LE VOLEUR DE BAGDAD (1940) de Ludwig Berger, Michael Powell et Tim Whelan
LE VOLEUR DE BAGDAD (The Thief of Bagdad An Arabian Fantasy in Technicolor) est une production anglaise d’Alexander Korda Films qui produisait déjà, dans les années 30, au sein de la London Films, le film de science-fiction adapté d’H.G. Wells, THINGS TO COME (1936). Produisant en 1937 le docu-fiction exotique de Robert J. Flaherty, ELEPHANT BOY (1937), qui met en scène le jeune comédien indien Sabu, Korda décide alors de produire une série de beaux films exotiques, dont Sabu tient la tête d’affiche, avec ALERTE AUX INDES (1938, The Drum) et LE LIVRE DE LA JUNGLE (1942, Jungle Book), deux long-métrages réalisés par Zoltàn Korda, le frère d’Alexander Korda. Entre ces deux films, Korda lança en chantier LE VOLEUR DE BAGDAD, une belle fresque en Technicolor (un procédé très récent au début des années 40) sur une trame de fond légèrement inspirée du style des contes orientaux des Mille et Une Nuits. Le réalisateur, Raoul Walsh, avait déjà réalisé une version muette du VOLEUR DE BAGDAD (The Thief of Bagdad), en 1924, dont les scénaristes, Lajos Biró et Miles Malleson, s’inspirèrent pour la version de 1940. Une adaptation très libre des Mille et Une Nuits qu’on retrouve autant dans les différentes aventures de Sinbad le Marin, que dans la version franco-italienne du VOLEUR DE BAGDAD qu’Arthur Lubin tourna en 1961, jusqu’au très étrange TRÉSOR DE LA MONTAGNE SACRÉE (1979, Arabian Adventure) de Kevin Connor, et évidemment, jusqu’au ALADDIN (1992) de Walt Disney. Et j’en oublie certainement un grand nombre…
L’intrigue : Ahmad, un jeune prince naïf de Bagdad, est manipulé par le sournois Grand Vizir, Jaffar, mais il décide de s’échapper de la ville, déguisé en mendiant. Rattrapé, Ahmad est jeté au cachot, où il fait la connaissance du jeune voleur Abu, qui organise leur évasion. Ils fuient à Bassorah, où Ahmad fait la connaissance de la fascinante princesse de Bassorah. Cependant, Jaffar la convoite aussi et le Sultan fasciné par les pouvoirs de Jaffar offre la main de sa fille au méchant Vizir. La belle princesse alors s’enfuit de Bassorah, accompagnée d’Ahmad et d’Abu, pour affronter mille et un dangers magiques, sombres et merveilleux…
Tourné en partie dans les studios Denham près de Londres, ainsi qu’au parc national du Grand Canyon dans l’Arizona, LE VOLEUR DE BAGDAD est une grosse production dont plusieurs réalisateurs se répartirent le tournage. Ainsi le cinéaste allemand, Ludwig Berger, l’Américain, Tim Whelan, et le mythique réalisateur britannique Michael Powell (LE NARCISSE NOIR, LES CHAUSSONS ROUGES, LE VOYEUR) ont signé la réalisation du film. Mais William Cameron Menzies (déjà réalisateur de THINGS TO COME) et Zoltàn et Vincent Korda, les deux frères d’Alexander, participèrent aussi au film en réalisant certaines scènes, sans être crédités.
Comme son sujet le laisse supposer, LE VOLEUR DE BAGDAD explore les facettes magiques de l’Orient, grâce à de nombreux effets spéciaux et visuels, bien avant ceux de Ray Harryhausen, mais tout aussi fascinants. Un très beau film gonflé d’imaginaire et d’aventures, pour enfants comme pour adultes, et je sais que Guillaume Hervouët (du groupe des échos sur Facebook) ou Jean Beauvoir n’iront pas me contredire, s’ils venaient à lire ces lignes.
- Trapard -
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En effet, un film envoûtant, avec de très belles images, à une époque où l’orient faisait rêver. Malheureusement, Bagdad a aujourd’hui une autre image dans les esprits.
À noter que le scénariste, Miles Malleson (qui joue aussi dans ce film le rôle du très amusant sultan), est un acteur britannique connu pour ses rôles de personnages pittoresques dans les films de la Hammer. Il apparaît dans Dracula (1958) où il est le croc-morts, Le chien des Baskervilles (1959) où il est le très amusant curé, Les maîtresses de Dracula (1960) où il est un drôle de docteur, et Le fantôme de l’opéra (1962) où il est un cocher non moins amusant.
Moi, j’ajouterai juste qu’après LE VOLEUR DE BAGDAD (1940) et LE LIVRE DE LA JUNGLE (1942), Sabu a aussi tourné, en 1942, aux côtés de la jolie Maria Montez (l’héroïne de COBRA WOMAN, 1944, de la Universal Pictures), dans LES MILLE ET UNE NUITS (Arabian nights)
Un film réalisé par John Rawlins.
http://www.imdb.com/title/tt0034465/?ref_=fn_al_tt_5
Je viens de revoir la version de 1978 du VOLEUR DE BAGDAD par Clive Donner (donc sortie un an après STAR WARS). Et dans la version française l’un des disciples de Jaffar s’abaisse devant lui en lui disant « Que la Force d’Allah soit avec toi ! ». ^^