PETER IBBETSON (1935) de Henry Hathaway
L’histoire de PETER IBBETSON est tirée d’un roman de George du Maurier, écrivain et illustrateur britannique d’origine française, contemporain de la période victorienne, et proche de l’écrivain Henry James. On flirte donc avec un univers très proche du Fantastique et souvent à la limite du Gothique déjà, de par son ancrage à la fin du XIXième siècle. George du Maurier était aussi le grand-père de la fameuse Daphne du Maurier, autre auteur qui explorait souvent les frontières du Fantastique et d’une époque victorienne fantasmée, et qu’Alfred Hitchcock mit plusieurs fois à l’honneur avec LA TAVERNE DE LA JAMAÏQUE (1939) mais surtout avec REBECCA (1940) et, bien entendu, LES OISEAUX (1963). Moins connu, le grand-père Du Maurier a néanmoins écrit son roman culte avec PETER IBBETSON qui avait déjà été adapté en 1921 par le réalisateur George Fitzmaurice, pour FOREVER, et un opéra l’adapta aussi en texte et en musique, et il fut joué au Metropolitan Opera de New York entre 1931 et 1935. Même Orson Welles en a effectué une adaptation radiophonique d’une heure, diffusée sur CBS, le 10 septembre 1939.
Le succès du roman fut bien sûr en adéquation avec la portée romantico-fantastique de sa fascinante intrigue : Gogo est un jeune garçon anglais qui grandit à Paris, et il tombe amoureux de la fille du voisin, Mimsey. Après la mort de sa mère, Gogo est pris en charge par son oncle, en Angleterre, qui donne à Gogo une éducation stricte et échange son nom de famille avec celui de naissance de sa mère, et transforme Gogo en Peter. Ainsi Peter Ibbetson devient adulte (sous les traits de Gary Cooper), architecte dans le Yorkshire pour un travail de restauration. Il tombe amoureux de Mary, duchesse de Towers (Ann Harding). Lorsque le duc découvre la relation entre sa femme et Peter Ibbetson, il exige des explications. Peter se rend compte alors que Marie n’est autre que son amour d’enfance, Mimsey. Après une altercation entre les deux rivaux, Peter tue le duc en légitime défense, et il est condamné à la prison à vie. Ainsi commence vraiment la relation amoureuse entre Gogo/Peter et Mismey/Mary, qui se réunissent dans leurs rêves, jusqu’à la fin de leurs vies…
Le film PETER IBBETSON qui fut porté aux nues par les Surréalistes à sa sortie en France, pour son atmosphère lyrique et fantastique, fut autant un OVNI dans les carrières cinématographiques de son réalisateur, Henry Hathaway, et le comédien Gary Cooper, dans ces années 30. En effet, à cette époque Gary Cooper, déjà starisé par de nombreux westerns et films d’aventures ainsi que dans des comédies de Frank Capra, incarne ici son rôle le plus romantique en dandy éperdu d’amour. Sa comparse incarnant Mary, Ann Harding, était une comédienne de théâtre et de cinéma beaucoup plus discrète. Quant au réalisateur, Henry Hathaway, il était le cinéaste d’Hollywood, de westerns et de films d’aventures, par excellence. Des contradictions qui renforcent finalement la puissance romantique et irréelle. PETER IBBETSON remporta d’ailleurs un succès critique et public unanime à sa sortie, et encore aujourd’hui, malgré le décalage des années, le film reste encore beau pour son sujet sur l’espoir, un thème malgré tout toujours indémodable, avec une fin si triste et si émouvante qu’elle arrive à en transcender le banal happy ending.
- Trapard -
Autres films présentés dans la catégorie Le Grenier du Ciné Fantastique :
La Charrette Fantôme / La Chute de la Maison Usher / Les Contes de la Lune vague après la Pluie / Frankenstein (1910) / Le Cabinet du Docteur Caligari / La Monstrueuse Parade / Le Fantôme de l’Opéra / Double Assassinat dans la Rue Morgue / Docteur X / White Zombie / The Devil Bat / La Féline (1942) / Les Visiteurs du Soir / La Main du Diable / Le Récupérateur de Cadavres / La Beauté du Diable / Un Hurlement dans la Nuit / The Mad Monster / La Tour de Nesle / L’Étudiant de Prague / Les Aventures Fantastiques du Baron de Münchhausen / Torticola contre Frankensberg / Ulysse / Man with Two Lives / The Mad Ghoul / La Tentation de Barbizon / The Flying Serpent
Trapard, tu es une mine de renseignements ! Jamais entendu parler de ce film, qui pourtant me semble vraiment bien. J’ai déjà acheté La tour de Nesle après avoir lu ton article dessus, tu veux me ruiner !… Non je blague, et merci.
Si j’ai bien compris, les surréalistes ont fait la promotion (notamment en France) des romans et du cinéma « oniriques », je pense notamment aux romans gothiques où l’onirisme est important. Antonin Artaud avait traduit en français Le moine, roman gothique.
Oui, il me semble que c’est André Breton qui avait fait la promotion de Peter Ibbetson en France.
Tiens ! On peut voir sur les lobby cards que notre Johnny Hallyday national a joué dans ce film. Il devait être bien jeune (il est né en 1943, donc il avait – 8 ans. Trop fort Jojo).
J’ai aussi de la pub visible dans cet article de chez moi qui indique : « New York, votre rêve américain commence ici ! »
J’espère que Morbius a la possibilité de gagner des billets d’avion, lui qui fait de la pub, avec son blog, pour des agences de voyage
–> New York <–
Je n’y ai pas droit, car j’utilise un navigateur qui offre la possibilité de bloquer les pubs…
…mais pas non plus de gagner des billets d’avion pour New York
J’ai toujours trouvé que la procédure de l’hébergeur qui consiste à polluer nos textes de pubs en utilisant les mots est tout simplement pitoyable. Je vais donc devoir remettre le bandeau qui précise que Les Echos d’Altaïr ne sont en aucun cas responsables de ce matraquage publicitaire.
Ah oui, c’est vrai : je n’ai pas à la ramener parce que je ne paie pas l’hébergement de ce blog. Ben si, je la ramène !