Synopsis
Dracula arrive dans le Londres de l’époque Victorienne, affirmant pouvoir y apporter la science moderne. En réalité, le célèbre vampire y est venu se venger de ce peuple qui a ruiné sa vie quelques siècles auparavant. Mais son sombre dessein est contrarié par… une jeune femme, dont il s’éprend éperdument et qui semble être la réincarnation de sa défunte épouse.
Grand fan du Vampire depuis de nombreuses années, j’ai tout de suite été emballé à l’idée d’une adaptation en série télé. Les trailers alléchants et un acteur très charismatique n’avaient fait qu’attiser mon envie. On avait en effet rien vu depuis la version magistrale de Francis Ford Coppola de 1992 (déjà), ou en tout cas rien de véritablement transcendant.
Alors, ce DRACULA version 2013 tient-il la comparaison avec son grand frère cinématographique ? Les acteurs choisis réussiront-ils à nous faire oublier les grands noms de la dernière adaptation ? Mais surtout, dois-je repeindre mon salon ou remettre du papier ?
Réponse, à la fin de cette critique.
Cent ans d’histoire
Dracula, tout le monde connait. Mais puisqu’il est bon de faire une petite piqûre de rappel parfois, ne résistons pas au plaisir de réviser nos classiques. Dracula est né sous la plume de Bram Stoker en 1897. Dans ce roman épistolaire (genre littéraire dans lequel le récit se compose de la correspondance fictive ou non d’un ou de plusieurs personnages), l’auteur raconte l’histoire de Jonathan Harker, jeune clerc de notaire travaillant pour le compte de Mr Hawkins. Il est fiancé à Wilhelmina « Mina » Murray et doit se rendre en Transylvanie auprès du comte Dracula pour affaires. Il est loin d’imaginer que le comte est en fait un vampire rusé, dissimulant sa véritable nature, et souhaitant acheter une maison à Londres à Jonathan Harker.
Difficile de parler de Dracula en passant sous silence les deux cents adaptations cinématographiques qui ont suivi le succès du roman. Sans rentrer dans les détails (on pourrait écrire un livre complet sur le sujet), retenons tout de même la première version pellicule : DRAKULA HALÁLA de Károly Lajthay en 1921, très vite effacée par NOSFERATU LE VAMPIRE de Friedrich Murnau en 1922, véritable plagiat du roman car reprenant la trame mais en renommant les personnages pour éviter de payer les droits d’auteur. On pourra également citer le DRACULA version Bela Lugosi sorti en 1931, mais surtout le très connu LE CAUCHEMAR DE DRACULA avec Christopher Lee, en 1958.
Pour son adaptation la plus récente mais également la plus fidèle, c’est Francis Ford Coppola qui s’y colle avec un parterre d’acteur à vous couper le souffle : Gary Oldman, Winona Ryder, Anthony Hopkins, Keanu Reeves et bien d’autres. Coppola ne reprend pas le côté épistolaire du roman et se permet même quelques liberté, mais ce film remportera tout de même l’avis favorable du public, et quelques récompenses dont trois Oscars et cinq Saturn Awards.
Avec près de deux adaptation par an depuis sa sortie, on peut dire que Dracula est un véritable succès sur grand écran, reste à voir s’il en sera de même pour la série.
Un casting alléchant
S’il est bien une chose qu’on ne pourra pas reprocher à la chaîne NBC, c’est son investissement sur le casting de la série. Pour incarner Dracula, la production à choisi Jonathan Rhys-Meyers. L’acteur irlandais a déjà eu l’occasion de montrer son joli minois sur les petits et grands écrans dans MICHAEL COLLINS, MISSION IMPOSSIBLE 3 ou LES TUDORS par exemple. À ses côtés, l’élégante mais novice Jessica De Gouw est Mina Murray. On l’a vu apparaitre brièvement au casting de Arrows et Underbelly. Son amie Lucy est interprétée par la ravissante Katie McGrath (EDEN, MERLIN ou les TUDORS), alors que c’est Oliver Jackson-Cohen (UN MONDE SANS FIN) qui prête ses traits à son fiancé Jonathan Harker .
On ne peut parler de Dracula sans aborder le personnage d’Abraham Van Helsing, c’est Thomas Kretschmann qui endosse ce rôle cette fois. On aura eu auparavant l’occasion de croiser le regard de cet acteur allemand dans de nombreux films, LA REINE MARGOT, LE PIANISTE, KING KONG ou DRACULA 3D dans lequel il interprète… le comte Dracula himself. Reinfield apparaît également sous les traits impressionnants de Nonso Anozie (NANNY McPHEE ET LE BIG BANG, CONAN, GAME OF THRONES) alors qu’un personnage ne faisant pas partie ni du roman ni des films est présent : Lady Jayne Wetherby, Victoria Smurfit dans la vraie vie ( IVANOHÉ, LA PLAGE, SCOTLAND YARD, CRIMES SUR LA TAMISE).
Si le casting réunit des visages connus et plus marginaux, on ne pourra toutefois pas relever de fausse notes dans l’interprétation des ces personnages attachants.
Un univers revisité
Dracula, celui du roman, est un vampire sévissant en Transylvanie à la fin du XIXème siècle. Il achète l’abbaye de Carfax à Londres en usant de ses pouvoir sur R.M. Renfield tout d’abord, puis sur Jonathan Harker. À Londres, il tombera sous le charme de Wilhelmina Murray, une jeune institutrice et fiancée de Harker, qu’il mordra à plusieurs reprises pour lui transmettre sa malédiction et faire d’elle un vampire. Arès son évasion du château du comte, Harker prendra la tête d’un petit groupe composé, entre autres, de Mina, de Van Helsing, un docteur néerlandais voué jusqu’à la mort à sa lutte contre le mal et préalablement venu tenter de sauver Lucy. Son but : tuer le comte vampire pour éviter un sort funeste à sa dulcinée.
À quelques détails près, l’histoire est la même avec l’adaptation cinématographique de Coppola, le scénariste s’étant juste permis la liberté d’ajouter une relation amoureuse entre Mina et Dracula pour dramatiser un peu plus la situation. Pour la série, oubliez tout ce que vous avez vu ou lu jusque là. Harker est devenu journaliste et Dracula, sorte de Tony Stark victorien, est déjà à Londres et l’embauche dans son entreprise. Sa fiancée Mina poursuit des études de médecine auprès de Van Helsing qui est lui-même employé par le comte pour lui fournir la possibilité de supporter le Soleil. Reinfield est l’homme de main du comte et protège ses frasques avec Lady Jayne Wetherby qui fait partie d’un ordre secret visant à détruire les vampires. Seul le personnage de Lucy est fidèle à l’original, une blonde écervelée qui se laissera manipuler à outrance.
On le voit, les libertés prises par rapport à l’œuvre de Stoker sont surprenantes, et offrent un souffle nouveau au mythe de Dracula.
Très éloigné du Mythe
On est plutôt habitué avec Dracula à avoir une version très différente de celle d’origine tant les films sont divers, mais la plupart du temps il s‘agit d’histoire parallèles ou de suite plus ou moins anarchiques voire peu probable (Dracula maire d’une petite ville de vampire, ou Dracula dans l’espace par exemple). Ici, c’est véritablement l’histoire du roman qui est rebootée (ou remakée, j’ai du mal à suivre avec tous ces nouveaux termes «cinématographicorepompés»). Exit donc, Van Helsing combattant Dracula (quoi que…), oubliez les liens entre les personnages que vous aviez en tête, ne comptez pas non plus visiter la Transylvanie. Tout ici est à réassimiler à réinterpréter et à réapprécier. Reste tout de même le Londres Victorien, riche en couleur et tout en costume parcouru par ses chevaux et calèches. En cherchant bien, on en arriverait presque à croiser Sherlock Holmes au coin de la rue.
Ce côté visuel constituera un atout non négligeable pour les fans de l’époque car bien retranscrit avec ces fiacres, ses hommes sandwichs et ses montres goussets.
Une adaptation risquée
En prenant le parti de sortir totalement des codes de l’histoire originale, la NBC a pris un gros risque : celui de s’attirer les foudres des fans de la première heure. On aura en effet beaucoup de mal à accepter le fait que Van Helsing soit de mèche avec Dracula. C’est un peu comme si Sherlock Holmes s’alliait avec Moriarty ou si Napoléon se mettait à fricoter avec la reine d’Angleterre : quoi qu’on en dise, ça casse le mythe et ça change totalement l’histoire. Ajouter une société secrète influençant les bases même du monde à l’histoire apporte également un élément surprenant à l’univers de Dracula, un sentiment de manipulations constantes, de faux semblants courants et de guerres cachées exaspérantes. La Fox a décidé de garder l’attirance entre Dracula et Mina Murray, celle-ci est bien présente tout au long de la saison au grand dam de Lucy et Jonathan, mais c’est ici plus subtil que dans le film de Coppola, et c’est à force de manipulation que Mina tombera sous le charme du vampire.
DRACULA la série télé, c’est aussi du sang, beaucoup de sang. Et si les combats et les meurtres sont rares, ils sont violents, très violents, parfois trop violents, s’apparentant plus à une boucherie qu’à une chasse. Certains en seront rebutés.
Cette adaptation est donc très différente de ce que les spectateurs ont connu jusqu’à présent, c’est une donnée à ne surtout pas oublier avant de se lancer dans cette série.
Quelques bonnes raisons d’apprécier DRACULA, saison 1
- Jonathan Rhys-Meyers : il a tout pour interpréter un bon Dracula : charisme, jeu d’acteur et physique sympa.
- Le Londres victorien : magnifique époque, décors et costumes splendides, on a envie de traverser l’écran pour arpenter les rues de la ville.
- Katie McGrath : l’interprète de Lucy ne démérite pas. Belle, sexy et attirante, elle saura charmer le public.
- Le casting : impeccable dans son ensemble, aucune fausse note à déplorer de la part des acteurs, connus ou non.
- Nonso Anozie : un mastodonte qui fait penser à Michel Clark Duncan par sa carrure et sa prestance.
Conclusion personnelle
DRACULA commence mal, très mal. En choisissant de rebooter l’histoire, la NBC perd le spectateur. Celui-ci peine à s’y retrouver dans les nouvelles informations qu’il lui faut assimiler. Les premiers épisodes sont fades, inutiles et ne lancent par de trame pour la saison. C’est seulement dans ses derniers épisodes que l’on va enfin trouver quelques intérêts à suivre la série, le début étant bien trop inégal pour qu’on puisse en apprécier la saveur. Les acteurs sont très bons, mais on sent qu’il leur manque à eux aussi la passion de tourner, on a l’impression qu’ils se demandent parfois ce qu’ils font là.
Une saison très moyenne donc, dont seule la fin pourra relever le niveau.
NotaSkarn : 10/20
- Skarn -
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Une série qui donnerait plutôt envie. Merci Skarn.
Attention : coup de gueule, je m’en excuse par avance.
Il est toujours plus agréable de se montrer positif à propos d’une œuvre, et de partager ses satisfactions. Mais je dois dire que ce « Dracula » m’énerve pas mal. Je vais donc me montrer très sévère, sans doute bien plus que la majorité des amateurs du maître des vampires. Libre à chacun d’approuver ou non mes arguments qui, bien sûr, ne reflètent qu’une opinion personnelle. Je vais également discuter certains points exposés ici par Skarn. Mais ça n’est que l’expression d’un avis, avec le respect et la gratitude dus à un auteur ayant pris la peine de rédiger cet article au demeurant très bien fait. Je l’en remercie.
Le nom Dracula se réfère à une œuvre : le roman de Bram Stoker. J’estime que toute déclinaison littéraire, cinématographique ou autre de ce récit, faisant explicitement référence à Dracula, doit un minimum de fidélité au thème original. En d’autres termes, il ne faut pas vendre un paquet indiqué « sucre », et mettre du sel à la place.
On peut dire que cette honnêteté artistique a été à peu près respectée dans les adaptations cinématographiques du roman, jusqu’en 1992 et la sortie du lamentable Dracula de Coppola. Je sais que je vais en faire bondir plus d’un, mais je m’explique. J’invite chacun à lire ou relire le roman de Stoker, et à constater un élément central, essentiel du récit, qui donne tout son sens au mythe de Dracula : derrière une apparence d’humanité très superficielle, Dracula est véritablement une bête féroce, un animal guidé par un instinct primitif. C’est un prédateur violent et sauvage. Dès qu’il est en position de force, ses comportements n’ont qu’un objectif : assouvir sa soif de sang et sa domination sur autrui. C’est un être rusé, mais solitaire, farouche et discret. Il se comporte dans le monde comme un fauve dans la jungle, sans autre ambition que de satisfaire ses pulsions de survie.
Si si, reprenez les descriptions précises de l’auteur.
Alors, déjà en 1992, j’ai été scié en regardant le film de Coppola où nous découvrons un Dracula fleur bleue, gentleman éperdument amoureux, au point de renoncer par amour à sa vraie nature. C’est vraiment se moquer du monde. Les exégètes de l’œuvre de Stoker ont souligné son intention de construire un récit autour des mythes et traditions vampiriques dépeignant ces êtres comme d’immondes créatures, proche des zombies, revenus d’entre les morts pour boire le sang des vivants.
Imaginez donc un requin affamé, s’approchant des côtes pour dévorer un surfeur. Mais au moment d’enfoncer ses dents dans une jambe imprudente, il découvre que ce membre appartient à une charmante jeune fille dont il tombe éperdument amoureux. Notre fauve des mers sort alors de l’eau, et, s’adressant à la belle, se met à lui conter ses affectueuses émotions et son intention de conquérir le monde pour le déposer à ses pieds. Voilà ce que sont ces « Dracula » post-Coppola, une navrante parodie du personnage initial, à peine tolérable dans un épisode de Scooby Doo.
Je m’inscris donc en faux contre le point de vue de Skarn selon lequel l’adaptation de Coppola est « la plus fidèle ». Certes Coppola nous l’a vendu ainsi, mais c’est selon moi très exactement le contraire : il n’existait jusqu’alors (y compris la version de 1979, de John Badham) de Dracula aussi dénaturé. Skarn écrit, avec beaucoup d’indulgence pour Coppola, que la relation amoureuse entre Mina et Dracula a pour but de « dramatiser un peu plus la situation ». Je crois bien plutôt que c’est afin de suivre les goûts du public pour les histoires d’amour à l’eau de rose, et s’assurer ainsi un maximum d’entrées que Coppola et son scénariste ont décidé de dévoyer complètement le personnage de Stocker, et d’en faire un joli-cœur, un être romantique et larmoyant. C’est ridicule et pitoyable.
Concernant le résumé du roman cette fois, je me permets également de contredire l’idée qu’une fois arrivé à Londres, Dracula « tombera sous le charme de Wilhelmina Murray ». Il ne tombe pas sous son charme, il la choisit comme proie, afin de se nourrir de son sang et de s’en prendre aux personnes qui luttent contre lui. Le roman ne décrit jamais le moindre sentiment amoureux chez Dracula, pas plus qu’on en trouvera dans la version de 1931 avec Bela Lugosi, ou encore dans les versions de la Hammer Film. On peut reprocher bien des choses aux versions de la Hammer, mais sans doute pas d’avoir fait de ce « requin » un jouvenceau tourmenté par ses émois (et en plus, question casting, Christopher Lee c’est autre chose que Gary Oldman, 1m74…)
Alors cette série… que dire… j’espère que le cercueil de Bram Stoker est monté sur roulement à billes, parce qu’il n’a pas fini de se retourner dans sa tombe. Peut-être même qu’on pourrait ainsi produire de l’électricité écologique.
Cette série offre-t-elle « un souffle nouveau au mythe de Dracula » ? Si nous parlons du souffle de la dynamite faisant tout péter, alors là oui.
Dracula en playboy, chef d’entreprise… Je n’ai plus de mots. Van Helsing recherchant pour Dracula le moyen de s’exposer au soleil… les bras m’en tombent (à noter que dans le roman, Dracula n’a aucun problème pour sortir au soleil, si ce n’est qu’il perd alors certains de ses pouvoirs).
Skarn note que cette série prend le risque de « s’attirer les foudres des fans de la première heure ». Je crois que c’est plus profond que cela. C’est plus que la déception de ne pas retrouver les bons vieux films d’antan. Il s’agit de tromperie, car le nom de Dracula est utilisé de manière mensongère pour attirer les spectateurs. À partir du moment où rien du vampire de Stoker n’a été conservé, pourquoi ne pas avoir le courage de lui donner un autre nom ? Si la série s’était intitulée Tartempion le vampire, je n’aurais rien eu à redire. Ce qui est condamnable c’est le mensonge. Paradoxalement, le Nosferatu de Murnau (tout comme son remake par Werner Herzog) est bien plus proche du Dracula de Bram Stoker [petites observations annexes : Murnau n’a pas refusé de payer les droits d’auteur du roman, ce sont les ayant droits qui ont refusé de les lui vendre. Ça n’est donc pas un plagiat, mais une adaptation non autorisée].
Bref, je terminerais en proposant un nouveau concept : la maltraitance artistique, dont cette série pourrait être l’étalon.
Très bonne intervention (à nouveau) de Jean. Ce que j’en retiens surtout c’est que j’ai eu exactement la même réflexion lors du premier épisode : remplacer le nom de Dracula par « Jean le vampire » et Mina par Elise aurait été plus judicieux que de garder les noms de Stoker.
Pour ma part, je vous confesse ne pas avoir lu le roman original (je cherche à me le procurer d’ailleurs) et d’avoir adoré la vision de Coppola. De ce fait en utilisant les termes « adaptation la plus fidèle », je me référait en fait au point de vue général donné par les fans du Vampire.
Pour finir, avec le recul, je pense avoir été encore trop gentil avec cette série, j’aurais du lui coller encore 2 points de moins.
Jean Beauvoir et sa philosophie de l’éternel retour fœtal à trois dimensions
Quand je pense que ça m’arrive de ronchonner après les nouvelles générations…Mais quand je lis sans cesse Jean Beauvoir essayant de figer le temps au niveau de la fin du XIXè, époque où vivait son arrière grand-père, je me dis que j’ai de la marge en tant que vieux ronchon
Je plaisante mais tout le principe du « cinéma bis » est basé sur cette arnaque qui a pour principe de détourner un sujet artistique à des fins pécuniaires en reprenant à son compte cette maxime « une loi est faîte pour être détournée ».
De plus Dacre Stoker, l’arrière-petit-neveu de Bram Stoker a expliqué avoir écrit une suite à Dracula du fait que son aïeul a fait une erreur en remplissant les formulaires de la Société des Droits d’Auteur aux États-Unis. Et bien que les Droits aient été en règles en Europe (d’où le problème avec le Nosferatu de Murnau en 1922 et le pourquoi du classicisme des films anglais ayant attraits à Dracula), aux États-Unis, le roman a été détourné dès 1931 avec le film de la Universal (et la pièce de théâtre de Broadway qui a inspiré le film de Tod Browning). Aux dires de son arrière-petit-neveu, Bram Stoker n’a ni attendu d’être dans sa tombe et il n’a pas attendu non plus le film de Coppola pour se retourner sur lui-même. Aux États-Unis, n’importe quel artiste était déjà en droit d’apporter sa touche personnelle au roman de Stoker déjà de son vivant.
À propos de droits d’auteur, voici un autre débat sur le web à propos d’une autre créature mise à toutes les sauces (ketchup) :
http://owni.fr/2012/09/26/droits-dauteur-sur-les-zombies/
et
http://scinfolex.com/2012/09/27/ce-que-les-zombies-peuvent-nous-apprendre-sur-le-droit-dauteur-et-la-creation/
Et pour en revenir au Dracula de Stoker, personnellement je l’ai lu deux fois et je pense que l’auteur a fait en sorte de laisser assez de place libre dans l’imagination du lecteur pour que chacun y voit « son propre Dracula ».
Et les personnages de la nouvelle « Le Vampire » (1817) de Polidori ou « Carmilla » (1871) de Sheridan Le Fanu m’inspirent nettement plus ce que décrit plus haut Jean Beauvoir et surtout chez Le Fanu où l’on ressent très bien cette présence constante à l’affut de sa victime. Au contraire, je trouve que chez Stoker, on ressent constamment une forme de séduction de la part du vampire même si comme l’écrit Jean, « derrière une apparence d’humanité très superficielle, Dracula est véritablement une bête féroce, un animal guidé par un instinct primitif ». Mais c’est ce qui rejaillit le plus clairement de la lecture du roman.
Et personnellement, je crois que mon roman de vampire préféré et que je trouve le plus crispant parce qu’il décrit parfaitement une situation socio-politique camouflée, c’est celui de Hanns Heinz Ewers, « Vampir. Un roman tout en couleurs et en lambeaux » – « Vampir. Ein verwilderter Roman in Fetzen und Farben » (1920).
Un lien wikipedia sur l’auteur :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hanns_Heinz_Ewers
Et un lien sur le roman avec malheureusement l’effet de google-traduction à partir de l’allemand puisque personne ne semble avoir été assez inspiré pour en écrire un article en français sur le web :
http://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=de&u=http://www.causa-nostra.com/Einblick/Hanns%2520Heinz%2520Ewers_e1210a01.htm&prev=/search%3Fq%3DVampir%2BHanns%2BHeinz%2BEwers%26biw%3D1276%26bih%3D652
Et le lien en allemand au cas où…
http://www.causa-nostra.com/Einblick/Hanns%20Heinz%20Ewers_e1210a01.htm
Et là où je rejoins Jean Beauvoir, c’est que le personnage de Dracula a tellement été galvaudé et mis à toutes les sauces qu’il est devenu une entité populaire à lui seul et à mille lieues du roman de son auteur.
Par contre, j’ai 42 ans et depuis l’âge de 16 ans, j’ai sûrement lu tout ce qui peut exister de la littérature romantique, gothique et horrifique anglaise, américaine et française du XIXè siècle (et je suis dans le romantisme allemand depuis quelques années)…et je considère le personnage de Dracula et son univers gothique à la limite du détail dans cette superbe littérature de genre qui recouvre un siècle entier. Et un texte d’Edgar Poe, de Maupassant ou de Théophile Gauthier m’inspire et me fascine nettement plus qu’un texte de Stoker (j’ai même des impressions de sensations fortes issues des textes de ces auteurs qui me restent en mémoire depuis plus de 25 ans).
Quatre commentaires de ma part pour revenir sur le personnage et le roman alors que je n’ai même pas vu la série. J’arrête donc ici.
Petite parenthèse finale pour Morbius qui n’a plus rien à voir avec Dracula :
C’est qu’en tant adhérent n°13 d’une certaine association de Nouméa et en tant que fils de documentaliste d’un collège, j’ai dévoré un nombre considérable de bouquins de 1984 à 1988, dont ceux cités plus haut. Et je me souviens qu’après avoir emprunté toute la littérature du XIXè siècle trouvable dans les rayons du CDI en question, j’ai commencé à déborder sur le début du XXè siècle. Et c’est ainsi que j’ai découvert Lovecraft en 1986…Et je me souviens parfaitement de manière presque palpable que je dévorais toutes ses nouvelles chaque soir devant la salle omnisports, en tournant difficilement chaque page avec les mains enrubannées de bande médicale servant de protection.
Puis j’ai prêté « La Couleur tombé du Ciel » (il me semble) à Dave Altou qui l’a ensuite fait découvrir aux membres du Sci-Fi Club et ceci, longtemps avant l’engouement du JDR de « L’Appel de Cthulhu ».
Bon, je sais qu’il y a prescription sur le sujet depuis 1986-87, mais je suis resté fier de mon anecdote
J’accepte bien volontiers les critiques de Trapard. J’ai sans doute trop de « principes ». Je reconnais prendre ça trop au sérieux… Je vais essayer de me calmer ! Encore désolé si j’ai cassé l’ambiance.
Mais reste la question : si quelqu’un veut faire une histoire de vampire qui n’a rien à voir avec le personnage de Bram Stoker, pourquoi lui donner le nom de Dracula ?
La réponse est malheureusement évidente : pour tromper le spectateur.
Je suis d’accord que c’est aussi la manière de faire d’un certain cinéma bis. Mais ça n’est pas une excuse. Nous, les fans un peu marginaux, regardons maintenant le cinéma bis avec amusement, au second degré. Mais je ne suis pas sûr que les spectateurs qui se sont fait tromper au moment de la sortie de ces films en salle (du style La Guerre des étoiles tourné dans une salle de bain), avaient la grosse banane.
Peut-être que La Guerre des étoiles n’est pas un bon exemple vu le nombre considérable de sous-Star Wars qui ont été réalisés à partir de 1977 et dont certains sont devenus des classiques à part entière comme Star Cash ou Galaxina. Comme le Dracula de Coppola peut-être aussi du coup.