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QUELQUES HISTOIRES CLASSIQUES DE FANTÔMES JAPONAIS (p2)

Posté le 27 janvier 2015

QUELQUES HISTOIRES CLASSIQUES DE FANTÔMES JAPONAIS

Suite et fin du dossier en deux parties sur quelques histoires classiques de fantômes japonais. Si vous avez raté la première, cliquez ici.

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HISTOIRES CLASSIQUES DE FANTÔMES JAPONAIS Partie 2

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HOUSE (1977, Hausu, ハウス) de Nobuhiko Obayashi

15012706461715263612909368 dans Cinéma bis japonaisPour changer un peu du fantôme traditionnel japonais, HAUSAU est un teen-movie d’épouvante de Nobuhiko Obayashi, un mélange de comédie, de film hippie, de cinéma d’auteur où présent et passé coulent l’un dans l’autre sans avertissement, et d’images surexposées à la David Hamilton des Seventies. Ici fantômes et bakeneko se fondent dans une histoire mi-fleur bleue, mi-horrible, mi-drôle. Certaines scènes grand-guignolesques et hilarantes ont d’ailleurs dû inspirer Sam Raimi pour l’humour de la franchise EVIL DEAD.

L’intrigue : C’est le début des vacances d’été et Oshare doit les passer avec son père. Lorsque celui-ci veut emmener sa nouvelle petite copine, Oshare le ressent comme une tentative de remplacer sa mère morte huit ans auparavant et ne peut pas l’accepter. Fâchée, elle décide de passer ses vacances chez sa tante dans une maison isolée avec ses six meilleures copines. Mais une fois arrivées sur place, elles réalisent que tout n’est pas comme cela semble être…

CURSE OF THE DOG GOD (1977, Inugami no tatari) de Shunya Ito

15012706485215263612909369 dans Dossier : Fantômes JaponaisAprès le bakeneko, voici l’autre meilleur ami de l’homme transformé en spectre, le chien-fantôme vengeur qui prend possession des esprits dans une sympathique production de la Toei.

L’intrigue : Trois garçons de Tokyo font un voyage dans le pays pour débusquer des gisements d’uranium. Ils vont bientôt en trouver un, mais détruisent par erreur un sanctuaire miniature et écrasent un chien. Désormais, la malédiction du Dieu Chien plane au-dessus de leur tête. L’un d’eux s’écrase du toit d’un immeuble de grande hauteur, et après ses funérailles, un autre est dévoré par une meute de chiens. Ryuichi, constate que sa femme Reiko prend la malédiction très au sérieux et semble devenir peu à peu folle…

L’EMPIRE DE LA PASSION (1978, Ai no borei, 愛の亡霊) de Nagisa Oshima

Deux ans après son film culte de Sexploitation japonaise sur l’histoire de la meurtrière Sabe Ada, L’EMPIRE DES SENS (1976, 愛のコリーダ, Ai no korīda), Nagisa Ōshima tourne une autre histoire d’amour passionné mais sur fond d’esprit tourmenté et vengeur.

15012706515115263612909370 dans FantastiqueL’intrigue : À la fin du XIXe siècle, dans un village au fond d’un Japon demeuré médiéval, Toyoji, jeune paysan pauvre, et Seki, femme d’un rémouleur-colporteur, de vingt ans son aînée, se prennent l’un pour l’autre d’une passion aveugle. Ils décident de tuer le mari gênant : après l’avoir saoulé, ils l’étranglent et le jettent dans un puits. Seki annonce au village que son mari est parti travailler à Tokyo. Après trois ans, le fantôme du mari revient les hanter, et la rumeur publique attire un inspecteur de police…

Comme dans ONIBABA (1964) de Kaneto Shindō ou dans RING 1 et 2 d’Hideo Nakata, on retrouve dans L’EMPIRE DE LA PASSION le fameux trou ou puits sombre dans lequel repose un mort. Une image qui rappelle un proverbe japonais, inspiré par le bouddhisme et le taoïsme qui traitent de l’étroitesse de nos connaissances et des limites que cela impose à notre vision des choses.

« La grenouille dans le puits ne connaît pas l’océan » (ことわざ) ». On prête à ce proverbe des origines indiennes et chinoises, et cette histoire de grenouille a vraisemblablement suivi l’expansion du bouddhisme. De la Chine, elle est tout naturellement passée au Japon. Il s’agit d’une mise en garde contre tout jugement hâtif : le monde ne se limite pas à l’expérience personnelle de chacun, il ne faut pas rejeter d’emblée ce qu’on ne connaît pas. C’est le cas ici du surnaturel. Bien que L’EMPIRE DE LA PASSION possède aussi sa double lecture sur la folie ou sur les croyances ancestrales.

SAMURAÏ RÉINCARNATION (1981, Makai tenshô) de Kinji Fukasaku

15012706561715263612909372 dans TrapardAdapté d’un roman célèbre de Fūtarō Yamada, SAMURAÏ RÉINCARNATION est le versant asiatique du film de zombie et de malédiction, tout en redorant la popularité de Sonny Chiba après ses rôles dans les STREET FIGHTER (1974) puis dans LES ÉVADÉS DE L’ESPACE (1978), LES GUERRIERS DE L’APOCALYPSE (1979) ou encore dans X-OR (1982).

L’intrigue : Après avoir survécu à l’anéantissement de nombreux chrétiens il y a plus de 350 ans, un samouraï accuse Dieu d’ignorer les croyants. Il vend son âme à Satan et reçoit le pouvoir de ressusciter les morts pour se joindre à lui dans une folie meurtrière…

SAMURAÏ RÉINCARNATION est une série B aux décors complètement apocalyptiques et infernaux.

En 1986, la firme américaine d’Empire Pictures produira un petit film fantastique qui est un compromis entre SAMURAÏ RÉINCARNATION et LES GUERRIERS DE L’APOCALYPSE avec LE GUERRIER FANTÔME (1986, Ghost Warrior) ou la malédiction d’un samouraï qui refuse de mourir après son décès et dont l’incarnation est projetée dans l’Amérique des Années 80. Le roman de Fūtarō Yamada a de nouveau été adapté en 2003 pour SAMURAÏ RESURRECTION (Makai tenshô) réalisé par le cinéaste Hideyuki Hirayama.

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YÛKI, LE COMBAT DES SHOGUNS (1981, Yuki ゆき) de Tadashi Imai

YÛKI, LE COMBAT DES SHOGUNS préfigure déjà le future scénario d’Hayao Miyazaki pour PRINCESSE MONONOKE (1997) bien qu’il s’agisse ici d’un anime pour les petits. L’histoire est quant à elle tirée d’une nouvelle de Ryûsuke Saitô qui s’inspire des légendes du Japon ancien : on y retrouve Yûki, petite kami (être divin) de l’hiver, venue avec son cheval blanc dans le monde des hommes pour ramener paix et espoir face à des brigands mais aussi des guerriers détroussant les paysans.

15012706591715263612909374L’intrigue : Yûki est une jeune fille vivant au ciel et élevée par ses grands-parents qui veillent sur la Terre. L’année de ses treize ans, son grand-père l’envoie dans le monde des hommes pour une année afin qu’elle y ramène la paix et soit digne de succéder un jour à ses grands-parents. Si en une année elle réussit sa mission, elle pourra revenir au ciel. Sinon, elle perdra la vie et se transformera en vent glacial. Yûki se retrouve alors dans un village du Japon ancien régulièrement attaqué par des brigands et même des samouraï. La jeune fille fait la connaissance d’un groupe de petits mendiants et décide, avec l’aide d’une petite fille orpheline prénommée Hana, d’aider la population à se débarrasser des pillards. Alors que l’année se termine bientôt, Yûki apprend l’existence d’un  »démon de la montagne » qui aurait déclenché les tourments des villageois et qui serait enseveli sous les glaces. Décidée à mettre un terme à cette violence, Yûki part alors seule dans la montagne pour combattre ce  »démon »… (Planète Jeunesse)

Voici maintenant une petite digression avec DOGURA MAGURA (1988) de Toshio Matsumoto, qui aborde la notion de fantôme avec une touche extrêmement contemporaine puisque ce film fantastique nous plonge en plein dans la psychanalyse transgénérationnelle du protagoniste. La psychanalyse transgénérationnelle appelle « un fantôme », une structure psychique et émotionnelle 15012707022715263612909377parasite, issue de l’un ou de plusieurs de ses ancêtres, portée et agie inconsciemment par un descendant. Cette notion a été introduite dans la psychanalyse à la fin des années 1970 par un personnage tout autant poète que psychanalyste, Nicolas Abraham, et par sa compagne, Maria Török. Ces « fantômes » se signalent principalement par la répétition de symptômes, de comportements aberrants, de schémas relationnels stériles provoquant pour certains des difficultés de vie de toutes sortes et des affections psychiques assez graves. DOGURA MAGURA est l’adaptation d’un roman de Yumeno Kyusaku paru en 1936 et édité en France chez Picquier sous le nom « dogra-magra ».

L’intrigue : Lorsque le jeune Kure Ichido se réveille dans sa cellule d’asile psychiatrique, il ne se souvient de rien. Un docteur barbu et toussotant, le Pr. Wakabayashi, entre dans la pièce et lui explique que suite à un violent choc psychologique, le jeune patient est atteint d’amnésie chronique. Que chaque nuit de sommeil oblitère dans son esprit les souvenirs de la veille. Ichido paraît sceptique, en particulier lorsque que Pr. Wakabayashi lui explique que les troubles mentaux se transmettent de génération en génération et qu’il est le descendant d’un homme célèbre pour avoir, il y a quelques siècles de cela, étranglé sa femme avant d’amoureusement l’observer se décomposer sous ses yeux, prouvant que l’amour peut se passer de plaisir charnel…

Le thème gothique de la malédiction ancestrale est abordé de manière psychanalytique et le personnage Kure Ichido court finalement après un fantôme pour éviter de le fuir. Et pour cela, il traversera plusieurs phases proches de la réincarnation, son esprit revenant sur quelques uns de ses ancêtres. Et DOGURA MAGURA utilise un ton constamment léger pour aborder son sujet.

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LE TOMBEAU DES LUCIOLES (1988, 火垂るの墓, Hotaru no haka) d’Isao Takahata

En plus d’être un magnifique manga fantastique, ce film d’Isao Takahata est sûrement l’un des plus fascinants sujets sur l’après-Deuxième Guerre mondiale direct, la conclusion étant comme une rupture entre deux mondes japonais : l’avant et l’après-guerre. LE TOMBEAU DES LUCIOLES est aussi l’adaptation d’un roman autobiographique d’Akiyuki Nosaka qu’il écrivit en 1967 pour se libérer de la culpabilité et du traumatisme causés par la mort de sa jeune sœur adoptive.

15012707064315263612909379L’intrigue : Durant l’été 1945 dans le Japon de la seconde Guerre Mondiale, deux enfants, Seita et sa jeune sœur Setsuko se trouvent livrés à eux-mêmes après la mort de leur mère, suite au bombardement à la bombe incendiaire de Kōbe par les forces armées américaines. Après avoir vainement tenté de contacter leur père, un officier supérieur de la marine impériale japonaise, Seita et Setsuko partent habiter chez une tante éloignée. Un temps accueillante, la tante traite progressivement les deux enfants comme des fardeaux. Aussi, Seita et Setsuko partent et se réfugient dans un abri désaffecté. Celui-ci est illuminé la nuit par des milliers de lucioles. Les problèmes s’enchaînent : la nourriture vient à manquer et Setsuko tombe malade. Seita se met alors à voler de la nourriture, mais se fait prendre par un fermier. En désespoir de cause, il part en ville vider le compte en banque de ses parents et apprend à l’occasion la capitulation du Japon et la destruction de la marine japonaise. De retour à l’abri avec de la nourriture, il ne parvient pas à sauver Setsuko de la mort. Après l’avoir incinérée, il se laisse à son tour dépérir jusqu’à sa mort, dépeinte au début du film avant un long flash-back. Les esprits des deux enfants, réunis, contemplent le Kōbe moderne…

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PRINCESSE MONONOKÉ (1997, もののけ姫, Mononoke Hime) d’Hayao Miyazaki

Comme NAUSICAÄ DE LA VALLÉE DU VENT ( 風の谷のナウシカ Kaze no Tani no Naushika) que Miyazaki a réalisé en 1984, PRINCESSE MONONOKÉ partage le même thème clé de la relation entre les hommes et la nature.

L’intrigue : À l’époque du japon médiéval, des humains se battent contre les dieux animaux, protecteurs d’une forêt afin de fonder une société humaine. Au coté des dieux se dresse une jeune femme qui se fait appeler Mononoke hime. Ashitaka jeune samourai maudit se retrouve mêlé au conflit…

Évidemment, tout le film est basé sur la créature folklorique du mononoke (écrit 物の怪) qui prend ses origines dans le shintô qui est la religion traditionnelle du japon. « C’est une religion polythéiste, chamanique et animiste. Dans les temples Shintô, les Japonais honorent grâce à des rituels de purification, les kami et par leur intermédiaire, le caractère sacré de la nature. Selon le Kokiji, on compte huit millions de dieux parmi lesquels on trouve les dieux originels, des dieux tutélaires des clans, des phénomènes naturels, mais aussi des esprits des lieux et même d’objets. Ils vivent dans le ciel et descendent périodiquement sur terre dans les sanctuaires et lieux sacrés. 

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Les yokaï ou mononoke proviennent du culte animiste des aborigènes de l’archipel, les Aïnous, et sont incorporés dans l’imaginaire traditionnel japonais à partir du douzième siècle. Ils recouvrent l’ensemble des êtres vivants à caractères fantastiques : monstres, fantômes, démons, esprits mais aussi animaux, lieux et objets doués de pouvoir magique. Les yokaï et mononoke sont polymorphes ce qui autorise une grande liberté au niveau de leur représentation.

Dans PRINCESSE MONONOKÉ, les kami et les yokaï sont visibles par l’ensemble de la population. S’il y a un conflit entre les personnages du bestiaire et les êtres humains, ces derniers reconnaissent l’existence et la puissance des premiers. » (Le bestiaire fantastique dans la trilogie japonaise par Blaise Zagalia)

- Trapard -

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Un commentaire pour « QUELQUES HISTOIRES CLASSIQUES DE FANTÔMES JAPONAIS (p2) »

  1.  
    trapard
    9 avril, 2018 | 17:55
     

    Isao Takahata, le réalisateur du TOMBEAU DES LUCIOLES, est décédé il y a quelques jours de ça.

    http://mangaanimations.blogspot.com/2018/04/isao-takahata-nous-quitte.html

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