Croisements entre les héros du cinéma de catch nord-américain et les super-héros costumés des DC Comics, ces fameux « luchadores » sont très nombreux à avoir eu leurs moments de gloire cinématographique au Mexique mais aussi au-delà de ses frontières. Je profite qu’un certain nombre de films de lucha libre soient consultables en entiers (mais en v.o.) sur YouTube pour vous présenter quelques-uns de ces justiciers masqués (la première partie du dossier est disponible ici).
BLUE DEMON, EL ENMASCARADO DE ORO, LAS MUJERES PANTERAS, LA MUJER MURCIELAGO et MIL MÀSCARAS
BLUE DEMON, EL DEMONIO AZÙL
autrement dit, LE DÉMON BLEU.
Alejandro Muñoz Moreno (1922-2000)
BLUE DEMON est largement considéré comme l’un des plus grands catcheurs mexicains de son temps. Il a commencé sa carrière cinématographique en apparaissant comme caméo dans plusieurs films de lucha libre tournés en 1961.
Petite parenthèse avec cet ASESINOS DE LA LUCHA LIBRE (1962) réalisé par Manuel Muñoz et qui est un mélange de thriller policier plutôt rural et de western avec une enquête qui se déroule dans le milieu du catch. Un luchador de la région y est suspecté de plusieurs meurtres. BLUE DEMON y joue un rôle de luchador avant de jouer les premiers rôles qu’on lui connait à partir de 1964.
En 1964, Enrique Vergara, le producteur des films Santo qui étaient alors très populaires, a décidé de diversifier ses têtes d’affiches en proposant à BLUE DEMON, alors âgé de 42 ans, de jouer dans sa propre série de films de lucha libre. Les sujets de ses films sont alors très semblables à ceux des films avec SANTO qui demanda une augmentation de salaire puisque Vergara voulait mettre en avant une deuxième star de cinéma lui faisant ainsi de l’ombre.
De 1964 à 1977, BLUE DEMON a joué dans un total de 25 films de lucha libre. Parmi ces films, SANTO est la co-vedette de neuf d’entre eux, bien que les deux lutteurs n’ont jamais été de bons amis dans la vie. Dans trois de ses films, BLUE DEMON a joué en tant que chef d’un escadron de super-héros masqués, appelés LOS CAMPEONES JUSTICIEROS.
Comme pour SANTO, je partagerai aussi quelques liens de films avec BLUE DEMON qui sont consultables sur YouTube.
- BLUE DEMON CONTRA EL PODER SATÀNICO (1966) de Chano Urueta. Le film est ICI.
Un alchimiste est emprisonné et condamné à mort, mais il se place dans une sorte transe mortelle avant son exécution en utilisant une puissance satanique et il est enterré. Cinquante ans plus tard, deux fossoyeurs déterrent son cercueil et sont tués par le sorcier ressuscité. Alors qu’il commence à assassiner de jeunes femmes, Blue Demon intervient…
- LA SOMBRA DEL MURCIÉLAGO (1966) de Federico Curiel.
Celui-ci n’est pas sur YouTube mais il a l’air vraiment excellent avec son mélange des thèmes du Fantôme de l’Opéra et du film de vampires :
Un ancien lutteur nommé « Bat » a pris sa retraite après que son visage ait été défiguré lors une confrontation. Désormais, il vit dans une grotte, dans laquelle il joue l’organe entouré d’assistants fantomatiques qui lui kidnappent des femmes pour son plaisir personnel, jusqu’à ce que Blue Demon intervienne…
Voici quelques titres où BLUE DEMON y côtoie EL SANTO :
- SANTO Y BLUE DEMON EN EL MUNDO DE LOS MUERTOS (1970) de Gilberto Martínez Solares.
Année 1676 : un ancêtre de Santo est victime de la malédiction d’une sorcière maléfique. Trois siècles plus tard, Santo aidé de Blue Demon sera obligé de descendre dans le monde des morts pour casser le maléfice et sauver sa bien-aimée…
- SANTO CONTRA LAS MOMIAS DE GUANAJUATO (1972) de Federico Curiel.
BLUE DEMON se retrouve aux côtés de SANTO, mais aussi de MIL MÀSCARAS et de SATAN pour affronter des momies aztèques ressuscitées qui s’échappent d’un musée…
- SANTO Y BLUE DEMON CONTRA EL DR. FRANKENSTEIN (1974) de Miguel M. Delgado.
Santo, et son partenaire Blue Demon, sont une fois de plus aux prises avec le mal après la mort de l’épouse bien-aimée du Dr Irving Frankenstein. Celui-ci devient obsédé par le besoin de la ramener à la vie. Pour cela il fait kidnapper et tuer de belles jeunes femmes pour recréer un être mi-zombie, mi-robot qui exécutera ses ordres…
EL ENMASCARADO DE ORO
autrement dit, L’HOMME AU MASQUE D’OR
Je n’ai jamais vu cet EL ENMASCARADO DE ORO CONTRA EL ASESINO INVISIBLE (1965), incarné par le luchador Jorge Rivero et réalisé par René Cardona, et je le regrette bien.
LAS MUJERES PANTERAS
autrement dit, LES FEMMES PANTHÈRES
Ariadna Welter, Elizabeth Campbell et Yolanda Montes (Tongo)
Les films des deux LUCHADORAS ont forcément inspiré d’autres films avec de jolies catcheuses, et c’est le cas avec ces MUJERES PANTERAS, où Elizabeth Campbell y a d’ailleurs un nouveau rôle de catcheuse affrontant d’autres monstres.
LA MUJERES PANTERAS (1967) de René Cardona. Le film est ICI.
Satanasa est la redoutable adversaire principale de nos deux luchadoras et elle est également impliquée avec une bande de gangsters locaux dans un culte de femmes panthères sanguinaires. Une de ces femmes panthères, Tongo, est une artiste de boîte de nuit qui se transforme périodiquement en monstre félin et égorge ses victimes. Nos luchadoras doivent affronter des femmes panthères sur le ring ainsi que la sorcière Satanasa qui se cache dans une grotte avec ses serviteurs et qui pratique la magie noire pour faire ressusciter une armée de zombies…
LA MUJER MURCIELAGO
autrement dit, LA FEMME CHAUVE-SOURIS
LA MUJER MURCIELAGO c’est la FEMME CHAUVE-SOURIS, et c’est évidemment une version mexicaine de BATWOMAN.
Souvenez-vous : de 1966 à 1968, Adam West et Burt Ward incarnaient Batman et Robin dans la série TV américaine ultra-culte. BATGIRL, la version au féminin et pour teenagers de BATMAN créé en 1961 par DC Comics (tandis que BATWOMAN avait déjà été créée en 1956) débarque elle aussi sur les petits écrans avec le personnage de Barbara Gordon alias Batgirl dans la dernière saison de la série dès 1967 sous les traits de la jeune et jolie Yvonne Craig. Ce qu’il manquait peut-être à Yvonne Craig et à Batgirl, c’était une touche moins teen, plus adulte et plus sexy finalement, et voila sûrement pourquoi le cinéaste mexicain René Cardona a offert à la pulpeuse comédienne italienne Maura Monti le rôle de Batwoman. Maura Monti incarnait justement l’une des séduisantes Martiennes affrontant Santo, el Enmascarado de Plata dans SUPERMAN CONTRE L’INVASION DES MARTIENS d’Alfredo B. Crevenna l’année précédente.
Après avoir été défiguré par Batwoman lors d’un combat, le Dr Williams, un savant fou, espère prendre sa revanche sur la justicière masquée. Pour cela, le savant kidnappe des lutteurs afin de leur prélever la glande pinéale qu’il greffe à des poissons, pour ainsi pouvoir créer une race mutante d’hommes poissons capables d’évoluer sur terre comme dans les mers…
MIL MÀSCARAS
autrement dit, MILLE MASQUES
(il change régulièrement de masque et de look)
aka Aaron Rodríguez Arellano
Mil Mascaras est l’un des rares combattants qui possède le statut de légende au Mexique, aux États-Unis, en Amérique du Sud et au Japon.
Au début de 1966, le producteur mexicain Enrique Vergara était à la recherche d’un nouveau lutteur masqué pour jouer dans des films d’horreur de lucha libre jusqu’à ce qu’il trouve le personnage de MIL MÀSCARAS. C’est Valente Pérez Hernández (alors propriétaire du magazine de catch Lucha Libre) qui créa le personnage. Les deux stars régulières des productions Vergara n’étaient plus disponibles pour tourner dans ses films. SANTO venait de le quitter pour un litige sur son contrat tandis que BLUE DEMON s’était blessé de manière inattendue et a exigé un temps de convalescence. Sans vouloir perdre de profits, Vergara a décidé d’offrir un rôle à MIL MÀSCARAS dans ses deux prochains films. MIL MÀSCARAS tourna finalement durant 15 années, et en apparaissant dans un total de 17 films.
Mil Mascaras est toujours actif dans la lucha libre aujourd’hui, du haut de ses soixante et onze ans. Il a des milliers de fans partout dans le monde monde, et ses films sont devenus cultes et très recherchés et collectionnés par les fans du genre.
Voici quelques-uns de ces films trouvés ça et là sur YouTube :
- MIL MÀSCARAS (1966) de Jaime Salvador.
Ce premier film, intitulé tout simplement MIL MÀSCARAS a été tourné en noir et blanc, et était inspiré par les bandes dessinées ou romans mettant en scène le personnage de DOC SAVAGE alors très populaire dans les années 60. En gros, une équipe de scientifiques a, dès sa naissance, entraîné son corps et son esprit pour leur donner des capacités quasi surhumaines. Il en a gardé une énorme force physique, une très grande endurance, une mémoire photographique, une maîtrise parfaite de la lucha libre et de larges connaissances scientifiques. Il redresse les torts et punit les méchants…
- LAS VAMPIRAS (1968) de Federico Curiel.
Une histoire de vampires dans lequel MIL MÀSCARAS côtoie John Carradine.
En 1970, de nouveau sous la direction de Curiel, Mil Mascaras est lié aux deux autres plus grands combattants de cinéma mexicain – Blue Demon et El Santo – dans le film LAS MOMIAS DE GUANAJUATO, une production qui bénéficie d’un succès d’estime parmi les fans le genre.
- EL PODER NEGRO (1975) d’Alfredo B. Crevenna.
Ce film raconte la vie du catcheur EL PODER NEGRO. Entre discrimination raciale et l’environnement rude des dockers mexicains, ascension d’un jeune catcheur africain…
EL PODER NEGRO est un des rares films de la Blaxploitation des films de Lucha Libre et le catcheur afro-américain y côtoie de nombreuses célébrités comme le body-builder, Sergio Oliva, et évidemment, MIL MÀSCARAS.
Le dernier film dans lequel MIL MÀSCARAS fait équipe avec BLUE DEMON et SANTO a été MISTERIO EN LAS BERMUDAS (1977), qui est considéré par les fans de cinéma de lucha libre mexicains comme les derniers grands classiques de cette longue série.
- Trapard -
- FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE -
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Quand même sympa cette petite virée dans le monde de la « lucha libre ». On en apprend toujours beaucoup avec Trapard !
Merci pour le compliment Morbius !