Synopsis
Le shérif Rick Grimes se réveille à l’hôpital après un long coma. Il découvre avec effarement que le monde, ravagé par une épidémie, est envahi par les morts-vivants. Parti seul sur les traces de sa femme et de son fils, Rick arrive à Atlanta où, après avoir rencontré un groupe de rescapés, il va devoir apprendre à survivre et à tuer.
Après des années de disette de séries télévisées (je n’avais rien suivi depuis BATTLESTAR GALACTICA, c’est dire), je me suis décidé à jeter un œil curieux sur la série dont on parlait tant. Déjà, en ce qui me concerne, je suis loin d’être fan de zombie, ni de survival, et pourtant j’avais accroché à RESIDENT EVIL mais surtout le dytique 28 JOURS/28 SEMAINES. Alors TTHE WALKING DEAD, pourquoi pas. Quelques heures et 6 épisodes avalés plus tard, quel est le verdict ?
Un casting de choix
AMC, en surfant sur la mode Zombie, voulait faire une adaptation du comic de qualité. C’est pourquoi elle fait appel à un illustre inconnu : Franck Darabont. On ne le connait en effet « que » pour ses apparitions au génériques de SHINING, LES ÉVADÉS (The Shawshank Redemption), LA LIGNE VERTE (The Green Mile), THE MAJESTIC ou encore THE MIST, où il officie en tant qu’acteur, scénariste et/ou réalisateur. Autant dire qu’on n’a pas affaire à n’importe qui. Pour incarner Rick Grimes, c’est vers un acteur peu connu que les studios se tournent : Andrew Lincoln n’a fait que quelques apparitions au cinéma (L’ARNACŒUR ou LOVE ACTUALLY) ou dans quelques production télévisées de seconde zone. Très vite, il rejoint un petit groupe de survivants : son collègue Shane Walsh interprété par Jon Bernthal (WORLD TRADE CENTER, LA NUIT AU MUSÉE 2 ou les séries LES EXPERTS : MIAMI, NEW YORK : UNITÉ SPÉCIALE ou encore NUMB3RS), sa femme Lori (NEW YORK : UNITÉ SPÉCIALE, PRISON BREAK ou Dr HOUSE) et son fils Carl incarné par Chandler Riggs, un parfait inconnu. On notera également dans les survivants les rôles récurrents de Norman Reedus (8 MILLIMÈTRES, BLADE 2), Melissa McBride (PROFILER WALKER, TEXAS RANGER ou THE MIST ) ou encore Jeffrey DeMunn (LE BLOB, LES ÉVADÉS ou LA LIGNE VERTE). Laurie Holden (THE MAJESTIC, LES QUATRE FANTASTIQUES, THE MIST), quant à elle, est l’interprète d’Andréa.
On le voit, le créateur de la série Franck Darabont aime s’associer à des talents avec lesquels il a déjà partagé le générique : tous ou presque ayant déjà travaillé avec lui sans toutefois être connus du grand public. Un casting de choix donc pour les rôles principaux de cette série.
L’apocalypse selon Saint Franck
Quand on aborde THE WALKING DEAD, on sait d’office que les héros vont évoluer dans un monde à l’abandon. On trouve donc les rues des villes américaines vides de toute vie, mais pas de tout danger. En effet, nombreux sont les rodeurs (terme employé dans la série pour qualifier les zombies) qui arpentent les jardins et maisons abandonnées. L’ambiance est très « fin du monde », donc, avec ces volets battants et les papiers qui volent au grès du vent, mais on n’a pas encore affaire à une végétation envahissante ou à des véhicules rouillés. L’apocalypse vient d’arriver, le voyage de Rick et ses amis commence entre six et sept mois après le début de la contamination, la nature n’a donc pas encore pu reprendre ses droits. On trouvera tout de même quelques restes de nourriture en état d’avarie avancée ou même parfois quelques arbres s’invitant par les fenêtres de certaines maison.
On ne sera donc pas dépaysés par les décors de THE WALKING DEAD, d’autant que si les six premiers épisodes de la série se passent essentiellement en ville, on a droit également à un havre de paix en pleine nature non loin d’Atlanta. Un petit bol d’air pur qui permet à notre petit groupe de héros de se ressourcer entre deux recherche de nourriture et armes.
Vous l’aurez compris, l’univers de THE WALKING DEAD saura vous charmer malgré les dangers innombrables qui en parsèment ses moindres recoins.
Un choix de découpage prudent
THE WALKING DEAD ne possède pas un format habituel dans l’univers des séries télévisées. En effet, le choix de six épisodes pour une saison est quelque chose que l’on n’avait encore pas ou peu rencontré. Autrement dit, pour séduire les spectateurs, il va falloir aller vite, très vite : il va falloir aller à l’essentiel. On va donc être balloté entre action et psychologie dès le premier épisode. Et pour nous tenir en haleine, les scénaristes de la série n’hésitent pas à jouer sur le rythme des épisodes. Si le premier est plutôt lent au début avec la découverte macabre de Rick, il s’accélère dès sa rencontre avec un enfant. Ou plutôt sa pelle… On a donc une première partie très suggérée jouant plutôt sur l’ambiance (les doigts des morts dépassants dans l’entrebâillement de la double porte, « Dead inside » en est un très bon exemple : simple et efficace) et une seconde ou tout s’accélère : les morts sont visibles et nombreux le long de la rue, ils s’approchent même des maisons, pour finir par une horde en toute fin d’épisode. Tout au long de cette saison, c’est le rythme qui sera imposé au spectateur, suspense avant le générique, rythme lent au long de l’épisode et climax final permettant de garder en haleine pour la suite.
Un scénario basique
Il ne faut pas chercher midi à quatorze heure avec THE WALKING DEAD : Rick et son groupe n’auront qu’un seul but : survivre. Le premier épisode se contente donc de mettre en place les personnages, Rick d’abord, mais également son mentor involontaire Morgan. On constatera d’ailleurs que le flic prend plutôt bien une situation plutôt catastrophique et s’adapte facilement à son nouvel univers. Dans le second épisode, Rick fait la rencontre d’un groupe de survivants dans la ville d’Atlanta et comprendra à ce moment qu’il existe des ennemis bien plus dangereux que les rodeurs : les êtres humains. C’est d’ailleurs l’arrivée de Merle qui lancera véritablement l’intérêt pour la série en lançant la psychologie de groupe. Le troisième épisode enverra Rick et quelques-uns de ses amis à la rescousse de l’un des leurs, mais surtout à la recherche d’armes leur permettant de se protéger au mieux. La suite de la saison se verra beaucoup plus tournée vers la psychologie des personnages et de leur rôle au sein de l’équipe, faisant passer les zombies au second plan.
C’est à partir de ce moment là que THE WALKING DEAD prend tout son sens. On croisera en effet des personnages hauts en couleurs, et chacun aura sa propre perception du monde qui les entoure. Shane ressemble à un chef macho, Andréa à une femme pleurnicheuse et Carol à une femme soumise à un mari violent et pervers. Au milieu de cela, Rick passe pour un super héros écoutant parfois les conseils du vieux sage Dale.
Avec autant de psychologies différentes, les interactions entre les personnages deviennent donc prédominantes dans l’histoire.
Des incohérences à la pelle
On a déjà parlé du rythme plutôt lent des premiers épisodes, mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg des défauts. En effet, on à du mal à comprendre comment Rick à pu survivre dans une chambre d’hôpital pendant plus de six mois sans eau ni nourriture. Dans le même genre, tous les personnages évoluent dans des vêtements neuf et d’une propreté éclatante, (en début de saison tout du moins) : pas mal la lessive post apocalyptique ! Autre fait troublant : un rodeur intelligent essaye de casser un carreau à l’aide d’une pierre lors du second épisode : déjà, il y a incohérence au niveau du QI du zombie, mais en plus la vitre doit être faite en alliage de verre et de métal inconnu sur cette Terre tant elle est résistante. Mais tout ceci n’est finalement pas véritablement rédhibitoire, on oublie même très rapidement ces petits défauts pour se concentrer sur l’essentiel : l’histoire.
Du côté de la technique, THE WALKING DEAD possède un grain d’image que je n’ai vu que lors des upscalling des masters low definition. Comprenez par là un tournage effectué en basse définition puis un passage en haute définition par la multiplication des lignes existantes. C’est la preuve que la série ne possédait pas un budget pharaonique pour son lancement. On pourra également déplorer une version française très moyenne, surtout dans le doublage de Dale et Daryl. Le jeu des acteurs est quand à lui impeccable, y compris pour les personnages secondaires ou n’apparaissant qu’une seule fois dans la saison. Les épisodes sont rythmés par des musiques sympathiques dont un générique sobre mais qui reste en tête.
Quelques bonnes raisons d’apprécier The Walking Dead
- Les rodeurs : véritable prouesse, les zombies de THE WALKING DEAD sont magnifiques. Un travail d’orfèvre de la part des maquilleurs et accessoiristes.
- L’ambiance : c’est post apocalyptique mais pas non plus impossible quand on y pense.
- Les acteurs : c’est bien simple, ils sont tous excellents, même ceux qui n’ont pas la chance de survivre longtemps.
- L’épisode feu de forêt : suite au premier massacre de la série, c’est l’épisode qui joue le plus sur la psychologie des personnages.
- Le risque : une série avec des zombies, on n’avait jamais vu ça avant. On nage cette fois en pleine horreur, et on aime ça.
Conclusion personnelle
La série est loin d’être parfaite, mais elle réussit tout de même à nous envouter. Sa plus grande force est effectivement le côté psychologique très prononcé tout au long des trois derniers épisodes. Après tant d’années loin des séries TV, THE WALKING DEAD aura au moins réussi à me réconcilier avec le genre. Malheureusement pour ma vie sociale…
J’ai donc attaqué les suites dont vous découvrirez les critique prochainement, mais également les comics.
NotaSkarn : 15/20
- Skarn -
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Très bonne analyse de cette première saison. J’attends de voir ce que tu pensera des suivantes. Car même si la série dans son ensemble est extrêmement addictive je lui trouve bcp de faiblesse dans l’équilibrage des épisodes. Certains très bons frôlant presque le chef d’œuvre et d’autre malheureusement sans grands intérêts. Mais les premiers sont suffisant à chaque fois pour relancer mon intérêt. As-tu lu le comics ? Si ce n’est pas le cas je t’y invite. Elle est extraordinaire et comme des libertés sont prises dans son adaptation on peut la lire en parallèle sans grand problème.
J’ai lu tous les comics. En effet, on est très loin de l’adaptation fidèle, mais j’aime beaucoup l’histoire et la psychologie très différente des personnages.
Le problème des séries fantastiques, c’est la nécessité de gonfler les scénarios dans les registres psychologique et sociologique, car l’argument fantastique ne peut pas à lui seul tenir d’années en années (surtout le phénomène zombie, c’est assez vite vu). On a dit de la série Les envahisseurs (avec Roy Thinnes, 1967-1968) qu’elle n’avait tenus que 2 saisons parce qu’il était difficile de se renouveler autour d’un argument narratif aussi élémentaire qu’une invasion sans cesse repoussée. Mais au moins tous les épisodes baignent dans le fantastique. Ce n’est pas le cas de The Walking Dead où le fantastique est trop souvent une simple toile de fond fugitive masquée par les tourments existentiels des personnages.
J’ai regardé l’ensemble des saisons déjà disponibles, et je dois dire que je partage ce qui est dit ici, à savoir que certains épisodes sont ennuyeux. Les effets spéciaux sont très bons, mais trop rares.
C’est un peu le cas de toute production, pas seulement le fantastique.
Prenons l’exemple littéraire « Fifty Shades » : l’étrange relation entre Gray et Ana ne suffit pas pour tenir tout un roman, il faut obligatoirement passer par le côté psychologique et sociologique que tu décris pour pouvoir « remplir » l’histoire. C’est valable pour les série, les livres…
Jean Beauvoir tout comme moi, est un grand fan de séries B anglaises et italiennes des 60′s et de SF des 50′s dans lesquelles le contexte sociologique était très souvent inexistant. Dans les séries B de cette époque, ce fameux contexte sociologique était surtout caractérisé par une répétition de codes qui servent encore aujourd’hui, en revoyant ces films, de jongler de l’un à l’autre. Ne pas oublier que le cinéma et les séries TV des années 50 et 60 étaient surtout étouffées aux USA par les conflits Est-Ouest, et ce jusqu’à la fin des années 60 époque des envahisseurs donc (1967-1968). Le contexte sociologique existait pourtant au cinéma, et ce dès la fin des années 50, aux USA comme en Europe, mais pour caricaturer largement, en Europe ce sont les mouvements politiques de Gauche qui l’encourageaient grâce à ds fonds publics, tandis que la Droite aidait au cinéma de pur divertissement et donc d’exploitation et à la création d’entreprises.
Aujourd’hui, nous sommes très loin de ça avec les séries américaines qui n’hésitent pas à critiquer ce qui est critiquable dans le contexte des États-Unis. L’auto-critique a toujours existé dans le cinéma américain (au niveau social comme dans les après-guerres, et même si parfois ça en devenait caricatural), mais les producteurs de séries TV actuelles ont les mains nettement plus libres qu’autrefois, et ça se ressent. On en retrouve déjà des analyses dans certains magazines politico-économiques.