VAISSEAU DU CAPITAINE YOP SOLO
Dans la série « Les vaisseaux les plus WTF » de la SF cinématographique, voici le van stellaire du capitaine Yop Solo de LA FOLLE HISTOIRE DE L’ESPACE (SPACEBALLS, ça va plus vite en anglais). Non seulement il peut voler dans l’espace intersidéral mais, ce qui est encore plus sidérant, c’est qu’il peut aussi rouler sur le sol des planètes telluriques ! Même le Faucon Millenium du capitaine Han Solo (le cousin de Yop Solo) ne possède pas ces roues si pratiques pour s’aventurer sur le sol des astéroïdes. Et ne parlons pas de son intérieur et de son confort lié à tout van des Eighties qui se respecte, de sa formidable manœuvrabilité et de ses accélérations fulgurantes !
Vous l’avez compris : la prochaine fois que vous partez en camping sur une planète de la galaxie, procurez-vous ce van si pratique pour des excursions.
- Morbius -
Autres vaisseaux présentés dans la catégorie Vaisseaux SF :
Croiseur C-57D / Valley Forge / Discovery One / Fusée du Choc des Mondes /Astroforteresse Galactica / Aigle / Nostromo / Andromeda Ascendant / Serenity /Jupiter 2 / Moya / Vaisseau de Les Premiers Hommes dans la Lune / Lexx / USS Enterprise NCC-1701-D / Destinée / USS Cygnus / Soucoupe de Klaatu / Tardis /Starfury / Liberator / Viper / Thunderbird 3 / Excalibur / Starbug / Vaisseaux des Visiteurs / Event Horizon / BTA Fighter / Odysseus / Moonbase Interceptor /Thunder Fighter / Vaisseau martien /Prometheus / Vaisseau du film Le Guerrier de l’Espace / Nell / Vaisseau du film Explorers / Vaisseau-mère de Rencontres du Troisième Type
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Dans le domaine des courts-métrages purement fantastiques ou inspirés par le fantastique, les Calédoniens ne sont pas en reste. Pour preuve cette catégorie qui leur est entièrement consacrée et où Trapard nous présente de temps à autre une œuvre de son choix. Suivez le guide !
LA LISTE (2011) de Roland Rossero
Depuis le milieu des années 2000, l’écrivain-journaliste-réalisateur Roland Rossero prend le « Destin Commun » comme thème central de ses courts-métrages. Chacun de ses films est un nouveau malaxage scénaristique ethno-social sur la question de l’Accord de Nouméa et de ses applications. Et étant avant tout cinéphile, Roland Rossero prend sa passion pour les grands classiques du cinéma comme unité de valeurs pour raconter ses histoires, bien qu’avec LA LISTE (2011), puis précédemment avec PAS SANS LES AUTRES (2009), son propos devienne plus personnel. En tout cas, plus que pour ses films précédents, PAS SANS LES AUTRES et LA LISTE reprennent le principe narratif d’un cinéma populaire français des années 30-40 comme celui élaboré sous le Front Populaire par Jean Renoir ou Julien Duvivier,mais surtout celui du tandem Marcel Carné-Jacques Prévert du Réalisme Poétique des années 40. Et comme chez Carné et Prévert, Rossero développe ses intrigues à partir de plusieurs tranches de vies qui s’entrecroisent et s’intercalent dans un sens unique, le tout mâtiné d’une certaine forme de poésie décalée et planante.
Et LA LISTE n’échappe pas à cette règle, débutant avec plusieurs personnages éparpillés et une simple liste de courses trouvée devant une grande surface et se concluant dans l’enceinte d’une petite surface de case, mais cette fois-ci, avec une liste établie d’êtres humains. Je vous laisse deviner ce que cette « liste » pourrait bien avoir de « spéciale ». Et ceci après un long voyage en bus, dans lequel chacun des « élus », après avoir été interpelés par le son de la toutoute et guidés par une jeune femme océanienne aux airs mélancoliques, semblent tous heureux comme Ulysse à la fin de « L’Odyssée ».
Auteur de romans, de nouvelles, comme de poèmes, Roland Rossero tire son scénario d’une de ses propres nouvelles publiées dans le recueil « Contact ». On retient souvent de cet auteur ces inlassables jeux de mots foisonnant dans ses chroniques artistiques ou dans ses premiers courts-métrages de la fin des années 90 jusqu’au milieu des années 2000, mais Roland Rossero a abordé à plusieurs reprises des thèmes fantastiques ou surnaturels dans ses nouvelles. LA LISTE n’est pas un de ses sujets les plus accessibles pour un fantasticophile lambda puisqu’il définit une trame politique sous-jacente. Ou plutôt, j’aurais envie de dire que pour qui ne suit pas les évolutions de la politique en Nouvelle-Calédonie, LA LISTE sera teintée d’une irréalité insaisissable, tandis que pour les autres, le film sera plutôt une métaphore. Et ceci, bien que la fin soit assez troublante et ressemblerait presque à une de ces histoires de malédictions auxquelles on accepte ou pas de croire, mais encore une fois, la réalité politique pourrait être assez proche de cette histoire de science-fiction. Et là où Roland Rossero débute son film à la manière de ceux réalisés sous le Front Populaire, certains détails du décors semblent laisser entendre que ses personnages vivent encore dans un rêve pilonné par les anciens vestiges d’un régime communiste qui s’est pourtant éteint depuis quelques décennies sur le vieux continent européen.
LA LISTE n’est malheureusement pas sur YouTube, mais c’est un de ces films a revoir plusieurs fois pour en saisir tous les éléments éparpillés comme dans un puzzle défait. En tout cas, pour ma part, je le considère comme le meilleur film de son réalisateur.
- Trapard -
Autres courts-métrages présentés dans Court-Métrage Fantastique Calédonien :
Tout sur Mammaire / Pause Pipi / Double Personnalité / Escamotage / L’A6 : Une Sale Grippe / La Dame et le Bonhomme / Fermez vos F’nêtres / Tuez-moi / La Dame Blônch / Détresse.com / Un Jour… / Innocente / Le Sablier / Les Papillons /Nouméa 2097 / Seules / Vers le Petit Coin et Au-delà / Zombie Madness / De l’Autre Côté du Miroir / Vermines / Les Bras de Fer & Le Cœur Soleil
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EMERGENCY LANDING (1941) de William Beaudine
Pour notre Grenier du ciné SF, voici une petite production de la PRC (Producers Releasing Corporation) mettant en vedette le comédien Forrest Tucker dans son premier rôle principal. EMERGENCY LANDING est une comédie loufoque de science-fiction, réalisée par un vieux spécialiste de la comédie hollywoodienne, William Beaudine, qui a d’ailleurs lancé sa carrière, dès les années 1910, en mettant en images des aventures de Mary Pickford, d’Harold Lloyd et de W.C. Fields. Les fans de films de genre le connaissent aussi pour ses escapades dans le nanar fantastique anachronique, comme BELA LUGOSI MEETS A BROOKLYN GORILLA (1952), JESSE JAMES CONTRE FRANKENSTEIN (1966, Jesse James meets Frankenstein’s daughter) ou BILLY THE KID CONTRE DRACULA (1966, Billy the Kid vs. Dracula), ou pour sa participation à la réalisation de plusieurs épisodes TV du FRELON VERT (1966, The Green Hornet) avec Bruce Lee.
EMERGENCY LANDING, aussi titré ROBOT PILOT, est surtout une comédie endiablée, un peu coquine, avec de la SF comme alibi :
En Arizona, l’inventeur Doc Williams met au point une télécommande permettant de piloter un avion à distance, mais malgré ses efforts, et ceux de son ami, le pilote Jerry Barton, ils ne trouvent pas d’acheteurs. Barton a trouvé un emploi de pilote d’essai, pour un millionnaire du nom de George Lambert. Quand Doc apporte un modèle de son invention, Lambert est fasciné et organise un test. L’appareil de télécommande est installé dans un avion réel, et Jerry prend les manettes, sous le regard de membres de l’United States Army Air Forces…
Bien entendu, en 2013, les avions téléguidés ou télécommandés n’ont plus de mystères pour personne, ni le principe du pilotage automatique d’ailleurs. Mais en 1941, le propos d’EMERGENCY LANDING était de la pure SF, et il était un alibi pour une comédie, pour plaisanter sur de l’improbable, ce qui peut faire rire aujourd’hui. Le film a néanmoins été réalisé en pleine Seconde Guerre mondiale, un peu comme un exemple de créativité scientifique pour l’effort de guerre de la part de tout citoyen, donc par conséquent de la production hollywoodienne, pour favoriser ainsi l’ingéniosité en faveur de l’armement américain. Une curiosité anachronique qui trouve, aujourd’hui, sa place dans le Grenier du Ciné SF des Échos d’Altaïr.
- Trapard -
Autres films présentés dans la catégorie Le Grenier du Ciné SF :
Flash Gordon, de la BD aux serials / Croisières Sidérales / Aelita / Man Made Monster / Metropolis / Things to come / Docteur Cyclope / L’Ennemi sans Visage /Sur un Air de Charleston / La Femme sur la Lune / Le Tunnel / La Fin du Monde /I.F.1 ne répond plus / Buck Rogers au XXVe Siècle : Une Bataille Interplanétaire avec les Hommes-Tigres de Mars / Le Mort qui marche / Before I hang / The Ape / Le Capitaine Marvel / Le Voyage dans la Lune / A Trip to Mars /Le Voyage sur Jupiter / The Airship Destroyer / 20 000 Lieues sous les Mers (1916) / Paris qui dort / Sauce Piquante / The Beast of Borneo / Torture Ship
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Le blog Flynn SFFF vous présente une parution littéraire de la SF, du Fantastique ou de la Fantasy en roman ou BD. Flynn, éternel dévoreur d’ouvrages, vous décortique son bouquin du jour…
Titre : Moi, Lucifer
Auteur : Glen Duncan
Éditeur : Folio SF
Pages : 368
Quatrième de couverture : « Prisonnier (par la volonté de Dieu) du corps d’un écrivain fraîchement suicidé et chichement membré, moi, Lucifer, Ange Déchu, Porteur de Lumière, Prince des Ténèbres, de l’Enfer et de ce Monde, Seigneur des Mouches, Père du Mensonge, Suprême Apostat, Tentateur, Antique Serpent, Séducteur, Accusateur, Tourmenteur, Blasphémateur et, sans contestation possible, Meilleur Coup de l’Univers Visible et Invisible (demandez donc à Ève, cette petite garce), j’ai décidé – ta-daaah ! – de tout dire.
Tout ? Presque. Le funk. Le swing. Le boogie. Le rock…
C’est moi qui ai inventé le rock. Si vous saviez tout ce que j’ai inventé : la sodomie, bien sûr, la fumette, l’astrologie, l’argent… Bon, on va gagner du temps : tout, absolument tout ce qui vous empêche de penser à Dieu. C’est-à-dire à peu près tout ce qui existe.»
Moi, Lucifer est un hilarant portrait du diable, sous forme de confession pour le moins très intime…
Avant de m’attaquer à Moi, Lucifer, l’auteur British, Glen Duncan, était pour moi un illustre inconnu. Duncan, après avoir fait des études de philosophie et de littérature, est parti pour Londres, afin de vendre, pendant quatre ans, des livres dans une librairie. Puis en 1997, il publiait son premier roman, Hope. Mais entre 1997 et 2014, il aura écrit seulement 10 romans, dont Moi, Lucifer, son troisième livre, un récit plutôt… atypique.
Un petit résumé de Moi, Lucifer, s’impose de force pour la compréhension d’une partie de la critique. Moi, Lucifer donc, est, comme vous avez dû le comprendre, l’histoire de Lucifer, l’Ange Déchu devenu le Diable, Satan. Ce cher Lucifer se retrouve prisonnier, par la volonté de Dieu, dans le corps d’un écrivain, Declan Gunn, durant un mois, afin de lui donner l’occasion d’effectuer sa rédemption. Cependant, et même pour sa rédemption, Lucifer ne supporte pas de suivre des ordres, et encore moins ceux qui lui sont donnés tout droit d’en haut, par Lui. Il va donc faire totalement l’inverse de la mission qui lui est confiée, et va passer un mois de pur excès dans le corps de Gunn.
Se trouve alors, entre nos mains, le manuscrit de Lucifer dans lequel il relate son expérience dans le corps d’un humain, en l’occurrence, Declan Gunn, mais pas que, puisqu’il nous conte aussi ses nombreux souvenirs du temps où il était encore ange au Paradis, ainsi que sa rébellion face à Dieu (qu’il nomme sympathiquement Papy), sa chute, sa vie en Enfer ou encore la création de ce lieu. À tous ces souvenirs, particulièrement amusants, s’ajoutent des anecdotes qui n’ont pas à voir directement avec Lucifer (bien qu’il soit certainement derrière tout ça…), comme par exemple un petit passage de la vie D’Himmler ou bien de la fameuse chasse aux sorcières. En somme, ce récit est son autobiographie, ou plutôt ses Mémoires. J’ai été conquis par cette idée, très intéressante, celle d’écrire ce livre sous forme de confessions. D’autant plus qu’en général, nous connaissons Lucifer uniquement comme l’Ange Déchu, comme le Diable et Satan. Mais rien d’autre. Et là, avec Moi, Lucifer, on se retrouve plongé au sein même de sa vie et de son esprit démoniaque, et c’est particulièrement délectable. En plus de ça, le Lucifer de Glen Duncan est absolument différent de ce à quoi l’on pourrait s’attendre. Si l’on décrit ce Diable comme quelqu’un de méchant, de maléfique, vicieux et mesquin, etc, il est ici joyeux et triste, méchant et gentil, rude et tendre, et au travers de ces pages, au fil de ses paroles, il nous dévoile ses souffrances, ses secrets les plus profonds et sa personnalité, à tel point que par moments, nous serions presque prêts à nous laisser attendrir par ses dires (malgré tout, mieux vaut se méfier, il reste le mal et la tentation ! ahah). Outre la partie (auto)biographique, Glen Duncan revisite complètement l’histoire de la Bible, que ce soit la création d’Eve, celle d’Adam, celle des Hommes et des anges, etc. Il n’hésite pas à se moquer ouvertement (et subtilement) de la religion Catholique, de ses fondements ou encore de la thèse du Créationnisme.
Glen Duncan n’a peur de rien. Il ne mâche pas ses mots et tape, avec beaucoup de talent et de maîtrise, à grands coups d’ironie, d’humour noir, et de sarcasme, sur notre monde et son fonctionnement, qu’il tourne, par la même occasion, au ridicule. Il se plait dans la désinvolture et la provocation, et il nous le montre très bien. Bien sûr, la religion n’est pas la seule chose critiquée dans cet ouvrage. L’humanité, la société, tous y passent. Le portrait qu’il dresse de tout cela est très froid et très cru. Anticlérical, anticapitaliste, pour l’homosexualité, et partage entre haine et amour pour l’Homme, l’auteur partage avec nous ses opinions sur divers sujets. Toutefois, Duncan reste totalement lucide, et l’ambiance très sombre, reflète parfaitement bien l’ambiance de notre société. Mais Lucifer, Declan Gunn et Glen Duncan, ne seraient-ils pas, finalement, une seule et même personne ? On sent que chacun est désabusé face à la situation et à la société. De surcroît, Declan Gunn n’est autre que Glen Duncan écrit en inversant certaines lettres. Il me paraît clair que Duncan se met en scène lui-même dans un récit fictionnel afin de nous transmettre ses idées et de faire passer ses critiques. Malheureusement, malgré toutes les excellentes idées avancées, tant dans l’histoire que dans l’écriture, le récit reste totalement décousu, les nombreux changements de période, lieu et les diverses réflexions de Lucifer ne font que nous plonger et nous enterrer dans une lecture difficile. Les bonnes idées s’enchaînent mais sont assemblées très maladroitement, et la fluidité de la lecture prend un coup. Enfin, le récit est beaucoup trop long, Duncan tourne en rond. C’est dommage parce que sa plume est très plaisante, mais la structure narrative de l’ouvrage est bancale, et on ne peut rien y faire.
Saviez-vous que Lucifer a couché avec Eve ? Qu’Adam est un imbécile ? Ou que Lucifer ne supportait pas Jésus ? Non ? Eh bien Moi, Lucifer devrait vous l’apprendre ! Plus sérieusement, Moi, Lucifer est loin d’être un mauvais roman. Toutefois, il faut s’accrocher si vous ne voulez pas décrocher. Long et lourd, le texte, bien que bancal, reste tout de même très drôle et permet de passer un bon petit moment délirant. Par contre, ne vous attendez pas à être marqué à vie par cette histoire !
- Flynn -
Autres livres présentés par Flynn :
Dangereuses visions : le Necronomicon en BD / Agharta : le Temps des Selkies / Le Dernier Roi des Elfes / Le Niwaâd / Moi, Cthulhu / Docteur Sleep / Saigneur de Guerre / Le Démon aux Mille Visages / Le Gardien de la Source / Universal War Two (T1) : Le Temps du Désert / Blake et Mortimer : L’Onde Septimus / Culture Geek / Attention aux Morts / Out There – volume 1 /L’Encyclopédie du Hobbit / Quantex (T1) : Le Songe des Immortels / Quantex (T2) : La Révolte des Ombres / Chroniques des Ombres / Le très grand Nettoyage / Les Pantins Cosmiques / Cornes / Le Miroir des Templiers (T1) : New Paris / Nosfera2 / Soutenez le financement de l’ouvrage « Gore – Dissection d’une Collection » / Taupe / Le Monde de Fernando
Erwelyn, du site Culture Martienne, nous fait découvrir aujourd’hui une perle rare : une sorte de mix cinématographique de plusieurs œuvres de Jules Verne par un réalisateur tchèque. Intitulé L’INVENTION DIABOLIQUE, le film est signé Karel Zeman.
L’histoire
Grâce à l’énergie atomique, le professeur Roch a réussi à mettre au point un explosif très dangereux. Mais pour lui c’est une découverte qui est sensée aider l’humanité. Or le comte Artigas, un mystérieux individu vivant dans le ventre d’un volcan, enlève Roch et son assistant Simon Hart afin de s’accaparer son invention pour ses velléités de pouvoir. Une fois ramené dans l’île dans un sous-marin, Hart est isolé du professeur mais grâce à Jana, une jeune naufragée, il donne l’alerte et une flotte internationale vient capturer d’Artigas. Le professeur se sacrifie pour sauver le monde et fait exploser la ville sous-marine dans laquelle il était détenu.
Karel Zeman (1910-1989), le réalisateur tchèque, adapte ici son premier roman de Jules Verne. Par la suite, Le Dirigeable volé (1967) sera une libre adaptation du roman Deux ans de vacances (1888). Et l’on trouvera aussi L’Arche de Monsieur Servadac (1970) adapté de Hector Servadac (1877).
Adapté de Face au drapeau (1896), et inspiré par quelques autres œuvres du même auteur (20 000 lieues sous les mers, L’Île mystérieuse, Robur le magnifique), ce petit chef d’œuvre du cinéma tchèque (également titré en français Les Aventures fantastiques et en anglais The Fabulous world of Jules Verne) rend hommage aux éditions Hetzel et à ses illustrateurs tels qu’Edouard Riou ou Léon Benett par ses animations rappelant les gravures du célèbre éditeur de Jules Verne. À noter d’ailleurs que les gravures des fonds marins utilisées proviennent essentiellement de 20 000 lieues sous les mers. Seule la gravure de Léon Benett de l’île de Back-Cup est issue de Face au drapeau. Une prouesse technique et visuelle puisque le film mêle animation (marionnettes, dessins animés) et prises de vue réelles. On regrettera quelques longueurs, mais elles sont largement compensées par l’originalité de la réalisation. Car Zeman aimait les arts plastiques et expérimenter des techniques diverses. Pour L’Invention diabolique, il fait évoluer de vrais acteurs dans des décors composés de gravures agrandies. Il se permet tout ce qui est à sa disposition : papiers découpés, dessins animés, gravures originales, cartes postales, marionnettes, maquettes, jeux d’acteurs, séquences documentaires. Techniquement, il arrive à créer des séquences pour lesquelles aujourd’hui on utiliserai le fameux écran vert ! Le résultat : des trucages merveilleux avec comme récurrence visuelle : la rayure. Elle n’est absente d’aucune image : qu’il s’agisse d’une superposition au ciel, à la mer, qu’elle habille un vêtement ou souligne les décors, elle est partout pour transposer à l’image le rendu des lignes qui constituaient les gravures des livres anciens. Quand vous ne pensez pas les entrevoir, un personnage se tourne et révèle un pantalon rayé.
La scène du train en est une parfaite illustration : le train est peint. Les roues et le mécanisme est animé. Le conducteur est réel. Les passagers (réels) font signe d’une voiture dessinée. Le dessin des rails est rainuré pour l’effet gravure.
Ce mix de techniques et d’animations sera utilisé tout au long du film. Et quand le film est exporté aux USA en 1961, le producteur Joseph E. Levine trouve même un terme anglais pour définir cette mixité : la mystimation.
Pas étonnant donc qu’à sa sortie en 1958, le film reçoive un accueil enthousiaste à l’Exposition universelle de Bruxelles. On lui décerne aussi le grand prix au Festival mondial du film, le Prix de la Critique en 1959, l’Étoile de Cristal en 1960 et le Grand Prix International de l’Académie Française de Cinéma.
Ce film, avec un autre de Zeman, Le Dirigeable volé, sont aujourd’hui des références incontournables des univers steampunk auxquels renvoient immanquablement de nombreuses prises de vue.
Un autre intérêt de ce film est de filmer « à la manière de ». Il renvoie à une époque déjà révolue en 1958 d’un cinéma « bricolé » au budget minimaliste et qui se devait d’être inventif. Méliès a été une grande source d’inspiration de même que l’univers de la BD avec des personnages aux traits caricaturaux fortement sympathiques posés devant des décors de cartons dessinés au crayon de bois. On pense aussi au cinéma muet et sa gestuelle théâtrale pour combler le manque de son. Si L’Invention diabolique est un film parlant, on remarquera qu’il n’est pas très bavard (mais très musical) comme pour faire la transition entre deux époques marquantes du cinéma.
Pour en revenir à Méliès sur qui Zeman a lu tout ce qu’il pouvait trouver, ce dernier a réemprunté quelques effets visuels du maître. Notamment (source : la critique de Xavier Kawa-Topor), entre autres emprunts de décors en trompe-l’œil, on repère dans Une Invention diabolique et Le Dirigeable volé, l’énorme volant de la machine à vapeur mû par une bielle du troisième tableau de Voyage à travers l’impossible et le sous-marin des tableaux 3, 32 à 37 de ce même film (à savoir que le viaduc métallique du sixième tableau est également repris dans Le Dirigeable volé).
Bien sûr on peut trouver l’histoire très gentillette mais elle renvoie elle aussi à toute une littérature d’aventures rocambolesques, d’une littérature populaire qui se voulait moins scientifique que distrayante, à ces romans-feuilletons de la fin du XIXe siècle dont on s’arrachait les fascicules. Et en ça on retrouve tout l’imaginaire de Jules Verne : les sous-marins, les magnifiques fonds marins et leurs faunes colorées (c’est en noir et blanc, mais moi j’y ai vu plein de couleurs), son poulpe, son île-volcan, ses dirigeables… Croire que pour autant le fond est pauvre serait une erreur. Zeman dresse ici un vibrant réquisitoire contre la guerre. Et rien que pour ça, il faut le rapprocher d’un autre contemporain de Jules Verne, Albert Robida, grand illustrateur et caricaturiste (auquel on songe immédiatement à la vue des navires cuirassés et des vélos-dirigeables et autres aérostats fantastiques), mais aussi grand dénonciateur et anticipateur des guerres futures.
Le roman d’ailleurs de Jules Verne, Face au drapeau, bien que plus sombre que cette libre adaptation, anticipait déjà l’ère du nucléaire.
1958 Karel Zeman L’Invention diabolique (Vynález zkázy) [Animation – N&B – 83mn] avec Lubor Tokos, Jana Zatloukalova, Miroslav Holub, Arnost Navratil
- Erwelyn -
Autres articles d’Erwelyn :
Richard Matheson : Steel – L’Indéracinable (1956) / Ray Bradbury : The Jar – Le Bocal (1944) / Kim Stanley Robinson : Venice Drowned – Venise Engloutie (1981) /A.M. Burrage : The Waxwork – Figures de Cire (1931)
Ça bouge tout le temps du côté de CosmoFiction ! Voici les dernières publications du blog avec toujours du post-apocalyptique à en être irradié, mais aussi Jerry Goldsmith, LEVIATHAN, LEGEND et beaucoup d’instantanés (cliquez sur les titres pour y accéder).
DERNIERS ARTICLES DE COSMOFICTION DANS L’ORDRE DE LEUR PUBLICATION :
Instantané : POLTERGEIST (1982)
Le post-apocalyptique des années 80 (4e partie)
Musique : LEVIATHAN – Main Titles / Underwater Camp
Instantané : HURLEMENTS (1981)
Rapido Spécial Jerry Goldsmith (1987)
Instantané : CONAN LE BARBARE (1982)
Cosmopage : Dossier EVIL DEAD – numéro 2 – juin 1988
Instantané : LES MAÎTRES DU TEMPS (1982)
Le post-apocalyptique des années 80 (5e partie)
Quelques dernières critiques de la part de Di Vinz pour les Altaïriens !
EUROPA REPORT
De Sebastián Cordero
Avec Christian Camargo, Embeth Davidtz, Sharlto Copley…
Bienvenue à bord de l’astronef Europa Ventures envoyé sur l’une des lunes de Jupiter afin d’y forer la surface glacée et qui sait, peut-être y trouver de la vie ? L’équipage devra surmonter plusieurs crises durant un voyage mouvementé, puis faire face à l’inconnu…
Réalisé façon télé-réalité, caméra fixe ou au poing, ce qui n’est pas sans rappeler un certain DISTRICT 9 dans lequel a joué Sharlto Copley (aussi vu dans ELYSIUM), cet EUROPA REPORT est assez immersif de part son ambiance oppressante, son calme et sa sobriété, et plutôt malin dans les entremêlements de sa construction. Par exemple, on sait d’entrée que l’un des membres d’équipage n’arrivera pas à destination, puisqu’il est présent lors des premiers flash backs, mais absent sur la lune de Jupiter ; cela créé immédiatement un regain d’intérêt, car on veut tout simplement savoir ce qui s’est passé. Dans l’ensemble le déroulement est basé sur le suspens, le jeu des acteurs et la réalisation le souligne assez bien. Il n’y a pas d’intrigue, et l’action est inexistante, ce qui pourrait refroidir les adeptes de films un peu plus punchy, néanmoins l’attention est attirée, et le film reste captivant. Doté d’un petit budget, EUROPA REPORT n’a pourtant rien à envier aux meilleurs films du genre.
I, FRANKENSTEIN
De Stuart Beattie
Avec Aaron Eckhart, Bill Nighy…
Qualifié d’UNDERWORLD du pauvre, de nanar de l’année, ou encore de profanateur de l’œuvre originale dont il est librement adapté, I, FRANKENSTEIN s’est fait littéralement détruire par la critique. Il faut bien admettre que son scénario n’est qu’un prétexte à une débauche d’effets visuels…
En quête de sa véritable nature depuis deux cents ans, la Créature de Frankenstein, renommée Adam, se retrouve mêlée à une guerre entre les Gargouilles de Dieu et les Démons de Satan. Pas vraiment cérébral c’est certain, néanmoins le côté série B semble complètement assumé. Ce n’est ni plus ni moins qu’une avalanche de bastons et d’effets spéciaux, plutôt bien foutus d’ailleurs, dans laquelle Aaron Eckhart (Harvey Dent/Double-Face dans THE DARK NIGHT) fait de son mieux pour jouer l’anti-héros paumé et enragé. Alors oui le pitch est grotesque et Mary Shelley se retourne sûrement dans sa tombe, néanmoins, ce fait est si indéniable que le film gagne en légéreté. Sans aller jusqu’à dire qu’il gagne de l’intérêt par son inintérêt, je constate qu’au delà des prises de liberté et de la pauvreté du scénar, la direction artistique et la réalisation sont tout à fait corrects. I, FRANKENSTEIN est plus un pop-corn movie bourrin qui se laisse regarder, à l’image d’un PACIFIC RIM, qu’une réelle adaptation, puisque trop éloigné de l’œuvre originale. Restent les fans du mythe de Frankenstein, qui eux, peuvent crier au scandale.
- Di Vinz -
Autres critiques de Di Vinz :
Critiques express / Oblivion / Upside Down / Cloud Atlas / Iron Man 3 / After Earth /Star Trek Into Darkness / Man of Steel / World War Z / Pacific Rim – Wolverine, le Combat de l’Immortel – R.I.P.D. Brigade Fantôme / Elysium / Thor, le Monde des Ténèbres / Le Hobbit : La Désolation de Smaug / Snowpiercer, le Transperceneige / Critiques express DVD, Blu-ray et ciné / X-Men Days of Future Past
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LES BRAS DE FER & LE CŒUR SOLEIL
Histoire de remettre de l’huile sur les courts-métrages fantastiques calédoniens, en voici deux petits nouveaux, bien qu’ils datent déjà de 2011. Tournés par Philippe Crifo et Théo Quillier dans le cadre de leurs études niçoises, ces deux courts-métrages d’animation gardent la simplicité mais aussi la poésie de leurs premiers films. Je vous propose de revenir un peu en arrière sur notre article sur VERS LE PETIT COIN ET AU-DELÀ pour reprendre et suivre leur parcours depuis 2008.
BRAS DE FER, LE COEUR SOLEIL et VERS LE PETIT COIN ET AU-DELÀ ayant été supprimés de YouTube sans que j’en connaisse la raison, je vais simplement en dire quelques mots. Ce sont avant tout des films tournés sur le principe du très court-métrage d’animation, donc simples, efficaces et rapidement visionnables.
BRAS DE FER est le plus léger des deux courts-métrages présentés aujourd’hui. Fin, amusant, souvent touchant et teinté d’une petite philosophie sur les dérapages et la déshumanisation du modernisme.
Un vieillard se laisse vivre entouré de bras mécaniques le sortant du lit, le transportant de pièces en pièces, préparant son repas, récupérant son courrier… Jusqu’au jour où tout se dérègle à cause d’un fruit avarié jeté trop près du disjoncteur…
LE CŒUR SOLEIL est très différent. On est plus proche d’une forme de space-opera teinté de poésie lunaire qui pourrait se rapprocher des longs-métrages de René Laloux ou de Jean-François Laguionie, bien que Théo Quillier et Philippe Crifo aient un style, une sensibilité et un imaginaire qui leur sont propres.
Toute sa vie, un capitaine de frégate de l’espace traque une baleine avaleuse de mondes…
Pour ce qui constitue la suite du parcours de Théo & Phil, je sais que Théo Quillier tournait en 2012 des vidéos artistiques pour le slameur Paul Wamo.
Et voici pour conclure cet article un autre court-métrage d’animation réalisé par Philippe Crifo sans son compère : PERINDE AC CADAVER. Court-métrage réalisé en 9 mois durant la dernière année de l’ESRA-Nice en cursus de Sup’infographie.
Voici PERINDE AC CADAVER qui est déjà à des années-lumières (si j’ose dire) de VERS LE PETIT COIN ET AU-DELÀ et dans un univers de SF déjà très moderne. Nous vous laissons découvrir son intrigue poignante et à la limite d’un surréalisme futuriste.
- Trapard -
Autres courts-métrages présentés dans Court-Métrage Fantastique Calédonien :
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Quatorze ans après le premier X-MEN, Brian Singer revient aux commandes d’une production Marvel et réalise X-MEN DAYS OF FUTURE PAST, un film attendu impatiemment par un large public comme en témoigne son bon démarrage au box-office français. Malgré un excellent prequel (X-MEN LE COMMENCEMENT), la franchise restait sur un épisode moyen centré sur (je vous l’donne en mille) Wolverine et semblait quelque peu s’essouffler, c’était sans compter l’arrivée de ce nouvel opus mettant en scène à la fois les mutants du présents et ceux du passé.
Le film débute dans un futur chaotique où les mutants sont traqués par les « sentinelles ». Ces robots ultra perfectionnés capables d’adapter leur métabolisme en fonction des pouvoirs de l’adversaire peuvent venir à bout des mutants les plus puissants. Malgré une tactique ingénieuse consistant à renvoyer l’un d’entre eux dans le passé pour prévenir des attaques, notre groupe de X-Men survivants est très mal engagé dans cette guerre. Le professeur X et Magneto décident alors d’envoyer quelqu’un plus en arrière dans le temps pour stopper le mal à sa source. Seul Logan/Wolverine peut encaisser le voyage. Voilà donc notre mutant griffu balancé dans son corps des seventies, avec pour mission de contrôler Raven/Mystique, avant qu’elle ne se fasse capturer par ceux qui plus tard utiliseront ses gênes pour créer les redoutables sentinelles « adaptables ». Pour ça Wolverine devra convaincre les versions jeunes du Professeur Charles Xavier et de Magneto de l’aider, il pourra aussi compter sur d’autres mutants de l’époque.
Sur un ton très sombre, le prologue met en scène la tragédie du peuple mutant et nous plonge dans l’histoire rapidement. Après un mini générique à l’ancienne, ça commence fort avec un gros combat plutôt bien orchestré, exploitant les pouvoirs de chaque X-men à merveille. On y retrouve certaines têtes connues et de nouveaux visages, formant un groupe soudé de combattants, de vrais frères d’armes. Puis Wolverine fait un saut dans le temps et on suit avec un certain plaisir ses péripéties dans le passé. Le mutant immortel garde une importance majeure mais cette fois-ci il n’est plus le seul, en effet le trio des jeunes Professeur X, Magneto et Mystique sont au cœur de l’intrigue, et certains rôles secondaires sont momentanément privilégiés, ainsi chacun a droit à son petit moment de gloire, ce qui donne parfois lieu à des séquences magistrales. On relèvera évidemment quelques incohérences, notamment au sujet de Quicksilver, qui est sensé être le fils de Magneto, mais qui ici n’est plus qu’un jeune voleur de biscuits (cela dit seuls les puristes s’en offenseront). La suite du film est moins excitante, il y a un ventre mou dans lequel on peine à s’intéresser à la trame, qu’on nous ré-explique cent fois pour être sûr qu’on a bien compris. Néanmoins les scènes d’action restent spectaculaires et les relations entre les personnages sont tissées de manière intelligentes, quand aux rebondissements ils sont rares mais vraiment inattendus. On apprécie le retour de Brian Singer et cette efficacité dans l’enchaînement des séquences, sans quoi le spectateur aurait pu s’embrouiller dans les périodes avec tous ces sauts dans le temps, on aime aussi sa façon de disséminer des clins d’œil aux précédents opus.
Le film a tout pour lui, des effets visuels magnifiques, de l’humour, un bon scénar… Cependant, une pointe de déception s’est quand même manifestée, d’abord à cause du ventre mou dont j’ai parlé, mais parce que j’ai l’impression d’avoir assisté à un nouveau prequel. C’est une bonne chose en un sens puisqu’on a d’ores et déjà envie de voir le prochain épisode, mais on reste à chaque fois sur un sentiment d’inachevé. Le point le plus positif c’est le casting phénoménal et l’empathie créée avec ces personnages qui risquent de devenir récurrents à l’instar de Wolverine. La déchéance de Charles Xavier, les doutes de Mystique, la perfidie de Magneto, l’impuissance des X-men face aux sentinelles, tout ça est très bien retranscrit. [spoiler] J’ajouterais que la dernière scène avec les retours de Cyclop et Jean Grey est un régal.[/spoiler]
Verdict final: dans l’ensemble ce DAYS OF FUTURE PAST demeure une franche réussite, pourtant on en gardera pas un souvenir impérissable. On attend maintenant X-MEN APOCALYPSE, teasé dans la scène post-générique.
Bonus !
Un mot sur la prestation d’Omar Sy. Son personnage, Bishop, est secondaire et on ne le voit que très peu, de plus il n’est pas très loquace. Le mec doit avoir trois répliques de trois mots… Malgré la faiblesse du rôle, l’interprétation de notre Français sonne juste, il fait ce qu’il peut pour rendre expressif ce personnage bourrin et mystérieux qu’est Bishop. Il s’en sort au moins aussi bien que ses potes X-men de second rang, on peut donc le féliciter (clap, clap, clap !).
- Di Vinz -
Autres critiques de Di Vinz :
Critiques express / Oblivion / Upside Down / Cloud Atlas / Iron Man 3 / After Earth /Star Trek Into Darkness / Man of Steel / World War Z / Pacific Rim – Wolverine, le Combat de l’Immortel – R.I.P.D. Brigade Fantôme / Elysium / Thor, le Monde des Ténèbres / Le Hobbit : La Désolation de Smaug / Snowpiercer, le Transperceneige / Critiques express DVD, Blu-ray et ciné
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Terence Tesh Chevrin est aujourd’hui célèbre en Nouvelle-Calédonie pour avoir réalisé Ni 28 – STRATE 1, grand succès sur le Caillou et premier long-métrage calédonien de SF récompensé dans plusieurs festivals américains (Fright Night Film Fest Kentucky 2013, Miami International Science-Fiction Film Festival 2014, et il vient d’être nominé au Toronto International Film and Video Awards !). Dans cette interview exclusive, Terence répond aux questions de Trapard, il évoque les difficultés à produire un long-métrage sur le Caillou et les prochaines suites de Ni 28 – STRATE 1. Un grand merci à lui et à Trapard !
Bonjour Terence. Cette interview sur Les Échos d’Altaïr pour continuer de suivre ton parcours depuis la sortie du long-métrage Ni 28 pour lequel tu nous avais aimablement invité à son avant-première. La question qui brûle la peau de mes doigts sur le clavier sur lequel je te prépare cette interview écrite est la suivante : que devient Ni 28 ?
Comme tu le sais, Ni 28 est une trilogie, un projet de Films avec un grand F. Monter un projet de long-métrage est une tâche ardue, le cinéma étant une entreprise humaine et financière très lourde. Et ça l’est encore plus quand l’on transpose cette ambition à un petit pays comme la Nouvelle-Calédonie, où il n’existe aucune industrie cinématographique, où les techniciens manquent, où les comédiens ne peuvent exercer à plein temps, et où rentabiliser un tel investissement est difficile. Si tu rajoutes à ça les thèmes et genres que j’aborde (les soucis du pays, les conflits sociaux et politiques, teinté de SF et de dystopies en tout genre), la difficulté s’amplifie grandement. Cette situation est alarmante mais connue de ma part depuis que j’ai décidé de me lancer dans cette aventure. Je suis un enfant du pays qui va réaliser des films, un point c’est tout.
Concrètement, l’écriture du second et du troisième volet de la trilogie est sur la fin. J’éprouve encore les situations et personnages, je les alimente en m’imprégnant du quotidien des Calédoniens. Ces films se doivent d’être contemporains. Les recherches de financements ne devraient pas tarder à débuter, nous souhaitons tourner les deux films en même temps, l’an prochain.
Je voudrais revenir sur Terence Chevrin, et non pas sur le réalisateur mais sur le jeune homme. J’ai encore chez moi ton court-métrage Hna Gopi Tàà qui date de 2004 et qui m’avait touché, non pas pour sa partie technique, mais pour le message écologiste (déjà!) sous-entendu et assez fataliste. Mais aussi pour cet échange culturel et humain que ma génération issue des Évènements a mis, dans une certaine généralité, plus de temps à aborder. Ce jeune Terence de 2004 et d’avant son départ pour des études métropolitaines, était-il avant tout un cinéphile, un rêveur ou un curieux-de-tout ?
Plus un rêveur je dirais ! C’est l’apanage des gens qui veulent raconter des histoires je pense, ensuite seulement l’expérience nous fait accomplir des choses. Mais on passe énormément de temps à imaginer, croire, positiver. À cette époque je passais mon Bac, la vie n’était pas vraiment difficile, celle que l’on nomme « active » n’existait pas encore, le temps était à revendre et on rêvait notre vie plus qu’autre chose. Aujourd’hui je rêve encore plus ! Mais je passe à l’action.
Les thèmes abordés dans Hna Gopi Tàà sont simples d’approches mais nombreux : l’importance du Dialogue (en général) entre les hommes, la fatalité du changement, ses bénéfices et ses malheurs… Pour moi, ce court-métrage était surtout l’opportunité de me mettre à la place de quelqu’un d’autre, d’une autre communauté, de réfléchir à certains aspects de l’expansion de la Calédonie et de prendre du recul. Je mène encore cette réflexion aujourd’hui dans mes projets, elle m’aide à voir plus loin et à analyser mon pays.
Depuis Ni 28 dont tu avais annoncé deux suites, tu as tourné des clips musicaux. Arrives-tu à allier passion et gagne-pain dans ce métier en Nouvelle-Calédonie ? Et existe-t-il d’autres manières d’aborder la réalisation qui te font rêver, que ce soit au niveau du format (documentaires, reportages, expérimentations diverses…) ou de ta manière de travailler ?
Oui, j’arrive à survivre grâce à l’audiovisuel. En réalisation, mais parfois en assistanat de réalisation (organisation logistique et artistique d’un tournage). Je réalise parfois des pubs mais plutôt quand la disette guète. Je pourrais gagner plus d’argent mais je ne pourrais plus mener à bien mes projets personnels, alors j’essaie de doser. Je tiens encore, malgré les coups durs qui mettent parfois à rude épreuve ma motivation. C’est ma passion, je l’assume sans me plaindre. Toutefois, le statut de l’artiste en Calédonie est particulièrement à chier, ce qui n’est pas pour rendre service aux gens qui se bougent pour créer.
Quant aux différents formats de médias, il s’agit là de différents types de réalisations. Tout me plait dans m’absolu, mais rien ne pourra être prioritaire sur le long-métrage. Je m’en fais mon objectif, passer du temps sur d’autres supports ne me ferait plus progresser en fiction, et j’ai encore tellement à apprendre.
Enfin, depuis ton retour, t’es-tu fait une idée générale des métiers de l’audiovisuel en Nouvelle-Calédonie ?
Il est évident qu’en Nouvelle-Calédonie, pour essayer de vivre de l’audiovisuel, il faut savoir être multi-casquettes. Cette polyvalence à énormément de défauts puisqu’elle nous empêche d’être excellent partout. Le four, le moulin, et on donne de mauvaises habitudes aux productions qui gardent en référence nos pratiques galériennes : un « Oui, oui, je fais tout ! » et on pourra peut-être payer son loyer. Malheureusement ce n’est pas comme cela que l’on fait avancer son secteur. On ne peut pas se prétendre professionnel en improvisant un métier, c’est paradoxal. C’est sûr, le secteur n’est pas tout à fait développé, il est très difficile de se spécialiser. Et comme les métiers manquent aussi, il n’y a parfois plus de compétition, les gens ne font plus d’efforts car leur place est acquise. C’est le pire. À contrario, certains techniciens s’avèrent être indispensables sur des projets. On a de tout ! Malheureusement, certains quittent le pays par manque de boulot ou d’ambition de la part des productions et porteurs de projets…
Le tournage de Ni 28 – Strate II & III aura donc la lourde tâche d’être une vraie première pour le secteur local, habitué aux périodes courtes et avec peu de moyens, mettant en place une logistique sans précédent et porté par une ambition légèrement démesurée ! Quand faut y aller…
Merci Terence.
Merci Jimmy !