JURASSIC WORLD ne faisant pas forcément l’unanimité, Les Échos d’Altaïr ont décidé de publier deux critiques : le pour, de Nicolas Thiéblemont, et le contre, de Di Vinz. On les remercie tous deux de nous permettre de profiter ici-même de leurs points de vue. Deux avis valent mieux qu’un, dit-on ! Qu’à cela ne tienne, on espère pouvoir un jour renouveler l’expérience.
POUR
JURASSIC WORLD : jamais nostalgique (sinon on aurait retrouvé l’ancien casting : Sam Neill, Goldblum et les gamins devenus adultes), mais respectueux et fidèle. Le réalisateur Trevorrow ne cherche jamais à surpasser le JURASSIC PARK de Spielberg, ni à se contenter de simplement lui rendre hommage.
Extrêmement généreux dans ses scènes d’action (le climax… argh !), le film poursuit le revival d’Hollywood du film de monstres (2013 : PACIFIC RIM ; 2014 : GODZILLA… en attendant le nouveau KING KONG en 2017), le tout sous une réalisation sans grande originalité mais soignée et un scénario qui est le point fort du film, poursuivant la réflexion philosophique et la critique chère à Spielberg de l’homme qui se prend pour Dieu via une démonstration bigger and louder de ses moyens (un parc enfin opérationnel, contraint d’expérimenter la création d’un dinosaure hybride pour satisfaire des spectateurs de plus en plus las devant le spectacle, la métaphore du cinéma est direct !).
Au passage, mention pour Omar, plutôt bon acteur qui s’incruste bien dans le paysage, mais son accent lui fait toujours défaut.
Seulement dix mois après avoir illustré son charisme en pseudo Han Solo dans LES GARDIENS DE LA GALAXIE, Chris Pratt s’impose en aventurier digne de Alan Grant, héros du premier JURASSIC PARK, lui-même largement inspiré d’Indiana Jones, autre personnage joué par Harrison Ford…
Quant aux dinosaures… C’est toujours si bon de les revoir. Je ne dirai rien sur le T-Rex. C’est le meilleur personnage du film, et il le prouve. « Don’t fuck with the original » disait-on à la fin de SCREAM 4… Des Vélociraptors domestiqués ? Absolument pas. Belle perspective pour la suite de la franchise.
Le film dépasse largement JURASSIC PARK III mais reste l’élève de son maître, on n’y retrouve pas l’ambivalence film familial/film horrifique dont seul Spielberg (ou le Joe Dante de GREMLINS) est capable.
C’est rare que je pleure au cinéma. C’est rare que j’assiste à un public qui applaudit à la fin du film. Et ça fait plaisir de voir que la salle était pleine pour sa première séance.
Colin Trevorrow rejoint Joss Whedon, Brad Bird et George Miller, ces cinéastes qui nous prouvent qu’en 2015 Hollywood peut encore nous livrer des blockbusters spectaculaires, émouvants et intimistes.
Prochaine étape, TERMINATOR GENISYS en amuse-gueule avant STAR WARS VII !
- Nicolas Thiéblemont -
CONTRE
(Avertissement : présence de quelques légers spoilers !)
Lorsque je sors de la salle après avoir vu JURASSIC WORLD, beaucoup de questions se bousculent dans ma tête. Si je devais les regrouper en une seule, je la formulerais ainsi : comment prendre la relève d’un mythe du cinéma moderne ? Difficile entreprise s’il en est, surtout après les critiques cinglantes infligées aux précédens essais. JURASSIC WORLD a tenté, lui aussi, de répondre à la question, avec aux commandes un Colin Trevorow guère arrangé par un script bancal.
Résumons le scénario du film en quelques lignes… En fait, deux lignes devraient suffire. JURASSIC WORLD est un parc d’animaux préhistoriques au sein duquel des milliers de visiteurs se bousculent, mais un désastre se profile lorsque l’Indominus Rex, un dinosaure très vilain, s’échappe de son enclos. Voilà… Il y a également un début de sous-intrigue qui nous amènerait peut-être à un second volet, ce que je n’espère pas, mais sinon le script est beaucoup trop simple. Il laisse place à l’imprévisible, certes, j’ai été surpris une fois, mais ce n’est pas assez à mon sens. C’est comme si la bande-annonce avait déjà tout révélé, ce qui ne joue pas en faveur du film, qui se révèle n’être qu’un blockbuster assez classique.
Il y a un héros, et comme tous les héros il est super beau et super fort, et s’en sort toujours sans une égratignure face aux plus féroces des dinosaures ! Il y a aussi une héroïne, et comme toutes les héroïnes elle est belle, mais maladroite, ce n’est pas grave puisqu’elle aussi s’en sort toujours indemne face à des dinosaures de 10 mètres de haut ! Les deux gamins qui visitent le parc en parallèle, et dont tout le monde se contrefout totalement, ont eux aussi bénéficié d’une protection divine qui les rend invulnérables face aux dinosaures parmi les plus dangereux ! Seul le menu fretin, militaires et autres larbins du parc, ou quelques rares malchanceux visiteurs, n’ont pas été bénis par le dieu anti-dino. J’use d’ironie afin de faire une première remarque sur un point qui m’a agacé : les personnages principaux sont des super héros en puissance, qui tiennent la dragée haute aux monstres, ce qui décrédibilise totalement le côté horrifique de ces derniers qui en deviendraient presque pathétiques… Exemple: il n’y a que deux seconds rôles qui y passent, le premier est le « méchant » du film, et le second ne se fait même pas croquer, il crève en se crachant en hélicoptère (voir la bande-annonce) vers le centre du film, ce qui est par ailleurs assez dommage puisqu’il s’agissait du seul personnage un tant soit peu intéressant…. Je n’ai en effet ressenti aucune empathie pour aucun personnage, mis à part le dernier cité. À celà s’ajoutent une accumulation de clichés qui ne leur rend pas forcément service. C’est dommageable. Ce qui m’ammène à faire un premier parallèle avec les précédents opus dans lesquels au moins un des persos secondaires meurt dans des circonstances tragiques (ou du moins on nous le fait croire dans le 3ème), et dans lesquels au moins un des persos a une certaine originalité.
Le problème dans ce JURASSIC WORLD c’est que même les effets spéciaux ne sont pas à la hauteur. Je ne vois pas de grande différence avec le JURASSIC PARK de vingt ans son aine, à part les quelques hologrammes et technologies qui se baladent par-ci par-là. On modernise l’œuvre en l’adaptant à l’époque, et non dans le traitement des animaux en image de synthèse, ce sont pourtant eux qui sont sensés être les stars du film. Une déception parmi d’autres. J’ajouterais en effet un petit côté plagia, parce que certaines scènes sont directement pompées sur les précédents épisodes, j’y vois plus un manque d’inspiration que de véritables clins d’œil.
Également, le thème de l’homme qui joue à Dieu a déjà été traité. Ici on accentue la chose, mais le principe est le même, et cette fois ça devient un peu maladroit. Mon impression c’est que cet aspect perd de son importance quand on voit comment l’homme en question finit par maîtriser les premiers dinos, devenus des joujoux… J’irais même plus loin en disant que JURASSIC WORLD efface la morale qu’on avait retenu de JURASSIC PARK. Oubliez le côté philosophique, ici on le combat de titans prime sur le reste.
Je vais faire l’impasse sur le côté assez ridicule des Raptors domestiqués qui retournent leur veste plusieurs fois, ou de leur relations aux autres dinos qui relèvent du grotesque, pour finir par une critique très virulente de l’Indominus Rex : premièrement il ne ressemble à rien, deuxièmement il ne fait pas peur du tout, et troisièmement il meurt comme une daube…
Je ne conclurai cependant pas cet avis sans parler de ce qui m’a plu dans JW. Non, tout n’est pas à jeter. D’abord, si le script est bidon, la réalisation de Trevorrow est très bonne. Ensuite, j’avoue que l’action est bien dosée, que les dialogues bien que minimalistes sont loin d’être idiots, que les acteurs ne sont pas mauvais (Omar Sy inclus) et que l’ensemble fait un bon divertissement, porté par une bonne bande sonore, avec une ou deux scènes marquantes, voire émouvantes, notamment celle de la découverte des cadavres de Diplodocus. Mais voilà, j’en attendais plus, j’aurais préféré un traitement plus subtil, des dinosaures plus suggérés, des dinosaures plus terrifiants, à l’image de ceux du premier. Mesdames et Messieurs, au risque de me faire conspuer, je ne dirai pas que JURASSIC WORLD est la meilleure suite de la série lancée par l’inégalable Spielberg en 1993. Pour ma part, il prend la troisième place à JURASSIC PARK III de justesse, LE MONDE PERDU : JURASSIC PARK est loin devant, et le premier JURASSIC PARK on n’en parle même pas.
- Di Vinz -
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Merci pour ces avis.
Mais de rien!