Science fiction allemande :
Andreas Eschbach
- par Sonia Faessel -
Né en 1959, vivant actuellement en Grande Bretagne, Andreas Eschbach a écrit pas moins de 45 livres, dont la majorité en cycles, hélas peu traduits en France. C’est L’Atalante qui s’y colle, pour le bonheur des amateurs de SF, surtout quand c’est de la bonne. Pour vous mettre en appétit, trois livres.
Station solaire (traduit en 2000) : dans un futur proche, une station spatiale orbite à 400 kms de la planète afin de capter l’énergie solaire pour la rediriger sur la Terre. Eschbach propose un polar en huis clos : 9 astronautes coincés dans un espace minimal, sa description de la station correspondant à ce que l’on peut voir au Space Kennedy Center en Floride. Jack, le seul « yankee » de la troupe, nippone comme l’indique le nom de la station : Nippon, mène l’enquête, sauve tout le monde, et les survivants de ce cauchemar spatial finiront pas être rapatriés. Il faut croire que les héros restent américains, et ils ont du mérite car ils sont proprement méprisés par les Japonais qui ont repris les travaux de la NASA mourante pour cause de crise économique et du déclin définitif des États-Unis. Les rivalités mesquines finissent par s’effacer devant l’accumulation des cadavres, une attaque en règle de terroristes écologistes, le tout est un suspens excellent, et, dans les mains d’un grand metteur en scène, pourrait donner un très bon film.
Des milliards de tapis de cheveux, écrit en 1995, détermina le succès d’Eschbach. Nous sommes dans une galaxie lointaine, sur une planète aride d’où toute trace de civilisation moderne a disparu, et dont les habitants misérables subsistent comme ils peuvent. Tous vivent dans le culte de l’Empereur, considéré comme un Dieu vivant, et dont les règles doivent être suivies avec la plus extrême rigueur, sous peine de mort. Celui qui critique est aussitôt désigné comme blasphémateur et exécuté. La caste la plus respectée est celle des tisseurs : ils passent leur vie à tisser un tapis de cheveux, ont pour cela plusieurs concubines, et ne gardent qu’un fils pour prendre la relève à leur mort. Ils vivent reclus dans leur maison, finissent aveugles et infirmes, mais le prix de la vente de leur tapis au marchand permet à la famille de vivre plusieurs années. Les personnages et la vie sur la planète sont présentés en séquences, qui permettent de reconstituer l’histoire, celle d’une vengeance terrible et injuste, qui a condamné toute une galaxie à un travail inhumain et inutile. Les libérateurs arrivent, mais trop tard pour espérer changer les choses.
Le Dernier de son espèce (traduit en 2006) reprend le personnage de la série des années soixante : L’Homme qui valait trois milliards de dollars. C’est une narration à la première personne, Johnny Fitzgerald, raconte ses errances et ses souvenirs dans le village perdu de Dingle, en Irlande. Il s’est refugié là, après que le programme Steel Men de l’armée US ait cessé. On s’est aperçu en effet que des super soldats bourrés d’implants et avec des os en titane risquaient de manquer de discrétion sur un champ de bataille, évidence tragique qui a condamné ces hommes à une mise au placard, assortie d’une surveillance constante, pour finir par devoir être éliminés quand l’armée a trouvé un autre projet mirifique. C’est donc le blues d’un cyborg, toujours humain, dont le corps devient obsolète au fil des années, avec des pannes de plus en plus nombreuses et difficiles à réparer, à qui les autorités gouvernementales qui l’ont conçu dénient toute humanité et toute liberté. Un récit émouvant, accompagné de la philosophie de Sénèque, la référence de Johnny, le parcours d’une mort annoncée, mais la victoire posthume de ce qui reste irrépressiblement humain, fut-ce dans un homme machine.
Au final, trois romans écrits avec maestria, dans trois registres différents : littérature policière, conte de fées sinistre, récit narratif, à dévorer sans contrainte, plaisir de lecture garanti.
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