GENUINE (1920) de Robert Wiene
Après avoir réalisé ce qui, aujourd’hui, est considéré comme le film-manifeste du cinéma expressionniste allemand, avec LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI (Das Cabinet des Dr. Caligari), Robert Wiene a tenté de rester sur cette même veine en mettant en scène d’autres films empreints de la même étrangeté, mais qui n’ont pas néanmoins la même force que CALIGARI. Et c’est le cas de GENUINE (Die Tragödie eines seltsamen Hauses) qui, bien qu’encore scénarisé par Carl Mayer, et dont les décors et costumes fascinants furent créer par César Klein, n’en reste pas moins un film trop compliqué pour en être limpide.
Juste pour ajouter un détail sur César Klein, il fut un très important peintre et graphiste allemand, durant toute la République de Weimar, jusqu’à l’avènement d’Hitler en 1933 et de l’instauration du régime nazi, période où il a été catalogué comme un artiste de l’art dégénéré (Entartete Kunst). À partir de 1933, ce qu’on appelait « l’art héroïque » a symbolisé l’art racial pur, la libération de la déformation et de la corruption, alors que les modèles modernes déviaient de la norme prescrite de la beauté classique. Les artistes modernes dont le travail était considéré d’une contrainte raciale inférieure produisaient des œuvres dites, alors, d’art dégénéré. On retrouve certaines formes de cette théorie dans la sculpture par exemple, mais à un niveau nettement moindre, lorsque l’art kanak se veut nationaliste et qu’il refuse le mélange des matières.
L’intrigue de GENUINE, aussi titré A TALE OF A VAMPIRE, est la suivante : Ayant terminé le portrait de Genuine, une grande prêtresse, Percy devient irritable et ne sort plus de chez lui. Il perd tout intérêt pour la peinture et refuse de voir ses amis, préférant passer son temps seul à observer le fameux portrait. Après avoir refusé l’offre d’un riche mécène, Percy s’endort en lisant des histoires sur la vie de Genuine, mais la prêtresse s’active et s’échappe du tableau pour retourner vers le passé…
GENUINE n’eut aucun succès à sa sortie en salles. Personnellement, je lui préfère, de Robert Wiene, et de loin, LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI (1919), mais aussi sa très belle adaptation du roman de Maurice Renard, LES MAINS D’ORLAC (1925, Orlacs Hände), que nous présentions il y a quelques temps déjà dans les Monstres Sacrés. Mais GENUINE est avant tout une curiosité historique, graphiquement magnifique, et une sorte de prolongement abstrait de CALIGARI.
- Trapard -
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