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INTERVIEW EXCLUSIVE DE TERENCE TESH CHEVRIN, RÉALISATEUR DE Ni 28 – STRATE 1

Posté le 21 mai 2014

INTERVIEW EXCLUSIVE DE TERENCE TESH CHEVRIN, RÉALISATEUR DE Ni 28 - STRATE 1 dans Entretien 13100208544615263611602685

Terence Tesh Chevrin est aujourd’hui célèbre en Nouvelle-Calédonie pour avoir réalisé Ni 28 – STRATE 1, grand succès sur le Caillou et premier long-métrage calédonien de SF récompensé dans plusieurs festivals américains (Fright Night Film Fest Kentucky 2013, Miami International Science-Fiction Film Festival 2014, et il vient d’être nominé au Toronto International Film and Video Awards !). Dans cette interview exclusive, Terence répond aux questions de Trapard, il évoque les difficultés à produire un long-métrage sur le Caillou et les prochaines suites de Ni 28 – STRATE 1. Un grand merci à lui et à Trapard !

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Bonjour Terence. Cette interview sur Les Échos d’Altaïr pour continuer de suivre ton parcours depuis la sortie du long-métrage Ni 28 pour lequel tu nous avais aimablement invité à son avant-première. La question qui brûle la peau de mes doigts sur le clavier sur lequel je te prépare cette interview écrite est la suivante : que devient Ni 28 ?

Comme tu le sais, Ni 28 est une trilogie, un projet de Films avec un grand F. Monter un projet de long-métrage est une tâche ardue, le cinéma étant une entreprise humaine et financière très lourde. Et ça l’est encore plus quand l’on transpose cette ambition à un petit pays comme la Nouvelle-Calédonie, où il n’existe aucune industrie cinématographique, où les techniciens manquent, où les comédiens ne peuvent exercer à plein temps, et où rentabiliser un tel investissement est difficile. Si tu rajoutes à ça les thèmes et genres que j’aborde (les soucis du pays, les conflits sociaux et politiques, teinté de SF et de dystopies en tout genre), la difficulté s’amplifie grandement. Cette situation est alarmante mais connue de ma part depuis que j’ai décidé de me lancer dans cette aventure. Je suis un enfant du pays qui va réaliser des films, un point c’est tout.

Concrètement, l’écriture du second et du troisième volet de la trilogie est sur la fin. J’éprouve encore les situations et personnages, je les alimente en m’imprégnant du quotidien des Calédoniens. Ces films se doivent d’être contemporains. Les recherches de financements ne devraient pas tarder à débuter, nous souhaitons tourner les deux films en même temps, l’an prochain.

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Je voudrais revenir sur Terence Chevrin, et non pas sur le réalisateur mais sur le jeune homme. J’ai encore chez moi ton court-métrage Hna Gopi Tàà qui date de 2004 et qui m’avait touché, non pas pour sa partie technique, mais pour le message écologiste (déjà!) sous-entendu et assez fataliste. Mais aussi pour cet échange culturel et humain que ma génération issue des Évènements a mis, dans une certaine généralité, plus de temps à aborder. Ce jeune Terence de 2004 et d’avant son départ pour des études métropolitaines, était-il avant tout un cinéphile, un rêveur ou un curieux-de-tout ?

Plus un rêveur je dirais ! C’est l’apanage des gens qui veulent raconter des histoires je pense, ensuite seulement l’expérience nous fait accomplir des choses. Mais on passe énormément de temps à imaginer, croire, positiver. À cette époque je passais mon Bac, la vie n’était pas vraiment difficile, celle que l’on nomme « active » n’existait pas encore, le temps était à revendre et on rêvait notre vie plus qu’autre chose. Aujourd’hui je rêve encore plus ! Mais je passe à l’action.

Les thèmes abordés dans Hna Gopi Tàà sont simples d’approches mais nombreux : l’importance du Dialogue (en général) entre les hommes, la fatalité du changement, ses bénéfices et ses malheurs… Pour moi, ce court-métrage était surtout l’opportunité de me mettre à la place de quelqu’un d’autre, d’une autre communauté, de réfléchir à certains aspects de l’expansion de la Calédonie et de prendre du recul. Je mène encore cette réflexion aujourd’hui dans mes projets, elle m’aide à voir plus loin et à analyser mon pays.

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Depuis Ni 28 dont tu avais annoncé deux suites, tu as tourné des clips musicaux. Arrives-tu à allier passion et gagne-pain dans ce métier en Nouvelle-Calédonie ? Et existe-t-il d’autres manières d’aborder la réalisation qui te font rêver, que ce soit au niveau du format (documentaires, reportages, expérimentations diverses…) ou de ta manière de travailler ?

Oui, j’arrive à survivre grâce à l’audiovisuel. En réalisation, mais parfois en assistanat de réalisation (organisation logistique et artistique d’un tournage). Je réalise parfois des pubs mais plutôt quand la disette guète. Je pourrais gagner plus d’argent mais je ne pourrais plus mener à bien mes projets personnels, alors j’essaie de doser. Je tiens encore, malgré les coups durs qui mettent parfois à rude épreuve ma motivation. C’est ma passion, je l’assume sans me plaindre. Toutefois, le statut de l’artiste en Calédonie est particulièrement à chier, ce qui n’est pas pour rendre service aux gens qui se bougent pour créer.

Quant aux différents formats de médias, il s’agit là de différents types de réalisations. Tout me plait dans m’absolu, mais rien ne pourra être prioritaire sur le long-métrage. Je m’en fais mon objectif, passer du temps sur d’autres supports ne me ferait plus progresser en fiction, et j’ai encore tellement à apprendre.

Enfin, depuis ton retour, t’es-tu fait une idée générale des métiers de l’audiovisuel en Nouvelle-Calédonie ?

Il est évident qu’en Nouvelle-Calédonie, pour essayer de vivre de l’audiovisuel, il faut savoir être multi-casquettes. Cette polyvalence à énormément de défauts puisqu’elle nous empêche d’être excellent partout. Le four, le moulin, et on donne de mauvaises habitudes aux productions qui gardent en référence nos pratiques galériennes : un « Oui, oui, je fais tout ! » et on pourra peut-être payer son loyer. Malheureusement ce n’est pas comme cela que l’on fait avancer son secteur. On ne peut pas se prétendre professionnel en improvisant un métier, c’est paradoxal. C’est sûr, le secteur n’est pas tout à fait développé, il est très difficile de se spécialiser. Et comme les métiers manquent aussi, il n’y a parfois plus de compétition, les gens ne font plus d’efforts car leur place est acquise. C’est le pire. À contrario, certains techniciens s’avèrent être indispensables sur des projets. On a de tout ! Malheureusement, certains quittent le pays par manque de boulot ou d’ambition de la part des productions et porteurs de projets…

Le tournage de Ni 28 – Strate II & III aura donc la lourde tâche d’être une vraie première pour le secteur local, habitué aux périodes courtes et avec peu de moyens, mettant en place une logistique sans précédent et porté par une ambition légèrement démesurée ! Quand faut y aller…

Merci Terence.

Merci Jimmy !

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4 commentaires pour « INTERVIEW EXCLUSIVE DE TERENCE TESH CHEVRIN, RÉALISATEUR DE Ni 28 – STRATE 1 »

  1.  
    trapard
    25 juin, 2014 | 19:13
     

    Cette année, Terence Chevrin présente un clip pour Boagan à la 9e édition du concours de clips au Festival de La Foa.

    https://vimeo.com/98408728

  2.  
    A. GAUTIER DAUMAS
    1 décembre, 2014 | 4:06
     

    Bonsoir,

    Nous allons nous rendre prochainement en Nelle Calédonie que ns ne connaissons pas encore bien que notre fille y réside depuis 3 ans.
    Elle travaille elle aussi dans l’audio-visuel et le cinéma.
    Nous connaissons bien sûr NI 28 et souhaitons que l’opus II puis III voient le jour…A bientôt peut-être. Très cordialement…

  3.  
    trapard
    8 avril, 2015 | 3:35
     

    Au fait, au milieu des années 90, j’ai assisté à une projection privée du long-métrage post-apocalyptique de Paul K. Dupré, LES SENTINELLES DU TEMPS. C’était vers 1997, il me semble, dans un petit local du centre-ville où Paul tentait de rattraper une mauvaise prise de son. Il m’avait projeté son film en entier avec les parties sonores manquantes.
    Le long-métrage n’a jamais été diffusé nulle part mais je me souviens de longues séquences tournées dans le Sud et de plusieurs personnages dont un vieillard qui tentait de partager une éducation équilibrée à un enfant orphelin. Il y avait des passages dignes de SOLEIL VERT où le vieillard faisait redécouvrir des éléments du passé au garçon avec des objets, de la nourriture et de la musique. Puis il y avait d’autres personnages secondaires, un peu comme dans ces films post-apocalyptiques où des groupes d’humains se sont repliés en communautés, et le vieux et l’orphelin vivaient parmi eux un peu en retrait. Il y avait aussi des scènes tournées en intérieur, dans des grottes ou de grosses crevasses du Sud, du côté de Yaté il me semble.
    Après ça, je n’ai plus jamais entendu parler de ce film et c’est bien dommage, d’autant que les longs-métrages de SF ne courent pas les rues en Calédonie. Du coup, NI-28 est le premier long-métrage de SF qui a été exploité et diffusé.

  4.  
    trapard
    8 avril, 2015 | 4:48
     

    Ici, un très bon clip de rock par Terence Chevrin :

    https://www.youtube.com/watch?v=yqdXLdMw5hk

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