L’ENNEMI SANS VISAGE (1946) de Robert-Paul Dagan et Maurice Cammage
L’ENNEMI SANS VISAGE est un petit polar français mettant en scène l’inspecteur Wens, un personnage de roman policier créé par l’écrivain belge Stanislas-André Steeman en 1930. Une dizaine de comédiens se sont succédés dans ce rôle, des années 30 jusqu’à Jacques Perrin, en 1994, dans LE TRAJET DE LA FOUDRE. Mais Pierre Fresnay est sûrement celui qui immortalise le mieux, encore aujourd’hui, ce fameux Monsieur Wens, dans le film d’Henri-Georges Clouzot, L’ASSASSIN HABITE AU 21 (1942).
Dans L’ENNEMI SANS VISAGE, Franck Villard incarne un inspecteur plutôt jeune et assez « fun », et si ce film policier trouve sa place au sein du Grenier du Ciné SF, c’est que l’enquête policière sort du cadre traditionnel du genre pour vite tourner au vinaigre vers le pur film de Savant Fou, avec son petit lot de scènes fantastiques.
L’intrigue : le professeur Artus tente, avec la collaboration de la police, de transporter l’âme d’un condamné à mort (qui a accepté cette expérience à la place de la chaise électrique) directement au sein d’un automate en caoutchouc. L’expérience tourne mal et le professeur est retrouvé mort, tandis que l’automate a disparu. L’inspecteur Wens mène l’enquête…
L’ENNEMI SANS VISAGE est un film assez inégal, ce qui semble s’expliquer par le fait que le tournage fut commencé, en février 1946, par Maurice Cammage qui tomba rapidement malade (il décéda, d’ailleurs, peu de temps après) et qui fût remplacé par Robert-Paul Dagan, lequel boucla le film en mars de la même année. Du coup, dans un certain nombre de scènes, les comédiens semblent être comme en « roues libres » et en pure improvisation, ce qui déroute assez, d’entrée de jeu. Puis, si on laisse prendre la sauce, en acceptant de suivre une double intrigue policière et fantastique assez farfelue avec des comédiens qui, dans certaines scènes, usent et abusent de cabotinages, et dans d’autres, jouent le plus sérieusement du monde, L’ENNEMI SANS VISAGE devient un film très curieux mais plutôt agréable.
Outre Franck Villard incarnant le fameux Wens, Roger Karl, un acteur de théâtre vieillissant, est quant à lui le savant Artus, chef autoritaire d’une famille dominée en attente d’héritage, mais persuadé du bon sens de ses inventions délirantes. Moins connu, on retrouve aussi Jean Temerson dans le rôle du valet de la résidence et ancien policier destitué de son ancienne fonction, ce même Temerson que l’on retrouve, trois ans plus tard, dans l’une des meilleures adaptations des romans policiers de Marcel Allain dans FANTÔMAS CONTRE FANTÔMAS (1949) de Robert Vernay.
Souvent critiqué, L’ENNEMI SANS VISAGE n’en reste pas moins une curiosité policière du cinéma français des années 40, bourré de rebondissements et de scènes surréalistes et fantastiques.
- Trapard -
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pouvez vous me dire où a été tourné ce polar ? du moins le château que l on voit au début du film ?
Trapard, une question pour toi.
Non, désolé. Je n’en ai aucune idée, mais ça doit être indiqué en fin de générique. Dès que je revoie le film, j’indiquerai cette info.