GARE AUX BODY SNATCHERS FROM OUTER SPACE !
Rien à voir ici avec les déterreurs de cadavres de tout film gothique, avec Savant Fou et dissecteur qui se respecte. Les nôtres viennent de l’Espace, et ce sont ceux de L’INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES, le film de Don Siegel, sorti en salles en 1956. À la base, le titre anglais se traduirait plutôt par « L’invasion des voleurs de corps », et le scénario du film est tiré d’un roman de science-fiction américain intitulé « L’Invasion des Profanateurs » (The Body Snatchers) écrit par Jack Finney et paru en 1955. À la différence des déterreurs de cadavres, ce sont des corps et des âmes vivants dont s’emparent nos Body Snatchers. Nos fameux E.T., dont on ne connaît finalement jamais la réelle apparence, sont venus « remplacer » un par un les Terriens, en commençant par la ville de Santa Mira, près de Los Angeles. Pour se faire, ils placent des cocons géants, similaires à des gros haricots verts, mais dont le contenu abrite des corps humains sans vie, aux caractéristiques « inachevées », et qui sont des répliques en gestation de chaque habitant de Santa Mira. Le « remplacement » s’exécute alors pendant le sommeil de chacune des « versions originales » des habitants de la petite ville californienne.
En 1956, L’INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES sortait au moment où la Guerre Froide battait son plein. Et alors que le maccarthisme faisait la chasse au communisme aux États-Unis, certains critiques ont pu voir dans le film de Siegel, la cristallisation d’une forme de paranoïa collective, laquelle permettait de supposer que n’importe quel voisin de palier était peut-être un ennemi potentiel dépourvu d’états d’âme et qui cherchait à servir les intérêts de sa communauté plutôt que ceux de la vôtre. L’INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES, petite série B indépendante, est clairement un film au climat anxiogène et paranoïaque, et son succès a persisté à travers le temps et plusieurs générations de fans de SF, tel un film culte.
Le roman de Jack Finney a, plusieurs fois, été réadapté dans des versions plus ou moins égales à l’original de 1956. La plus connue, et sûrement aussi la mieux achevée, est celle que Philip Kaufman a tourné et sorti en 1978, et que l’on connaît en France sous le titre écourté, par rapport à la version de Siegel, de L’INVASION DES PROFANATEURS. Il est servi par une pléiade de très bons comédiens du genre, comme Donald Sutherland, Brooke Adams, Jeff Goldblum, Veronica Cartwright et Leonard Nimoy. Cette version de nos Body Snatchers from outer-space a d’ailleurs remporté l’Antenne d’or au Festival d’Avoriaz en 1979.
Petite mention spéciale pour la version qu’Abel Ferrara a tiré du roman de Jack Finney, en 1993, une adaptation très libre mais très intéressante : BODY SNATCHERS, L’AVENTURE CONTINUE (un titre français, légèrement ambivalent, et qui annonce faussement une suite). Ferrara a modernisé l’univers de nos E.T., voleurs de corps, tout en gardant un certain respect pour une ambiance hollywoodienne des 50′s.
La Warner Bros, et le réalisateur Oliver Hirschbiegel, ont sorti une quatrième adaptation du roman avec INVASION (2007), un film que je n’ai pas eu l’occasion de voir, mais malgré celles, plutôt réussies, de Philip Kaufman et d’Abel Ferrara, la version de 1956 reste, à mon goût, la meilleure, le climat de paranoïa s’installant et s’insinuant au fil d’une intrigue, en crescendo, pour se conclure en un « sadly ending » si peu courant à cette époque. Un film vraiment réussi, dans lequel la petite ville tranquille et bourgeoise de Santa Mira se referme, peu à peu, sur le personnage du médecin Miles Bennell (Kevin McCarthy), pratiquant une des professions les plus respectables en soi, et qui perd de plus en plus pied face à un ennemi incontrôlable, jusqu’à se retrouver exclus et traqué jusqu’au final.
Un des plus effrayant Monstres Sacrés que ceux qui attendent, patiemment, notre sommeil pour venir nous remplacer au sein de nos familles, en imitant notre image à la perfection, et ainsi conquérir le monde en toute quiétude. C’est aussi, et plus ou moins, le sujet d’un certain nombre de films de SF, dès les 50′s, comme LES ENVAHISSEURS DE LA PLANÈTE ROUGE (tiens ? Encore du Rouge…Invaders from Mars), autre film angoissant et datant de 1953, mais les Body Snatchers de L’INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES sont, mine de rien, à placer, au panthéon des films d’Envahisseurs méthodiques les plus effrayants.
- Trapard -
Autres Monstres Sacrés présentés dans Les Échos d’Altaïr :
Alien / King Kong / Predator / Créature du Lac Noir / Mutant de Métaluna / Ymir / Molasar / Gremlins / Chose / Triffides / Darkness / Morlock / Créature de It ! The Terror from Beyond Space / Blob / Mouche / Créature de Frankenstein / Visiteurs / Martien de La Guerre des Mondes (1953) / E.T. / Pinhead / Michael Myers / Fu Manchu / Leatherface / Jason Voorhees / Tall Man / Damien Thorn / Toxic Avenger / Bruce : le grand requin blanc / La Momie / Le Loup-Garou / Dr Jekyll et Mr Hyde / Golem / Dracula / Orlac / La Bête / Les Krells / Les Pairans / Le Cavalier sans Tête / Le Hollandais Volant
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Des différentes versions, je trouve la 1re (1956), la meilleure. Je trouve que ce film est plus horrifique que les autres productions de la SF des USA des années 50. Il y a quelque chose de morbide que l’on ne retrouve pas dans The Deadly Mantis ou autre The Blob, etc.
La version soviétique des Body Snatchers :
THE MEDIATOR (Posrednik)
Une mini série réalisée par Vladimir Potapov
D’après le roman d’ Alexander Mirer (1970)
L’intrigue : Dans une ville industrielle soviétique ordinaire, les gens commencent à se comporter étrangement, d’une manière robotique, tout en adoptant une nouvelle hiérarchie. Le phénomène se propage via un dispositif d’origine extraterrestre, appelé « Le Médiateur » (Posrednik), capable d’implanter des esprits extraterrestres dans des corps humains. Ceci ne fonctionne pas avec les enfants, les fous, les génies, et les rebelles. Du sort de la ville dépendra celui de la civilisation humaine…
La présentation par Polo d’UFSF :
L’adaptation soviétique du roman d’ Alexander Mirer (1970) qui a la même trame
que les 3 adaptations (voir plus bas) plus ou moins fidèles du roman de Jack Finney (1955)
Mais cette vision de l’est de cette invasion a une ambiance très différente, très sombre, angoissante et envoûtante, ceci de par une certaine lenteur, le choix des décors (campagnes désolées, villes vides, friches industrielles…), la photographie, la bande son entêtante…
On notera de nombreuses référence au cinéma européen,
soviétique bien-sûr, mais aussi italien en particulier.
Les épisodes sont sur YouTube en version anglaise :
https://youtu.be/HNlLphhwkkA
Une adaptation détournée du roman de Finney par Full Moon :
GLUTORS (1992, Seedpeople) de Peter Manoogian.
L’intrigue : Le mal a germé dans la Vallée de la Comète sous la forme d’habitants très spéciaux: Glutor, Tumbler et Sailor, des plantes carnivores animées des plus mauvaises intentions. Elles complotent un plan ingénieux pour féconder et gouverner le monde avec d’autres disciples ralliés à leur cause. Leur complot à toute les chances de réussir si quelques humains éclairés ne trouvent pas le moyen de les stopper…