Dans le domaine des courts-métrages purement fantastiques ou inspirés par le fantastique, les Calédoniens ne sont pas en reste. Pour preuve cette catégorie qui leur est désormais entièrement consacrée et où Trapard nous présente régulièrement une œuvre de son choix. Suivez le guide !
VERMINES (2009) de Manuella Ginestre
Réalisation : Manuella Ginestre
Équipe technique et artistique : Manuella Ginestre, Dalia Cordeiro, Jacques-Olivier Trompas, Vincent Lépine, Samuel Breton…
Interprètes : Dominique Jean, Daniel Biheauro, Patrick Vassard…
Déconseillé aux moins de 12 ans
VERMINES est sûrement le plus ambitieux des courts-métrages de Manuella Ginestre, mais aussi le plus simple. Il est ambitieux, puisque sa réalisation a bénéficié de l’assistance technique et financière de la boîte de production calédonienne Néo-Prod, connue pour ses docu-fictions historiques de qualité, comme FEU NOS PÈRES (2008). Entre un tournage réglé comme un cadran, avec de techniciens de qualité, des comédiens et des figurants sélectionnés sur castings, des effets spéciaux réussis, une image léchée et une ambiance fantastique, très psychotique et très particulière, le scénario, à contrario, est beaucoup plus linéaire que dans les films précédents de la réalisatrice. Mais quoi que…
Certaines scènes sont exploitées sur le mode du temps-réel, et c’est particulièrement sur cette notion d’espace-temps que la réalisation s’est jouée. C’est sur l’abus de médicaments consommés par le personnage central, doublé des effets psychotiques engendrés par le traumatisme qu’il a subi, que l’espace-temps semble souvent planer. La seconde moitié du film étant un sujet de vengeance, le fameux personnage central se trouve inversé, et c’est le coupable devenant victime qui subit les affres d’un espace-temps déformé.
L’intrigue : Alex perd sa femme dans un accident de voiture provoqué par un chauffard. Le choc le fait sombrer dans une folie morbide et obsessionnelle, dans un univers où la soif de vengeance le guide…
VERMINES traite d’un sujet localement très sensible, et démarre assez violemment à la manière d’À L’INTÉRIEUR (2007) d’Alexandre Bustillo et Julien Maury, à la différence qu’Alex, malgré son prénom androgyne, est un homme. Puis suivent les soins médicaux, la psychose d’Alex développée en clinique à partir d’une régression physiologique qui se développe par l’attirance-rejet d’insectes rampants ou volants près de lui. Les « vermines » du titre. Puis c’est la tentative quasi-impossible de réinsertion sociale d’Alex, d’abord religieuse puis mêlée de doutes conjugaux, dans des scènes très sombres. Et c’est à ce moment là, que démarre une seconde lecture du film…
Seule la fermeture de la boucle complète entre un trio fictif « Alex-sa femme-le chauffard » semble pouvoir soulager le film. « Ça c’était pour moi. Et ça, c’est pour ma femme, connard ! » semble vouloir dire la conclusion, à la manière d’UN JUSTICIIER DANS LA VILLE (1974). Une conclusion qui ramène à un nouvel espace-temps d’ensemble finalement. Et un espace-temps quasiment physiologique, j’aurais envie d’écrire, et qui rappelle, une fois de plus, le film d’Alexandre Bustillo et de Julien Maury, mais dont la réponse qui semble moins concrète dans le film des deux réalisateurs métropolitains. VERMINES est comme une descente physiologique et psychotique très brutale, puis une remontée en surface très lente et minutieuse, la partie la plus sadique de la vengeance d’Alex n’étant que suggérée, et c’est d’ailleurs la dernière impression qui reste et qui hante le spectateur après le générique final. Un peu comme cet avertissement « Tu ne tueras point, et tu ne te protègeras point derrière le jugement de Dieu, car c’est à moi que tu auras affaire, et ça sera expéditif. Et tu te démerderas avec la suite »…
- Trapard -
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