DUNE WARRIORS (1991) de Cirio H. Santiago
Ce weekend je me suis fait un petit plaisir coupable : j’ai regardé un David Carradine costumé. Et qui connait bien LES GLADIATEURS DE L’AN 3000 (1978) ou KAINE LE MERCENAIRE (1984), sait de quoi je parle : David Carradine n’était pas fait pour porter des costumes d’heroic-fantasy ou futuristes. Je ne sais pas pourquoi mais ça lui donne à chaque coup un style immanquablement ridicule. Et pourtant à l’époque où la série KUNG-FU était diffusée à la télévision, je croyais dans le « David Carradine costumé ». Mais avec le temps… l’esprit s’affine… Puis je trouve même la série KUNG-FU un peu vieillotte plus de trente ans après. Et depuis, on sait aussi que ce n’est pas David Carradine qui aurait dû l’interpréter, mais Bruce Lee. Donc voilà qui ruine toutes les excuses pour justifier le port du costume kitsch au fiston Carradine.
Et après tout ça, je me suis pourtant fait une petite séance post-apocalyptique ce weekend, avec DUNE WARRIORS (1991) de Cirio H. Santiago. Et avec David Carradine costumé. Le pire, c’est qu’il porte un double costume qui rappelle ceux de KUNG-FU et de KAINE LE MERCENAIRE à la fois. Donc c’est dire si l’immersion dans du gros cinéma bis et Z a été frontale.
L’intrigue : Après la « fin du monde », la Terre est une planète à l’eau rare gouvernée par des seigneurs de guerre. Une femme est assez courageuse pour résister. Elle engage cinq guerriers mercenaires pour sauver son village et son eau précieuse…
Alors évidemment, c’est du MAD MAX sans budget, avec en prime le scénario non-assumé des SEPT MERCENAIRES. Au passage, le remake du western de John Sturges est en ce moment à l’affiche du Cinécity avec de belles têtes d’affiches, un film que j’ai très envie d’aller voir. Mais DUNE WARRIORS me fait surtout repenser aux MERCENAIRES DE L’ESPACE, et à Jimmy T. Murakami, qui sortait en 1981 un remake déguisé des SEPT MERCENAIRES tout en réussissant le pari de rester dans la franchise en refaisant jouer à John Vaughn un rôle similaire à celui qu’il tient dans l’original. Pour ce qui est de DUNE WARRIORS, il n’y aucun clin d’œil, c’est juste du pompage d’idées écrit à la va vite. Et c’est sans oublier que le réalisateur philippin Cirio H. Santiago n’en est pas à son premier navet post-apocalyptique.
Dans DUNE WARRIORS on retrouve la plupart des ingrédients déjà présents dans STRYKER, LES ROUES DE FEU, LES NOUVEAUX CONQUÉRANTS, EQUALIZER 2000, LES GUERRIÈRES DU FUTUR. Des post-nuke bâclés et signés Santiago. Et des séries Z, déjà à la base, pompées sur les nanars italiens du genre qui, pourtant, disparaissaient des écrans au moment où le réalisateur/producteur philippin tentait de récupérer quelques cinéphiles retardataires. Et en plus de n’être que cinq au lieu de sept mercenaires, seul David Carradine peut prétendre à une vraie tête d’affiche. Au moins, la jeune et jolie Maria Isabel Lopez en mercenaire toute de latex vêtue, amène un peu de piment au film avec ses faux airs de starlette d’un Bruno Mattei philippin. Et Cirio H. Santiago se sachant sûrement aux commandes d’un nouveau nanar invendable, nous propose une courte scène de top-less par la miss Lopez, en milieu de film. Enfin, un mauvais sosie de Richard Lynch dans LES GLADIATEURS DE L’AN 3000, joue le méchant du film. Quand on sait que Roger Corman était à l’origine de cette fausse suite de LA COURSE À LA MORT DE L’AN 2000 et qu’il est de nouveau producteur du film de Cirio H. Santiago de 1991, le mystère des costumes et des faux sosies de DUNE WARRIORS semble résolu.
Pour le reste, rien d’exceptionnel. Mais là où l’on comprend vite que l’on est dans du Bis sans concession ni budget, c’est lors de certaines scènes brouillonnes, tournées à la va vite et sans explications. Et dont finalement seul le souvenir intact de l’original de John Sturges permet d’expliquer certaines réactions ou dialogues. Bref, avec DUNE WARRIORS, Santiago détourne complètement le scénario des SEPT MERCENAIRES… Mais qui n’est pas un fan du western original (ou même du film de Kurosawa, LES SEPT SAMOURAIS) risque de souvent passer à côté du film de Santiago. Mais en même temps, je vous rassure si vous ne l’avez jamais vu : ce n’est pas très grave non plus…
- Trapard -
Le post-apocalyptique, ça a toujours inspiré Trapard.
S’il aime ce genre je lui conseille aussi Le Chevalier du monde perdu (ou pas !)
@morbius : c’est vrai ! J’en ai toute une collection d’ailleurs.
@Buliwyf : oui je connais Le Chevalier du monde perdu avec sa moto-ordinateur de bord très bavarde. Figure-toi que je préfère celui-là avec son humour involontaire ou alors très très pataud…à Dune Warriors qui se prend vraiment très très au sérieux.
J’aurais aussi pu préciser dans mon article que KAINE LE MERCENAIRE est aussi une production Corman. C’est l’une de ces centaines de séries B qu’il a produit avec des décors et des figurants argentins dans les années 80.
Et KAINE LE MERCENAIRE est aussi une adaptation non-assumée de Kurosawa (et de son YOJIMBO ou LE GARDE DU CORPS) qui a eu aussi droit à son remake avec POUR UNE POIGNÉE DE DOLLARS de Sergio Leone.
Et pour poser une cerise en équilibre sur le pompon : l’un des méchants de KAINE LE MERCENAIRE n’est autre que Luke Askew, l’un des 7 dans LA CHEVAUCHÉE DES SEPT MERCENAIRES (1972) et il joue dans la série TV KUNG-FU : THE LEGEND CONTINUES (1993-1994).
Et dans DUNE WARRIORS, Luke Askew joue le faux sosie de Richard Lynch dans LES GLADIATEURS DE L’AN 3000 et que Roger Corman avait produit en 1978.
Vive le recyclage à la Corman !!
Et moi je file m’avaler un doliprane après tout ça
Pour voir DUNE WARRIORS en version complète et en VF, c’est par ici —> https://www.youtube.com/watch?v=v8gSsSH-cAg