SEULES

Posté le 28 novembre 2013

SEULES dans Court-métrage fantastique calédonien 13100208544615263611602685

Dans le domaine des courts-métrages purement fantastiques ou inspirés par le fantastique, les Calédoniens ne sont pas en reste. Pour preuve cette catégorie qui leur est désormais entièrement consacrée et où Trapard nous présente régulièrement une œuvre de son choix. Suivez le guide !

SEULES (2007) de Manuella Ginestre

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Scénario : Manuella Ginestre et Sébastien Pernelle.
Assistant réalisateur :Vincent Lépine.
Montage : Manuella Ginestre.
Régie : JB Ginestre et Tchonny.
Maquillages : Karine Coen.
Interprètes : Fanny Dorio, Dorothée Chalut, Matthieu Perrochaud, Alain Mardel, Carla Rambaud, Moéa Neuville, Jean-Pierre Lafay, Jessy Deroche, Lucie Lépine, Mathieu Payone…

SEULES est un court-métrage d’horreur hybride de Manuella Ginestre que j’aime pour beaucoup de qualités, et à l’inverse, de multiples détails plombent la réussite de ce film. Mélange de Slasher, de Survival, et de mode narratif hitchcockien, SEULES narre l’histoire de deux sœurs qui vont camper dans une forêt isolée pour se réconcilier après 13 ans de silence… Un soir, un homme leur demande s’il peut se réchauffer autour de leur feu de camp, parce qu’on lui a volé ses affaires. L’une des sœurs accepte, l’autre se méfie de l’homme…

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Ce que j’apprécie particulièrement avec SEULES, c’est que son intrigue ne mène jamais le spectateur là où il croit se rendre. Le point de vue change régulièrement, comme le ton et l’humeur de chaque personnage. Seule la figure violente castratrice du père, centre névralgique du film, et même si on ne la voit que très peu, ne décrispe pas de colère, dans le souvenir des deux sœurs. La figure du père est, d’ailleurs, ce qui déclenche la séparation, puis la réconciliation des sœurs, de par son décès. Un troisième personnage intervient, c’est Jimmy, le campeur, et il est autant inquiétant qu’il semble lire comme un livre ouvert sur le visages des frangines, puis alterne entre une relation fraternelle, puis paternelle, mêlée de sadisme lorsqu’il décide de passer à l’acte en tueur sadique. Ce qui est amusant, pour ma part, c’est que sans avoir participé à ce film, je ressens tout son système D caché derrière les relations familiales, amicales ou de concubinage cachées derrière chaque comédien et chaque technicien ayant participé à ce tournage. Pour exemple, les deux sœurs se nomment Fanny et Lucie dans le film, et la comédienne incarnant Fanny n’est autre que Fanny Dorio, une habituée des tournages de Manuella Ginestre, et dont la sœur cadette, une comédienne de théâtre connue à Nouméa, se nomme Lucie. Le personnage de psychopathe incarné par Matthieu Perrochaud, très bien choisi pour le rôle, avec sa mâchoire de hyène et son regard fou, se fait appeler Jimmy…Comme Jimmy Janet qui avait déjà fait quelques bouts d’essais pour la réalisatrice en jouant un inquiétant psychopathe traquant une jeune femme dans les couloirs de l’Hôtel Le Banu. Ce même hôtel à La Foa, où toute la scène d’intro de SEULES a été tournée. Et je pourrai continuer ainsi longtemps ce jeu de relation à la calédonienne, mais au risque de dévier sur un fameux Radio Cocotier… Et en prime, il y a un peu de l’humour et de la présence de Quentin Tarentino, qui plane ça et là, tout le long du film.

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Ce jeu se retrouve sur les lieux de tournages également, dont un œil exercé s’efforcera de repérer certains « coins » de la Rivière Bleue, de la Rivière de Tontouta ou de la baie de Prony, quitte à se détacher de l’ambiance du film. Et c’est un peu là, où l’ambiance pêche justement, puisque la réalisatrice semble avoir voulu montrer trop de « beaux coins » de Calédonie, que SEULES dévie à deux reprises sur une sorte de spot publicitaire local pour Hollywood Chewing-Gum, ce qui rompt carrément l’élan d’un spectateur qui devient plus contemplatif, que réellement actif. Ce qui accentue encore cet effet, c’est que les personnages sont quasiment toujours centrés à l’image, et même lors des scènes censées être angoissantes. Ces cadrages les incluent malheureusement trop dans le décors naturel, SEULES rompt totalement avec tous les codes visuels de dramaturgie du cinéma d’horreur, en calant normalement les personnages sur les bords de cadres, pour cacher une éventuelle présence. Du coup, dans le film, les personnages semblent poser en imitant les stéréotypes du Slasher, la musique additionnée, on se sentirait presque dans un clip musical avec des extraits d’un film d’horreur.

Mais aux dires de la réalisatrice, une version plus courte (donc forcément plus « nerveuse ») aurait été remontée pour une projection de l’évènement « Cinésud », une version que j’aimerais beaucoup découvrir.

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L’autre erreur, mais qui vient avant tout d’une problématique calédonienne, que d’une réelle faute d’inattention de la part de Manuella Ginestre, vient de ce travers local, transmis très jeunes aux Calédoniens, et qui commence seulement à être interprété comme du racisme depuis peu. Il se trouve que les sœurs Fanny et Lucie sont suivies, en flash-back, tout le long du film, de l’enfance, à l’âge adulte, en passant par l’adolescence. Et l’une des sœurs semble croître en alternant entre un type physique calédonien et un type plus européen, un lissage universel qui passe beaucoup mieux dans le but d’une exploitation hors-Calédonie, mais qui passe malheureusement moins dans un petit cadre insulaire.

Mais j’ai accentué quelques détails qui ont désavantagé ma vision du film, lorsque je l’ai découvert en 2007, mais j’aime assez son culot et toutes ses astuces scénaristiques et visuelles. Et, de plus, je suis un grand fan de Slasher, donc je ne me permettrai pas de cracher dans la soupe, lorsqu’un(e) Calédonien(ne) fait l’effort d’en tourner un. Il me semble que le film a été proposé en compétition au Festival du cinéma de La Foa, l’année suivante, en 2008, et il n’est malheureusement pas consultable sur YouTube, pour des raisons de droits d’exploitation sur certains morceaux musicaux.

- Trapard -

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2 commentaires pour « SEULES »

  1.  
    Malicia
    28 novembre, 2013 | 18:28
     

    j’aurais plutôt dit : « spot publicitaire local pour L’eau du Mont-Dore » lol! pour les filles j’ai vraiment choisis celles qui ressemblaient plus aux actrices adultes (dans le catalogue du BAT) et vu que Dorothée Chalut faisait plus européenne que Fanny je n’ai pas vraiment eu le choix… sinon en fait si il peut être posté sur youtube j’ai les droits de toute la bo lol (c’est juste que j’ai jamais vraiment eu trop le temps de le faire mais c’est prévu)… sinon je suis assez d’accord avec le reste. Thanks Jimmy! ;-)

  2.  
    trapard
    20 août, 2015 | 10:08
     

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