LE FANTÔME VIVANT (1933) de T. Hayes Hunter
Plus connu sous son titre original, THE GHOUL, il s’agit du tout premier film britannique à avoir été étiqueté « film d’horreur ». LE FANTÔME VIVANT lancera plus ou moins une mode du cinéma d’horreur en Angleterre, avec par exemple la série de films gothiques interprétés par Tod Slaughter (MURDER IN THE RED BARN, 1935, SWEENEY TODD, 1936, THE CRIMES OF STEPHEN HAWKE, 1936, IT’S NEVER TOO LATE TO MEND, 1937, CRIMES AT THE DARK HOUSE, 1940…) qui étaient surtout des films macabres se situant à l’époque victorienne. Alfred Hitchcock tournait aussi des sujets sombres depuis les années 1920, dont une fameuse adaptation de l’histoire meurtrière de Jack l’éventreur, avec THE LODGER (1927), et l’Angleterre, bien avant l’Allemagne produisit aussi les premières adaptations d’Edgar Wallace comme THE TERROR (1938) ou THE DARK EYES OF LONDON (1939) avec Bela Lugosi, des sujets qu’on appellera, des années plus tard, des « krimi ». Et comme Bela Lugosi qui avait commencé sa carrière en Hongrie, puis en Allemagne, avant de se lancer vers Broadway et Hollywood, et qui est revenu en Europe, le temps de tourner THE DARK EYES OF LONDON, l’Anglais Boris Karloff reviendra lui-aussi en Angleterre après son fameux FRANKENSTEIN (1931) de la Universal pour tourner ce FANTÔME VIVANT. On retrouve à ses côtés, dans le film, de bons comédiens anglais comme Cédric Hardwicke, ainsi qu’Ernest Thesiger que Karloff emmènera sûrement dans ses bagages vers les studios californiens de la Universal pour incarner le génial Docteur Prétorius, jouant avec des êtres humains miniaturisés, dans LA FIANCÉE DE FRANKENSTEIN (1935, The Bride of Frankenstein) de James Whale.
L’intrigue de LE FANTÔME VIVANT : Après un décès prématuré, un Égyptologue (Boris Karloff) revient à la vie, tel une goule sanguinaire pour se venger de ceux qui ont tenter de profaner sa tombe…
Un véritable mélange de sujets de films dans lesquels Boris Karloff tient le rôle principal comme la toute récente LA MOMIE (The Mummy) de Karl Freund, sur un sujet quasi-similaire et sorti l’année passée, en 1932, ou comme LE MORT QUI MARCHE (1936, The Walking Dead) de Michael Curtiz, et dans lequel Karloff profite d’avoir été ressuscité pour se venger de ceux qui l’ont envoyé sur la chaise électrique…
LE FANTÔME VIVANT n’est pas un grand classique, mais c’est une curiosité du cinéma d’horreur anglais, et particulièrement lorsqu’on sait qu’il fut longtemps considéré comme perdu, et qu’après de longues recherches, une première copie en très mauvais état, tronquée de quelques minutes et possédant des sous-titres incrustés sur l’image, a d’abord été retrouvée dans les archives nationales tchèques. Puis par la suite, tout récemment, au début des années 2000, une version de bien meilleure qualité, considérée comme la version intégrale, a été retrouvée en Angleterre, et c’est celle-ci qu’il est possible de se procurer depuis très peu de temps, mais seulement en Zone 1 et en V.O. Néanmoins, le film distille une ambiance gothique très particulière, ce qui ne sera pas sans déplaire aux fans du genre, comme notre lecteur assidu, Jean Beauvoir.
- Trapard -
Autres films présentés dans la catégorie Le Grenier du Ciné Fantastique :
La Charrette Fantôme / La Chute de la Maison Usher / Les Contes de la Lune vague après la Pluie / Frankenstein (1910) / Le Cabinet du Docteur Caligari / La Monstrueuse Parade / Le Fantôme de l’Opéra / Double Assassinat dans la Rue Morgue / Docteur X / White Zombie / The Devil Bat / La Féline (1942) / Les Visiteurs du Soir / La Main du Diable / Le Récupérateur de Cadavres / La Beauté du Diable / Un Hurlement dans la Nuit / The Mad Monster / La Tour de Nesle / L’Étudiant de Prague / Les Aventures Fantastiques du Baron de Münchhausen / Torticola contre Frankensberg / Ulysse / Man with Two Lives / The Mad Ghoul / La Tentation de Barbizon / The Flying Serpent / Peter Ibbetson
Je suis flatté que Trapad m’ait mentionné dans son article et il me faut l’en remercier. En effet, The Ghoul est en bonne place dans ma DVDthèque, car ce film peut être classé dans le cinéma gothique même si, pour les puristes, le gothique en littérature puis au cinéma n’est véritablement complet qu’en présence d’éléments médiévaux, notamment des édifices religieux ou militaire du moyen-âge, en ruine si possible, et dans lesquels les protagonistes vivent des instants terrifiants [voir l’ouvrage de Maurice Lévy, Le roman « gothique » anglais 1764-1824, Albin Michel, 1995]. The Ghoul ne met pas en scène de tels éléments du décor, mais pour le reste tout y est (images clairs-obscurs des lieux particulièrement lugubres, essentiellement de nuit, abritant une intrigue mystérieuse et inquiétante, lieux de sépultures, morts effrayantes, etc.), et l’œuvre ne peut déplaire au fan de gothique.
Merci pour cette présentation qui fait le lien avec le contexte de ce film, et notamment Tod Slaughter que je connais mal, et sur lequel je devrais me pencher. Je ne connaissais pas non plus l’histoire du film perdu. Je comprends maintenant pourquoi j’ai découvert si tardivement l’existence de ce film en DVD.
Certes, le DVD de la version restaurée est en VO (encore heureux!), mais il propose des sous-titres en anglais, français et espagnols – que demande le peuple ?!
Quant à Tod Slaughter, ça fait 50 ans tout juste que je « me penche » sur lui, sa vie, ses films, ses pièces, ses apparitions télé, etc. Ca s’arrose!
Plus sérieusement, après plusieurs articles écrits sur lui (le premier en 1974), je compte bien sortir un bouquin bientôt. Il le mérite amplement.
À chaque fois que je repense au titre français de ce film (« Le Fantôme Vivant »), je me dis qu’il est vraiment d’une nullité profonde. « The Ghoul », ça sonne tellement mieux…