Sorti en France en 1933 sous le titre MASQUES DE CIRE (THE MYSTERY OF THE WAX MUSEUM, en V.O.) et tourné en Technicolor, un procédé de pellicule colorisé qui s’améliorera avec les années, THE MYSTERY OF THE WAX MUSEUM est d’un coloris encore très basique, très peu contrasté, et souvent délavé selon les copies existantes. Sous contrat avec la Warner Bros, Michael Curtiz a tourné le film de savant fou, DOCTEUR X, en 1932, déjà répertorié dans ce blog, avant de réaliser ce classique de l’horreur qu’est THE MYSTERY OF THE WAX MUSEUM, inspiré d’un texte de Charles S. Belden que le film expressionniste allemand de Paul Leni et Leo Birinsky, LE CABINET DES FIGURES DE CIRE (1924, Das Wachsfigurenkabinett) avait déjà, plus ou moins, effleuré. À la base, L’HOMME AU MASQUE DE CIRE est un artiste sculpteur talentueux du Londres des années 1910 qui dirige un musée de cire où il expose ses œuvres. Son associé le trahit et met le feu à ses œuvres et à son musée. Dans l’incendie, le sculpteur est très gravement brûlé. Dix ans plus tard, il réapparaît miraculeusement guéri pour inaugurer un nouveau musée aux États-Unis. Il choisit alors d’y exposer un thème très spécial : les grands assassins, exécuteurs et tortionnaires célèbres ou d’actualité. Mais pour que ses œuvres soient si parfaites, il lui faut des sosies de ces grands assassins qu’il fait tuer et qu’il trempe directement dans la cire brûlante…
L’HOMME AU MASQUE DE CIRE porte lui-même un masque, d’où son nom, un masque de cire qui est pourtant déjà célèbre sur des meurtriers célèbres du cinéma d’horreur : Erik ou LE FANTÔME DE L’OPÉRA, l’abominable Docteur Phibes, et j’en passe… Le masque du fameux Docteur Phibes, incarné par Vincent Price, est sans aucun doute une référence directe au remake de THE MYSTERY OF THE WAX MUSEUM qu’est L’HOMME AU MASQUE DE CIRE (House of Wax), tourné en 1953 par André De Toth, et dans lequel Vincent Price excelle de talent et de folie, assez loin de la semi-sobriété du jeu de Lionel Atwill du film de Curtiz de 1933.
Il existe aussi un autre remake beaucoup moins connu de l’histoire de L’HOMME AU MASQUE DE CIRE et tourné en Italie en 1997 lors d’une petite vague qui tentait de ressusciter le cinéma bis italien à partir de la moitié des années 90. LE MASQUE DE CIRE (Maschera di cera), incarné avec sobriété par l’acteur français Robert Hossein, est un bon film gothique que le réalisateur Sergio Stivaletti avait réalisé comme un hommage à feu-Lucio Fulci. Mais malgré les qualités du film et celles de Robert Hossein, Lionel Atwill et surtout Vincent Price incarnent à jamais ce génial et dément, à la fois, HOMME AU MASQUE DE CIRE, artiste torturé, et si séduisant derrière un masque qui cache, tel Dorian Gray, un autre visage, celui hideux et défiguré qui renferme les affres du passé et son besoin de vengeance et de réussite.
Il existe une version plus récente du sujet, avec LA MAISON DE CIRE (House of Wax) tournée en 2005 par le cinéaste espagnol Jaume Collet-Serra, avec des fonds australo-américains, et avec Paris Hilton dans un second rôle, mais seul le lieu où se déroule l’action est commun avec le sujet original.
Même si les intrigues avoisinant autours des Musées de Cire sont encore abordées dans le Cinéma d’Horreur, L’HOMME AU MASQUE DE CIRE est quant à lui un Monstre Sacré du cinéma d’Épouvante qui est un peu délaissé par Hollywood, et le ranger dans cette catégorie des Échos d’Altaïr est un petit hommage à ce génial névrosé qui effraya quelques générations de cinéphiles.
- Trapard -
Autres Monstres Sacrés présentés dans Les Échos d’Altaïr :
Alien / King Kong / Predator / Créature du Lac Noir / Mutant de Métaluna / Ymir / Molasar / Gremlins / Chose / Triffides / Darkness / Morlock / Créature de It ! The Terror from Beyond Space / Blob / Mouche / Créature de Frankenstein / Visiteurs / Martien de La Guerre des Mondes (1953) / E.T. / Pinhead / Michael Myers / Fu Manchu / Leatherface / Jason Voorhees / Tall Man / Damien Thorn / Toxic Avenger / Bruce : le grand requin blanc / La Momie / Le Loup-Garou / Dr Jekyll et Mr Hyde / Golem / Dracula / Orlac / La Bête / Les Krells / Les Pairans / Le Cavalier sans Tête / Le Hollandais Volant / Body Snatchers / Freddy Krueger
Rejoignez Les Échos d’Altaïr IV sur Facebook !
Le musée de cire est en effet un des grands thèmes du cinéma horrifique, quoique rarement listé comme tel au côté des vampires, loup garou, momies, etc. Parmi les si nombreuses productions, j’aime particulièrement la version franco-italienne de 1960 : Le moulin des supplices, de Giorgio Ferroni, avec la charmante Dany Carrel et l’inquiétant Wolfgang Preiss qui a une belle carrière dans la série B allemande des années 50 et 60 (notamment les Mabuses et Edgar Wallace). C’était la belle époque où les cinémas français, italiens et allemands s’associaient pour nous donner des superbes séries B fantastiques, horrifiques ou d’aventure.
Le thème du musée de cire est le moyen efficace de créer sans grandes difficultés techniques, des atmosphères sombres et inquiétantes, comme l’a bien compris le mexicain Fernando Méndez lorsqu’il réalise en 1958 Le retour du vampire, où il échange le décor gothique du précédent (Les proies du vampire, 1957 — avant le 1er Dracula de la Hammer) par un musée de cire sans doute plus économique.
En 1972, Ted Hooker réalise l’étrange Crucible Of Terror où l’on retrouve le thème de l’artiste meurtrier utilisant ses victimes pour réaliser une œuvre remarquable, cette fois dans le swinging London.
Après Mystery of the wax museum et House of Wax ici présenté par Trapard, la tradition s’est poursuivie aux USA par le truchement du bien-aimé Roger Corman, et son A Bucket Of Blood, réalisé en 1959. Le thème des cadavres transformés en œuvres d’art n’est cependant pas mis en scène dans un musée, mais dans le petit milieu beatnik de l’Amérique de l’époque. Un film que je trouve très pauvre en émotion, limite ennuyeux.
En 1966, c’est au tour de Jack Hill d’exploiter le thème de l’artiste serial killer (toujours chez les beatniks), avec Blood Bath. Un film complètement déjanté, où on retrouve (en plus des cadavres statufiés en cire), de la sorcellerie et du vampirisme. Ça n’est pas le meilleur scénario de Jack Hill pourtant surtout un auteur dans le domaine du cinéma fantastique. Mais je trouve tout de même ce film plus divertissant que le précédent (à voir la scène de la danseuse sur la plage; dont on se demande ce qu’elle vient faire dans ce film…).
L’Espagne n’est pas en reste (hein Trapard, toi le spécialiste du fantastique Espagnole), grâce un des derniers films avec Boris Karloff : Cauldron of Blood réalisé en 1970 par Santos Alcocer. Une coproduction Espagne, Royaume-Uni, USA, (mais une réalisation surtout espagnole) assez sympa, avec la belle Rosenda Monteros si envoûtante dans le She réalisé par la Hammer Film en 1965. Et avec notre Jean-Pierre Aumont national , plus connu pour sa participation à la série Starsky and Hutch (non je rigole, mais c’est tout de même vrai), ou plutôt ses rôles dans Si Versailles m’était conté (1954) ou La nuit américaine (1973).
Bref, j’arrête là…
Mais dorénavant, à chaque fois que vous verrez un mannequin ou toute effigie de taille humaine, pensez que peut-être, à l’intérieur, un corps sans vie peut s’y trouver, ou pire, un corps toujours vivant…
Oumpf !
Que de lecture…
Mais merci, c’est intéressant, d’autant qu’en écrivant cet article, je ne pensais pas du tout à la modernisation de l’Homme au Masque de Cire avec des films comme « A Bucket Of Blood », « Crucible Of Terror » et « Cauldron of Blood », dont je connais les deux derniers grâce à toi d’ailleurs.
Merci de ton passage.
Au passage, en 1914, Maurice Tourneur a tourné un court-métrage d’horreur qui aborde, plus ou moins, le thème « Figures de cire ».
Très peu d’infos sur ce film :
http://www.imdb.com/title/tt0002181/combined
Mais il est visible sur youtube :
http://www.youtube.com/watch?v=OqgWyMWVNIo
Et petite parenthèse au sujet de Maurice Tourneur dont on ne retient généralement que « La Main du Diable » concernant ses réalisations fantastiques. Ou les réalisations de son fils, Jacques (« La Féline », L’Homme Léopard », Vaudou »). Mais Maurice Tourneur a dédié le début de sa carrière au genre Fantastique, vers les débuts du Muet, dans les années 1910, d’abord en France (comme le film au-dessus), puis aux États-Unis, donc voici un exemple :
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Oiseau_bleu_%28film,_1918%29
Et ici, le film complet en V.O. sur youtube, et en version restaurée :
http://www.youtube.com/watch?v=WbDFpa7lTaU
Un autre lien youtube pour Le cabinet des figures de cire (1924) de Paul Leni, aka Waxworks en anglais :
http://www.youtube.com/watch?v=qEfihDLCyXM&list=PLd2hXfBqsHVcQlSj3zTDicxFSB89GFS19
On y trouve aussi des encarts vers d’autres films expressionnistes en versions complètes comme Le Cabinet du Docteur Caligari, Genuine, Le Golem ou Metropolis.
Je n’ai pas malheureusement la version de 1953. La première de 1933 est sympathique et l’actrice pétillante Glenda Farrell y est pour quelque chose. Toutefois à l’instar de Robert Hossein dans une version italienne plus récente Le masque de cire, Lionel Atwill n’est pas hyper charismatique. C’est ce que je reproche donc aussi au film de Sergio Stivaletti plus une fin façon Terminator un peu ridicule… Donc bien sûr je regrette de ne pouvoir accéder à ce qui semble être la meilleure version de ce thème. Je reviendrai ici quand j’aurai visionné la version de 2005….
Vincent Price de par sa personnalité, sa présence et son jeu d’acteur est forcément plus charismatique qu’un Hossein ou même Atwill qui ont justement souvent été employés pour leurs jeux assez inexpressifs. Mais je ne sais pas si cette version est visible sur le net.
en tant que collectionneur de films sur ce thème (thème fantastique qui à l’avantage de ne pas emmagasiner des 100é de titres) je me permet de rajouter ma contribution aux films cités précédemment.
en plus des films dont avez fait mentions il y à aussi:
- Nightmare in wax (1969) paru chez Bach film
- Tourist trap ( ou le piège – titre français ) 1979
- Waxwork (1988) qui reprend et modernise le film de Léni
**** attention Waxwork II et un film de voyage dans le temps qui n’as rien à voir avec les Musées de cire.
et sinon il y as eu quelques héros récurant du cinéma qui on du se confronter aux fameuses statues comme Charlie Chan ( Charlie Chan au musée de cire -1940- ) le catcheur mexicain Santo dans Santo au musée de cire -1963- et les 2 nigaud (dit Abbot et Costello qui dans les 2 nigauds contreDr Jekyl et mr Hyde ont une ou 2 scène au sein d’un musée de cire .
voilà
Merci Philou pour vos indications.
En effet, je viens de voir NIGHTMARE IN WAX (1969) de Bud Townsend, connu en France sous le titre : CRIMES AU MUSÉE DE CIRE. Bud Townsend est un réalisateur nébuleux, au travail un peu bâclé, mais il n’est pas un inconnu des bisseux puisqu’on lui doit L’AUBERGE DE LA TERREUR ( http://morbius.unblog.fr/2014/02/02/lauberge-de-la-terreur-1972/ ) et le film fantastique de Sexploitation, ALICE IN WONDERLAND (1976).
Dans NIGHTMARE IN WAX, c’est Cameron Mitchell qui joue le tueur défiguré et borgne cette fois-ci.
http://4.bp.blogspot.com/-jC5_aVKalIw/TuijGgxLMaI/AAAAAAAAE04/G81WURqJKus/s1600/niw6.jpg
Je vais ajouter le Docteur Karol (ou Caroll dans certaines versions) dans SANTO EN EL MUSEO DE CERA (1963) d’Alfonso Corona Blake et Manuel San Fernando.
L’intrigue : El Santo, le lutteur mexicain masqué, enquête sur une série de kidnappings. Il découvre que le mystérieux Docteur Caroll utilise les victimes dans le cadre de ses expériences pour créer une armée de monstres ou les changer en personnages de son musée de cire…