FURIE (1978) de Brian De Palma
THE FURY est sûrement l’un des thrillers des années 70 de Brian De Palma les moins vus aujourd’hui. Même son CARRIE AU BAL DU DIABLE (1976) qui ne me semble être qu’un brouillon de FURIE, réalisé deux avant avant celui-ci, est pourtant culte aujourd’hui. Peut-être que l’ambiance de « film d’espionnage » de FURIE plait moins aux fans de cinéma fantastique, et que ce genre a trop vite disparu au milieu des années 80, et que beaucoup le considèrent désormais comme un peu désuet.
Pourtant, il me semble que CARRIE et FURIE racontent un peu la même histoire, mais chaque film explore surtout un univers et un contexte socio-politique différents. FURIE revient plutôt sur ces légendes urbaines post-guerre-du-Vietnam et post-Watergate, qui sentaient bon les complots gouvernementaux, et qui traitaient d’expériences secrètes faîtes sur des Américains doués de pouvoirs ou de perceptions extrasensoriels. Stephen King en fera même le sujet de son roman CHARLIE (FIRESTARTER) en 1980, et plus ou moins celui de DEAD ZONE en 1983. D’ailleurs, le film de DEAD ZONE réalisé par David Cronenberg a beaucoup de points communs avec FURIE de De Palma, ne serait-ce que par ses cadrages ou par l’ambiance anxiogène liée à un pouvoir politique omniprésent et dont on n’entrevoit que la partie immergée. David Cronenberg réutilisera même l’effet gore de la scène finale de FURIE pour une des scènes d’anthologie de son SCANNERS en 1981.
L’autre référence, volontaire ou non, on pourra la trouver avec les Comics de Stan Lee et Jack Kirby. On trouve dans l’univers des X-MEN la même animosité dans les discours anti-mutants que dans CARRIE, FURIE, CHARLIE ou DEAD ZONE : la peur de l’inconnu considéré comme une monstruosité de la nature à détruire ou à écarter.
Beaucoup moins hitchcockien d’apparence que certains classiques de son réalisateur, comme SŒURS DE SANG, OBSESSION, PULSIONS ou BODY DOUBLE. FURIE est pourtant une continuité de ce cheminement de Brian De Palma sur les traces du maître : une histoire d’espionnage avec un mode narratif et une manière hitchcockienne de penser le suspense et l’action en images et en mouvements, et de cadrer l’intrigue, en jouant souvent de la profondeur de champs. Ceux qui critiquent la similitude de certains films de De Palma avec ceux d’Alfred Hitchcock, ne peuvent nier la rigueur et la qualité du résultat de films comme FURIE ou autre, un résultat toujours irréprochable.
Mais De Palma sait aussi flatter son audience, puisqu’il fait très souvent jouer dans ses films de grands comédiens confirmés (Kirk Douglas, John Cassavetes) avec de nouveaux jeunes talents comme Amy Irving et son beau regard clair (elle était déjà très présente dans CARRIE AU BAL DU DIABLE).
L’intrigue de FURIE : Robin Sandza assiste impuissant à une attaque qui frappe Peter, son père, lors de ce qui semble être une attaque terroriste sur une plage du Moyen-Orient. Cependant, alors que Robin a disparu, Peter échappe de justesse à la mort et comprend rapidement que l’attaque était une mise en scène organisée par une agence gouvernementale américaine. Son but : s’emparer de Robin, doué de perception extrasensorielle. Peter met tout en œuvre pour retrouver son fils et finit par croiser la route de Gillian, une jeune femme dotée du même pouvoir que Robin…
Je me souviens que FURIE avait été diffusé en 1986, l’année de mon adhésion au Sci-Fi Club, un vendredi ou un samedi soir, sur RFO-NC. Depuis, parfois je m’amuse à penser en revoyant LA CHÈVRE (1981) de Francis Veber, que cette comédie est une sorte de parodie « à la française », inavouée et simplifiée du film de De Palma. Si, si ! Mais si vous doutez de mon propos, relisez l’intrigue de FURIE au-dessus, puis lisez ensuite celle de LA CHÈVRE : La fille du grand PDG Bens, très malchanceuse, se fait enlever alors qu’elle est en vacances au Mexique. Pour la retrouver, son père, conseillé par son psychologue d’entreprise, utilise un de ses employés aussi malchanceux qu’elle, François Perrin, comptable, dans l’espoir qu’il lui arrive les mêmes malheurs qu’à sa fille et qu’il la retrouve…
- Trapard -
Je ne l’ai découvert que depuis l’année dernière. Il était temps !
Tu l’as apprécié ?
Oui, beaucoup. J’aime de toute façon les films de De Palma, y compris son MISSION TO MARS malheureusement très critiqué.
Moi aussi j’ai aimé MISSION TO MARS. Je ne savais pas qu’il avais été critiqué. J’avais juste fait le lien avec PLANÈTE ROUGE dont j’avais adoré le robot, tu t’en doutes. http://morbius.unblog.fr/2015/12/12/robot-cool-37/
Mais il y a plus d’ambiances et d’intrigues dans MISSION TO MARS que dans PLANÈTE ROUGE.
J’ai en effet trouvé des critiques sur Wikipedia :
-Figaro Magazine « cette odyssée spatiale s’avère une belle aventure »
-Nathalie Piernaz du site Chronic’art apprécie le film qui fait « preuve d’une certaine inventivité visuelle » mais regrette qu’il soit « sans cesse rattrapé par sa nature profonde : celle d’un cinéma hollywoodien dont l’unique objectif est le divertissement »
-Dans Le Nouvel Observateur, François Forestier est assez partagé et se demande « Comment juger un demi-film ? » car « la première moitié est du grand Brian De Palma : mouvements de caméra, idées poétiques, tout y est [...]. Puis vient la deuxième moitié, qui vire à la métaphysique éculée, voire à la niaiserie »
-Jean-Yves Katelan du magazine Première est lui aussi assez mitigé : « tout n’est pas immédiatement affreux dans ce film incroyablement naïf, beaucoup plus proche d’un mauvais épisode de Cosmos 99 que d’un certain 2001 »
-Dans L’Événement, François Jonquet est assez négatif sur le film qu’il juge comme un « space opera [qui] tourne au soap opera » dans lequel « le spectateur [...] reste effondré sur son siège, comme assommé par tout le poids de l’univers »
-Jean-Claude Loiseau de Télérama pointe du doigt un « scénario oscillant entre l’extrême banalité et la naïveté pompeuse »
À propos du sujet de FURIE et des films d’espionnage, je viens de voir le film de Jun Fukuda de 1974, ESUPAI aka LES ESPIONS AUX POUVOIR EXTRASENSORIELS ! ^^ Très sympa d’ailleurs, et ça change des kaiju-eiga de Fukuda.
ESUPAI, c’est vraiment les X-MEN japonais avant l’heure finalement, en version Seventies. Avant les blockbusters de ces dernières années en tout cas.
L’intrigue : Un syndicat du crime prévoit de tuer les leaders mondiaux grâce à la télépathie. Un groupe top secret appelé E.S.P.Y est chargé d’arrêter les tueurs psychiques…
En 1977, George Lucas s’inscrivait dans l’air du temps avec la Force. Tous les passages de télékinésie étaient mes préférés dans STAR WARS quand j’étais gosse. C’était bien vu, et ça correspondait aussi à une attente de l’époque. Ce qui est étonnant, c’est qu’on croyait un peu aux pouvoirs extrasensoriels (enfin, moi j’y croyais quand j’étais gosse), et aujourd’hui, tout ça a été remplacé par les super-pouvoirs auxquels personne ne croit plus du tout, et qui font rêver que pendant les 1h30 du film.
En 1983, j’avais vu sur FR3-NC, un téléfilm de 1978 dérivé de STAR WARS dont je n’arrive plus à me souvenir du titre, alors que j’ai pu le revoir il y a 4 ans grâce à UFSF. C’est une de ces séries TV avortées dans les années 70 et qui étaient diffusées dans des versions d’1H30 à la TV. Le titre français c’était quelque chose du genre LA FORCE DES ÉTOILES ou LE POUVOIR DE L’ESPACE. Enfin bref, c’était un peu comme l’histoire d’un Luke Skywalker mais né sur la Terre, d’une mère terrienne et d’un père extraterrestre. Et ce gars développait des pouvoirs de télékinésie au sein d’un groupe gouvernement du genre de E.SP.Y. comme dans le film japonais au-dessus. Sauf que lui était toujours seul.
Puis la même année, il y a aussi eu LA GRANDE MENACE sur la télékinésie. Puis aussi L’INITIATION DE SARAH que je cherche en ce moment.
https://www.senscritique.com/film/L_Initiation_de_Sarah/17905428