BRUCE LEE FIGHTS BACK FROM THE GRAVE (1976) de Lee Doo-yong
Outre les superbes films costumés produits par la compagnie Shaw Brothers, le cinéma hong-kongais de série B des années 70 destiné à l’exportation, présentait surtout des héros solitaires issus du milieu ouvrier, se dressant vaillamment face à des triades chinoises très hiérarchisées s’engraissant du commerce de la drogue et de la prostitution. Et dont BIG BOSS (1971, Tang shan da xiong) de Lo Wei, avec Bruce Lee, est le meilleur archétype. Un grand nombre de ces séries B reprenaient aussi, de manière simplifiée, la représentation taoïste avec deux clans ou deux écoles d’arts-martiaux, et tout en représentant le Bien et le Mal, s’affrontaient dans de longs combats. Ou encore lorsque deux frères se retrouvent séparés de l’innocence par l’appât du gain, la recherche de gloire ou le «mauvais côté de la Force » et s’affrontent dans un combat final sans merci. Ou lors de liens familiaux beaucoup plus complexes, un schéma que Georges Lucas reprendra en 1977 avec finesse dans STAR WARS, et dont Chuck Norris sera plus ou moins un des continuateurs aux États-Unis au tout début des années 80, mais de manière très simplifiée, dans des séries B souvent inégales comme dans LA FUREUR DU JUSTE (1980, The Octagon) d’Eric Karson. Et bien sûr John Carpenter ! Alors que Quentin Tarentino et Robert Rodriguez sont plus des réalisateurs qui réactualisent le cinéma des seventies, plutôt que des continuateurs, et EL MARIACHI (1993) de Rodriguez, étant par exemple une sorte de reboot mexicain du BIG BOSS avec Bruce Lee.
Mais avant l’arrivée d’une Nouvelle-Vague de cinéastes hong-kongais à la fin des années 70, et dont Tsui Hark et Sammo Hung en sont les représentants (en intégrant à leurs scénarios des sujets plus universels comme la SF, le Fantastique et l’Horreur), les intrigues de ces films commençaient à balbutier tranquillement. Et ceci, sans compter les nombreuses imitations taïwanaises (et particulièrement leurs insupportables doublages français). Personnellement, je me souviens qu’à Nouméa, lors de la majeure partie des années 80, nous n’avions droit qu’à de la « Bruceploitation » et à d’interminables lots de VHS de films taïwanais, ce qui avait réussi à m’écœurer jusqu’à l’arrivée des HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS, des films de Jean-Claude Van Damme, mais surtout ceux de Steven Seagal au tout début des années 90. Je me souviens aussi que DRAGON, L’HISTOIRE DE BRUCE LEE (Bruce Lee: The Man Only I Knew) de Rob Cohen, avait relancé la légende et un regain d’intérêt pour Bruce Lee, et le décès mystérieux de son fils, Brandon, en 1993, lors de discussions à Nouméa.
BRUCE LEE FIGHTS BACK FROM THE GRAVE (아메리카訪問客 ou Visitor in America) atteint même déjà un certain degré de bégaiement à ce niveau là malgré son point de départ original et plutôt morbide. Mais c’est son univers fantastique qui nous intéresse ici, puisque Bruce Lee étant décédé depuis déjà trois ans à la sortie de ce film, et que toute idée nouvelle pour vendre ses imitateurs (comme Bruce Le ou Bruce Li) étant bonne à prendre, on le fera carrément ressusciter du trépas, tel un fantôme égaré.
L’intrigue : la séquence d’ouverture montre un imitateur Bruce Lee sautant d’une pierre tombale après qu’elle ait été frappée par la foudre…
Mais ici s’arrête toute ressemblance de ce qu’aurait pu être la continuation de la légende de Bruce Lee (exceptés les cris de combat du protagoniste).
Voici donc l’intrigue réelle : Le Coréen, Wong Han tente de découvrir la vérité derrière la mort mystérieuse de son frère Han Ji-Hyeok. Il se rend aux États-Unis où il rencontre Susan et ils sont harcelés par des voyous durant leur tentative de retrouver Han Ji-Hyeok qui s’avère être toujours vivant…
Bien entendu, BRUCE LEE FIGHTS BACK FROM THE GRAVE est un véritable fake avant l’ère internet. Toute l’exploitation du film étant basée sur des rumeurs, de l’affiche au titre qui annonçaient un film d’horreur, jusqu’à la rumeur persistante que la réalisation a été signée par Umberto Lenzi (cinéaste italien de « Giallos » et de films gores) et l’utilisation du comédien Jun Chong (aussi appelé Bruce K.L. Lea), le scénario n’étant qu’une intrigue éculée (non, non, ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit) de quête humaine sur fond de bastons et de petits voyous issus de l’immigration aux USA.
- Trapard -