THE APE (1940) de William Nigh
Toujours en direct de Poindimié, sur le versant Est de notre baguette de pain de Pacifique, j’écris quelques mots sur un vieux film de savant fou incarné par Boris Karloff, pour notre Morbius national (ou territorial, selon l’humeur), alors que vendredi soir, encore hypnotisé par les virages de la Konétiwaka et anxieux de devoir présenter le lendemain, devant un public, un court-métrage en compétition au Festival Ânûû-rû âboro, j’écrivais quelques métaphores fébriles et somnambulesques sur le film J’ENTERRE LES VIVANTS. Mon court-métrage étant parvenu à faire rire l’assistance du Festival, ce soir, beaucoup plus décontracté du flanc, et les orteils bien recalés dans mes claquettes, j’en profite pour remettre en chantier la rubrique du Grenier du Ciné SF avec THE APE. J’ai d’ailleurs eu la bonne idée d’amener à Poindimié la jolie édition DVD de chez Bach Films que m’a offert Morbius, pour le revoir, cette nuit, sur mon portable, et allongé au milieu des cocotiers (là c’était gratuit, j’avoue, et c’est juste pour taquiner les amis métropolitains du groupe des Échos d’Altaïr sur Facebook….).
Écrit par Richard Carroll et Curt Siodmak (un rescapé hollywoodien du cinéma de SF allemand à l’avènement du nazisme en 1933), pour la petite firme indépendante Monarch Film Corporation, THE APE est un mélange d’un de ces films de savants fous, que Boris Karloff enfilait comme des perles, dans sa filmographie, à partir de 1939 (comme nous l’expliquions avec BEFORE I HANG, 1940), et de ces histoires de singes meurtriers, issus d’Edgar Allan Poe et de DOUBLE ASSASSINAT DANS LA RUE MORGUE (1932) de Robert Florey, jusqu’à LE GORILLE (1939), (mal) interprété par Bela Lugosi.
L’intrigue : Le Docteur Bernard Adrian a entrepris des recherches médicales afin de guérir une jeune femme, handicapée des deux jambes par la polio. Il sait qu’il est près de toucher au but, mais pour que son vaccin soit efficace, il lui faut se procurer du liquide rachidien d’un être humain. Pour cela, il n’hésitera pas à se transformer en assassin… Mais dans le même temps, un singe monstrueux parvient à s’échapper d’un zoo. La terreur ne tarde pas à se répandre dans la ville…
Avec ses cadres de lunettes ovales et sa moustache grisonnante, Boris Karloff incarne, dans THE APE, le prototype du médecin paternaliste des films du genre de cette période, avec cet aspect humble et généreux, qui cache toujours une facette humaine bien plus sombre. Concernant le fameux gorille du titre, on le voit peu (et heureusement finalement, avec une tête pareille !), et il n’est qu’un alibi costumé à une intrigue simpliste mais qui s’inscrit bien dans son époque. Celle où les scientifiques des films de SF horrifiques n’étaient que des prétextes à des histoires de greffes et de mélanges d’ADN de toutes sortes, et de tous poils. Mais en spoilant un peu la conclusion de THE APE, je vous le conseille surtout parce qu’il est un des rares et premiers films de genre à aborder le très curieux thème du gorille-garou…
- Trapard -
Autres films présentés dans la catégorie Le Grenier du Ciné SF :
Flash Gordon, de la BD aux serials / Croisières Sidérales / Aelita / Man Made Monster / Metropolis / Things to come / Docteur Cyclope / L’Ennemi sans Visage / Sur un Air de Charleston / La Femme sur la Lune / Le Tunnel / La Fin du Monde / I.F.1 ne répond plus / Buck Rogers au XXVe Siècle : Une Bataille Interplanétaire avec les Hommes-Tigres de Mars / Le Mort qui marche / Before I hang
Curt Siodmak, le réalisateur du 2e Frankenstein de la Hammer (Tales Of Frankenstein, 1958), même si la compagnie s’est assez rapidement désengagée du projet tourné aux USA pour la télévision.
Curt Siodmak est aussi l’auteur de quelques-uns des plus beaux fleurons de la grande période de l’Universal, juste après ce The Ape de 1940 : The Wolf Man (1941), Frankenstein Meets the Wolf Man (1943), I Walked with a Zombie (1943), Son of Dracula (1943), House of Frankenstein (1944), pour n’en citer que quelques-uns.