Un Monstre Sacré assez différent pour cet article, puisqu’il s’agit d’un vaisseau fantôme. Le cinéma nous a souvent abreuvé de navires fantômes plus effrayants les uns que les autres, du paquebot nazi transportant une horde de zombies errant en uniformes SS, dans LE COMMANDO DES MORTS-VIVANTS (1977) de Ken Wiederhorn, jusqu’au vaisseau du FOG (1978) de John Carpenter, dont les marins reviennent à date fixe, à travers les brumes, pour assouvir une interminable malédiction. Et j’en passe, tellement le folklore marin a nourri de scénarios hollywoodiens ou de la télévision, brassant le mythe du fameux Triangle des Bermudes ou tous les mystères inconnus et fantasmés qu’inspirent les immenses profondeurs du grand large…
Le Hollandais Volant (ou Flying Dutchman) est un vaisseau fantôme pris dans le tourbillon d’une malédiction et qui ne peut jamais arriver au port, condamné à naviguer, à jamais, à travers les océans. Le mythe est susceptible de provenir de folklore marin du 17e siècle, mais la version la plus ancienne référencée date de la fin du 18e siècle. Elle provient du livre de bord du navire du Voyage à Botany Bay (1795), et est attribuée à George Barrington : J’avais souvent entendu parler de cette superstition de marins qui parlait d’apparitions, mais je n’y avais jamais vraiment donné de crédits. Il me semble qu’il y a quelques années, un navire de guerre hollandais s’est égaré au large du cap de Bonne-Espérance, et chaque âme à bord aurait péri. Un autre navire allié aurait résisté à la tempête, et il serait arrivé, peu de temps après, au Cap. En virant de bord, en direction de l’Europe, le navire fut assailli par une violente tempête près de la même latitude. Dans la nuit, certains membres de l’équipage auraient vu, ou cru voir, un navire dressé, voiles et mats dirigés vers le bas, comme si le vaisseau flottait dans les air. Un marin, en particulier, a affirmé qu’il s’agissait du navire qui avait sombré dans la dernière tempête, ou son fantôme, jusqu’à un épais nuages le fasse totalement disparaître. Rien ne pouvait faire disparaître l’idée de ce phénomène dans l’esprit des matelots, qu’ils en ont relaté les circonstances quand ils sont arrivés au port. La propagation de l’histoire s’est faite comme une traînée de poudre, sur ce supposé vaisseau fantôme, appelé le Flying Dutchman…
Beaucoup d’autres apparitions de ce genre ont encore été relatées, et la littérature, surtout britannique, s’est emparée très tôt de ce thème mystérieux, de John Leyden (1775-1811), au grand poète romantique Thomas Moore, en passant par Sir Walter Scott, jusqu’aux pièces d’opéra, « The Flying Dutchman » (1843) de Richard Wagner, étant la plus connue. Parallèlement, la science a vite cherché à démystifier ces hallucinations, les décrivant comme étant des mirages, puis des illusions d’optique : dans certaines conditions de l’atmosphère, les rayons du soleil peuvent former une image parfaite dans l’air des objets sur la terre, par simple réflexion, comme les images que l’on voit dans le verre ou l’eau. Autrement dit, il s’agit du principe optique même de cinéma, et de la « camera obscura », ou de n’importe lequel des objectifs de nos appareils photo qui renvoient une image inversée de son modèle, grâce à un subtile jeu de déformation avec l’eau (ou la lentille) grâce un léger passage lumineux (l’obturation).
Au cinéma, The Flying Dutchman est un personnage mystérieux et déshumanisé, très récurrent dans nombre de dessins animés ou même de mangas japonais. Le vaisseau fantôme a très souvent été mélangé à un autre mythe du folklore marin, celui du célèbre pirate, Edward Teach, plus connu sous le nom de Barbe Noire, anti-héros très connu des fans de films de pirates d’Hollywood (comme BARBE NOIRE, LE PIRATE, 1952, de Raoul Walsh), et que Walt Disney réutilisera même dans le second volet de PIRATES DES CARAÏBES, LE SECRET DU COFFRET MAUDIT (2006), Barbe Noire y étant même le Capitaine du fameux Flying Dutchman.
La version la plus intéressante, et la plus romantique, reste à mon goût celle réalisée en 1951 par Albert Lewin pour un production anglaise, Romulus Films, PANDORA (Pandora and the Flying Dutchman) avec James Mason et surtout, la magnétique Ava Gardner. Loin d’être un film d’horreur, le film de Lewin mélange un grand nombre de mythes grecques comme européens, au sens plus contemporain, comme celui de la malédiction du Hollandais Volant, thème centrale, poétique et mystérieux de ce beau film d’amour impossible (autant que la malédiction dans laquelle sont enfermés les principaux protagonistes du film).
Le Flying Dutchman, un Monstre Sacré intemporel lié à l’univers marin et de celui, immesurable de l’océan, comme la cristallisation de fantasmes ou d’angoisses, comme l’amour libre mais si insondable de PANDORA, ou comme la profonde solitude du marin nourri d’histoires extraordinaires devant les changements radicaux de luminosités et du vent, en pleine mer. Ou comme ce bateau mystérieux qui viendrait nous chercher, enfants, et qui nous emmènerait ailleurs et très loin…
- Trapard -
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Non, dans pirates des caraïbes, Barbe Noire n’est absolument pas le capitaine du Hollandais, le capitaine dans PDC, c’est Davy Jones !!!! Davy Jones est, pour résumer, le nom donné au diable des mers par les marins….
Merci Gizette pour cette correction.