Christophe Maunier est vidéaste calédonien fan de Fantastique, mais il s’adonne aussi à la photographie, à la programmation et à la retouche d’images. Dans cette interview réalisée par notre dévoué Trapard (on dit merci à qui encore une fois, hein ?), nous faisons connaissance avec Christophe, son passé, son présent et aussi son avenir !
Bonjour Christophe. J’ai découvert ton travail de vidéaste à travers les divers concours de courts-métrages du Marathon de l’Image au Festival du cinéma de La Foa aux alentours de 2008, tout en découvrant parallèlement ton goût prononcé pour la photographie, la programmation et la retouche d’images via les réseaux sociaux et divers blogs calédoniens. En 2014, tu es déjà très loin de tes premiers courts-métrages, dont le premier que tu as symboliquement titré ERREURS est du pur space opera. Et tu es déjà un nom bien connu sur le marché du clip musical calédonien ou au niveau de tes différents projets et expérimentations personnels et collectifs, dont le Five Club que Manuella Ginestre a déjà présenté sur ce blog. Peux tu nous expliquer qui est Christophe Maunier à l’origine : un cinéphile, un geek, une sorte de « Géo-Trouve-Tout » de l’Image, un fan de SF ? Peux tu cocher les bonnes cases et nous indiquer celles qui manquent, en nous parlant de ton parcours personnel ?
Salut Jimmy ! Alors, mon rapport à l’image a toute une histoire. J’ai demandé il y a peu, à mes grands parents, ce que je disais quand on me demandait, quand j’étais petit, ce que je voulais faire quand je serais grand, et je répondais tout le temps « raconter des histoires »… J’ai donc tout naturellement commencé à faire du théâtre, j’ai adoré ça mais j’ai dû arrêter quand je suis allé en France. Là-bas, je n’ai rien fait en rapport avec l’image ou le cinéma. Une fois de retour, je rencontre une fille qui fait de la photo, je craque pour elle, on sort ensemble quelque temps et elle me quitte… Pour « l’impressionner » je décide de m’acheter un superbe appareil photo, ça ne l’impressionne pas du tout, par contre, j’y prends goût, à la photo… et je découvre que ce même appareil peut aussi faire de la vidéo… C’est comme ça que j’ai vraiment commencé à m’y mettre et ça explique pourquoi je fais les deux en parallèle aujourd’hui.
L’anecdote de « Géo-Trouve-Tout » est marrante car c’était mon personnage préféré dans les Mickey Magazine… et c’est un peu ce qui me définirait aujourd’hui ! Lors de ma première interview par Jessy Deroche, à l’époque de « Story Board », la regrettée seule émission à parler du cinéma local, il avait dit que j’étais une nouvelle « race » de réalisateur car je filmais avec un appareil photo, et crois moi, certains ici me regardaient de haut quand ils apprenaient ça… Aujourd’hui, tout le monde le fait, même sur des projets cinéma ! Donc, en plus d’aimer les défis, j’aime être à la pointe de ce qu’il se fait, et si ça peut se bidouiller, ça va encore plus me plaire (Utile à préciser, pour gagner ma vie, je suis informaticien, ce qui me facilite grandement la vie dès qu’il s’agit de bidouiller des choses avec un logiciel dedans) !
Plus que de la SF, je suis fan de Fantastique, et j’aime l’idée que ces choses improbables puissent arriver dans notre quotidien… Et je ne dis pas ça au hasard aujourd’hui…
En regardant tes divers courts-métrages, je te trouve souvent drôle comme avec RUGARU KILU, LA LIGUE DES JUSTICIERS CALÉDONIENS et quelques autres plus récents. Et à l’inverse, on peut te trouver plus sérieux, plus lyrique même, avec le court, JE NE SAIS PAS CE QU’IL S’EST PASSÉ. As-tu un style de prédilection ou préfères-tu laisser vaguer ton inspiration au grès des moments ?
Pour moi, mettre en scène de la comédie, il n’y a rien de plus simple, je n’ai pas besoin de faire d’effort pour raconter des histoires drôles, donc je trouve naturellement le ton pour les mettre en scène… C’est pourquoi j’ai commencé par ça !
En plus de mes recherches pour m’améliorer techniquement, je voulais être sûr de comprendre les subtilités de la mise en scène. Aujourd’hui, je n’ai aucune prétention, mais j’aime penser que mon niveau a très largement évolué, en bien, et je m’autorise donc à aborder des sujets plus sérieux, voire plus dramatique. À part LES SONDEURS, aucun de mes prochains projets n’est humoristique, au risque de décevoir les fans de mon humour légendaire (lol), je vais sur du cinéma d’anticipation, car j’aime critiquer la société et tous mes films essaient de faire passer un petit message plus ou moins subtilement… Les prochains ne seront plus subtiles du tout !
Il y a quelque temps, tu nous parlais de ton envie de tourner une série de courts-métrages post apocalyptiques, peux tu nous en dire plus ?
Déjà, ma vision du « post-apo » est un peu différente du classique, on peut le vivre de différentes manières, à diffèrents degrés, et je vais jouer là-dessus. J’ai toujours aimé ça, l’idée de reconstruire une société à partir des cendres de la précédente… Difficile à mettre en scène à mon niveau, alors je vais faire des choses plus simples. Avec Fabien Dubedout, qui est aussi le scénariste des SONDEURS, on a eu une idée qu’on n’a pas eu le temps de faire il y a deux ans au Marathon de l’Image, le thème était « Après la fin du monde ». Cette idée a eu le temps de mûrir et on a commencé à entrevoir des choses plus intéressantes à exploiter qu’en une seule minute. Ce n’est pas la première fois que je fais ça, j’avais aussi eu cette démarche avec QUE LA LUMIÈRE SOIT, où j’avais présenté une version « ratée » du film au marathon. L’idée a mûri et deux ans plus tard, j’avais un film, certes, de deux minutes, mais très largement meilleur que le premier, partant pourtant exactement de la même base ! Je pense que là aussi on va dans la même direction. En parallèle à cette idée, j’avais envie de faire un autre film sur notre avenir, mais en choisissant l’angle des dérives économiques et leurs conséquences sur notre société. De là est née une idée assez énorme, mais pas facile à réaliser, alors je me suis demandé : pourquoi ne pas créer un univers et plusieurs films ayant pour unique point commun cet univers ? L’anarchie en fera forcement partie et donc certaines parties du monde seront forcement dévastées, quant à d’autres parties, bien plus infimes, elles seront « préservées »… Mais à quel prix?
J’ai aussi l’intention de réaliser un faux documentaire avec un autre point de vue, plus positif, mais en essayant de rester réaliste, faire de vraies interviews de gens, dans la rue, à propos d’une fausse utopie économique et sociale… et présenté par un faux candidat aux élections qui, pour la première fois, est pris au sérieux !
Tu es un des cinq doigts du collectif Five Club avec lequel tu tournes LES SONDEURS, peux-tu nous raconter cette aventure de ton point de vue après celui de Manuella Ginestre ?
Le Five Club est né de la volonté de partager nos connaissances pour réaliser des projets de plus grande envergure. LES SONDEURS en est le premier exemple, mais on a d’autres projets dans notre besace, comme la création d’un site internet pour promouvoir le cinéma local via 3 axes: un historique des concours locaux, des cours de cinéma (simples et accessibles à tous) et une base de données, a la IMDB, avec les acteurs/réalisateurs/techniciens locaux et les projets/bandes-annonces sur lesquels ils ont travaillé, tout sera lié !
Mais revenons aux SONDEURS et au Five Club. On a donc eu envie de faire des choses et de mélanger nos compétences, et à l’usage ce n’est pas évident car on a tous appris différemment, et on n’aime pas forcément le même cinéma, on a donc pas toujours le même point de vue et ça reste la plus grosse difficulté. Cependant, on est très soudés et seuls deux membres du F.C. ont géré à eux seuls (j’insiste !) toute la préparation des SONDEURS car le reste de l’équipe n’était pas disponible pendant un bon moment, pour des raisons personnelles et/ou de santé ! S’il n’y avait pas cette dynamique, le projet serait à peine en phase de préparation aujourd’hui (alors qu’on commence le tournage très prochainement !). Donc je pense que ça vaut le coup de se prendre la tête de temps en temps.
Comme Manuella l’a précisé il y a peu, LES SONDEURS est un projet assez lourd compte tenu qu’on a mis la barre assez haut dans le grand n’importe quoi cohérent (oui, oui, c’est possible). Pendant plusieurs mois on s’est vu tous les week-ends pour imaginer ensemble les grandes lignes et les personnages, ensuite Fabien Dubedout a saucissonné tout ça aux petits oignons…
On a créé un univers tellement riche qu’on espère ne pas en rester au seul film et le décliner en web-série.
Merci Christophe.
Merci à toi Jimmy !
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Christophe Maunier démarre une page FB dédiée à ses photographies : à suivre…
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