Neil Postman, spécialiste des médias, a comparé George Orwell (1984) et Aldous Huxley (Le Meilleur des Mondes) dans la préface de son livre Se distraire à en mourir. Il écrit ainsi :
« Orwell craignait ceux qui interdiraient les livres. Huxley redoutait qu’il n’y ait même plus besoin d’interdire les livres, car plus personne n’aurait envie d’en lire. Orwell craignait ceux qui nous priveraient de l’information. Huxley redoutait qu’on ne nous en abreuve au point que nous soyons réduits à la passivité et à l’égoïsme. Orwell craignait qu’on ne nous cache la vérité. Huxley redoutait que la vérité ne soit noyée dans un océan d’insignifiance. Orwell craignait que ce que nous haïssons nous détruise. Huxley redoutait que cette destruction nous vienne plutôt de ce que nous aimons. »
FRANKENSTEIN CONTRE BARAGON (Furankenshutain tai chitei kaijû Baragon)
Année : 1965
Réalisateur : Ishirō Honda
Scénario : Reuben Bercovitch & Takeshi Kimura
Production : Tomoyuki Tanaka
Musique : Akira Ifukube
Pays : Japon
Durée : 89 min
Interprètes : Nick Adams, Tadao Takashima, Kumi Mizuno…
Tout le schéma du film d’Ishirō Honda est finalement dans ce titre de FRANKENSTEIN CONTRE BARAGON : ou quand la science de la vieille Europe rencontre l’atome nippo-américain (autrement dit, le blocus américain au Japon).
L’intrigue : Durant la Seconde Guerre mondiale, le cœur de la créature de Frankenstein débarque au Japon. Il est amené dans un laboratoire d’Hiroshima où des scientifiques procèdent à sa transplantation dans un cadavre. Mais, alors que l’opération vient de s’achever, la bombe atomique s’abat sur la ville. Des années plus tard, le monstre est recueilli par un scientifique américain et son assistante japonaise. Sous l’effet des radiations, il commence à grandir jusqu’à atteindre la taille d’une maison. Aucune cage ne pouvant plus désormais le retenir, le monstre s’évade et se réfugie dans la forêt. En même temps, Baragon, un dinosaure mutant, sort de sa cachette souterraine et se livre à des raids destructeurs…
FRANKENSTEIN CONTRE BARAGON est une sorte de prolongement hybride entre les aventures du comte Frankenstein, des adaptations du « Cerveau du Nabab » (DONOVAN’S BRAIN, LA FEMME NUE ET SATAN, THE BRAIN, et LE CERVEAU QUI NE VOULAIT PAS MOURIR), de la mutation atomique humaine (LE TUEUR AU CERVEAU ATOMIQUE, LE FANTASTIQUE HOMME COLOSSE, L’ATTAQUE DE LA FEMME DE 50 PIEDS...) et d’un bon kaiju-eiga dérivé de GODZILLA. Ou le métissage culturel international parfait pour une exportation de masse. Jugez-en d’ailleurs aux différents titres d’exploitation : « Frankenstein vs. Baragon », « Frankenstein Conquers the World », « Frankenstein Meets the Giant Devil Fish », « Frankenstein and the Giant Lizard », « Frankenstein vs. the Giant Devil Fish », « Frankenstein vs. the Subterranean Monster »...
En dehors des messages politiques faux-culs concernant Hiroshima qui me poussent à préférer le cinéma déjanté des 60′s d’un Seijun Suzuki ou de Nagisa Ōshima, il y a malgré tout chez Ishirō Honda beaucoup de cet univers grotesque et absurde cher aux « Craignos Monsters ». C’est aussi le genre de films rachetés par la télévision américaine comme l’AI.P.-TV qui diffusait des films italiens, japonais ou soviétiques remontés avec des anciennes stars des années 30 et 40 (Basil Rathbone, John Carradine…) jouant dans de nouvelles scènes insérées pour modifier l’intrigue originelle. Ainsi, l’un des plus grands acteurs japonais, Takashi Shimura (rendu célèbre par les films de Kenji Mizoguchi et d’Akira Kurosawa), apparait à l’âge de 60 ans dans une courte scène qui ne dure pas plus d’une minute. Même Akira Ifukube, le créateur de la B.O. du premier GODZILLA de 1954, signe celle de FRANKENSTEIN CONTRE BARAGON en créant des variantes patriotiques américaines du thème principal du roi des monstres.
L’idée du film produit par les deux complices de l’A.I.P., Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson, est aussi de surenchérir derrière la folie d’un KING KONG CONTRE GODZILLA en 1962. À l’origine, Godzilla devait même combattre la créature de Frankenstein à la suite de Baragon, ce qui ne s’est pas fait, sûrement en raison de droits d’auteur entre l’A.I.P. et la Tôhô. En tout cas, la version que je connais est l’alternative avec la pieuvre géante Oodako apparaissant au moment où Baragon s’esquive en se cachant sous la roche. La scène du combat final entre monstres est épique et fait vite oublier les longueurs du reste du film.
C’est sûrement aussi à partir de ce milieu des années 60 que Frankenstein et sa créature ont été complètement dissociés pour ne devenir qu’une simple entité monstrueuse nominative, sans dieu ni maître, et se suffisant à elle-même (voir aussi FRANKENSTEIN MEETS THE SPACE MONSTER).
Quand au géant Baragon, sorte de tortue préhistorique mutante cracheuse de flammes, avec des oreilles de koala et un nez de taupe foreuse, il s’agit de sa toute première apparition dans ce FRANKENSTEIN CONTRE BARAGON. Mais on la recroise, affrontant du beau monde dans LES ENVAHISSEURS ATTAQUENT sorti en 1968.
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LES TROPIS
Les Tropis sont les héros malgré eux du roman de Vercors Les Animaux Dénaturés publié en 1952. En 1959, Vercors a lui-même adapté son roman pour le théâtre pour une pièce intitulée Zoo ou l’Assassin philanthrope. Je suppose que Vercors traitait autant métaphoriquement dans son histoire, de ce que l’on appelle aujourd’hui « Les Zoos humains » (les expositions coloniales), que de l’exploitation de l’homme par l’homme sur des principes éthiques de supériorités (lire aussi La Controverse de Valladolid de Jean-Claude Carrière).
Le livre raconte comment des anthropologues partis à la recherche du « chaînon manquant » découvrent celui-ci, non pas sous forme de fossile, mais d’une population vivante. L’espèce est nommée « Paranthropus greamiensis » en l’honneur de son découvreur Greame, et surnommée « Tropi ». Un homme d’affaires nommé Vancruysen imagine d’en faire une main-d’œuvre à bon marché, sans salaires ni droits, pour une usine de lainage. Dès lors, les anthropologues comprennent qu’il faudra bien répondre à la question « Les Tropis sont-ils des hommes ? ».
En 1969, Gordon Douglas (DES MONSTRES ATTAQUENT LA VILLE) en tourne une adaptation avec le jeune Burt Reynolds (qui vient justement de nous quitter) avec SKULLDUGGERY en 1970.
L’intrigue : Lors d’une expédition en Papouasie-Nouvelle-Guinée, une tribu de créatures ressemblant à des singes, les Tropis, est utilisée comme esclave par les humains. Lorsqu’un des Tropis est présumé assassiné, le long procès pour meurtre est alors centré sur la question suivante : les Tropis sont-ils des humains ou des animaux ?
Dans le film, les créatures sont représentées sommairement comme de très belles femmes dénudées et recouvertes de long poils roux. Beaucoup, comme moi, ont dû être très intrigués en découvrant indirectement les Tropis par le biais du livre culte de Jean-Pierre Andrevon et d’Alain Schlockoff, Cent Monstres du Cinéma Fantastique. N’est-ce pas, Morbius ? (Tout à fait Trapard)
Les films de « chaînons manquants », du Yéti à l’homme-singe, ne manquent pas au cours de l’Histoire du cinéma, mais SKULLDUGGERY aborde le sujet de manière intelligente (tout comme le roman de Vercors) avec quelques touches d’humour antiraciste.
La même année, la Herman Cohen Production sort en Angleterre, TROG, L’ABOMINABLE HOMME DES CAVERNES de Freddie Francis, mais il s’agit plutôt d’une sorte de remake d’un classique de la série B des 50′s : THE NEANDERTHAL MAN (1953) de Ewald André Dupont
- Trapard -
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LES DÉMONS DE L’ESPRIT (1972)
LES DÉMONS DE L’ESPRIT (1972, Demons of the Mind) de Peter Sykes (TO THE DEVIL A DAUGHTER), est une perle gothique tardive de la Hammer Films. Ou plutôt une perle romantique pré-victorienne dans ce que cela comprend de plus sombre, un peu comme Edgar Allan Poe ou un versant psychotique des HAUTS DE HURLEVENT d’Emily Brontë.
L’intrigue : Le Baron Zorn garde ses enfants adolescents Emil et Elizabeth enfermés et drogués dans son manoir à la suite du décès de leur mère dépressive. Leur père est persuadé qu’ils sont atteints du même mal que leur défunte mère. Après plusieurs tentatives d’évasion avortées, les deux jeunes gens sont repris et placés sous la garde de leur Tante Hilda. Peu après des habitants du village voisin sont victimes de morts soudaines dans les bois. La population locale parle de démons. Un prêtre se voue à vaincre les forces du mal mais il n’est pas pris au sérieux par les autochtones. Un médecin, Falkenberg, pourrait détenir un remède pour Emil et Elizabeth…
Au fond, on ne sait jamais vraiment de quelle maladie sont atteints Emil, Elizabeth et leur mère. Un envoûtement héréditaire ou ancestral ? Ou son versant scientifique, l’hystérie ? La maladie des écrivains du XIXe siècle, la syphilis ? Ou encore l’épilepsie ? C’est d’ailleurs le thème central du film de Pedro Olea, EL LOBO DEL BOSQUE (1970). Ou encore, la maladie des années 70, celle de la drogue, des hippies et des stars du rock, la schizophrénie ? George A. Romero en parle d’ailleurs sans la nommer dans MARTIN (1977). Ou une dépression nerveuse comme le résumé l’indique ? Là on y croit moins, bien qu’une espèce de Van Helsing interprété par Patrick Magee pratique le mesmérisme sur nos héros. Disons que le spectateur a le choix. Mais c’est justement ce côté insaisissable de la maladie qui nous plonge dans un univers aux frontières du Fantastique et de l’inexplicable. Et c’est à partir de l’ignorance paysanne moyenâgeuse que se développe l’intrigue des DÉMONS DE L’ESPRIT, avec son lot de croyances toujours plus tenaces que n’importe quelles sciences ou religions en mouvement, que ça se conclue très généralement sur un bûcher sauvage dans le dos des tribunaux de l’Inquisition.
L’autre thème sous-jacent que l’on ressent à chaque fois qu’Emil et Elizabeth toujours séparés malgré eux, et lorsqu’ils tentent de se retrouver… pour faire l’amour, c’est l’inceste évidemment. Bien qu’on ne sache jamais clairement si ce passage à l’acte dépasse le stade du rêve, puisque la réalité et la mélancolie sont étroitement complices dans le film. Comme une malédiction. Cette même relation incestueuse entre un frère et sa sœur m’a un peu rappelé la fratrie ambiguë de Christian et Odile de Caray (David Hemmings et Sharon Tate) dans l’Œil DU MALIN (1966, Eye of the Devil), un de mes films gothiques préférés. Mais en moins explicite.
Mais disons qu’en ces débuts des années 70, le cinéma proposait d’explorer ou de faire exploser les anciens tabous sexuels pour un jeune public averti : pédophilie, inceste, et tous les dysfonctionnements sexuels dans la famille, et particulièrement au niveau des différents modes d’éducations. Ainsi, le hippie Tobe Hooper n’était pas hors-sujet en 1974 en bombardant les écrans de consanguinités avec MASSACRES À LA TRONÇONNEUSE. Mais comme très souvent, là où le cinéma américain est un grand spectacle visuel, les Anglais préfèrent, dans une certaine généralité, explorer le fond des âmes humaines. Et alors qu’on apprend finalement très peu de choses sur la famille Sawyer (la seule scène nous montrant un peu de l’intimité de Leatherface lorsqu’il se maquille, ayant été coupée au montage), le monde d’Emil et d’Elizabeth est souvent exploré de l’intérieur. Trop justement, et c’est ce qui nous propulse dans l’irrationnel et sépare MASSACRES À LA TRONÇONNEUSE et DEMONS OF THE MIND en deux genres bien distincts : Fantastique et Horreur.
Mais au cas où vous n’auriez pas vu le film de Peter Sykes, je ne vous en dirais pas plus, car la vérité est ailleurs. Mais finalement pas très loin…
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LES ÉCHOS D’ALTAÏR VOUS SOUHAITENT UN BON RÉVEILLON ET UN JOYEUX NOËL !
LES MANGEURS DE CHAIR (The Flesh Eaters)
Année : 1964
Réalisateur : Jack Curtis
Scénario : Arnold Drake
Production : Jack Curtis, Terry Curtis & Arnold Drake (Cinema Distributors of America)
Musique : Julian Stein
Pays : États-Unis
Durée : 91 min
Interprètes : Martin Kosleck, Byron Sanders, Barbara Wilkin…
LES MANGEURS DE CHAIR (1964, The Flesh Eaters) est une très bonne surprise. Il s’agit de l’unique réalisation de Jack Curtis, un doubleur de dessins animés et de films japonais. On lui doit aussi les dialogues anglais d’un film français (ILS SONT NUS) et d’un film d’horreur argentin (PLACER SANGRIENTO).
L’intrigue : Une actrice alcoolique, sa secrétaire et un pilote d’hélicoptère sont contraints par le mauvais temps à se poser sur une île isolée. Malheureusement pour eux, cette île sert comme base d’expérimentation à un scientifique nazi qui essaye de mettre au point un puissant solvant capable de dissoudre les chairs humaines…
THE FLESH EATERS est un film de science-fiction horrifique extrêmement bien réalisé avec quelques relents surréalistes à la Luis Buñuel lorsqu’un beatnik survolté débarque sur l’île à bord d’un radeau minuscule avec seulement, à son bord, un phonographe diffusant du jazz à plein volume. Le rythme du film est constamment soutenu, sans temps mort, à la manière d’Orson Welles, certains cadrages rappellent même, à certains égards, LE PROCÈS (1962), ce qui est plutôt étonnant pour une première réalisation.
Pour ce qui est du solvant dévoreur de chairs, son origine est dévoilée tout le long du film. Il prend quelquefois des formes surprenantes à l’aide d’effets spéciaux plus ou moins réussis, jusqu’à l’immense créature finale qui ressemble à une sorte de crabe radioactif géant. La scène où le beatnik ingurgite une lotion fatale et voit ses tripes lui jaillir des intestins ramène aux futurs effets gores de STREET TRASH (1987).
On a aussi droit à une autre scène gore vers la fin du film, avant le combat final entre le héros et le monstre. Un combat d’anthologie qui conclut un film vraiment étonnant dont il n’existe malheureusement aucune édition française.
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LA SCÈNE GORE QUI ANTICIPE STREET TRASH :
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LE BARON VITELIUS D’ESTERA
Cette créature sans nom (même si les Anglo-saxons la nomment « The Brainiac ») est sûrement l’une des plus improbables du cinéma mexicain, voire même du cinéma en général. Elle apparaît dans le film mexicain mi-gothique, mi-science-fiction horrifique, LE BARON DE LA TERREUR (1962, El Baron del Terror) de Chano Urueta, et avec dans le rôle du baron, le Paul Naschy mexicain : Abel Salazar (L’HOMME ET LE MONSTRE).
Il a un long nez pointu, d’immenses oreilles, une langue de serpent, des canines démesurées, des mains affublées de ventouses et une large tête difforme et velue qui semble aussi pourvue d’une système respiratoire qui lui est propre… le Baron de la Terreur ne possède donc aucun critère physique lui permettant de postuler en tant que stewart sur Air Calédonie. Mais il n’avait pas cette hideuse allure de son vivant, jugez-en vous même.
L’intrigue : Condamné par l’inquisition, le baron Vitelius d’Estera est mené au bûcher. Avant d’être brûlé vif, il se moque de ceux qui l’on mené là et surtout, il jure qu’il reviendra se venger sur leur descendance. En fonction d’une conjonction de planètes, le baron réapparaît 300 ans plus tard sous une forme hideuse et entend bien assouvir cette vengeance non moins épouvantable…
Sur la base d’un simple dérivé du MASQUE DU DÉMON (1960) de Mario Bava, notre créature revient donc trois siècles plus tard pour anéantir les descendants de ceux qui l’ont jugé. Elle a en plus le pouvoir de remonter mentalement les généalogies de celles qui seront ses futures victimes, afin de pouvoir les retrouver dans le Mexique contemporain. Et pour se fondre dans la masse, elle hypnotise et aspire le cerveau d’humains lambda avant de voler leur apparence physique.
Tout un programme si proche de l’histoire du MASQUE DU DÉMON avec sa princesse Asa Vajda, ou de LA CITÉ DES MORTS (1960), et pourtant si éloignée, que cela hisse LE BARON DE LA TERREUR au rang d’OFNI très recommandable.
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« La forme dorée sur les marches d’or tremblait et voltigeait comme un oiseau devenu fou – comme un oiseau doué d’un intellect et d’une âme, et pourtant poussé à la folie par des extases et des terreurs au-delà de l’humaine compréhension – des extases incarnées momentanément dans la réalité par l’exécution d’un art superlatif. Un millier de mondes regardaient. »
(Les Seigneurs de l’Instrumentalité – 1 – Cordwainer Smith)
SUPERBEAST (1972)
Durant deux ou trois décennies, les cinéphiles français étaient obligés de créer des raccourcis entre certains classiques du cinéma fantastique. C’était particulièrement le cas avec les trois adaptations de L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU d’H. G. Wells que l’on aime comparer (Wikipédia en indique deux autres que je ne connais pas : L’ÎLE D’ÉPOUVANTE en 1913, et DIE INSEL DER VESCHOLLENEN en 1921). Mais c’est sans oublier que l’adaptation par Erle C. Kenton en 1932 a engendré un grand nombre de dérivés avec des savants fous triturant des humains dans des jungles reculées d’Afrique, d’Asie ou sur des îles du Pacifique (et Dieu sait qu’Hollywood aime les îles imaginaires situées dans l’océan Pacifique sous le continent asiatique).
Ce genre exotique s’est doucement estompé au cours des années 50, avec les grands mouvements politiques, et ce qu’on appelait des « films coloniaux » ont été remplacés par un cinéma d’aventures plus précautionneux avec les décisions des Nations Unies. Et, si l’on exempte les productions anglaises de la Hammer directement inspirées du cinéma hollywoodien des années 30 et 40, les Philippines ont été une vraie alternative avec ses habitants décomplexés et ses lieux de tournages bon marché comme le décrit le documentaire HOLLYWOOD SE DÉCHAÎNE À MANILLE (2010, MACHETE MAIDENS UNLEASHED) de Mark Hartley. De nombreux films de guerre y sont tournés (dont le APOCALYPSE NOW de Coppola), mais aussi certains genres cinématographiques alors démodés, comme les WIP (les films de femmes emprisonnées), les sous-James Bond, et les films d’horreur exotiques de savants fous un peu oubliés depuis les années 40 (souvenez-vous des films de femmes-reptiles, d’hommes-gorilles, de femmes-panthères, etc…). C’est ce qui nous intéresse ici.
Le duo de cinéastes, Gerardo de Leon et Eddie Romero s’est justement fait connaître avec ce type de productions philippino-américaines à petits budgets, dont TERROR IS A MAN/BLOOD CREATURE (1959) avec son histoire de scientifique à moitié fou qui transforme une panthère en créature humanoïde. Une intrigue qui a sûrement inspiré celle du film allemand, L’ÎLE DU SADIQUE (1960). Puis de Leon et Romero ont enchaîné avec leur fameuse trilogie de la « Blood Island » distribuée aux États-Unis par la firme de Roger Corman : BRIDES OF BLOOD (1968), LE MÉDECIN DÉMENT DE L’ÎLE DE SANG (1969) et BEAST OF BLOOD (1972). Mais seul le second volet a été doublé et distribué en France, ce qui n’arrange pas vraiment la lecture de l’ensemble. Et c’est entre cette trilogie et le second remake de L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU réalisé par Don Taylor et produit par Roger Corman en 1977, qu’intervient ce SUPERBEAST (1972).
L’intrigue : Une femme médecin se retrouve bloquée sur une île où se trouve un laboratoire dirigé par un savant fou qui pratique d’étranges mutations sur les humains…
Le sujet n’est finalement pas si différent des « Blood Island » et du roman de Wells : opérations chirurgicales à go-go dans la jungle, loin de toute civilisation.
Comme dans les autres productions de cet acabit, ce film de George Schenk (LES RESCAPÉS DU FUTUR, LES TRAQUÉS DE L’AN 2000) alterne entre un cinéma d’aventures s’inspirant vaguement des CHASSES DU COMTE ZAROFF, et des passages horrifiques avec des maquillages de John Chambers, connu pour son travail sur la saga de LA PLANÈTE DES SINGES, mais aussi sur SSSNAKE LE COBRA (1973). Et pour boucler la boucle, c’est aussi lui qui a créé les maquillages de L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU (1977).
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