d’en tomber amoureux, sans cela on n’avancerait pas, voyez-vous. C’est ce qui nous interdit de penser à la peinture des mattes comme de l’art ; au fond, ça n’en est pas. Heureusement que la caméra ne voit pas tout, vous savez, parce que la plupart des peintures sont plutôt… hâtives, dirons-nous ! »
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METROPOLIS (1927) de Fritz Lang
METROPOLIS est aujourd’hui un véritable film culte, monstre de la science-fiction cinématographique classique et moderne à la fois, mais c’est aussi un véritable démon à deux têtes.
D’un côté, le film tourné en 1925, après un récent voyage du réalisateur Fritz Lang (« Le film est né de ma première vue avec les gratte-ciel de New-York en octobre 1924. Les immeubles semblaient être comme un voile vertical, scintillant et très léger, comme un décor luxueux, suspendu dans un ciel sombre pour éblouir, distraire et hypnotiser »), et alors que la crise mondiale approche, et que l’Europe se cherche politiquement dans l’entre-deux-guerres, et particulièrement l’Allemagne lors de la République de Weimar, Lang et sa femme et co-scénariste, Thea von Harbou, éludait le sujet actuel de la lutte des classes pour un scénario qui favorisait la réconciliation des classes. Celles-là mêmes qui se réuniront, six ans après la sortie en salles de METROPOLIS, autours d’un seul leader politique : Adolf Hitler. D’un côté, le film allait doucement dans le sens d’une réunification de l’Allemagne comme la promulguait le parti national-socialiste, dont Thea von Harbou était une sympathisante. Et de l’autre, et comme il faut toujours un coupable dans toute crise politico-économique, le scénario de METROPOLIS semble dénoncer un certain capitalisme exploiteur américain tel que René Clair le décrira lui-aussi, en France, avec À NOUS LA LIBERTÉ ! (1931) et Charles Chaplin, lui-même, avec LES TEMPS MODERNES (en 1930, donc dix ans avant de dénoncer la dictature nazi dans LE DICTATEUR).
L’intrigue : En 2026, Metropolis est une mégapole divisée entre une ville haute, où vivent les familles intellectuelles dirigeantes, et une ville basse, où les travailleurs font fonctionner la ville et sont opprimés par la classe dirigeante. Une femme de la ville basse, Maria (Brigitte Helm) essaie de promouvoir l’entente entre les classes, et emmène clandestinement des enfants d’ouvriers visiter la ville haute ; le groupe se fait repousser par les forces de l’ordre, mais Freder (Gustav Frölich), le fils du dirigeant de Metropolis, tombe amoureux d’elle. En descendant dans la ville basse pour la retrouver, il rencontre un ouvrier épuisé à son poste de travail, le rythme imposé par les machines étant trop élevé, une réaction en chaîne s ’ensuit et un violente explosion se produit sur la « machine M », tuant des dizaines de travailleurs et qui semble se transformer en Moloch, une divinité monstrueuse qui dévore les ouvriers. Freder se rend chez son père pour le mettre au courant des conditions pénibles dans lesquelles travaillent les ouvriers et lui demande d’améliorer cela…
La seconde tête, ou le second socle de METROPOLIS, est le graphisme inhérent à toutes les réalisations allemandes de Fritz Lang des TROIS LUMIÈRES (1921) aux NIBELUNGEN (1924), en passant même par M LE MAUDIT (1931). Plus encore que n’importe lequel des réalisateurs de l’Expressionnisme allemand, de Murnau (NOSFERATU, 1922), Robert Wiene (LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI, 1919), Paul Wegener (LE GOLEM, 1920), Paul Leni (LE CABINET DES FIGURES DE CIRE, 1924), Fritz Lang était un réalisateur de la Symétrie. Élaborant toujours des visuels et des cadrages impressionnants, c’est toujours de cette symétrie graphique que jaillit un élément discordant, qu’il soit positif (Siegfried dans les NIBELUNGEN, Freder et Maria dans METROPOLIS) ou victime noyée dans une symétrie trop parfaite (l’ambigüité de l’assassin de M LE MAUDIT). De par ses origines juives, Fritz Lang hésitait peut-être déjà entre son amour et son pays, qui se « refermait » politiquement et identitairement, peu à peu sur lui, la symétrie dans l’art, surtout de manière si méthodique et si appliquée de la part de Friz Lang, surtout lorsqu’on sait avec quelle tyrannie il se comportait durant le tournage, pourrait presque rappeler justement une certaine quête de stabilité et de symétrie que l’artiste était en train de perdre.
METROPOLIS peut donc se regarder comme deux films : celui qu’on nous narre à l’aide d’un scénario futuriste, et celui que notre regard peut déchiffrer. Un peu comme l’ambivalence du couple Lang-von Harbou finalement, dont Freder et Maria sont peut-être comme la symbolique d’une quête désespérée d’union mais que la société voudrait séparer, METROPOLIS étant un film ultra-rythmé et tourmenté, comme un tourbillon au sein duquel s’affichent des icônes antagonistes de Paix et de Division qui sont souvent comme des jeux de miroirs, comme la vérité et le mensonge, la stabilité et le mouvement, la Guerre ou la Crise. METROPOLIS est aussi un film merveilleux dont il y aurait trop à en dire, et dont chaque spectateur pourrait lui-même amener une nouvelle pierre à l’édifice pour en parler, tellement le monument reste sublime et ancré historiquement avec les années.
- Trapard -
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Cloud Atlas : un film original !
Comment résumer rapidement CLOUD ATLAS ? Cela risque d’être compliqué mais je vais m’y risquer.
Nous avons donc droit à pas moins de six histoires se mélangeant dans tous les sens, qui de prime abord n’ont aucun lien entre elles, jusqu’à ce que le thème des vies antérieures et « l’inter-influence » qu’elles ont entre elles ne nous titille l’esprit (on verra plus tard que ce n’est pas vraiment ça). On retrouve ainsi plusieurs fois les mêmes acteurs jouant différents personnages à différentes époques. Médecin corrompu dans l’une, Tom Hanks devient une sorte de guerrier tribal schizophrène dans une autre, en passant par un comédien ou encore un maître d’hôtel poisseux, et c’est la même chose pour les autres acteurs, qui endossent tous différents rôles plus originaux les uns que les autres.
La trame peut se résumer à ça : si dans une vie on a fait le mal, on peut faire le bien dans une autre, et inversement, il suffit d’une seule action pour que tout change. Il est donc question d’équilibre entre le bien et le mal. On passe en effet d’une histoire à une autre à travers des séquences de longueurs plus ou moins longues, chaque histoire ayant un personnage principal, sans toutefois mettre de côté les autres personnages qui ont aussi une grande importance. Ainsi, quand on passe d’une histoire à une autre, les acteurs peuvent passer d’un personnage « bon » à un personnage « mauvais ».
D’une longueur presque harassante (trois heures), CLOUD ATLAS réussit tout de même à nous tenir en haleine jusqu’à la fin. On veut savoir, on veut découvrir quelle est la nature des liens entre les différents personnages. S’agit-il de vies antérieures ? De lignées ? Honnêtement la réponse n’est pas évidente et chacun pourra se faire sa propre opinion à la fin sans qu’on ne lui en tienne rigueur. Il semble évident qu’il s’agisse d’époques différentes et non de plans parallèles, d’ancêtres et de descendants plutôt que de vies antérieures, mais tout ça reste assez vague, car excepté quelques liens explicites, les relations entre les personnages sont infimes, suggérées, ce qui n’aide pas forcément à la compréhension et ne favorise pas l’homogénéité de cette œuvre.
En vérité je n’avais jamais rien vu de tel… La complexité de l’ensemble nous fait nous poser des tas de questions jusqu’au moment où on en arrive à savourer le film en mettant nos interrogations de côtés, se disant que celles-ci trouveront leurs réponses d’une manière ou d’une autre. A vous de voir si vous avez eu les réponses escomptées au terme des six aventures. C’est assez confus, toutefois cela fait aussi partie du charme de ce film.
Ce qui ressort de tout ça, selon moi, c’est une critique de l’humanité et de ses mauvais penchants, un constat plutôt pessimiste plus qu’une exploitation des liens entre différentes vies, puisque dans chaque histoire, de 1850 au XXIIIème siècle, les choses n’ont fait qu’empirer socialement parlant. Il y a une réflexion philosophique bienvenue sûrement désirée par les trois réalisateurs, qui au risque de flouer cette forme de méli-mélo d’aventures, n’en demeure pas moins très intéressante dans le fond. Cependant, au delà de tout cela, ce que je retiendrai, c’est une réalisation impeccable, et surtout, les exceptionnelles performances de tous les acteurs !
Et quel casting ! Sûrement l’un des meilleurs qui m’ait été donné d’apprécier. On ne présente plus Tom Hanks, Hugh Grant, Susan Sarandon, Halle Berry, tous excellents dans chacun de leurs rôles voire méconnaissables, ni Hugo Weaving, qui à mon sens est un atout considérable dans ce film, tant ses rôles sont géniaux et leurs interprétations justes, comme s’ils avaient été écris sur mesure pour lui. Notons aussi les bonnes prestations de Ben Whishaw (SKYFALL) et de Jim Sturgess (UPSIDE DOWN), deux étoiles montantes du cinéma hollywoodien. Bonnes interprétations également d’acteurs moins connus tels que Doona Bae (THE HOST), James d’Arcy (HITCHCOCK), Jim Broadbent (HARRY POTTER) ou David Gyasi (un sombre inconnu, sans mauvais jeu de mot), mention spéciale pour Keith David, très bon acteur rarement pourvu de rôles à sa mesure.
En conclusion, je ne peux réellement me prononcer davantage, n’ayant pas lu le livre, mais CLOUD ATLAS suscitera sûrement des avis mitigés. Trop compliqué, trop alambiqué, trop « fouillis » penseront les uns, mais étonnement juste, intelligent et original pourront penser les autres.
En toute franchise, si je suis moi-même partagé entre ces deux facettes, il faut bien dire que rien que le casting vaut le détour. Si je devais mettre une note, je donnerais 15/20, rien que pour les différentes interprétations des acteurs.
Je prends le pari que dans certains de leurs rôles, vous ne les reconnaîtrez même pas !
- Di Vinz -
Petit délire de trekker, avec toute la subjectivité que cela suppose et la passion parfois aveugle : voilà mon « Dico STAR TREK »… Vous ne serez pas forcément d’accord avec moi, mais qui a dit que je cherchais à être d’accord avec vous, hein ? Ces propos n’engagent que leur auteur, bien sûr, et s’adressent en priorité aux trekkers et trekkies, mais les autres sont aussi les bienvenus… Live long and prosper.
La critique n’a jamais été très tendre avec STAR TREK, du moins dans les revues cinématographiques françaises. Oui, la SF (et encore plus le space opera) n’a jamais eu bonne presse, c’est le cas de le dire, dans notre beau pays. Alors beaucoup de journalistes (ou journaleux…) s’en sont donnés à coeur joie sur les « pyjamas » de l’Enterprise (l’éternel cliché dont ils se régalent par manque d’imagination), les décors fauchés et « carton pâte » des planètes ou encore les effets spéciaux parfois approximatifs…
Cependant, les ouvrages de référence que sont les encyclopédies et dictionnaires spécialisés sont beaucoup plus reconnaissants envers la création de Gene Roddenberry. Voici ce qu’ils pensent de STAR TREK :
« Des scénarios solides essentiellement axés autour de rencontres avec des extraterrestres écrits par des auteurs aussi renommés que Robert Bloch, Richard Matheson ou Theodore Sturgeon sont la première qualité de cette série aux personnages fortement typés. » (L’Encyclopédie de la Science-Fiction / Jean-Pierre Piton & Alain Schlockoff / éd. Jacques Grancher)
« L’intérêt de STAR TREK, auquel on reproche sans cesse son côté kitsch en oubliant soigneusement de se rappeler que la série a été tournée dans les années 60, réside dans des histoires de science-fiction d’excellente facture (Harlan Ellison, George Clayton Johnson, Theodore Sturgeon ont écrit pour la série !). Mais elle met surtout en scène un groupe d’individus fort divers qui doivent cohabiter. Le génie (et la philosophie) de Gene Roddenberry consistait à montrer que l’amour du prochain passait nécessairement par sa compréhension. STAR TREK est une grande leçon d’humanisme. » (Guide Totem : La Science-Fiction / Lorris Murail / éd. Larousse)
« STAR TREK a servi de porte d’accès à la SF pour de nombreux fans en leur révélant un pan de l’histoire future de la Galaxie et des innombrables civilisations qui la peuplent. George Lucas lui-même ne reconnaît-il pas qu’il n’y aurait jamais eu LA GUERRE DES ETOILES sans STAR TREK ? » (Le Science-Fictionnaire, tome 2 / Stan Barets / éd. Denoël – Présence du Futur)
« STAR TREK est devenu un phénomène culturel majeur. Dès ses origines, il offre de nombreux attraits, dont le principal est sans doute d’avoir projeté dans le futur – la série initiale se déroule dans les années 2270 – un monde aux desseins utopiques où les enjeux majeurs sont ceux de la seconde moitié du XXe siècle. Se posent en effet, au fur et à mesure des rencontres et des contacts, les questions de la différence, de la paix et de la violence, de la solidarité, des inégalités sociales et sexuelles, de l’environnement, du statut de la science, des connaissances et de la technologie… La série est fondamentalement philanthropique, humanitaire et anti-raciste : le personnage Nyota Uhura, joué par l’actrice Nichelle Nichols, représente non seulement un des premiers rôles tenus par une Noire à la télévision américaine, mais c’est elle qui offrira sur l’écran le premier baiser à un Blanc, en l’occurence l’aimable capitaine Kirk. De même, l’équipage dépasse les clivages de la guerre froide en comptant dans ses rangs Russes et Chinois. » (Dictionnaire Visuel des Mondes Extra-Terrestres / Yves Bosson & Farid Abdelouahab / éd. Flammarion)
« Pas d’épisode qui ne montre le poste de commande du vaisseau, où des humains liés non seulement par des relations d’obéissance et de pouvoir, mais aussi de respect, coordonnent leurs efforts. Le symbole de cette coopération est évidemment, dès le début de la série, la présence égalitaire d’hommes et de femmes, de « blancs » et de « noirs », avec un extraterrestre, le fameux docteur Spock, le « Vulcain », celui qui trouve les humains bien sentimentaux et parfois peu logiques (et en même temps les nomme humains, donc les fait tels). On peut sourire de ce caractère obstinément positif, constructif, mais ce refus de jouer le jeu de l’inhumain inspire le respect. » (Les Films de Science-Fiction / Michel Chion / éd. Cahiers du Cinéma)
- Morbius -
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THE BEAST WITH A MILLION EYES
Année : 1955
Réalisateur : David Kramarsky
Scénario : Tom Filer
Production : David Kramarsky & Charles Hanawalt (American Releasing Corporation)
Musique : John Bickford
Pays : USA
Durée : 75 min
Interprètes : Paul Birch, Lorna Thayer, Dona Cole, Dick Sargent, Leonard Tarver, Bruce Whitmore, Chester Conklin…
Encore un pur produit de Drive-in made by American Releasing Corporation (future American International Pictures) et by Roger Corman et Samuel Z. Arkoff, que ce THE BEAST WITH A MILLION EYES réalisé par David Kramarsky (et sans doute, par le cinéaste Lou Place, selon certaines sources).
Le sujet farfelu du film, écrit par Tom Filer, rôde plus ou moins du côté du script du MÉTÉORE DE LA NUIT (1953) de Jack Arnold : La famille Kelley, isolée dans une petite ferme au milieu d’un paysage désertique, après avoir été surprise par le son brutal d’un mystérieux accident d’avion à proximité de leur cottage, se laisse envahir par d’étranges évènements et coïncidences. En effet, les animaux sauvages et domestiques, ainsi que le jardinier simplet recueilli par la famille, réagissent de manières agressives. Le récent accident d’avion semble finalement avoir été un atterissage d’un vaisseau d’outre-espace et un extraterrestre semble contrôler les esprits des animaux et les êtres humains dans le but de conquérir le monde…
C’est assez dommage que ce film traîne un peu trop en longueur et que sa forme narrative soit si évasive, car cette production Corman au budget minable prouve, comme toujours, à quel point les réalisateurs limités par le manque de moyens arrivaient à raconter un film le plus simplement du monde, avec quelques effets grotesques et simples, mais qui deviennent parfois de vrais codes de lectures pour le spectateur lambda. Une très bonne école finalement que celle du cinéma bis, et bien que David Kramarsky n’ait pas confirmé de talents par la suite, c’est justement grâce à ces bouts de ficelles du système D, sous l’égide de Corman, que des réalisateurs comme Coppola, Cameron, Monte Hellman, Peter Bogdanovitch, Jonathan Demme et bien d’autres, ont tiré leur épingle du jeu, et sont devenus les cinéastes talentueux que l’on connaît.
D’ailleurs la créature de THE BEAST WITH A MILLION EYES, créée comme souvent dans les films de SF des 50′s de l’AIP, par le maquilleur et créateur de monstres en latex, Paul Blaisdell, est plutôt bien rendue ici, de manière très psychédélique, si on ne s’attarde par trop, non plus, sur les effets grotesques du montage. C’est d’ailleurs assez rare, pour moi qui suis un fan des monstres si kitchissimes et si craignos de Blaisdell, de trouver un réalisateur qui sache maîtriser le cadrage au point de les rendre inquiétants et crédibles. Seul Edward L. Cahn semblait savoir tirer parti de son savoir faire sur INVASION OF THE SAUCER MEN (1957) ou sur IT ! THE TERROR FROM BEYOND SPACE (1958), car Roger Corman lui-même, lorsqu’il réalisait ses propres films, nous les rendait plus ridicules qu’angoissantes (DAY THE WORLD ENDED, 1955, IT CONQUERED THE WORLD, 1956, NOT OF THIS EARTH, 1957…). Celle de THE BEAST WITH A MILLION EYES est désormais assez culte, et c’est ce qui remonte le niveau de ce petit nanar de Drive-in que vous pouvez trouver chez plusieurs éditeurs, ainsi que sur YouTube.
- Trapard -
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