FAUST, UNE LÉGENDE ALLEMANDE (1926) de Friedrich Wilhelm Murnau
Le film de Murnau reprend directement l’histoire de Faust à sa source, avec la légende du XVIe siècle qui est un pari entre l’Archange, représentant du Bien, et le diable, et si ce dernier parvient à démontrer que l’homme est aussi noir qu’il le croit, alors la Terre sera à lui sinon il devra y renoncer.
Produit par Erich Pommer pour la célèbre UFA (Universum-Film Aktien Gesellschaft), FAUST, UNE LÉGENDE ALLEMANDE impose Friedrich Wilhelm Murnau, avec d’autres films comme NOSFERATU, LE VAMPIRE (1922, Nosferatu, eine Symphonie des Grauens), LE DERNIER DES HOMMES (1924, Der letzte Mann), ou TARTUFFE (1926, Herr Tartüff), comme une des principales figures du cinéma allemand de la fin de la République de Weimar, aux côtés de Fritz Lang. Mais contrairement à ce dernier qui a tourné jusqu’à l’avènement d’Hitler au pouvoir, Murnau est parti, dès 1927, tenter sa chance à Hollywood avec L’AURORE (Sunrise). Mais de NOSFERATU à FAUST, Murnau enchaîne huit films très forts, entre réalisme et fantastique. Un style expressionniste très pictural et poétique, qui est plus ou moins inspiré de celui du cinéaste suédois Victor Sjöström et de sa CHARRETTE FANTÔME (1921, Körkarlen), mais qui s’inscrivent dans la tradition du profond romantisme allemand.
L’intrigue : Méphisto doit parvenir à corrompre l’âme d’un homme vertueux et détruire en lui tout ce qu’il y a de divin, et alors la Terre sera sienne. Il envoie la peste détruire le village de Faust qui, devant un tel fléau, prie pour que la mort et les privations cessent mais en vain. Désespéré, il en vient à appeler le diable, qui lui propose le marché suivant : une période d’essai de 24 heures durant laquelle Méphisto sera à son service. Faust accepte et demande de sauver les villageois. Mais Faust ne doit plus s’approcher de tout ce qui est divin. Faust décide de faire un second marché avec Satan : de retrouver sa jeunesse, ainsi que les plaisirs terrestres en échange de son âme…
En 1926, le cinéma allemand est déjà très loin de l’univers graphique du caligarisme de 1919-1920, et dans FAUST, UNE LÉGENDE ALLEMANDE, la lumière joue un rôle très important sur la profondeur de champ en créant des formes qui se détachent du fond de l’image. Et ceci, bien que la notion de contour disparaît au profit d’un contraste fort de valeurs claires et sombres, et particulièrement pour les lieux et personnages représentant la Pureté ou le Mal. Par exemple, Faust, se laissant envahir par la tentation, voit son univers et son lieu de travail se nuancer par des teintes grises qui s’assombrissent petit à petit. Parallèlement, les objets participent à cette dramaturgie visuelle puisqu’ils se définissent grâce à un savant éclairage à l’interaction entre le bien et le mal, par leur capacité à émettre ou à renvoyer de la lumière. Par exemple, on voit apparaître des instruments au service d’un pouvoir occulte, comme le miroir de Méphisto, ou à l’inverse la statue de la Vierge est très lumineuse et repousse le diable, un effet que l’on retrouve encore, parfois, dans les films de vampires.
La réalisation de FAUST est considérée, plus encore que pour les films précédents de Murnau, de plastique et de picturale, faite de touches et de nuances que l’on trouve dans la grande peinture allemande ou flamande classique. Un superbe classique justement, que j’ai eu le bonheur de voir diffusé à Nouméa, dans la salle de la F.OL., en 2005, accompagné d’une orchestration parfois romantique, parfois beaucoup plus légère. Et un classique pour le Grenier du Ciné Fantastique. Et c’est sans oublier que Méphistophélès est incarné à l’image, par l’un des plus grands comédiens de la République de Weimar, Emil Jannings et ceci jusqu’à L’ANGE BLEU (1930, Der Blaue Engel) de Josef von Sternberg. Sans avoir été membre du parti nazi, Jannings tourna sous toute la période du Troisième Reich, mais étant donné sa participation active dans la propagande cinématographique nazie, il subit la fameuse dénazification, et toutes ses tentatives de retour sur les écrans étaient désormais vouées à l’échec. Sa participation aux films de Murnau, comme FAUST, UNE LÉGENDE ALLEMANDE et surtout dans LE DERNIER DES HOMMES (qui n’est pas un film du genre Fantastique, mais qui reste pour moi, LE film d’Emil Jannings!) restent mémorables à tout jamais.
- Trapard -
Autres films présentés dans la catégorie Le Grenier du Ciné Fantastique :
La Charrette Fantôme / La Chute de la Maison Usher / Les Contes de la Lune vague après la Pluie / Frankenstein (1910) / Le Cabinet du Docteur Caligari / La Monstrueuse Parade / Le Fantôme de l’Opéra / Double Assassinat dans la Rue Morgue / Docteur X / White Zombie / The Devil Bat / La Féline (1942) / Les Visiteurs du Soir / La Main du Diable / Le Récupérateur de Cadavres / La Beauté du Diable / Un Hurlement dans la Nuit / The Mad Monster / La Tour de Nesle /L’Étudiant de Prague / Les Aventures Fantastiques du Baron de Münchhausen /Torticola contre Frankensberg / Ulysse / Man with Two Lives / The Mad Ghoul / La Tentation de Barbizon / The Flying Serpent / Peter Ibbetson / Le Fantôme Vivant /La Marque du Vampire / Les Poupées du Diable / Le Gorille / Le Voleur de Bagdad / The Savage Girl / Murders in the Zoo / The Vampire Bat /Figures de Cire / L’Oiseau Bleu / L’Aïeule / Genuine / La Charrette Fantôme (1921) / Häxan, la Sorcellerie à travers les Âges / Les Nibelungen / Le Monde Perdu (1925) / Wolfblood
J’ai entendu ça à la radio ce matin. Franchement la connerie humaine me fait de la peine parfois…
http://www.lefigaro.fr/cinema/2015/07/15/03002-20150715ARTFIG00111-la-tete-du-realisateur-de-nosferatu-a-ete-volee-dans-son-cercueil.php
En effet, vraiment inquiétant.
Ces personnes ont de la chance que je ne sois pas à proximité, sinon….
http://2.bp.blogspot.com/-JojrR734hk0/VWxBs9hJthI/AAAAAAAAK1M/b7NdNx51cSA/s1600/tcm1.gif