SUPERBEAST (1972)
Durant deux ou trois décennies, les cinéphiles français étaient obligés de créer des raccourcis entre certains classiques du cinéma fantastique. C’était particulièrement le cas avec les trois adaptations de L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU d’H. G. Wells que l’on aime comparer (Wikipédia en indique deux autres que je ne connais pas : L’ÎLE D’ÉPOUVANTE en 1913, et DIE INSEL DER VESCHOLLENEN en 1921). Mais c’est sans oublier que l’adaptation par Erle C. Kenton en 1932 a engendré un grand nombre de dérivés avec des savants fous triturant des humains dans des jungles reculées d’Afrique, d’Asie ou sur des îles du Pacifique (et Dieu sait qu’Hollywood aime les îles imaginaires situées dans l’océan Pacifique sous le continent asiatique).
Ce genre exotique s’est doucement estompé au cours des années 50, avec les grands mouvements politiques, et ce qu’on appelait des « films coloniaux » ont été remplacés par un cinéma d’aventures plus précautionneux avec les décisions des Nations Unies. Et, si l’on exempte les productions anglaises de la Hammer directement inspirées du cinéma hollywoodien des années 30 et 40, les Philippines ont été une vraie alternative avec ses habitants décomplexés et ses lieux de tournages bon marché comme le décrit le documentaire HOLLYWOOD SE DÉCHAÎNE À MANILLE (2010, MACHETE MAIDENS UNLEASHED) de Mark Hartley. De nombreux films de guerre y sont tournés (dont le APOCALYPSE NOW de Coppola), mais aussi certains genres cinématographiques alors démodés, comme les WIP (les films de femmes emprisonnées), les sous-James Bond, et les films d’horreur exotiques de savants fous un peu oubliés depuis les années 40 (souvenez-vous des films de femmes-reptiles, d’hommes-gorilles, de femmes-panthères, etc…). C’est ce qui nous intéresse ici.
Le duo de cinéastes, Gerardo de Leon et Eddie Romero s’est justement fait connaître avec ce type de productions philippino-américaines à petits budgets, dont TERROR IS A MAN/BLOOD CREATURE (1959) avec son histoire de scientifique à moitié fou qui transforme une panthère en créature humanoïde. Une intrigue qui a sûrement inspiré celle du film allemand, L’ÎLE DU SADIQUE (1960). Puis de Leon et Romero ont enchaîné avec leur fameuse trilogie de la « Blood Island » distribuée aux États-Unis par la firme de Roger Corman : BRIDES OF BLOOD (1968), LE MÉDECIN DÉMENT DE L’ÎLE DE SANG (1969) et BEAST OF BLOOD (1972). Mais seul le second volet a été doublé et distribué en France, ce qui n’arrange pas vraiment la lecture de l’ensemble. Et c’est entre cette trilogie et le second remake de L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU réalisé par Don Taylor et produit par Roger Corman en 1977, qu’intervient ce SUPERBEAST (1972).
L’intrigue : Une femme médecin se retrouve bloquée sur une île où se trouve un laboratoire dirigé par un savant fou qui pratique d’étranges mutations sur les humains…
Le sujet n’est finalement pas si différent des « Blood Island » et du roman de Wells : opérations chirurgicales à go-go dans la jungle, loin de toute civilisation.
Comme dans les autres productions de cet acabit, ce film de George Schenk (LES RESCAPÉS DU FUTUR, LES TRAQUÉS DE L’AN 2000) alterne entre un cinéma d’aventures s’inspirant vaguement des CHASSES DU COMTE ZAROFF, et des passages horrifiques avec des maquillages de John Chambers, connu pour son travail sur la saga de LA PLANÈTE DES SINGES, mais aussi sur SSSNAKE LE COBRA (1973). Et pour boucler la boucle, c’est aussi lui qui a créé les maquillages de L’ÎLE DU DOCTEUR MOREAU (1977).
- Trapard -
Cliquez ici pour rejoindre Le Groupe d’Altaïr IV sur Facebook !
Cliquez ici pour visiter les tableaux des Échos d’Altaïr sur Pinterest !
Cliquez ici pour visiter la chaîne YouTube des Échos d’Altaïr !
Cliquez ici pour accéder à la page Facebook publique des Échos d’Altaïr !
INDEX DU BLOG / GUIDE ALTAÏRIEN / CARNET GEEK NC
Pour contacter le blog : morbius501@gmail.com
Laisser un commentaire