Sublime bande-annonce de la série Netflix THE DARK CRYSTAL : AGE OF RESISTANCE. On renoue totalement avec l’univers, si riche et magnifique, du film de Jim Henson sorti en 1982. Vivement le mois d’août !
« C’était un anachronisme d’avoir une réceptionniste humaine dans ce bureau de plastique lumineux, au milieu de machines qui se parlaient en clignotant entre des colonnes de jade disparaissant dans des hauteurs obscures… mais un anachronisme des plus agréables quand on considérait les longues jambes et les cheveux d’un roux flamboyant de la réceptionniste. Le capitaine Torres se planta devant elle et déclina son identité. Comme il parcourait du regard ses galbes somptueux, il tomba en arrêt devant le pistolet à fléchettes passé à sa ceinture… »
(La Hanse Galactique – t.1 : Les Princes Marchands – Poul Anderson)
INCIDENT AU LOCH NESS (2004)
Titre original : Incident at Loch Ness
Réalisateur : Zack Penn
Scénariste : Zack Penn et Werner Herzog
Musique : Henning Lohner
Année : 2004
Pays : Angleterre
Interprètes : Werner Herzog, Kitana Baker, Gabriel Beristain, Russell Williams II, David A. Davidson, Michael Karnow, Robert O’Meara, Zak Penn, Crispin Glover et Jeff Goldblum.
L’intrigue : Werner Herzog part en expédition en Écosse afin de faire toute la vérité sur le monstre qui se cache dans le Loch Ness pour les besoins d’un film intitulé Enigma of Loch Ness. À la même époque, John Bailey réalise un documentaire sur Werner Herzog, baptisé Herzog au pays des merveilles, et suit le cinéaste lors de la préparation du film et sur le tournage.
Ce que tous deux ne pouvaient prévoir, c’est que le film d’Herzog ne se ferait jamais. Le chaos qui fut le lot d’Herzog sur nombre de ses longs métrages l’a poursuivi jusqu’en Écosse, un tragique accident après seulement quelques jours de tournage ayant définitivement interrompu la production… À l’automne 2003, les rushs des deux films ont été combinés pour donner naissance à ce making-of.
Sur un archétype archi-connu depuis CANNIBAL HOLOCAUST (1980) et LE PROJET BLAIR WITCH (1998), le producteur Zack Penn et le réalisateur Werner Herzog proposent sans avoir l’air d’y toucher, un film complexe entre documentaire, mockumentaire et found-footage. En se basant sur les grands classiques d’Herzog, on entre dans le documentaire, tel qu’il nous est proposé, sans se poser de questions. Et la présence de Crispin Glover et de Jeff Goldblum au début du film ancre bien cette logique d’honnêteté documentarisée. Mais c’est sans compter sur l’humour d’un Werner Herzog, qui d’un côté est présenté comme un grand mégalomane depuis le documentaire ENNEMIS INTIMES (1999). Et d’un autre côté, il y a le Werner Herzog comédien, qui n’hésite pas à se prêter au petit jeu de l’auto-dérision comme dans le mini-documentaire, WERNER HERZOG EATS HIS SHOE (1980) de Les Blank. Et INCIDENT AU LOCH NESS n’est finalement pas si loin de ce petit documentaire inédit en France, puisqu’on ressent très vite un humour de second degré faire de petites interférences soutenues derrière le sérieux du sujet. Et alors qu’au début du film, Herzog se présentait comme un sceptique amusé concernant toutes formes de cryptozoologie, c’est finalement cet humour qui brouille complètement nos repères en alternant premier et second degrés comme avec ce jeu de la balle cachée sous un gobelet sur trois, pour faire enfin glisser ni vu ni connu, INCIDENT AU LOCH NESS dans de la fiction pure, voire même du cinéma de genre surfant sur la vague des films d’attaques d’animaux marins.
Mais là où Robert Kramer nous avait déjà fait le coup de transformer un documentaire en fiction avec ROUTE ONE/USA (1989), Werner Herzog et Zack Penn préfèrent la légèreté et l’auto-dérision au sérieux de Kramer. Le film permet d’ailleurs de rendre plus accessible au spectateur lambda le métier de producteur, parodié ici avec beaucoup de bienveillance. Et c’est conflit commun entre réalisateur et producteur qui permet d’intégrer assez vite, au fil de l’intrigue, la notion de doute et de potentielle supercherie au fil d’INCIDENT AU LOCH NESS, Zack Penn cherchant continuellement à prendre le dessus sur le travail d’Herzog. C’est l’apparition de la superbe Kitana Baker qui annonce que le film sera plus drôle que prévu. Kitana Baker est mannequin et actrice de films pornographiques, et cette unique apparition dans le cinéma dit-conventionnel, démontre surtout son aisance dans des rôles plus, disons, psychologiques. Je me demande même si sa présence, affublée d’un bikini, sur un bateau assiégé par Nessie, n’aurait pas inspiré à Alexandre Aja la participation de Kelly Brooks en bikini dans le PIRANHA 3D (2010), et de quelques autres starlettes dans les Shark Movies de la firme Asylum. Mais le principe de l’accroche sexy y est, et il fonctionne très bien. Pour preuve, je suis en train de me rendre compte que j’ai dédié plus de six lignes de ce court article des Échos d’Altaïr au bikini de Kitana Baker. Impressionnant, non ?
Mais INCIDENT AU LOCH NESS est un film plus intelligent qu’il n’y paraît, n’ajoutant pas vraiment de nouveau point de vue concernant la créature de Nessie. Le film joue beaucoup avec la complicité du spectateur, tout en parodiant les bases de la série B moderne. Sans être une parodie non plus. On pourrait aussi le ranger dans ce cinéma d’auto-références aux côtés de C’EST LA FIN (2013, This is The End) de Seth Rogen et Evan Goldberg, dans lequel des célébrités du petit et du grand écran jouent leurs propres rôles, tout en se retrouvant dans des situations romancées et dangereuses.
- Trapard -
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« Cryptozoïque : en paléontologie, période pendant laquelle les seuls êtres vivants étaient des microbes et les algues. »
Encyclopaedia Universalis
« Le jurassique était à peu près l’endroit le plus ennuyeux où se retrouver seul. »
Edward Bush
Au 21e siècle, le docteur Wenlock a contribué à la création du CSD, une drogue permettant à ses utilisateurs de dériver mentalement à rebrousse-temps. Employé par l’Institut qui le considère comme l’un de ses meilleurs éléments, l’artiste Edward Bush vit depuis plusieurs années entre le Dévonien et le Jurassique dont il tente de capter l’esprit à travers ses œuvres picturales, tout en y transposant malgré lui ses propres névroses familiales. De retour en 2093, Bush découvre que le pays est tombé sous la coupe d’un régime autoritaire, avant d’apprendre par la bouche de son père, vieux dentiste alcoolique, que sa mère est morte pendant son absence. Rattrapé par ses anciens employeurs qui lui imposent un rude entraînement militaire, le peintre-soldat repart en dérive spatio-temporelle avec pour mission de retrouver et supprimer un certain Silverstone, dont les découvertes pourraient bien changer l’avenir de l’humanité… ou son passé.
Publié en épisodes dans le magazine New Worlds, le roman de Brian Aldiss s’inscrit sans conteste dans la vague de renouveau qui agita la science-fiction anglaise à la fin des années 60. Œuvre à la fois psychédélique et psychanalytique, il n’est pas innocent que la querelle opposant Wenlock et Silverstone renvoie à celle du duo Freund/Jung. Cryptozoïque conserve, cinquante ans après sa première publication, une saveur qui le place au-dessus du lot des simples reliques déjantées issues du Swinging London. En dépit d’une révélation finale un peu trop ambitieuse, envisagée à la même époque par Philip K. Dick, mais sous un angle différent dans À Rebrousse-temps, Aldiss développe à travers les errances de son héros œdipien une réflexion qui fait mouche sur les prodiges développés par notre inconscient pour tenter de nous soustraire à nos responsabilités et au poids de nos erreurs passées.
En dehors de la figure tourmentée d’Eddie Bush, on pourra bien reprocher à l’auteur de n’avoir pas suffisamment étoffé les autres personnages de son récit. Mais faut-il vraiment en vouloir à des esprits errant à travers le temps de finir par manquer d’épaisseur ? Cette remarque mise à part, Cryptozoïque reste une tentative pertinente de réappropriation du voyage temporel, portée par une écriture diablement inspirée, traversée – confère le touchant chapitre « En un autre jardin » – par le souffle d’une poignante métaphysique poétique.
- Le Hangar Cosmique -
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George Lucas, créateur de la saga STAR WARS, a dit :
« N’écoutez pas les autres. Identifiez vos propres intuitions et suivez-les. Ainsi, vous pourrez tout surmonter. »
Reprise de notre nouvelle fantastique participative, ou « histoire sans fin », lancée il y a fort longtemps sur Les Échos d’Altaïr. Et c’est à Art Pour que nous la devons à l’occasion de cette année des 10 ans du blog. Si vous souhaitez vous aussi y participer, contactez nous sur morbius501@gmail.com. En attendant vous trouverez tous les précédents chapitres ici.
Arc-Boutage – chapitre 7
« Il n’est pas revenu. »
« Il n’est toujours pas revenu. »
L’odeur du brûlé emplissait la pièce. Les enfants sur le balcon regardaient, fascinés. Un immense feu brûlait la mangrove lointaine, donnant en spectacle ses féeries destructrices et ses cauchemars brûlants. Les enfants sur le balcon le regardaient, fascinés. Clarisse, immobile, comme anéantie, regardait le feu lécher les habitations sur son écran de télévision. Elle était confortablement assise dans son salon. Et ce malgré le fait que son appartement du Quartier Latin était en première loge pour admirer l’incendie.
L’odeur du brûlé emplissait la pièce. La fumée aussi, bien que irrégulièrement chassée par le vent. On aurait dit que toute la maison, voire tout le Quartier Latin, brûlait. Clarisse avait du mal à distinguer la télévision.
« Il n’est pas revenu. »
« Il n’est toujours pas revenu. »
Il était parti faire son habituelle promenade nocturne. Dominique aimait marcher la nuit. Il partait au coucher du soleil, faisait son tour, puis revenait. Toujours. Il avait commencé à prendre cette habitude en France. Elle s’était affirmée en Nouvelle-Calédonie. Il ne lui avait jamais vraiment dit pourquoi il aimait tant ces promenades nocturnes. Il en revenait généralement épuisé, comme s’il rentrait d’un dur travail. Mais sur son visage s’exprimait une telle béatitude, une telle jouissance de l’être, qu’il était difficile de lui interdire ces promenades. Lui-même reconnaissait que celles-ci pouvaient être « néfastes » pour sa santé, mais il en avait « besoin ». C’était même un « devoir ». Clarisse n’aimait pas ces promenades. Elle les trouvait « trop longues » et « dangereuses ». Chaque soir elle attendait Dominique, et ne se couchait que lorsque celui-ci était rentré. Elle avait même cru pendant un temps que son mari la trompait. Plusieurs nuits de suite elle avait en effet entendu son mari parler à une certaine « Sarah » dans ses rêves. Elle s’était imaginé qu’il profitait de ses escapades pour la voir, et qu’elle devait être cocue depuis au moins son arrivée en Nouvelle-Calédonie, si ce n’est plus. Elle s’était même préparée à le suivre discrètement un soir donné, afin de les surprendre, lui et sa maîtresse. Mais le quiproquo fut rapidement résolu. Un jour que toute la famille était à table, Dominique s’était soudainement levé, et horrifié, comme si il voulait prévenir quelqu’un d’un grave danger, avait crié « Sarah ! », tout en pointant un coin obscur de la salle, où il n’y avait bien sûr personne. Puis il s’était écroulé sans connaissance. Par la suite, les médecins diagnostiquèrent une légère schizophrénie, ayant pour principale caractéristique de mélanger « le Rêve avec la Réalité ». Ainsi Sarah n’était qu’une simple créature fantasmée, « un ange » comme disait Dominique, qui après lui être apparue en rêve, s’était matérialisée dans la réalité grâce à son pauvre cerveau malade. On le mit aux médicaments. Sa santé globale s’améliora rapidement, et il fut admis hors de l’hôpital. Bientôt, il reprit même ses habituelles promenades nocturnes, bien que ses visions n’eussent pas totalement disparues. Cet effort physique était très bien vu des médecins. Clarisse, elle, continuait à se faire du sang d’encre.
Et aujourd’hui, il n’était pas revenu.
Elle s’était endormie à minuit, après l’avoir longtemps attendu. Le matin, elle s’était levée plus tôt que d’habitude, espérant le découvrir à ses côtés dans son lit. Elle ne fut accueillie que par une forte odeur de brûlé, venant de l’extérieur. C’était le feu de mangrove qui tout juste commençait son spectacle. Au petit déjeuner, il apparut que du fait de la fumée qui avait envahi la ville, tous les établissements scolaires étaient fermés pour la journée, pour question de sécurité. De même il était conseillé de ne pas aller au travail ce matin-là. La fumée devenait de plus en plus dense. On ne distinguait plus la rue depuis le balcon, bien qu’on voyait fort bien, en face, le feu de mangrove. Clara et Samuel jubilaient. Les réseaux sociaux, quant à eux, étaient sans dessus dessous. Les rumeurs les plus folles s’y propageaient. Ducos et Rivière Salée étaient pratiquement rasés de la carte, la RT1 et la SAV étaient coupées, et on signalait plusieurs départs de feu à Nouville. On se serait cru au début de l’apocalypse. Tout cela ne faisait qu’augmenter l’inquiétude de Clarisse au sujet de Dominique. Elle finit par délaisser son téléphone pour la télévision. Quant à Clara et Samuel, ceux-ci observaient le feu depuis le balcon. Comme captés par celui-ci.
Dix heures sonna à l’horloge du salon (cadeau de mariage des parents de Dominique). Depuis une heure, personne n’avait bougé de sa place. Les enfants regardaient le feu depuis le balcon, fascinés. Clarisse, immobile, comme anéantie, regardait le feu lécher les habitations sur son écran de télévision. La fumée lui picotait les yeux. Elle avait envie de pleurer. Elle avait peur pour Dominique. Elle espérait de tout son cœur qu’il était quelque part, vivant, entre de bonnes mains. Il avait peut-être eu des problèmes, s’était fait agresser ou avait agressé quelqu’un (tout peut arriver à un schizophrène !) Et maintenant il était peut-être dans un commissariat, ou un hôpital, loin d’elle, sans doute sous la menace de ce feu… Et il n’avait pas pris son téléphone ! Lui, qui le prenait toujours, ne l’avait pas pris ! Elle se faisait un sang d’encre pas possible.
Sarah, assise dans le coin pointé par Dominique, s’amusait des pensées de Clarisse. Elle, elle savait. Comme Zarathoustra. Elle se remémora rapidement la magnifique torche humaine qui barbotait dans l’eau marécageuse de la mangrove. Il avait gagné, mais à quel prix ? Au prix de sa trahison et de celle de Zarathoustra ? Au prix de la découverte de ce plan ? Dominique aurait dû lui dire qu’il fallait toujours se méfier des Apparitions, surtout de celles qui mystifiaient. Mais bien sûr il s’était fait avoir, bien que tout cela était déjà prévu. Car il en avait décidé ainsi.
« Je suis folle », se dit soudain Clarisse. « Elle n’existe pas. À part moi, personne ne se trouve dans cette pièce. Je suis seule. Ce doit être la fumée… »
Des yeux malicieux continuaient à la regarder, bien qu’effectivement il n’y avait personne dans la pièce. Il faisait froid.
« Maman, maman ! cria Samuel qui était soudainement entré dans le salon. Pourquoi papa disait toujours qu’il avait les jambes qui s’arc-boutaient ?
- Qui quoi ?
- Qui s’arc-boutaient. Qu’est ce qu’il veut dire ce mot ?
- Je ne sais pas mon chou. Je ne sais pas. »
Le feu continuait au loin à danser sur la mangrove, tout en projetant ses braises, comme des feux d’artifice, en l’air. La fumée continuait à s’épaissir. Sarah continuait à regarder.
Tordre l’âme des êtres vivants dans le seul but de les briser. Un grand pouvoir pour un schizophrène. Mais ce n’était pas le seul pouvoir de l’Arc-bouteur.
- Art Pour -