Pour beaucoup d’entre nous, le Cavalier sans Tête a les traits de Christopher Walken, cavalier au regard fou et aux dents en pointes : un visage immanquablement culte pour une créature maléfique censée en être totalement dépourvue. Une contradiction amusante, pour un personnage qui est une véritable légende aux USA, et qui fait la force de Tim Burton et de son SLEEPY HOLLOW qui date de 1999 déjà…
Mais l’origine du Cavalier sans Tête est beaucoup plus éloignée dans le temps puisqu’elle est née de la plume de l’écrivain américain, Washington Irving, dont la nouvelle, « La Légende de Sleepy Hollow » (The Legend of Sleepy Hollow) fut publiée en 1820. Le Cavalier sans Tête y est supposé être le fantôme d’un mercenaire hessois (d’une région d’Allemagne), décapité par un boulet de canon pendant la guerre d’indépendance des États-Unis. Il y fait une courte apparition énigmatique qui renverse l’intrigue de la nouvelle : Ichabod Crane est nommé professeur du village de Sleepy Hollow. Arrivé sur les lieux, il rencontre une jeune fille riche, Katrina Van Tassel, dont il tombe immédiatement amoureux. Il réussit à écarter Katrina de Brom Bones, la brute de la bourgade qui aime lui aussi la séductrice. Furieux, Brom décide pour se venger de raconter aux villageois l’effrayante légende du Cavalier sans tête à la soirée d’Halloween. Mais après la fête, Ichabod doit retourner seul chez lui en pleine nuit, en passant par la forêt, et là…
L’écrivain Thomas Mayne Reid en romancera une autre version, en 1865, basée sur une légende folklorique du sud du Texas où notre cavalier aurait plutôt été un aventurier irlandais et héros durant la Seconde Guerre des USA contre le Mexique. Celui-ci aurait été décapité lors d’un combat et deux soldats en auraient sanglé son cadavre à la verticale sur un cheval qui, une fois lancé au galop à travers la vallée, aurait fait l’effet d’un glorieux épouvantail face à l’ennemi…
Mais c’est la version de 1820 qui servira pour plusieurs adaptations pour le cinéma, et c’est presque un siècle complet plus tard qu’est sorti en salles aux États-Unis THE HEADLESS HORSEMAN, en 1922, un film muet réalisé par Edward D. Venturini, et ceci pour une maison de production qui portait le doux nom de Sleepy Hollow Corporation. On y retrouve le petit univers familial clos et puritain de la vallée de Sleepy Hollow (ou du Val Dormant) près du village imaginaire de Greensburgh, et l’arrivée du jeune étudiant cultivé originaire du Connecticut, qu’est Ichabod Crane, interprété par Will Rogers dans cette version, mais que l’on connaît tous grâce à la bouille juvénile de Johnny Depp. Le Cavalier sans Tête y est déjà un alibi pour des rivalités mesquines et cupides entre les villageois.
D’autres versions de la nouvelle de Washington Irving seront produites, par la suite, plus généralement sous la forme de dessins animés comme celui de la Metro-Goldwyn-Mayer, en 1934, THE HEADLESS HORSEMAN, ou même par Walt Disney, en 1949, avec LA LÉGENDE DE LA VALLÉE ENDORMIE qui est une des deux séquences du long-métrage, LE CRAPAUD ET LE MAÎTRE D’ÉCOLE (The Adventures of Ichabod and Mr. Toad) de Clyde Geronimi, James Algar et Jack Kinney.
La plus hallucinante mais aussi la moins bonne version des aventures surnaturelles du Cavalier sans Tête, est incontestablement, à mon goût, celle de 1972, avec CURSE OF THE HEADLESS HORSEMAN de Leonard Kirtman, un film auto-produit par des hippies. Modernisée et située au sein d’une communauté hippie souvent déguisée en cowboys, l’intrigue fumeuse raconte l’apparition nocturne et quotidienne d’un cavalier fantôme avec une tête humaine sous le bras, et qui fait savoir qu’il est à la recherche de huit meurtriers et… puis j’avoue ne pas avoir très bien compris la suite, tellement les comédiens ont l’air « stones » tout le long du film, mais très contents d’être filmés, qu’ils en oublient même un peu trop d’interpréter leurs personnages respectifs, ou parfois trop théâtraux à l’inverse, et le film se perd finalement dans tous les sens. Personnellement, je suis vite parti au galop avant la fin de ce CURSE OF THE HEADLESS HORSEMAN, pour éviter d’en perdre la tête….
Par la suite, après SLEEPY HOLLOW, LE CAVALIER SANS TÊTE (1999) de Tim Burton, deux téléfilms édités en DVD sortiront sur le même sujet tiré de la nouvelle de Washington Irving, comme THE LEGEND OF SLEEPY HOLLOW (1999) de Pierre Gang, et HEADLESS HORSEMAN (2007) de Anthony C. Ferrante, mais je pense que c’est la version de Burton qui immortalisera pendant longtemps cette histoire, et ceci grâce à l’intelligence et à l’humour de son réalisateur, qui est toujours entouré d’excellents comédiens. Christopher Walken chevauchera sûrement encore longtemps dans nos mémoires, la tête sous le bras, et la lame meurtrière à la main, et en plus d’être un véritable alibi pour nos mesquins villageois, il en est lui-même devenu une victime, prisonnière de sa propre malédiction, sous la plume de Burton. Un être de superstitions qui a désormais toute sa place parmi les Monstres Sacrés des Échos d’Altaïr.
- Trapard -
Autres Monstres Sacrés présentés dans Les Échos d’Altaïr :
Alien / King Kong / Predator / Créature du Lac Noir / Mutant de Métaluna / Ymir / Molasar / Gremlins / Chose / Triffides / Darkness / Morlock / Créature de It ! The Terror from Beyond Space / Blob / Mouche / Créature de Frankenstein / Visiteurs / Martien de La Guerre des Mondes (1953) / E.T. / Pinhead / Michael Myers / Fu Manchu / Leatherface / Jason Voorhees / Tall Man / Damien Thorn / Toxic Avenger / Bruce : le grand requin blanc / La Momie / Le Loup-Garou / Dr Jekyll et Mr Hyde / Golem / Dracula / Orlac / La Bête / Les Krells / Les Pairans
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j’avais le cavalier avec johny deep, c’était sleepy hollow..et c’était terrrible !;) excellent blog !
Très sympa de découvrir les origines de ce film culte!
Skarn nous parle aussi sur LEA de SLEEPY HOLLOW, une série TV adaptée librement de la légende du Cavalier sans Tête :
http://morbius.unblog.fr/2014/01/29/sleepy-hollow-saison-1/
À ajoueter aux films de cavaliers sans tête, la trilogie mexicaine d’EL JINETE SIN CABEZA de Chano Urueta qui a été traduite par Captain Midnight sur l’UFSF :
1. EL JINETE SIN CABEZA (1957)
Dans une petite ville provinciale du Mexique, une mystérieuse confrérie, dont les membres sont habillés de bures de moines et d’un masque représentant un crâne, fait régner la terreur parmi les gros propriétaires, n’hésitant pas à les kidnapper pour s’approprier leur fortune.
Mais deux personnes arrivent pour défendre la justice : une jeune et jolie juge de paix idéaliste et un énigmatique cavalier portant une cagoule noire et ne sortant que la nuit. Arriveront-ils à élucider ces affaires de moines-squelettes, de mains coupées vivantes et de momies ressuscitées ?
2. LA MARQUE DE SATAN (1957, La marca de Satanás)
Le cavalier sans tête, le pistolero, se trouve confronté à une hache diabolique. Il devra utiliser tout son courage et sa ruse afin de faire triompher la justice et de sauver une jeune fille d’une mort atroce….
3. LA CABEZA DE PANCHO VILLA (1957)
Six camarades, ayant participé aux exploits de Pancho Villa à la grande époque, se voient confier une mission par un vieux colonel sur son lit de mort : conserver au prix de leur vie une boîte mystérieuse sans en connaître le contenu.
Mais une organisation secrète, qui exècre Villa et ses partisans, décide d’éliminer les compagnons et de récupérer la boîte. La seule personne à pouvoir s’opposer à leurs exactions ? Le célèbre Cavalier sans tête, toujours chantant et bondissant !