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SCIENCE-FICTION TÉLÉVISÉE POLONAISE DES ANNÉES 60

Posté le 14 août 2014

SCIENCE-FICTION TÉLÉVISÉE POLONAISE DES ANNÉES 60

Voici un petit dossier sans prétention dédié à la SF d’Europe de l’Est et plus précisément à la SF télévisée polonaise, et présentant à nos lecteurs des adaptations TV de l’œuvre de deux grands romanciers de la science-fiction polonaise : Czeslaw Chruszczewski et Stanisłas Lem.

OÙ ES-TU LOUISE ? (1964) de Janusz Kubik

SCIENCE-FICTION TÉLÉVISÉE POLONAISE DES ANNÉES 60 dans Dossier 14081407125915263612451749Pour commencer tranquillement cet article, ce téléfilm polonais de 1964 est tiré de la nouvelle « Fotel na autostradzie » du romancier de science-fiction polonais Czeslaw Chruszczewski (1922-1982). Je vous laisse répéter son nom à haute voix et à plusieurs reprises pour vous entraîner à le prononcer. Czeslaw Chruszczewski (donc toujours lui!) a fait ses débuts d’écrivain en Pologne dans les années 60, en gagnant en popularité dans les années 70 en publiant plusieurs romans, deux anthologies d’histoires courtes de SF, mais aussi des scénarios pour des émissions de radio et de télévision, comme c’est le cas avec OÙ ES-TU LOUISE ? (1964, Gdzie jestes, Luizo ?) pour lequel il a adapté sa propre nouvelle. Certaines des œuvres de Czeslaw Chruszczewski ont été traduites dans plusieurs langues, dont le russe, le tchèque, le hongrois, l’allemand et l’espagnol, mais pas en français. Mais il n’est sûrement pas un inconnu pour les fans de SF old-school puisqu’il a reçu de nombreux prix au Congrès européen de SF à Trieste pour l’ensemble de ses écrits dans la science-fiction (1972), à la Réunion internationale des écrivains de SF à Poznan (1973), et lors du Congrès de SF Eurocontrol II à Grenoble (1974) et Eurocontrol III à Poznan (1976), et il a été vice-président du Comité européen de SF.

14081407151415263612451750 dans Dossier : Science-Fiction TV Polonaise des Années 60

Pour en revenir à OÙ ES-TU LOUISE ?, voici son intrigue : Une entité extraterrestre se pose  sur terre et, cachée dans un cirque, elle choisit quatre personnes représentant l’ensemble de l’humanité. Par l’intermédiaire de son émissaire sur terre, Louise, elles deviennent les spécimens de leurs recherches sur les sources primitives de l’espèce humaine…

OÙ ES-TU LOUISE est un téléfilm très étrange et très typé d’une certaine modernité psychédélique naissante surtout à l’Ouest, comme en Angleterre par exemple. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, la télévision polonaise des années 60 n’était pas dépourvue de petites productions de SF de qualité, souvent courtes, comme le prouvent cette série de téléfilms. OÙ ES-TU LOUISE ? (1964) est surtout une occasion pour son réalisateur, Janusz Kubik, de s’essayer à une longue série d’effets visuels possibles avec les outils audiovisuels de l’époque, cette surenchère accentuant l’irréalité du sujet comme il se doit.

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Stanisław Lem (ou Stanislas Lem en francisant son nom) n’est pas tout à fait un inconnu pour les lecteurs des Échos d’Altaïr car – rappelez-vous – Morbius parlait déjà indirectement de lui dans les Robots-Craignos à propos d’une adaptation de l’un de ses romans inédits en France, « Obłok Magellana » et à propos du film tchécoslovaque de Jindrich Polák, IKARIE XB-1 (1963) et de son robot rigolo.

14081407292915263612451757 dans TrapardWikipédia présente ainsi le romancier polonais : « Stanislas Lem écrit sur l’incommunicabilité entre les humains et les civilisations extra-terrestres et sur le futur technologique de l‘humanité. Il développe des idées sur une société idéale et utopique et explore les problèmes liés à l’existence de l’homme dans des mondes où le progrès technologique supprime tout effort humain. Ses sociétés extra-terrestres mettent en scène des essaims de mouches mécaniques (« L’Invincible ») ou l‘océan pensant (« Solaris ») avec lesquels les Terriens ne peuvent pas communiquer. Des utopies technologiques apparaissent dans Pokoj na Ziemi (Paix sur la Terre) ou dans « La Cybériade ».

Lem est un partisan de la civilisation occidentale. Malgré la censure inhérente au régime staliniste dans lequel il vécut, son œuvre contient une sévère critique du collectivisme. ».

Voici donc deux courts-métrages de la télévision polonaise et réalisés par le duo Marek Nowicki & Jerzy Stawicki, un autre réalisé par le cinéaste Andrzej Wajda, et enfin, un long-métrage fleuve télévisé de space-opéra russe, tous issus de l’imagination de Stanisław Lem.

AMI (1965) de Marek Nowicki & Jerzy Stawicki

14081407325515263612451759Pour commencer, AMI (1965, Przyjaciel) est un téléfilm de 18 minutes tiré de la nouvelle « L’Ami » qui est issue du recueil « Le Bréviaire des Robots » de Stanislas Lem. Une nouvelle dans laquelle un jeune électronicien relate sa rencontre avec un homme étrange, à la recherche de matériel pour un prétendu ami. L’électronicien en question, c’est l’ingénieur Ijon Tichy, personnage central d’une série d’ouvrage tragicomiques de Stanislas Lem dont la plupart des œuvres sont traduites et publiées en France. La plupart des histoires dont l’ingénieur Ijon Tichy est le protagoniste principal sont des historiettes de SF modernes dont la robotique est une des préoccupations centrale , ce qui ne sera pas pour déplaire à Morbius. Et c’est aussi le cas dans AMI (1965, Przyjaciel), un téléfilm à l’ambiance très étrange, voire énigmatique, dont une immense machinerie permet l’alimentation énergétique d’un genre de cyborg à l’apparence humaine.

14081407354615263612451761Pour l’anecdote : le désormais célèbre cinéaste de la Nouvelle-Vague polonaise, Jerzy Skolimowski écrivit le scénario et les dialogues de ce téléfilm et de quelques autres œuvres comme LE COUTEAU DANS L’EAU (1962, Nóż w wodzie), le tout premier long-métrage de Roman Polanski. Ceci alors que Skolimowski suivait les cours de L’École nationale de cinéma de Łódź et qu’il tournait parallèlement sa trilogie ayant pour héros Andrzej Lezczyc, un jeune homme en colère et inadapté qu’il interprétait lui-même devant sa caméra (SIGNE PARTICULIER : NÉANT, WALKOWER et LA BARRIÈRE), ceci aussi avant de s’exiler pour travailler en Angleterre, comme Roman Polanski, et de tourner les classiques qu’on lui connait. Quant à Marek Nowicki & Jerzy Stawicki, ce sont des réalisateurs de la télévision polonaise qui n’ont pas vraiment laissé de traces indélébiles dans l’Histoire du cinéma et de la télévision en dehors de ces deux adaptations courtes de Stanislas Lem.

PROFESSEUR ZAZUL (1965) de Marek Nowicki & Jerzy Stawicki

Autre téléfilm court d’une durée de 22 minutes, toujours réalisé par Marek Nowicki & Jerzy Stawicki, autours du personnage d’Ijon Tichy.

L’intrigue : Ijon Tichy, surpris par l’orage, trouve refuge dans la maison du très antipathique professeur Zazul qui lui dévoile le résultat de ses dernières recherches dans le domaine des maladies mentales… Mais des robots…

Adaptation de la nouvelle « La clinique du docteur Vliperdius » de Stanisław Lem, tirée du recueil « Mémoires d’Ijon Tichy ».

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Comme dans le téléfilm précédent, c’est l’acteur polonais essentiellement de théâtre, Piotr Kurowski (1922-2001), qui incarne Ijon Tichy. Kurowski a surtout été un comédien de scène ou de télévision mais il a très peu travaillé pour le cinéma. Il est néanmoins l’un des protagonistes d’une série TV de SF polonaise, KOSMOS (1988) adaptée d’un roman de Witold Gombrowicz.

PROFESSEUR ZAZUL (1965, Profesor Zazul) est le meilleur à mon goût de ces deux téléfilms. Plus proche du film gothique de Savant Fou mais avec une légère touche paranoïaque en prime, cet épisode en est inquiétant de bout en bout.

MILLE FEUILLE (1968) d’Andrzej Wajda

MILLE FEUILLE (1968, Przekladaniec) est un autre téléfilm, mais d’un durée de 38 minutes et réalisé par Andrzej Wajda (rien que pour lui, le film vaut d’être vu).

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Autre cinéaste de la Nouvelle-Vague polonaise, Andrzej Wajda quant à lui était proche des idées libérales de Solidarność et un ami de Lech Walesa. Il fut découvert en France avec L’HOMME DE MARBRE (1977, Człowiek z marmuru) et L’HOMME DE FER (1981, Człowiek z żelaza), des films politisés qui évoquent les premiers événements provoqués par le syndicat Solidarność. Mais on lui doit aussi de bons films d’auteur, et d’excellents films de guerre comme ILS AIMAIENT LA VIE (1957, Kanał) ou CENDRES ET DIAMANT (1958, Popiół i diament) ou même DANTON (1983), le classique sur la Révolution Française qu’il a tourné en France en compagnie de Gérard Depardieu.

14081407541115263612451787MILLE FEUILLE traite plutôt de science-fiction et de manière humoristique : Dans un futur indéfini, la science a fait de tels progrès que toutes les greffes sont possibles et réalisables. Un coureur automobile en fera les frais en se retrouvant avec un tiers des organes de son frère et co-pilote mort dans un accident de voiture. Ce qui pose plus de problèmes que prévu car les deux frères ont souscrits à une police d’assurance sur la vie, mais la quantité d’organes greffés semble insuffisante pour que les modalités du contrat soient viables. À l’inverse, un pourcentage des organes du défunt ayant été greffés, ce pourcentage est lui aussi non solvable à plein tarif car « considéré en vie », alors que le survivant greffé au tiers n’est plus tout à fait considéré comme vivant. Puis étant devenu en partie physique son propre frère, certains liens et statuts familiaux doivent être désormais modifiés…

Etc… Etc… Etc…

Une comédie futuriste survoltée et très drôle, avec la jeune chanteuse et comédienne d’origine polonaise, Anna Prucnal, deux ans avant son départ pour la France et sa future naturalisation.

SOLARIS (1968) de Lidiya Ishimbayeva & Boris Nirenburg

Tous les fans de SF connaissent plus ou moins SOLARIS. Bien qu’adapté de Stanislas Lem, ce téléfilm déroge un peu à la règle de cet article, puisqu’il n’est non pas polonais mais russe.

L’intrigue : Kris Kelvin rejoint la station spatiale en orbite autour de la planète Solaris, seulement pour trouver ses deux membres d’équipage en proie à des «fantômes», créations de Solaris. Kelvin est bientôt confronté à son propre fantôme, prenant la forme de sa femme décédée, Hari….

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En 1968, quatre ans avant le long métrage d’Andrei Tarkovsky (suivi, en 2001, par l’adaptation de Steven Soderbergh avec George Clooney), la télévision soviétique a tourné ce téléfilm en deux parties, SOLARIS (1968, Solyaris), tiré de l’œuvre la plus célèbre de Stanislas Lem. Comme dans « l’Invincible », écrit deux ans plus tard, l’auteur imagine en 1961, dans « Solaris », la rencontre avec une intelligence extra-terrestre qui échappe complètement au modèle anthropomorphique et qui se double d’un drame humain. Bien qu’un peu long, le téléfilm en noir et blanc des réalisateurs russes Lidiya Ishimbayeva & Boris Nirenburg est une bonne version paranoïaque de l’univers de l’écrivain polonais.

Pour conclure cet article, voici un étrange téléfilm court de science-fiction, sorte de remake polonais moderne des POUPÉES DU DIABLE (1936) de Tod Browning.

LE PREMIER PAVILLON (1965) de Janusz Majewski

L’intrigue : Un jeune scientifique est kidnappé et emmené dans une maison mystérieuse où son ancien professeur mène des expériences pour réduire des êtres humains…

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LE PREMIER PAVILLON (1965, Pierwszy pawilon) est un court téléfilm de 24 minutes. Il s’agit de l’un des premiers films de on réalisateur, Janusz Majewski qui fut l’un des professeurs de L’École nationale de cinéma de Łódź de 1969 à 1991 et qui écrivit des romans sous le pseudonyme de Patrick G. Clark. En plus du rapport évident aux POUPÉES DU DIABLE dans son téléfilm, Majewski fait aussi un petit clin d’œil à une scène culte de L’HOMME QUI RÉTRÉCIT écrit par Richard Matheson. Mais au-delà de ces deux références, LE PREMIER PAVILLON relève plutôt de la science-fiction paranoïaque dont le complot gouvernemental est le nœud de l’intrigue, bien que le téléfilm soit abordé sur un ton léger et presque humoristique, à grands renforts d’airs musicaux de jazz.

- Trapard -

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13 commentaires pour « SCIENCE-FICTION TÉLÉVISÉE POLONAISE DES ANNÉES 60 »

  1.  
    Jean Beauvoir
    14 août, 2014 | 17:19
     

    Merci pour ces précieuses informations sur un pays qui ne vient pas à l’esprit lorsque l’on pense au cinéma fantastique.
    Sais-tu s’il existe des films gothiques polonais ?

  2.  
    trapard
    14 août, 2014 | 17:25
     

    Comme ça, de mémoire, j’en connais au moins un : WILCZYCA (1983). C’est dans une des dernières publications de CosmoFiction :
    http://cosmofiction.unblog.fr/2014/08/10/quelques-films-de-monstres-des-annees-80-partie-1/

  3.  
    Jean Beauvoir
    14 août, 2014 | 17:45
     

    Je suis allé voir les images. En effet, mais sans doute un film difficile à trouver.

  4.  
    trapard
    14 août, 2014 | 17:59
     

    Sinon j’ai vu VAMPIRE (Upiór) (1967) de Stanislaw Lenartowicz qui est une comédie gothique polonaise sortie en même temps que LE BAL DES VAMPIRES.
    http://www.imdb.com/title/tt0122776/

    Puis dans tes goûts, il y a sûrement VIJ (Viy) (1967) de Georgi Kropachyov, Konstantin Yershov. Film russe inspiré de la nouvelle de N. Gogol.
    http://www.imdb.com/title/tt0062453/

  5.  
    Jean Beauvoir
    14 août, 2014 | 20:46
     

    Merci pour ces infos supplémentaires.
    Viy de 1967 je l’ai déjà. Pas mal, mais pas réellement gothique.
    Les Russes viennent de réaliser un autre Viy (2014), qui est un peu plus « atmosphérique », mais très délirant. Il est dispo en VO sur l’internet, mais l’image est détériorée (et le russe, il faut comprendre…).

    http://www.imdb.com/title/tt1224378/?ref_=fn_al_tt_1

  6.  
    trapard
    15 août, 2014 | 1:11
     

    Merci. Je vais le chercher.

    Sinon, en Serbie (ex-Yougoslavie), il y a eu le réalisateur Djordje Kadijevic qui a tourné trois films à résonances gothiques la même année 1973 :

    - »Le Chant des Vierges » (« Devičanska Svirka ») (1973). Comme son titre l’indique plus ou moins, il s’agit d’un film assez gothique sur le thème mythologique des Sirènes homériennes.

    http://www.imdb.com/title/tt0200573/

    -Dans la logique de « L’Étudiant de Prague » (1913) http://morbius.unblog.fr/2013/04/16/letudiant-de-prague-1913/
    Djordje Kadijevic a tourné un film assez sombre : « Le Protégé » (« Štićenik ») (1973).

    http://www.imdb.com/title/tt0201177/?ref_=nm_flmg_dr_13

    -Enfin, un film de vampires avec « Le Papillon » (« Leptirica ») (1973)

    http://tortillafilms.tortillapolis.org/leptirica.html

    Et enfin, et ce n’est pas un film gothique mais tout de même un film de vampires tchèque assez moderne, il y a « Upír z feratu » (1982) de Juraj Herz.

    http://www.imdb.com/title/tt0083264/

  7.  
    trapard
    17 août, 2014 | 17:31
     

    Andrzej Zulawski (le même Zulawski que celui de POSSESSION tourné en France en 1981 et dans lequel Isabelle Adjani copule avec une créature monstrueuse) a tourné en Pologne LE DIABLE en 1972. Malgré son titre, LE DIABLE n’a n’a évidemment rien à voir avec LES DIABLES de Ken Russell sorti en 1971 qui lui-même est le remake d’un film polonais de 1961 : MÈRE JEANNE DES ANGES (1961, Matka Joanna od aniolów) de Jerzy Kawalerowicz, ou seconde adaptation de l’ « Affaire des démons de Loudun ».

    LE DIABLE (1972, Diabel) : Au 18è siècle, un inconnu pénètre dans un cloître et libère un prisonnier, Jakub. Il ne dit rien d’autre à cet homme hagard et rendu malingre par son emprisonnement que de regagner son foyer, confiant son sort à une nonne mutique et visiblement folle. Jakub revient donc chez lui et découvre que son père, un riche propriétaire, s’est donné la mort. Un homme qui prétend être son demi-frère a pris possession de la demeure maintenant en ruine et annonce qu’il va épouser la sœur de Jakub. Celle-ci livre son corps à tous les passants, suivant ainsi la voie de leur mère, qu’il n’a jamais connu. Jakub retrouve également son ancienne promise, qui vient de se marier avec son meilleur ami et ancien complice dans la tentative d’assassinat contre le Tsar qui l’a conduit en prison. L’inconnu qui a libéré Jakub n’est jamais loin, lui assurant à chacune de leurs rencontres que le jeune homme est le sauveur de ce monde. Bientôt, il le pousse à tuer et Jakub se convainc que cet homme mystérieux est le diable en personne…

    « Le Diable » est une œuvre éprouvante qui raconte la chute du monde. Comme dans « La Troisième partie de la nuit », Andrzej Zulawski dépeint un pays en état de guerre. Toutes les anciennes valeurs, des notions comme la morale, l’amour ou la fraternité n’existent plus et les hommes sont appelés à survivre dans un monde dénué de sens. Il n’y a plus de chemin tracé, plus de guide et ils errent, perdus, dans une terre abandonnée de Dieu, tombeau d’une humanité perdue. « Le Diable » est comme hanté par la présence de Dostoïevski, le cinéaste donnant corps à cette crainte si prégnante chez l’écrivain que l’humanité ne puisse qu’être amenée à dégénérer jusqu’à sa disparition. Zulawski met ainsi en scène son drame comme s’il filmait l’Apocalypse.
    (TVClassiK)

    Film maudit, calomnié par une interdiction totale en Pologne pendant 16 ans, Le diable appartient aux errances rocambolesques et violentes qui jonchaient le 7e art européen dans les années 70. Un cinéma de rébellion, investi d’une mission de sacrilège, qui se nourrissait de cruauté visuelle, de crudité sexuelle et d’expérimentation technique. Les exemples sont nombreux. Arrabal, Jodorowski, Ken Russell, Pasolini… Des noms notoires associés à une folie extravagante et à l’hystérie de la démesure.

    http://www.imdb.com/title/tt0095012/

    Je crois que le cinéaste polonais qui s’est le plus aventuré vers un cinéma fantastique gothique (c’est le plus connu en France en tout cas) c’est Wojciech Has. Avec LE MANUSCRIT TROUVÉ À SARAGOSSE (1965, Rękopis znaleziony w Saragossie), LA CLEPSYDRE (1973, Sanatorium pod Klepsydrą) ou LES TRIBULATIONS DE BALTHASAR KOBER (1988, Niezwykła podróż Baltazara Kobera).
    Je crois qu’on trouve partout en DVD les films de Wojciech Has et même à Nouméa où j’ai pu découvrir LES TRIBULATIONS DE BALTHASAR KOBER, sorte de film d’aventures fantastiques médiévales et versant polonais des films avec Matthew Broderick comme LADYHAWKE (1986).

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Wojciech_Has

    Le Jerzy Kawalerowicz dont je parle plus haut a tourné un incroyable peplum polonais sorti en 1966 et que je possédais en VHS lorsque j’étais étudiant, un film qui me fascinait pour ses cadrages très impressionnants : LE PHARAON (1966, Faraon)

    http://www.imdb.com/title/tt0060401/

  8.  
    trapard
    17 août, 2014 | 21:08
     

    Toujours pour Jean Beauvoir, j’ai failli oublier un certain film roumain cette fois-ci, et que tu dois connaître : LA VRAIE VIE DE DRACULA (1979, Vlad Tepes) de Doru Nastase.

    http://www.imdb.com/title/tt0141966/

    « 1456 : rentré en Valachie, Vlad Drăculea, petit fils du grand Mircea l’Ancien, conquiert par les armes le trône dont il est le légitime héritier. Son premier geste en tant que Voïvoïde est de pardonner tous les nobles qui l’ont combattu, il amnistie aussi tous les criminels et vide les prisons. Mais aux uns et aux autres il annonce que désormais il sera impitoyable et que tout acte répréhensible, toute trahison, seront désormais punis par une seule peine : la mort…. »
    (Psycovision)

  9.  
    trapard
    18 août, 2014 | 15:49
     

    Et je vais encore ajouter un très curieux film tchèque qui mélange surréalisme et gothique : LE MYSTÉRIEUX CHÂTEAU DES CARPATHES (1983, Tajemství hradu v Karpatech) d’Oldrich Lipský.

    http://www.imdb.com/title/tt0083162/

  10.  
    trapard
    18 août, 2014 | 23:37
     

    Et encore un film gothique – le dernier ! – et russe cette fois avec DES MONSTRES ET DES HOMMES (1998, Pro urodov i lyudey) d’Alekseï Balabanov.
    Gothique dans le sens de monstrueux à la manière de « Freaks » mais en plus moderne (avec beaucoup d’érotisme) mais l’histoire se situe entre 1890 ou 1910

    http://www.imdb.com/title/tt0156849/combined

    L’histoire de deux familles de Saint-Petersbourg au début du XXe siècle. Celle du docteur Stasov et sa femme qui ont adopté dix-sept ans auparavant deux enfants siamois originaires de Mongolie et la famille Radlov, beaucoup plus modeste.

    http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=17636.html

  11.  
    erwelyn
    4 septembre, 2014 | 1:34
     

    Mon dieu ! Quelles connaissance partagées, Trapard ! Je ne connais pas grand chose à toutes ces références et je mesure mon ignorance ! mais de quoi encore occuper mon temps !

  12.  
    trapard
    4 septembre, 2014 | 16:55
     

    Merci mais t’inquiètes, je prends beaucoup de mon temps pour faire des recherches sur le net (que d’autres ont partagés et m’ont fait découvrir les films en question). Sûrement comme toi avec la Littérature.

  13.  
    trapard
    4 septembre, 2014 | 16:58
     

    Et ces films ne sont pas très connus : d’où l’idée de répandre l’information sur LEA.

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