La bibliothèque altaïrienne est constituée de la collection personnelle de Morbius. On y trouve des livres de référence anciens ou récents sur la SF et le Fantastique dans les domaines du cinéma, des séries télévisées, de la littérature, des plus grands auteurs, de quelques artistes de renom et de tant d’autres choses appartenant aux contrées de l’Imaginaire. Explorons ses rayons, choisissons un livre, feuilletons ses pages…
Ce livre est un monstre. Un monstre sacré (je n’ose dire une bible, cela ne lui conviendrait sans doute pas…). Un monstre de plus de mille pages appelé joliment Encyclopédie de l’Utopie, des Voyages Extraordinaires et de la Science-Fiction. Et son poids est proportionnel à la somme de connaissances qu’il rassemble sur les littératures de l’Imaginaire…
Publié en 1972, puis réédité en 1984 aux éditions L’Âge d’Homme, ce pavé est l’œuvre inestimable de Pierre Versins, « écrivain, essayiste et spécialiste de science-fiction français », nous dit Wikipédia. Un homme à l’origine de cette toute première encyclopédie du genre, laquelle fut récompensée du prestigieux Prix Hugo en 1973 et du Prix Pilgrim en 1991.
Pierre Versins écrit dans son introduction : « Cette Encyclopédie est la première hésitante du genre. Aussi bizarre que cela paraisse, étant donné la pérennité des domaines (utopie, voyages extraordinaires et science-fiction) qu’elle étudie, nul ne s’était avisé ou n’avait eu l’outrecuidance de les réunir par un commun dénominateur, leur fonds conjectural, romanesque et rationnel, a fortiori de les étudier globalement et dans leurs rapports historiques, thématiques, génériques et formels sans se croire obligé à établir des filiations, à parler de précurseurs, à noter des différences qualitatives, précautions qui ne proviennent que d’une impuissance à juger le passé dans son contexte. C’est assez dire que l’ouvrage ne peut être qu’un essai, pour aussi ambitieux qu’il paraisse de prime abord. »
J’ai découvert cette Encyclopédie de l’Utopie, des Voyages Extraordinaires et de la Science-Fiction grâce à Mandragore, dans la section littéraire du Sci-Fi Club de Nouvelle-Calédonie, Les Feuillets d’Hypnos, à ses débuts. Notre Mandragore (pseudo utilisé par ce prof de français passionné de littérature et écrivain) s’accrochait constamment à ce livre qui le suivait partout (ou presque) et lui servait dans les préparations des réunions de sa section littéraire, où thèmes et auteurs de l’Imaginaire nous étaient régulièrement présentés. Je me souviens même avoir été briefé par Mandragore en présence du bouquin sacré avant un passage à la radio pour parler SF ! Il ouvrait parfois son livre pour nous en lire un passage ou revenir sur une référence.
J’ai fini par réaliser que cette Encyclopédie de l’Utopie, des Voyages Extraordinaires et de la Science-Fiction devait être indispensable, incontournable et aussi, malheureusement, introuvable…
Ce fut cependant à l’occasion d’un voyage en France, en 1993, lors d’un passage à la librairie des édition Néo tenue par Hélène Oswald, que je dénichais enfin l’objet sacré posé là sur un rayon, debout, en un seul exemplaire, le dernier des derniers. Tout de suite j’ai souhaité l’acheter. Je crois qu’il m’a coûté une coquette somme malgré sa remise, et je me souviens que notre libraire avait bizarrement un peu de mal à s’en séparer, comme si, vu mon « jeune âge » (26 ans, alors…), elle pensait que j’allais juste en profiter pour regarder ses images… J’avais déjà connu ce genre de réaction à Paris, en 1987, alors que j’essayais d’acheter de vieilles affiches de films de SF. J’avais dû subir un véritable interrogatoire avant de pouvoir enfin les acquérir. Certains vendeurs semblent si attachés à leurs articles qu’ils finissent par ne plus vouloir les vendre de peur de les mettre entre les mains de n’importe quel client inculte…
De retour sur le Caillou, j’ai exhibé fièrement cette Encyclopédie de l’Utopie, des Voyages Extraordinaires et de la Science-Fiction devant Mandragore. Et alors que je m’attendais à un « Bravo ! Toi aussi tu l’as enfin ! », j’ai eu droit à un « Mouais, encore faut-il s’en servir… » Jaloux le Mandragore !
L’Encyclopédie de l’Utopie, des Voyages Extraordinaires et de la Science-Fiction n’est pas un livre comme les autres. Et comme le dit mieux que moi le site Noosfere : « Cette encyclopédie en gestation ouvre en fait les voies à toutes les formes de l’inachèvement. Les esprits les plus sérieux, gageons-le, se prendront au jeu. Cet ouvrage d’anti-bibliothèque se révèlera destiné à tous les non-collectionneurs qui s’ignorent sans profit. On y trouvera beaucoup plus que ce que l’on cherche : tout ce que l’on ne cherchait pas. Avis aux professionnels, ils pourraient bien redevenir amateurs. Le futur est à votre porte, mais attention en ouvrant : la porte donne sur le vide. »
Ce n’est pas le Necronomicon, mais ce livre-monstre dont j’ai déjà à plusieurs reprises cités des extraits à travers Le Club des Entités de la 13e Dimension est incontestablement fascinant, envoûtant et… sacré !
- Morbius -
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