Dans le domaine des courts-métrages purement fantastiques ou inspirés par le fantastique, les Calédoniens ne sont pas en reste. Pour preuve cette catégorie qui leur sera désormais entièrement consacrée et où Trapard nous présentera régulièrement une œuvre de son choix. Suivez le guide !
DOUBLE PERSONNALITÉ (1988) de Jimmy Janet
Réalisation & scénario : Jimmy Janet
Cadrages : Cédric & Jimmy Janet
Interprétation : Cédric & Jimmy Janet
Musique : Jean-Michel Jarre
DOUBLE PERSONNALITÉ est un court-métrage d’environ 8 minutes qui fut tourné dans les années 80 par les frères Janet, alors adolescents, à Nouméa, quartier des Portes de Fer.
Ce film se voulait être la continuité de courts-métrages tournés par des membres du Sci-Fi Miniclub, puis du Sci-Fi Club de Nouvelle-Calédonie, entre 1986 et 1988. Des courts-métrages amateurs nouméens dans lesquels loups-garous, vampires, insectes tueurs ou tueurs à l’arme blanche, étaient les leitmotiv de leurs intrigues. Ces films étaient aussi généralement filmés en « tourné-monté », c’est-à-dire sans scénario ni possibilité de montage, chaque prise était donc tournée en « one shot », et préalablement réfléchie et calculée avant d’être enregistrée. Les comédiens et techniciens étant souvent les mêmes adolescents qui s’inter-échangeaient les tâches respectives, dans des films tournés durant les vacances scolaires, avec une caméra VHS Sony à bandoulière.
DOUBLE PERSONNALITÉ se voulait être une fausse suite d’un autre court-métrage, DOUBLE ESPRIT, tourné l’année précédente (1987) par les mêmes frères Janet, et qui racontait le dédoublement de personnalité d’un adolescent, après un passage à l’acte fratricide fantasmé. Un dédoublement inspiré du « Docteur Jeckyll & Mister hyde » de Robert-Louis Stevenson s’opérait alors à l’image, mais à la différence que l’adolescent coupable se retrouvait tiraillé par deux entités qui se définissaient par le Bien et le Mal, et qui lui proposaient chacune une alternative à son geste.
DOUBLE PERSONNALITÉ reprenait ce sujet, d’une toute autre manière, puisque l’adolescent, entièrement vêtu de noir et masqué, traquait cette fois-ci ce même frère vêtu de blanc, armé d’un long couteau. Mais au moment du geste meurtrier, et le masque du tueur arraché, les deux frères en Noir et en Blanc se retrouvaient être une unique et même personne.
DOUBLE PERSONNALITÉ ayant été tourné en 1988 à Nouméa, à la fin de la période dite des « Évènements » en Nouvelle-Calédonie, et juste après l’affaire de Gossanah à Ouvéa, le film se voulait être un défouloir sur le thèmes des violences fratricides en Nouvelle-Calédonie durant toute cette période agitée. Tourné juste avant les Accords de Matignon, et dans une ambiance de rumeurs de violences qui tournaient en vase-clos à Nouméa, DOUBLE PERSONNALITÉ ne possédait finalement ni début, ni chute, mais montrait surtout deux personnages qui se surveillaient mutuellement du coin de l’œil, l’un travaillant dans un jardin, et l’autre masqué et armé d’un sabre d’abattis, prêt à s’abattre sur lui. Le générique montrait d’ailleurs un titre sur une feuille blanche et une main noire qui la déchirait brutalement, l’auto-focale se désorientant totalement pour se repositionner sur le jardinier, observé en caméra subjective avec un son de respiration inquiétant, en premier plan, le principe de la caméra subjective étant respecté tout le long du film, pour renforcer l’inquiétude désirée, et l’attachement du point de vue, sur aucun des deux personnages.
DOUBLE PERSONNALITÉ était un court-métrage d’horreur, et s’inspirait de certaines attitudes du Jason Voorhees des VENDREDI 13, mais, comme d’autres courts-métrages de cette époque, tournés par des jeunes membres du Sci-Fi Club, il représentait un palliatif à un besoin d’exprimer une forte violence adolescente intérieure en latence.
- Trapard -
Troisième court-métrage pour cette catégorie locale. beaucoup d’autres à venir, vu le nombre de courts métrages fantastiques tournés en NC. Et même un long-métrage d’infectés tourné par Terence Chevrin en 2011.
J’ai cherché sur YouTube, mais ce film n’y est pas. Sans doute son producteur a menacé l’entreprise de poursuites judiciaires…
C’est sûrement ça… haha
Le court-métrage en question, mais très abîmé :
http://www.youtube.com/watch?v=lIaRxaAKaz4
Le temps lui apporte un p’tit quelque chose !
On peut dire ça comme ça ^^
Je me souviens d’un petit détail qui a son importance, c’est que pour ces petits films, personnellement je m’inspirais (ou j’essayais de refaire) des histoires courtes de la Quatrième Dimension qui étaient diffusés dans Temps X à cette même période. Je me souviens d’ailleurs que pour les premiers films, j’essayais de faire les mêmes genres d’intros en enregistrant ma voix sur un vieux magnétophone à cassettes et en imitant la manière dont la doublure française de Rod Serling annonçait une intrigue étrange et ce qui allait suivre. Puis je nous filmais tout en repassant l’enregistrement et en montant le volume du magnétophone au maximum pour que ça fasse l’effet d’une voix off. Et surtout je filmais les personnages qui faisaient semblant de parler et qui bougeaient les lèvres sans sortir aucun son pour que ça ressemble à une vraie intro en voix off à la Rod Serling.
Puis ensuite, on reprenait nos personnages normalement.
Je crois d’ailleurs que, pour ma part, j’étais beaucoup plus fier de ce genre d’astuces destinées à faire nos propres films « à la manière des grands » que de nos propres histoires qui n’étaient que des alibis.
Au passage, le titre du court-métrage DOUBLE PERSONNALITÉ vient d’une autre série tv diffusée en même temps que « la Quatrième Dimension », c’est celle du « Prisonnier ».
« Double personnalité » (en anglais « The Schizoid Man ») était le titre de l’Épisode 5. (Après avoir subi un nouveau lavage de cerveau, numéro 6 devient N° 12 et doit faire parler le N° 6….).