LA FIN DU MONDE (1916)

Posté le 13 août 2013

LA FIN DU MONDE (1916) dans Cinéma 13061310052715263611288458

LA FIN DU MONDE (1916) d’August Blom

13081308045615263611459950 dans Le grenier du ciné SFLe cinéma fantastique muet, déjà si lointain, est un peu oublié aujourd’hui, rien que par l’anachronisme (souvent relatif) de ses sujets, de ses contextes historiques (vestimentaires et autres…), et bien sûr par le manque de bande sonore rebutant le spectateur lambda (qu’il soit cinéphile ou pas, d’ailleurs). Et pour introduire et recontextualiser mon texte sur le film d’August Blom, je reviendrais simplement sur cet autre article des Échos d’Altaïr, LE FANTASTIQUE ET LES PRÉMICES DU CINÉMATOGRAPHE et revenir sur le fait, qu’outre les débuts de la production hollywoodienne via les premières interventions cinématographiques de Thomas Édison, l’Europe était loin d’être en reste quand à la production de long-métrages de Fantastique et de Science-Fiction. En France, et ceci bien avant l’intervention des Surréalistes en matière d’onirisme cinématographique et de délires visuels, la petite Avant-garde française (sorte de précurseur de la Nouvelle Vague qui suivra presque quarante ans plus tard) ouvrait la voie au genre Fantastique, alors que les productions de Georges Méliès prenaient le déclin. En Italie, religions et Antiquité faisaient déjà bon ménage, dès 1911, avec un cinéma inspiré de Dante Alligheri, et qui dérivera vers les aventures surréalistes, entre peplum et univers contemporain, du fameux Maciste, dès 1915. D’ailleurs, il y aura aussi dans les 13081308063815263611459951 dans Science-fictionannées 10 et 20 quelques échanges entre techniciens espagnols et italiens, comme ça a été le cas de Segundo de Chomon, intervenant sur des productions fantastiques italiennes. Puisant elle aussi dans sa lourde culture littéraire, l’Allemagne produisit également dès le début des années 1910 des films profondément romantiques dans leur approche du fantastique, comme L’ÉTUDIANT DE PRAGUE (1913), un cinéma qui trouvera finalement plusieurs déclinaisons à la fin de cette décennie pour devenir un mouvement à part entière, l’Expressionnisme, et ceci jusqu’au changement politique radical à la montée du IIIème Reich, et le départ vers Hollywood de ses meilleurs cinéastes. Enfin, et c’est que qui nous intéressera ici, la Scandinavie, un peu isolée au nord de l’Europe avait elle-aussi une petite production à cette époque du cinéma muet, mais moins connue, et plus particulièrement au Danemark, qui centralisait dans les années 1910 et 1920 les meilleurs cinéastes du genre comme August Blom, Benjamin Christensen (réalisateur du fameux classique LA SORCELLERIE À TRAVERS LES ÂGES, 1922, Häxan), et, bien sûr, Carl Theodor Dreyer, réalisateur aux sujets fantastiques et métaphysiques à la fois.

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LA FIN DU MONDE (Verdens Undergang), aussi connu sous le titre de L’ÉPÉE FLAMBOYANTE, fait partie de ces petites perles rares, et un peu oubliées, des débuts du Fantastique au cinéma. Et ici, il est déjà question d’Anticipation avec un sujet qui annonce les futures productions post-apocalyptiques qui fleuriront de nombreuses années plus tard…

L’intrigue : Une comète passe tout près de la Terre et provoque des catastrophes naturelles et des troubles sociaux, alors que l’on craint la fameuse fin du monde…C’est donc le bordel complet !

Le film a attiré un très large public à sa sortie, en 1916, en raison des craintes générées lors du récent passage de la comète de Halley, six ans plus tôt, ainsi que les troubles de la Première Guerre mondiale, l’Histoire du Cinéma ayant à maintes reprises prouvé que le public était toujours friand de sujets anxiogènes et particulièrement en périodes socio-politiques angoissantes…

L’intrigue du film n’est pas sans rappeler, non plus, la fameuse « Étoile mystérieuse » des Aventures de Tintin, parue bien plus tard, en 1942, et dont Hergé s’est peut-être légèrement inspiré en dessinant ses planches en 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale.

13081308105015263611459955LA FIN DU MONDE fut produit par la firme danoise Nordisk Film qui produisit tous les films d’August Blom de 1910 à 1925 (dont une version rare du DOCTEUR JEKYLL & MISTER HYDE qu’il a réalisé dans le courant 1910). La Nordisk Film couronna, d’ailleurs, une majorité des productions danoises, de ce que l’on appelle aujourd’hui « l’âge d’or du cinéma muet danois », et elle est à notre époque toujours en activité. Elle participa aussi aux productions du reste de la Scandinavie avant que la Svensk Filmindustri suédoise prenne le dessus, qualitativement et quantitativement, sur l’île scandinave, une firme sous l’égide de laquelle Victor Sjöström, Ingmar Bergman et d’autres réalisateurs suédois comme danois firent leurs armes.

Assez simples pour aujourd’hui, les effets spéciaux de LA FIN DU MONDE sont plutôt réussis, entre onirisme, scènes de catastrophes naturelles, de trombes d’eau envahissantes et autres incendies. On y voit aussi quelques scènes spectaculaires pour l’époque de maisons submergées, les toits en tuiles, dépassant de la surface de l’eau, des images d’après déluge très poétiques, et une ambiance rurale quasi-onirique dont le cinéma scandinave a toujours eu le secret. August Blom et son équipe ont aussi créé des effets spéciaux à l’aide de gerbes d’étincelles et d’immenses fumées de feu pour l’arrivée de la comète.

Longtemps resté sous clé, LA FIN DU MONDE a finalement été restauré par la Danish Film Institute, et il est sorti en DVD en 2006, en Zone 1.

- Trapard -

Autres films présentés dans la catégorie Le Grenier du Ciné SF :

Flash Gordon, de la BD aux serials / Croisières Sidérales / Aelita / Man Made Monster / Metropolis / Things to come / Docteur Cyclope / L’Ennemi sans Visage / Sur un Air de Charleston / La Femme sur la Lune / Le Tunnel

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3 commentaires pour « LA FIN DU MONDE (1916) »

  1.  
    Jean Beauvoir
    14 août, 2013 | 10:01
     

    Merci pour cet article vraiment très instructif. Encore un film qui ne manque pas d’intérêt. Une production qui a près d’un siècle. C’est tout de même fascinant, car en plus de nous faire voyager dans le mode du fantastique, nous voyageons aussi dans le temps, avec ces images du monde où vivaient nos grands-parents et nos arrières-grands-parents (voire plus pour les plus jeunes d’entre nous).

  2.  
    Trapard
    20 novembre, 2013 | 8:51
     

    Je réponds un peu tardivement, mais j’ai trouvé sur Youtube, une version en anglais et de superbe qualité (sûrement restaurée) de LA FIN DU MONDE.
    (pour ceux qui connaissent le cinéma de Carl Theodor Dreyer des années 20-30-40, ils feront sûrement beaucoup de rapprochements avec le début du film d’August Blom) :

    http://www.youtube.com/watch?v=4FTXX6yG2XI&list=PLkzG3czR6QQGUxbjaB0QwZHFpKs-uAHHo&index=7

    Et voici aussi une autre perle rare danoise de SF de 1918 que je ne trouve nulle part sur le web, malheureusement (et qui aurait pu intéresser Erwelyn aussi) :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Himmelskibet

    C’est un film réalisé par le cinéaste danois Holger-Madsen, et titré en français, « Le Vaisseau du ciel » ou « À 400 millions de lieues de la Terre », et en danois, « Himmelskibet », en anglais « A Trip to Mars » ou « Mission to Mars » ou « Excelsior ».

    Voici un court documentaire (en danois) avec quelques images du film :

    http://www.youtube.com/watch?v=iGDM75J4QPw

  3.  
    Trapard
    21 novembre, 2013 | 12:33
     

    PS : Pour les pointus de chez pointus, sur Youtube, il est possible de trouver en versions anglaises (ou danoises, malheureusement), quelques perles rares danoises muettes des années 1910, réalisées par Benjamin Christensen (futur réalisateur de « Haxän » dans les années 1920),
    par Urban Gad (dont son « The Abyss » avec Asta Nielsen qui a fait scandale à sa sortie),
    par Holger-Madsen,
    et par August Blom (dont son « Atlantis » de 1913 qui anticipe déjà tous les films traitant du Titanic).

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