NARCISO IBÁÑEZ MENTA
Je vais vous toucher quelques mots au sujet d’un comédien important mais malheureusement complètement oublié : Narciso Ibáñez Menta (1912-2004).
J’ai découvert son cinéma il y a une quinzaine d’années, quelque temps avant son décès, lorsque mes parents sont revenus d’un court voyage en Argentine avec dans leurs valises trois classiques du cinéma d’horreur argentin en VHS : EL EXTRAÑO CASO DEL HOMBRE Y LA BESTIA (1951), LA BESTIA DEBE MORIR (1952) et EL VAMPIRO NEGRO (1953). « Mais quel est donc cet obscur cinéma dont nous parle encore Trapard cette fois-ci ? » me direz-vous ? Une question qui me rappelle une remarque de Skarn dans son entretien dans Paroles d’Altaïrien où il disait que le geek se sentait souvent seul face à sa culture et ses discussions. Sachez que pour ma part, je me sens même seul au milieu des geeks. Je m’explique : j’ai grandi et passé ma vie en Nouvelle-Calédonie et assez peu voyagé, et donc à chaque fois qu’un membre de ma famille a quitté le Territoire pour tel ou tel voyage, au lieu de lui demander de me ramener un film ou un livre qu’on trouve partout, je lui ai toujours dit : « Trouve-moi les trucs les plus Z, amateurs ou obscurs du pays où tu vas ». Au final, je n’ai jamais eu de coffrets STAR WARS ou ALIEN ou de séries TV. Mon vrai plaisir, quitte à passer un mauvais moment, c’est de découvrir des films complètement improbables. Et pour les classiques du cinéma argentin, ça a été une véritable découverte pour moi qui ne connaissais surtout que les grandes lignes du cinéma fantastique mexicain. Je suis donc ce genre de Geek-là et c’est ainsi que je me suis intéressé à Narciso Ibáñez Menta.
Narciso Ibáñez Menta, qui est un peu comme le Vincent Price d’Amérique du Sud, était un comédien d’une grande finesse et très cultivé, ayant incarné de nombreux rôles fantastiques au théâtre, comme pour la télévision et le cinéma en Argentine, en Uruguay et en Espagne. Il a notamment incarné LE FANTÔME DE L’OPÉRA et DR. JEKYLL ET M. HYDE dans des pièces de théâtre dans les années 30 à Buenos Aires, une carrière théâtrale remarquée qui le propulsa vers de grands rôles cinématographiques. Narciso Ibáñez Menta est aussi le père de Narciso Ibáñez Serrador (LES RÉVOLTÉS DE L’AN 2000) qui l’un comme l’autre, se sont toujours attachés aux grands thèmes du Fantastique et au cinéma de genre.
Vous pouvez consulter certains de ses films sur YouTube, en versions complètes mais en espagnol. En voici quelques exemples :
- UNA LUZ EN LA VENTANA (1942) de Manuel Romero. Le film est ICI.
Ce film est considéré comme le tout premier film d’horreur réalisé en Argentine et lançant la carrière légendaire de Narciso Ibáñez Menta.
Une infirmière travaille dans une villa, où elle s’occupe des soins médicaux d’une vieille femme paraplégique. Le Dr Herman y vient aussi régulièrement, mais les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être, et la vieille femme est moins âgée qu’il n’y paraît. Elle souffre d’acromégalie, une maladie causée par une sécrétion excessive d’hormones de croissance, qui est aussi est produite par la glande pinéale et le Dr Herman a l’intention de pratiquer une transplantation…
- EL QUE RECIBE LAS BOFETADAS (1947) de Boris H. Hardy. Le film est ICI.
Narciso Ibáñez Menta y reprend le rôle culte de Lon Chaney dans LARMES DE CLOWN (1924, He Who Gets Slapped) tourné par Victor Sjöström et adapté du roman russe de Leonid N. Andreïev, « Tot, kto poluchayet poshchechini » (1922).
- LA MUERTE ESTÁ MINTIENDO (1950) de Carlos F. Borcosque. Le film est ICI.
Pour sauver la vie de son frère, un homme tue un maître chanteur, mais c’est son frère qui est accusé…
- LA CALLE JUNTO A LA LUNA (1951) de Román Viñoly Barreto. Le film est ICI.
Biopic de la vie du poète argentin Evaristo Carriego (incarné par Narciso Ibáñez Menta) située dans le Buenos Aires des années 1890-1910…
- LA BESTIA DEBE MORIR (1952) de Román Viñoly Barreto. Le film est ICI.
Petite production argentine de la Esmeralda Films, LA BESTIA DEBE MORIR est la première adaptation du roman de Nicholas Blake, « The Beast must Die ». Les deux suivantes étant nettement plus connues puisqu’il s’agit du film de Claude Chabrol interprété par Jean Yanne, QUE LA BÊTE MEURE (1969) et le film anglais de la Amicus qui est très largement inspiré, voir même très éloigné du roman, LE MYSTÈRE DE LA BÊTE HUMAINE (1974, The Beast must Die) de Paul Annett et avec Peter Cushing.
Un écrivain dont la fille a été tuée par un chauffard qui a pris la fuite part en quête de vengeance.
Bien qu’un peu bavard, LA BESTIA DEBE MORIR n’en reste pas moins « un film d’acteurs ». Et Ibáñez Menta tient le film sur ses épaules, malgré la réalisation fluide de Román Viñoly Barreto.
- PROCESADO 1040 (1958) de Rubén W. Cavalloti. Le film est ICI.
Un honnête homme emprisonné à tort, explore l’horreur des murs froids de l’intérieur de la prison…
- OBRAS MAESTRAS DEL TERROR (1960) de Enrique Carreras.
Le film le plus connu de Narciso Ibáñez Menta. C’est un film à sketchs adapté de « Le cas de M. Valdemar », « La Barrique d’amontillado » et « Le cœur révélateur » d’Edgar Allan Poe. Le film est ICI.
OBRAS MAESTRAS DEL TERROR est un autre film de la Argentina Sono Film, tourné en plein âge d’or du Fantastique. Sorti juste avant la vague gothique d’adaptations d’Edgar Allan Poe par Roger Corman avec LA CHUTE DE LA MAISON USHER (1960, House of Usher) qui en fut le point de départ, OBRAS MAESTRAS DEL TERROR est un film à sketchs en noir et blanc qui adapte « Le cas de M. Valdemar », « La Barrique d’amontillado » et « Le cœur révélateur ». Tourné par le cinéaste péruvien Enrique Carreras, le scénario d’OBRAS MAESTRAS DEL TERROR a été mis en forme à partir des trois nouvelles citées plus haut, par le journaliste Rodolfo Manuel Taboada, puis par le cinéaste Narciso Ibáñez Serrador. Ce dernier, né en Uruguay, a réalisé une partie de sa carrière pour la télévision dans son pays avant d’entamer une carrière cinématographique en Espagne avec des classiques de l’épouvante mondialement connus comme LA RÉSIDENCE (1969) et surtout LES RÉVOLTÉS DE L’AN 2000 (1976).
L’intrigue : Un médecin hypnotise un malade en phase terminale pour tenter de retarder sa mort dans l’épisode Le cas de M. Valdemar. Un homme étrangle sa femme infidèle dans un tonneau de vin, dans l’épisode La Barrique d’amontillado. Un meurtrier croit entendre le rythme cardiaque de sa victime le dénoncer, dans Le cœur révélateur.
Comme son fils Narciso Ibáñez Serrador, Narciso Ibáñez Menta a beaucoup travaillé pour la télévision argentine et espagnole et notamment pour la série TV, HISTORIAS PARA NO DORMIR. Par exemple ICI, Narciso Ibáñez Serrador dirige son père dans LA PESADILLA, un épisode gothique sur un sujet de vampires, pour le Canal 11 de Buenos Aires (26 septembre 1974). Et ICI, le fils dirige encore le père en 1982, dans la même série HISTORIAS PARA NO DORMIR mais produite et diffusée par la télévision espagnole, dans un épisode intitulé FREDDY.
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On continue l’exploration du cinéma fantastique en compagnie de Trapard. C’est parfait !
Excellent, vraiment très intéressant qui mieux est, article.
Je suis toujours ravi de constater que nous pouvons plusieurs à nous intéresser à des acteurs/réalisateurs hors courants mainstream !
Bravo
Hey Salut Tinterora !!
Merci pour le compliment et content de te croiser pour la première fois sur le blog de Morbius. Alors qu’on se connait mieux sur d’autres blogs où j’ai comme autre pseudo : Le Caillou Magique
Merci pour ton passage Amigo !
Tinterora…Trapard…Y’a comme un ban de squales sur les Échos d’Altaïr !