Ce robot à la tête de parcmètre et avec ses trois ampoules en place des yeux et du nez nous vient tout droit de la comédie russe de science-fiction, SON NOM ÉTAIT ROBERT (1967, Ego zvali Robert) d’Ilya Olshvanger. Il n’apparait que très peu dans le film et il sert surtout à mettre en parallèle son côté rudimentaire face à l’androïde Robert, héros du film et beaucoup plus abouti.
L’intrigue : Sergey, un jeune scientifique russe, a créé un androïde à son image, dans le but d’en faire le pilote d’une future expédition dans l’espace. Pour tester l’androïde, nommé Robert, et l’habituer aux relations humaines, Sergey l’envoie au théâtre accompagner la petite amie d’un de ses collègues. Mais Robert va vite s’intéresser très vivement à ces interactions…
Nous aurions d’ailleurs pu traiter de Robert dans une des rubriques de ce blog, mais son apparence ne dépasse jamais les traits de l’acteur Oleg Strizhenov. Quand au robot, je n’ai trouvé aucune indication sur la personne qui a enfilé le costume le temps du film, mais ses déplacements se limitent à lever les bras et à faire quelques flexions pour prouver qu’il sait obéir aux ordres de son créateur.
- Trapard -
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Rendez-vous ailleurs : Perdido Station de China Miéville
- par Sonia Faessel -
Récompensé par le prix Arthur C. Clarke et le British Fantasy Award, le diptyque Perdido Station révèle les talents d’un grand créateur de science fiction.
On peut y retrouver le graphisme des Cités Obscures de François Schuiten, l’exotisme exubérant des personnages du 4e volet de Star Wars dans le bar du spatioport de Tatooine, les créatures de cauchemar de la saga du Seigneur des Anneaux, et pourtant, l’imaginaire de Miéville propose un monde unique, qui ne ressemble à rien de ce que l’on a pu lire ou voir jusque là.
L’espace décrit est essentiellement celui de la cité de Nouvelle-Crobuzon, un savant mélange d’architectures anciennes et modernes, équipé d’une technologie victorienne : charbon, vapeur, carrioles, câbles, pas d’internet même si certaines machines ressemblent à des ordinateurs, pas de téléphone. L’ensemble est marqué par la décrépitude : moisissures, rouille, murs qui menacent de tomber, rues embourbées, le tout enserré dans deux rivières qui permettent aux bateaux d’assurer le ravitaillement de la ville. Les noms des quartiers (il faut saluer l’imagination du traducteur) sont à eux seuls une bonne évocation : La Poix, Tournefoutre, Foutretombe, Bec de Chancre pour les quartiers populaires ; Vertige Est et Ouest, Mont Mistigri, Mont de St Baragouin pour les quartiers plus chics, perchés sur les hauteurs. Cette ville est millénaire et son histoire s’est perdue, seuls quelques monstruosités étranges évoquent un passé mystérieux, tels les gigantesques côtes qui enserrent le quartier d’Osseville, témoignages d’une créature titanesque venue s’échouer là.
La ville, de quelques deux millions d’âmes, abrite une population d’humains et d’hybrides qui feraient la joie des créateurs d’effets spéciaux. Les Khépri, à tête de scarabée et corps d’homme habitent Bercaille, les Calovires, avec leur corps de chien et leurs ailes de chauve-souris, écument les cieux et vivent sur les toits qu’ils conchient soigneusement, les Yodyanoi sont des créatures au corps mou et puissant qui vivent dans la rivière, les Garuda mi- hommes mi-oiseaux de proie aux ailes somptueuses vivent dans le désert, mais certains ont migré à Nouvelle-Crobuzon. Les Cactus ont un espace à part dans la ville, un gigantesque dôme qui maintient une température élevée sans laquelle ils ne peuvent survivre. Cette population pour le moins hétéroclite se mélange dans le quartier des artistes ou les très nombreuses tavernes et maisons de plaisir qui constituent l’essentiel des commerces de la ville. Chaque espèce conserve plus ou moins sa culture et a développé les dons qu’elle a reçus : les Khépri sont des artistes sculpteurs et peintres capables de modeler n’importe quoi avec leurs sécrétions salivaires, les Calovires sont de bons messagers ou livreurs de marchandises (des sortes de drones biologiques), les Yodyanoi sont capables de modeler l’eau, et quand ils font la grève, on la sent passer : ils ouvrent une trouée de 3 km de long dans la rivière, rendant toute navigation impossible.
Toute cette population est dirigée par un Gouvernement dont les décisions restent secrètes. La milice intervient soudainement et brutalement grâce au système de tours et de câbles qui quadrillent la totalité des quartiers de la ville. Tout converge à Perdido Station, avec ses cinq lignes de trains qui desservent les faubourgs éloignés. C’est un pouvoir despotique et les coupables sont systématiquement recréés, devenant des monstruosités combinant matière organique et mécanique, dans un quartier où l’on entend leurs hurlements, comme on les entendait des animaux qui entraient dans la « maison de souffrance » du Docteur Moreau de H.G.Wells.
Les deux volumes de Miéville nous promènent dans cet espace et ces populations hétéroclites, qui survivent tant bien que mal dans un monde que l’on devine post apocalyptique, même si les dates citées se situent entre 1400 et 1700, mais de quelle ère ?
Le personnage principal, Isaac dan der Grimmebuin, est un savant, bricoleur de génie, qui adore explorer toutes les théories issues de son esprit constamment en éveil, et l’on suit ses recherches et pérégrinations. C’est tout d’abord Yaghareck, l’homme oiseau mutilé, qui vient lui demander de lui rendre ses ailes, non sous forme mécanique, à la manière d’Icare, mais d’une manière organique qui lui permettent de voler à nouveau. Comme la ténacité est la caractéristique d’Isaac, il transforme son laboratoire de Marais-aux-Blaireaux (le quartier des savants) en une ménagerie de tout ce qui vole pour étudier l’essence même de l’action de voler. C’est au cours de ses recherches qu’il va déclencher la catastrophe en élevant sans le savoir une Gorgone, qui s’empressera de libérer ses sœurs, retenues au secret par le Gouvernement qui mène des expériences que nul ne connaît.
À partir de l’éveil des gorgones, le récit combine la science-fiction et l’heroic fantasy, puisque les créatures évoquées ont des pouvoirs dignes des plus grands sorciers. Les gorgones ont la capacité d’hypnotiser n’importe quel être doué d’un esprit en agitant leurs ailes immenses aux couleurs psychédéliques, et leur proie clouée sur place se laisse aspirer tout ce qui constitue son esprit. Ne subsiste alors qu’une enveloppe vide, un corps privé de réactions, à la manière d’un coma. Les gorgones sont indestructibles ou presque, car elles évoluent sur plusieurs plans de réalité et aucune arme classique ne peut les atteindre. La ville devient alors un réservoir inépuisable pour ces vampires psychiques et le défi sera pour Isaac et ses improbables compagnons, le Garuda, Lin, sa maîtresse khépri et artiste, Lemuel, le bandit qui connaît tous les trafics de la ville et dont le réseau est inestimable pour trouver ce dont on a besoin, et Derkhan, la compagne xénian de Lin, de trouver le moyen de les anéantir. Les rencontres sont dangereuses, à la mesure des créatures qui proposent leur aide : qu’il s’agisse de la fileuse, une titanesque araignée capable de voyager dans l’espace temps, mais dont les réactions sont totalement imprévisibles et mortelles, du gigantesque robot de la décharge, capable de traiter toutes les informations par les connexions qu’il établit avec son armée de robots et d’humains à son service, du nécromancien doyen de l’université d’Isaac, ou encore du mystérieux Madras, patron absolu de toute la pègre de la Nouvelle-Crobuzon. Malgré les refus, dont l’ambassadeur des enfers, les pertes cuisantes de compagnons amis, les gorgones seront anéanties dans une séquence qui n’est pas sans rappeler celle du second volet de Ghost Busters : Isaac réussit à attirer les gorgones en suscitant leur faim insatiable et les habitants se souviendront longtemps de ce rayon étincelant au sommet de la gare de Perdido Station.
En résumé, une aventure merveilleuse à lire d’un bout à l’autre, une plongée dans un ailleurs unique, à la mesure des grands créateurs.
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Tom Baker, interprète du quatrième docteur de la célèbre série DOCTOR WHO, a déclaré en 1977 à propos de l’incarnation du légendaire Seigneur du Temps :
« Un des problèmes que pose le rôle du Docteur, mais qui rend aussi la chose intéressante à jouer (et tout le monde a réussi jusque-là sinon ce boulot aurait l’air impossible), c’est que ce n’est pas un rôle d’acteur dans le sens où ce personnage est très, très sévèrement limité. Il y a des frontières au-delà desquelles le Docteur ne peut aller. Il ne peut pas soudain se mettre à faire la cour à quelqu’un, il ne possède pas ce genre d’émotion. Il n’est absolument pas avide, il ne pourrait pas devenir tout à coup sujet à la violence gratuite. Et, par conséquent, au sens ordinaire de la notion de jeu, le personnage ne peut pas se développer. La problématique de l’acteur est donc de surprendre l’audience en permanence. »
(Doctor Who, les Archives / éd. Akileos)