L’AÏEULE (1919) de Jacob et Luise Fleck
Produit par la compagnie autrichienne Wiener Kunstfilm, L’AÏEULE (Die Ahnfrau) est un moyen métrage fantastique muet de 50 minutes, réalisé en 1919 par le couple Jacob et Luise Fleck. Jacob Fleck avait déjà tourné un autre court film sur un sujet similaire, en 1910, produit par la firme Erste Österreichische Kinofilm, et aussi titré en allemand DIE AHNFRAU, mais que je ne connais pas. Le film de 1910, considéré comme un film d’art viennois, et son remake de 1919, prennent comme base une pièce de théâtre écrite en 1817 par l’écrivain autrichien Franz Grillparzer, qui s’est lui-même inspiré d’une légende de Bohême du Sud, connue sous le titre « L’Ancêtre » (Pramati).
L’intrigue : Le vieux comte de Zdenko Borotin parle à sa fille unique, Berta, seule descendante de la tribu de Borotiner. Il lui explique que, selon une vieille légende, l’aïeule de la maison a été forcée à se marier, mais qu’elle n’a jamais abandonné son amour pour un autre homme. Lorsque son mari a découvert cela, il est entré dans une rage aveugle et a poignardé sa femme. Une malédiction familiale se perpétue depuis des années et le fantôme de l’aïeule doit convertir jusqu’à la dernière branche de la tribu de Borotin pour la faire disparaître. Le comte cherche un mari digne pour son unique fille Berta, mais il la soupçonne d’aimer déjà le jeune Jaromir…
L’AÏEULE est un film en six actes, avec un côté très « théâtre filmé » de par le peu de mobilité de la caméra et du jeu des comédiens, Liane Haid, Max Neufeld et Karl Ehmann. Avec son fantôme de L’aïeule aux allures de Belphégor qui apparaît et disparaît par enchantement, comme dans un film de Méliès. La femme du co-réalisateur Jacob Fleck, Luise Fleck, fut l’une des premières réalisatrices de cinéma au même titre que la Française Alice Guy Blaché, et sa carrière se poursuivit jusque dans les années 40. L’AÏEULE est une petite curiosité d’un cinéma oublié.
Un film assez ancien pour ce Grenier du Ciné Fantastique avec une histoire de fantôme, de malédiction familiale, de bandits de grand chemin et d’amours impossibles. De quoi ravir les inconditionnels de Romantisme à la limite du Gothique qui pointait déjà le bout de sa brume dans l’Angleterre du début du XIXe siècle, sous la plume d’un Shelley, d’un Byron ou d’un Polidori, des contemporains du Viennois Ranz Grillparzer. Mais un romantisme profondément autrichien cette fois-ci, pour changer un peu du cinéma expressionniste allemand et du Gothique cinématographique british ou italien.
- Trapard -
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Le récit est en effet à thèmes gothiques romanesque : une malédiction touchant les générations successives d’une famille noble, un meurtre, une jeune femme dont l’amour est contrarié, un fantôme, des bandits (il y a souvent des bandits dans les romans gothiques !) Reste à voir si le décor suit : l’histoire gothique est toujours enchâssée dans un lieu sombre et claustré. Je n’ai pas pu aller vérifier cela, parce que je n’ai pas trouvé ce film sur l’internet.
En tout cas merci pour cette découverte très intéressante.
L’AÏEULE existe sur internet mais dans les « réseaux parallèles ». En web-surfant, on trouve des blogs de hackers qui font le boulot des cinémathèques, en bricolant et modifiant le son et l’image de films à partir de vieilles copies (VHS ou autres). Et comme ce sont des cinéphiles, ils essayent d’obtenir un rendu qui se veut au plus proche de la copie originale.
Juste une précision qui sort un peu de la discussion : moi je suis la logique du blog de Morbius, comme étant un blog de passionné(s). Je ne fais aucune publicité en indiquant le prix des DVD dans le commerce, bien que j’indique parfois les éditeurs des films, mais pas souvent. Si Les Échos d’Altaïr n’était pas un blog de passionnés, cela ferait belle lurette qu’on aurait suivi des stages pour savoir comment booster l’audience du blog et comment bénéficier d’une marge de la part des éditeurs sur la vente des DVD, bouquins ou autres sujets que nous abordons. C’est un passe-temps avant tout.