Paru en octobre 2019 chez Mana Books, « James Cameron : Histoire de la Science-Fiction » est le livre tiré de la série documentaire inédite en France et produite par AMC.
Il s’agit de la transcription écrite, sur plus de 220 pages, d’une série d’entretiens passionnants dirigés par le réalisateur James Cameron en compagnie de cinéastes tels que George Lucas, Steven Spielberg, Ridley Scott, Christopher Nolan et Guillermo del Toro, mais aussi Arnold Schwarzenegger. Chacun nous confie sa vision de la science-fiction, son approche à travers le cinéma, sans oublier ses origines littéraires très fréquemment abordées avec de très nombreuses références. James Cameron intervient également, non seulement en tant que maître de cérémonie mais aussi en tant que grand passionné du genre et fin connaisseur. On y évoque aussi les possibilités de vie dans l’univers et on y effleure prudemment l’ufologie…
Des dossiers thématiques très complets et richement illustrés accompagnent l’ouvrage. Ainsi « Vies extraterrestres », « Dans l’espace lointain », « Les monstres », « Dystopie » et « Machines intelligentes ».
On est souvent agréablement surpris par l’érudition des intervenants, qui ne prennent pas le moins du monde la science-fiction pour de la rigolade. Leurs réflexions sur le genre sont pertinentes à souhait, notamment celles de Cameron, et nous révèlent bien des facettes de leur personnalité et de leur vision du genre SF, les deux étant souvent liés.
Quatrième de couverture :
« Tirés de la série documentaire produite par AMC, ces six entretiens menés personnellement par James Cameron font témoigner Guillermo del Toro, George Lucas, Christopher Nolan, Arnold Schwarzenegger, Ridley Scott et Steven Spielberg sur leur vision du genre, sur son impact et son évolution. Ces cinéastes primés nous entraînent dans des discussions fascinantes autour des extraterrestres, des voyages temporels, des intelligences artificielles ou encore des épopées spatiales.
Richement illustré, notamment par des archives personnelles et inédites de James Cameron, ce livre offre une analyse poussée sur un genre qui continue à poser des questions, à explorer notre univers et à réjouir les spectateurs du monde entier. »
- Morbius – (morbius501@gmail.com)
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CANDYMAN
Je profite qu’un remake soit annoncé pour revenir sur le mythe cinématographique de CANDYMAN.
À l’origine, Candyman était un jeune peintre talentueux, Daniel Robitaille. Il était un fils d’esclave dont le géniteur avait réussi à faire fortune grâce au brevet de l’invention d’une machine à fabriquer des chaussures. Daniel Robitaille reçut la meilleure éducation possible, et comme il était très doué artistiquement, il commença à gagner sa vie en tirant le portrait de riches commanditaires. En 1890 il fut mandaté par un riche propriétaire terrien qui lui commanda une peinture de sa fille encore vierge. Daniel et la jeune héritière nouèrent une idylle et celle-ci tomba enceinte. Le père furieux de cet affront, qui plus est commis par un Noir, paya des voyous avinés pour lyncher Daniel Robitaille. Ils le rouèrent de coups avant de lui trancher la main droite puis le recouvrirent de miel pour le livrer en pâture aux abeilles qui le piquèrent jusqu’à la mort. Ils incinérèrent ensuite son corps et répandirent ses restes sur les champs qui deviendront des années plus tard le ghetto de Cabrini Green.
C’est la base de l’histoire de Clive Barker dans sa nouvelle « The Forbidden » et du premier CANDYMAN tourné en 1992 par Bernard Rose (PAPERHOUSE), dans lequel Daniel Robitaille envoûte la jeune étudiante Helen Lyle (Virginia Madsen) qui sombre peu à peu dans une forme de schizophrénie, mais qui laisse constamment planer un doute entre sa possible folie et la continuité romantique de la légende du Candyman.
Deux suites suivront le succès du film de Bernard Rose, développant des liens de parentés complexes entre Daniel Robitaille et ses deux héroïnes successives : CANDYMAN 2 (1995, Candyman: Farewell to the Flesh) de Bill Condon et CANDYMAN 3, LE JOUR DES MORTS (1997, Candyman: Day of the Dead) de Turi Meyer.
Mais dans les trois films, c’est l’excellent Tony Todd qui campe le double rôle de Daniel Robitaille/Candyman.
- Trapard -
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Alien / King Kong / Predator / Créature du Lac Noir / Mutant de Métaluna / Ymir /Molasar / Gremlins / Chose / Triffides / Darkness / Morlock / Créature de « It ! The Terror from Beyond Space« / Blob / Mouche / Créature de Frankenstein / Visiteurs /Martien de La Guerre des Mondes (1953) / E.T. / Pinhead / Michael Myers / Fu Manchu / Leatherface / Jason Voorhees / Tall Man / Damien Thorn / Toxic Avenger / Bruce : le grand requin blanc / La Momie / Le Loup-Garou / Dr Jekyll et Mr Hyde / Golem / Dracula / Orlac / La Bête / Les Krells / Les Pairans / Le Cavalier sans Tête / Le Hollandais Volant / Body Snatchers / Freddy Krueger / L’Homme au masque de cire / Godzilla / Zoltan / Les fourmis géantes de « Them ! » / Les Demoni / Shocker / Green Snake / It, le Vénusien / Bourreau de Xerxès / The Creeper / Ginger et Brigitte, les sœurs lycanthropes / Tarantula / Intelligence Martienne / She-Creature / Gorgo / La princesse Asa Vajda / Ed Gein, le boucher de Plainfield / Quetzalcoatl / Le fétiche du guerrier Zuni / Octaman / Lady Frankenstein / Les rongeurs de l’apocalypse / Le baron Vitelius d’Estera / Les Tropis / Sssnake le cobra / Pazuzu / Sil / Pluton / Le docteur Freudstein / Le Monstre est Vivant / Les Hommes-Léopards / Victoria
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LES HOMMES LÉOPARDS
Quand on essaye d’imaginer un homme léopard, l’image qui vient souvent à l’esprit est celle des sorciers tribaux d’Afrique noire recouverts de la tête aux pieds d’une longue peau d’animal tachetée. Mais le cinéma hollywoodien et la bande dessinée nous ont aussi habitués aux héros et héroïnes de la jungle vêtus de peau de bêtes, comme Tarzan qui a tué lui-même son léopard pour s’en faire un maillot de bain. C’est aussi le cas de la blonde Sheena ou d’Anita Lhoest dans le rôle de CAPTIVE GIRL (1950). Et même l’actrice amérindienne Acquanetta est souvent apparue dans ce type de rôle de sauvageonne. Elle se croise d’ailleurs la griffe en tant que grande prêtresse Lea avec Johnny Weissmuller dans TARZAN ET LA FEMME LÉOPARD (1946) de Kurt Neumann.
L’intrigue : Alors qu’il tente de venir en aide à des jeunes filles capturées par les hommes-léopards, Tarzan est lui-même fait prisonnier par la Grande prêtresse de la tribu…
Les tarzanides italiens abordent aussi le thème dans quelques fumetti, mais aussi au cinéma dans le film de Carlo Veo, SAMBO CONTRE LES HOMMES LÉOPARDS (1964).
L’intrigue : En Afrique, des scientifiques voient leurs véhicules embourbés dans les marais. Ils se font aider par le mystérieux Sambo (Tarzak en italien) et son serviteur. L’équipe lui demande comment éviter la tribu des Hommes Léopards. Sambo les rassure, mais il ignore que la tribu a un nouveau chef qui, sur l’initiative du sorcier, est un homme sanguinaire…
Mais Monsieur Wikipedia nous en dit un peu plus :
« Le léopard a une place importante dans certaines cultures africaines où l’animal, considéré comme le roi des animaux, est l’attribut des chefs. La société secrète Aniota peut être considérée comme l’origine de légendes sur les hommes-léopards, équivalents des loups-garous occidentaux. En Europe, le léopard est décrit pour la première fois dans les bestiaires comme un animal vil issu d’un croisement adultère entre le lion (leo) et un félin légendaire, le pard. »
C’est Jacques Tourneur et Val Lewton qui exploiteront le thème de l’homme léopard pour la RKO dans LEOPARD MAN (1943), à peine un an après le succès de la femme panthère de LA FÉLINE (1942).
L’intrigue : Au Mexique, un léopard s’échappe lors d’un numéro de cabaret. Alors que la police le recherche, une jeune femme est retrouvée morte, vraisemblablement attaquée par l’animal. Les recherches se poursuivent, et d’autres attaques surviennent. Contrairement aux enquêteurs, Jerry Manning pense que l’animal n’est pas responsable, mais qu’un déséquilibré profite de l’occasion pour commettre des crimes…
Le film reprend le meilleur des effets angoissants de LA FÉLINE, tout en y ajoutant des ambiguïtés supplémentaires avec la présence d’un léopard à la mélanine noire, d’une tireuse de cartes, le tout mâtiné de fortes superstitions mexicaines. Mais je ne vous en dit pas plus au cas où vous ne l’auriez jamais vu.
- Trapard -
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Jerry Goldsmith, compositeur de la musique du film ALIEN (1979), a déclaré à propos du film de Ridley Scott :
« Les personnages forment un ensemble bizarre, chaotique. Ils ne sont pas du tout attachants, ça ne me dérange pas qu’ils meurent. Des individus sales, rustiques, dans un environnement très sophistiqué, voilà qui offrait un cadre très intéressant pour moi qui devais écrire la musique. Très honnêtement, le seul pour qui j’ai commencé à avoir de la sympathie, c’est le monstre. Je me disais : « Personne n’ira voir ce film, vu qu’ils se détestent tous. »"
LIFE RETURNS (1935)
Voici un petit retour du côté du « Grenier du ciné SF » avec un mélodrame de science-fiction plutôt mièvre, mais intéressant à plusieurs niveaux. Il a été réalisé par Eugene Frenke et par James P. Hogan (réalisateur de THE MAD GHOUL.
L’intrigue : Un médecin qui a passé sa carrière à travailler sur les moyens de faire revivre les morts voit sa chance de prouver sa théorie en effectuant ses expériences sur un chien récemment décédé…
Jusqu’ici tout va bien, et LIFE RETURNS semble lorgner du côté du bouquin de Mary Shelley. Mais le film est en réalité tiré d’une histoire vraie. LIFE RETURNS célèbre les exploits scientifiques du biologiste Robert E. Cornish qui apparaît dans de courts inserts avec un bandeau chirurgical devant la bouche. À la base, Cornish était diplômé à l’âge de 18 ans de l’Université de Californie à Berkeley et doctorant à l’âge de 22 ans. Il a travaillé sur divers projets, dont un qui permettait de lire des journaux sous l’eau avec des lentilles spéciales. À ce sujet, vous en êtes les premiers informés, mais n’arrivant jamais à lire plus d’une page de la version papier CosmoFiction au fond de ma piscine, je revends mes lentilles avec un tuba à un prix modique sur Amazon.
Puis en 1932 (donc un an après la sortie du FRANKENSTEIN de James Whale), Robert E. Cornish s’est intéressé à l’idée de pouvoir redonner vie aux morts. La pierre angulaire de son expérience consistait en une planche à bascule ou une balançoire utilisée pour faire couler le sang des patients récemment décédés. En 1933, il a tenté de réanimer les victimes de crise cardiaque, de noyade et d’électrocution avec la planche à bascule, mais sans succès. Cornish a ensuite décidé de perfectionner sa méthode sur les animaux et a réussi à faire revivre deux chiens (Lazarus IV et V) mis à mort cliniquement le 22 mai 1934 et en 1935. Il balançait des cadavres de haut en bas pour faire circuler le sang tout en injectant un mélange d’épinéphrine (adrénaline) et d’anticoagulants. Les deux derniers Lazarus sur les cinq mis à mort ont pu être réanimés, mais quelque temps seulement. On est donc loin du scénario de LIFE RETURNS dans lequel le scientifique au grand cœur interprété par Onslow Stevens, sauve le chien de son fils éploré en le ressuscitant.
80 ans après la sortie de LIFE RETURNS, Lions Gate Films et le réalisateur David Gelb ont tourné une variante moderne, spirituelle et horrifique des expériences de Robert E. Cornish avec THE LAZARUS EFFECT (2015) qui transforme le dit-Lazarus en « Laïka de l’exploration. de la Mort », et ceci deux ans avant la sortie du remake de FLATLINERS (2017).
Pour en revenir à Robert E. Cornish, comme ses expériences « ont réussi » sur des chiens, celui-ci a souhaité étendre ses essais cliniques sur un détenu condamné à mort à San Quentin. Celui-ci, Thomas McMonigle, a contacté Cornish pour lui offrir son corps pour une éventuelle réanimation après son exécution. Les forces de l’ordre californiennes ont refusé la requête de Cornish et de McMonigle en raison des craintes qu’un meurtrier réanimé se retrouve être de nouveau en liberté. L’expérience n’eu jamais lieue et Thomas McMonigle a bel et bien été exécuté, mais le thème du meurtrier ressuscité a énormément nourri le cinéma d’horreur des années 30-40-50 avec des films interprétés par Boris Karloff et Lon Chaney Jr comme LE MORT QUI MARCHE (1936), BEFORE I HANG (1940), L’ÉVADÉ DE LA CHAISE ÉLECTRIQUE (1941), MAN WITH TWO LIVES (1942) ou INDESTRUCTIBLE MAN (1956).
Vous pouvez regarder LIFE RETURNS en VO sur YouTube.
- Trapard -
Autres films présentés dans la catégorie Le Grenier du Ciné SF :
Flash Gordon, de la BD aux serials / Croisières Sidérales / Aelita / Man Made Monster / Metropolis / Things to come / Docteur Cyclope / L’Ennemi sans Visage /Sur un Air de Charleston / La Femme sur la Lune / Le Tunnel / La Fin du Monde /I.F.1 ne répond plus / Buck Rogers au XXVe Siècle : Une Bataille Interplanétaire avec les Hommes-Tigres de Mars / Le Mort qui marche / Before I hang / The Ape / Le Capitaine Marvel / Le Voyage dans la Lune / A Trip to Mars /Le Voyage sur Jupiter / The Airship Destroyer / 20 000 Lieues sous les Mers (1916) / Paris qui dort / Sauce Piquante / The Beast of Borneo / Torture Ship /Emergency Landing / Le Voleur de Cadavres / Cerveaux de Rechange /Spécial Boris Karloff / Dr Renault’s Secret / Le Voyage Cosmique / Spy Smasher / The Mad Doctor of Market Street / Captive Wild Woman / L’Homme-Singe / Un Mariage Interplanétaire / L’Amour en l’An 2000 / Le Vol du Spationef 1
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FILMS DE SECTES
Alors que les films de sectes païennes ont fait les choux gras du cinéma d’épouvante des années 60 jusqu’aux débuts des années 90, avec des somets comme THE WICKER MAN (1973) et RÉINCARNATIONS (1981), quelques titres phares ont rajouté de la paille sur le bûcher sacrificiel à partir de la fin des années 90 au moment où des informations en tous genres sur les illuminati et les franc-maçons commençaient à partir dans tous les sens sur internet. Voici quelques exemples de films d’horreur très connus avec des sectes autant urbaines que rurales : LA SECTE SANS NOM (1999), DAGON (2001), LE VILLAGE (2003), DARKNESS (2004), THE WOODS (2006), LES CHÂTIMENTS (2007), X-CROSS (2007), SEVENTH MOON (2008). Puis bien sûr le parodique HOT FUZZ (2007), les remakes de CHILDREN OF THE CORN, les deux relectures de THE WICKER MAN (THE WICKER MAN et THE WICKER TREE), le RED STATE de Kevin Smith, ou encore le retour de Tarantino sur l’affaire Sharon Tate dans ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD (2019). Et le film de secte n’est pas prêt de ralentir sa course puisque sont encore sortis dernièrement LE BON APÔTRE (2018) et MIDSOMMAR (2019).
En cette période de réunions familiales pour les fêtes de fin d’année, je vous propose une petite sélection de films de sectes au sens large que je trouve très sympas. La liste est loin d’être exhaustive, alors si vous avez d’autres suggestions, n’hésitez pas à laisser un commentaire.
SHROOMS (2007) de Paddy Breathnach. Irlande.
Plus connu pour ses bad trips sous hallucinogènes que pour ses messes noires, SHROOMS n’en reste pas moins une très bonne série B d’horreur alternant entre modernisme et austérité monastique avec son « Ordre des Chevaliers Noirs de Colmcille ».
L’intrigue : Une virée dans la forêt irlandaise entre amis pour faire du camping, l’idée est sympathique. Goûter aux champignons hallucinogènes, pourquoi pas. Surtout que c’est marrant de se promener dans les bois en voyant des créatures étranges et effrayantes. Jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’il ne s’agit pas uniquement d’hallucinations…
HEARTLESS (2009) de Philip Ridley. Grande-Bretagne.
Dernier film en date du photographe Philip Ridley (L’ENFANT MIROIR, LE JOUR DU CHÂTIMENT). Comme dans ses deux films précédents, Ridley explore le côté sombre de l’adolescence et sa perte de repères dans une ambiance d’apocalypse urbaine avec son lot de sectes démoniaques à capuches.
L’intrigue : Jamie, un jeune homme défiguré depuis la naissance par une tache qui lui recouvre une partie du corps, décide de signer un pacte avec le Diable pour accéder à la beauté extérieure…
WAKE WOOD (2009) de David Keating. Grande-Bretagne.
Une bonne série B de la Hammer Films avec une secte païenne plus classique et avec une thématique assez proche de celle de THE WICKER MAN.
L’intrigue : Louise et Patrick sont sous le choc de la mort tragique de leur fille Alice. Ils décident de déménager dans une petite bourgade reculée appelée Wake Wood. C’est dans ce lieu qu’ils découvrent l’existence d’un rituel païen entretenu par les habitants depuis des décennies, et permettant de faire revenir d’outre-tombe pour une durée de trois jours n’importe quelle personne, afin de lui accorder un dernier adieu. A la fois effrayé et excité par cette perspective, le jeune couple sollicite l’aide des villageois pour ramener Alice à la vie. Mais une question fondamentale se pose : que feront-ils lorsque l’heure du départ définitif sera venue ?
LE VILLAGE DES OMBRES (2010) de Fouad Benhammou. France.
Une histoire classique mais béton, et sûrement l’un des films d’horreur français que j’ai le plus apprécié ces dernières années malgré toutes les critiques négatives que j’ai pu lire sur le web. Des personnages sont piégés dans une boucle temporelle entre présent et passé, un peu à la manière de WIND CHILL (2007) ou de TRIANGLE (2009). Et aussi de SHROOMS dans un certain sens. Mais LE VILLAGE DES OMBRES nous propulse jusque sous la Révolution Française dans les griffes de « L’Ordre du 8 » du village de Ruiflec. Le film est bien construit avec des énigmes qui se développent au fur et à mesure, donc tout l’inverse de X-CROSS de Kenta Fukasaku par exemple, qui nous raconte tout dès le début pour partir sur du grand-guignol costumé. Enfin bon, les goûts et les couleurs (des costumes)…
L’intrigue : Un groupe d’amis prend la route pour passer le week-end dans le village de Ruiflec. Arrivés sur place, certains disparaissent mystérieusement. Les autres, tout en essayant de retrouver leurs traces, vont tout faire pour rester en vie et échapper à l’emprise du Village des Ombres…
THE SHRINE (2010) de Jon Knautz. Canada.
Un excellent film bourré de fausses pistes.
L’intrigue : Une journaliste aventureuse parvient à convaincre sa stagiaire et son copain photographe de partir en Pologne pour enquêter sur une disparition mystérieuse. Sur place le trio est confronté à un immense brouillard au milieu de la forêt, le même dont faisait référence le journal de voyage du disparu. Après s’être aventuré dans cet opaque brouillard pour y découvrir une statue démoniaque, le trio est accosté par les membres d’un culte qui les kidnappe pour prendre part à un sadique rituel…
KILL LIST (2011) de Ben Wheatley. Grande-Bretagne.
Une claque. Impossible d’en parler sans spoiler l’ensemble, mais qui mieux qu’un Anglais pour réaliser un très bon film sur le sujet ? De plus, Ben Wheatley a démontré son talent avec ses films suivants.
L’intrigue : Deux amis, un contrat, une famille. Un couple qui se déchire. Jay en déprime, Shel sa femme ne peut plus assumer seule les finances de leur famille. Jay devenu tueur à gage après une mission militaire ratée à Kiev, et son ami Gal acceptent un travail. Un contrat et une liste de noms. Des gens à éliminer. Une descente aux enfers dans la perversité de l’âme humaine à chaque nom rayé de la liste. Qui s’en sortira indemne ?
THE SACRAMENT (2013) de Ti West. États-Unis.
Le found-footage est un style de réalisation devenu désormais insupportable jusqu’à la nausée, mais paradoxalement ce film de Ti West (et d’Eli Roth à la production) passe plutôt bien et ne tombe pas dans dans la facilité habituelle malgré la simplicité du scénario.
L’intrigue : Patrick reçoit une invitation à rejoindre sa sœur Caroline installée à Eden Parish, une communauté religieuse autonome isolée au cœur d’une forêt et dirigée par un chef charismatique surnommé « Père ». Accompagné de deux amis journalistes caméra aux poings, Patrick soupçonne que sa sœur Caroline soit sous l’emprise d’une secte. Les premières interviews présentent une communauté heureuse de ses choix de vie, d’isolement et de partage. Mais cet apparent petit paradis va très vite sombrer dans l’horreur…
WHERE THE DEVIL HIDES (2014) de Christian E. Christiansen. États-Unis.
Entre WITNESS (1985) et LA FERME DE LA TERREUR (1981) avec une enquête policière au sein même d’une communauté Amish. Un film d’horreur agréable avec la jeune Alycia Debnam-Carey de FEAR THE WALKING DEAD (d’ailleurs dans cette série, il y a aussi une secte dont le rapport à la mort est assez particulier en cas d’apocalypse zombie).
L’intrigue : Le 6 juin 1994, six femmes d’une communauté Amish mettent au monde six filles, générant la peur dans la communauté que cela soit l’accomplissement d’une ancienne prophétie. La prophétie dit que six filles naîtront le sixième jour du sixième mois (6-6-6) et que l’une d’entre elles deviendra la main du Diable. Par peur, l’une des mères asphyxie sa fille avant de se planter un couteau dans la gorge. Les cinq filles restantes grandissent ensemble dans l’ignorance de la prophétie. Alors que leurs dix-huitième anniversaires arrivent, leurs faits et gestes sont surveillés par la communauté, surtout par le Père Beacon, qui voit toute action profane comme preuve que l’une d’entre elles est le sbire de Satan. Tout cela est de plus troublant, lorsque Mary, l’une des cinq jeunes filles, commence à avoir des visions qui laissent penser qu’elle pourrait être la main du Diable. Alors que la tension monte, un personnage mystérieux commence à tuer les filles une par une…
AVA’S POSSESSIONS (2015) de Jordan Galland. États-Unis.
Un film d’épouvante à l’humour décalé sorti dans le sillage de THE LORDS OF SALEM (2012) mais qui lorgne plutôt du côté de ROSEMARY’S BABY (1967).
L’intrigue : Après avoir subi un exorcisme, Ava Dopkins essaie de vivre une vie normale. Ayant tout oublié du mois précédent, elle est obligée d’intégrer un groupe anonyme pour les personnes possédées. Elle tente de se rapprocher de ses amis, de retrouver un boulot mais surtout de savoir d’où viennent toutes ces taches dans son appartement. La vie d’Ava a été volée par un démon. Maintenant, il est temps de la récupérer…
COLONIA (2015) de Florian Gallenberger. Allemagne/Royaume-Uni/France/Luxembourg.
Un film de secte dont le thème du retour de l’Ordre Nouveau se rapproche de certains classiques de la « Nazisploitation » comme CES GARÇONS QUI VENAIENT DU BRÉSIL (1978). Mais contrairement aux films fauchés de prisons pour femmes des années 70 dont l’action se situe en Amérique du Sud, COLONIA nous plonge radicalement dans les côtés sombres du régime du Général Pinochet et face aux dogmes d’une secte qui a bel et bien existé au Chili. Un film passionnant et tout public.
L’intrigue : Chili, 1973. Le Général Pinochet s’empare du pouvoir par la force. Les opposants au coup d’Etat descendent dans la rue. Parmi les manifestants, un jeune couple, Daniel photographe et son ami Lena. Daniel est arrêté par la nouvelle police politique. Il est conduit dans un camp secret, caché dans un lieu reculé au sein d’une secte dirigée par un ancien nazi. Une prison dont personne n’est jamais sorti. Pour retrouver son amant, Lena va pourtant rentrer dans la Colonia Dignidad…
THE INVITATION (2015) de Karyn Kusama. États-Unis.
Je vais simplement résumer l’intrigue pour ne pas spoiler ce film à l’ambiance paranoïaque et captivante (et je sais que ça fait toujours bizarre de dire que la paranoïa est captivante, mais on aime le cinéma d’horreur pour ça, non ?).
L’intrigue : Par une sombre nuit, Will est invité à un dîner chez son ex-femme et son nouveau mari. Au cours de la soirée, il s’aperçoit que ses hôtes ont d’inquiétantes intentions envers leurs invités…
GET OUT (2017) de Jordan Peele. États-Unis.
Le film de Jordan Peele a fait son petit effet et il est encore tout chaud. Donc si vous ne l’avez pas encore vu, c’est le bon moment.
L’intrigue : Chris Washington est un jeune photographe noir qui partage depuis plusieurs mois la vie de Rose Armitage. Il accepte de passer un week-end chez les parents de Rose, pour rencontrer sa belle-famille. Alors qu’il est inquiet des réactions que sa couleur de peau pourrait susciter, il est accueilli très chaleureusement par Dean et Missy Armitage. L’ambiance dans la grande propriété recèle cependant une atmosphère étrange, qui ne va pas en s’arrangeant lorsque les parents de Rose organisent une grande réception avec tous leurs proches.
Et en conclusion, voici le clip de RADIOHEAD réalisé en stop-motion en hommage à THE WICKER MAN (1973).
- Trapard -
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LES ENFANTS DE LA RIVIÈRE (1978)
Titre original : The Water Babies
Réalisation : Lionel Jeffries
Scénario : Michael Robson et Lionel Jeffries, d’après la nouvelle de Charles Kingsley « The Water-Babies, A Fairy Tale for a Land Baby ».
Production : Ben Arbeid et Peter Shaw, Pethurst International Ltd.
Musique : Phil Coulter
Pays : Pologne-Royaume-Uni
Année : 1978
Interprètes : James Mason, Bernard Cribbins, Billie Whitelaw, Joan Greenwood, David Tomlinson…
Voilà un film que j’ai mis quarante ans à retrouver, tout simplement parce que je ne me souvenais plus du tout de son titre. J’ai dû le voir à la télévision un Noël de 1979 ou de 1980 avec LE TRÉSOR DE LA MONTAGNE SACRÉE (1978) qui lui, au contraire, était souvent rediffusé.
Adapté de Charles Kingsley, l’alibi des ENFANTS DE LA RIVIÈRE était de faire rêver les gosses à partir d’un monde de misère qui s’égayait très vite avec de l’imaginaire sous forme d’animation féérique, tout comme MARY POPPINS (1964) et PETER ET ELLIOTT LE DRAGON (1977). Trois films qui ont très vite perdus de leur impact après les sorties de QUI VEUT LA PEAU DE ROGER RABBIT ? (1988) et de COOL WORLD (1992). J’ai commencé à essayer de retrouver ce film lorsque j’ai vu pour la première fois BOUGE PAS, MEURS, RESSUSCITE (1990) qui reprenait aussi l’argument de cambrioleurs qui utilisaient la petite taille d’un enfant pour le faire entrer par effraction dans des maisons à piller. Et finalement, le voilà en version française !
L’intrigue : Tom, un jeune ramoneur, se retrouve injustement accusé d’un vol par des clients de son employeur. Dans sa fuite, il plonge dans un fleuve. Sous l’eau, il découvre un monde étrange et des créatures fantastiques qui l’entraînent dans une incroyable aventure…
C’est un joli conte de Noël avec une morale qui nous plonge dans un monde proche de Charles Dickens avec deux cambrioleurs aux allures de Burke et Hare, les vieux Mr. Grimes (James Mason) et Mastermanet (Bernard Cribbins) et une sorcière. La seconde partie du film alterne entre passages filmés et une animation très agréable de la fin des années 70.
- Trapard -
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Jean-Claude Michel est un acteur du fanzinat de la première heure. Cette interview permet de revenir sur le parcours de ce collectionneur passionné et sur ses rencontres avec Forrest J. Ackerman, Philippe Druillet, Jean-Pierre Bouyxou, Alain Schlockoff, Christophe Gans ou encore Jean-Pierre Putters. Mais surtout sur son livre dédié à l’acteur Tod Slaughter qui sortira dans le courant de l’an prochain, une carrière un peu oubliée et sur laquelle Jean-Claude Michel travaille depuis 50 ans. Nous le remercions de nous partager sa passion sur Les Échos d’Altaïr.
Trapard : Bonjour Jean-Claude Michel. Ta passion pour le cinéma et pour le cinéma fantastique est une longue histoire. Peux-tu nous expliquer comment elle est née ?
Jean-Claude : Elle est née très tôt, et tout à fait par hasard. J’avais douze ans, et je ne sais plus pour quelle raison, une amie de ma mère devait me garder quelques jours en l’absence de cette dernière. Cette amie habitait au Quartier Latin, et un soir, elle avait projeté de m’emmener au cinéma, et nous sommes tombés devant le « Le Saint-Michel » avec au programme « Deux nigauds contre Frankenstein ». Je ne connaissais pas, à cet âge, le duo Abbott & Costello, et encore moins les trois monstres qui allaient me terroriser durablement… Ça doit faire sourire à notre époque, où des gosses du même âge voient des films comme « Cannibal Holocaust » ou « L’enfer des zombies », mais il faut rappeler qu’à sa sortie, « Deux nigauds contre Frankenstein » fut bel et bien assorti d’une interdiction aux moins de 16 ans ! Je ne sais comment ni pourquoi la caissière ne fit aucune objection à mon entrée dans la salle, toujours est-il que je vis le film qui devait alimenter mes cauchemars durant une bonne semaine, au point que je refusais de dormir sans la présence rassurante du gros chien de cette amie !
En une soirée, je venais donc de découvrir Larry Talbot le loup-garou (Lon Chaney Jr.), le comte Dracula (Bela Lugosi), et le Monstre de Frankenstein (Glenn Strange). C’est ce dernier surtout qui m’impressionna. En fait, lorsque j’eus l’occasion de revoir le film quatre ans plus tard, au « Cyrano Sébastopol », je m’aperçus, en contemplant les photos du film, que j’avais plus ou moins occulté de ma mémoire le vampire joué par Lugosi, malgré ses transformations en chauve-souris. C’étaient évidemment le loup-garou et la créature de Frankenstein qui avaient alimenté mon imagination, par leur aspect horrifique. Durant la semaine de sa reprise dans ce petit cinéma du boulevard de Sébastopol, je dus revoir le film une bonne demi-douzaine de fois, au point de connaître par cœur certaines répliques (le film passait en VF), et de m’en souvenir encore soixante-sept ans plus tard – bien que n’ayant revu le film qu’en VO, à partir de sa reprise à l’Action-Écoles en 1981…
« Je vis le film qui devait alimenter mes cauchemars durant une bonne semaine, au point que je refusais de dormir sans la présence rassurante du gros chien de cette amie ! »
J’ajoute que, hasard des programmations, je ne devais remettre les pieds au « Saint-Michel » que bien des années plus tard, lors de la sortie du « Nosferatu » de Werner Herzog, avec Klaus Kinski. C’est évidemment la même salle qui devint la victime des intégristes catholiques lorsqu’elle « osa » programmer « La dernière tentation du Christ ».
Comment en es-tu arrivé à te spécialiser dans le cinéma d’horreur britannique ? En ce moment, tu finalises ton livre sur le comédien Tod Slaughter. Peux-tu nous dire où il en est, et nous parler de sa genèse ?
En fait, je ne me suis pas réellement spécialisé dans le cinéma d’horreur britannique, j’allais voir tous les films fantastiques qui sortaient sur Paris (puis ressortaient parfois en banlieue). Je pris l’habitude d’acheter tous les mercredis « L’Officiel des Spectacles » et de me concocter un programme assez éloigné des films qu’allaient voir les mômes de mon âge – ce qui ne m’empêchait nullement de voir avec eux d’autres genres de films qui passaient dans les cinq salles de mon quartier (trois à Aubervilliers, deux à Pantin), généralement des bandes d’aventures, des polars, ou des comédies (Laurel et Hardy sont demeurés mes dieux, jusqu’à ce jour)… Mais j’étais le plus souvent seul pour mes expéditions au « Midi-Minuit » ou à « l’Artistic-Douai » de la place Clichy, devenu plus tard bureau de poste. Un article paru dans le magazine « Tout Savoir » m’avait appris que le « Frankenstein » de 1931 avait eu pour vedette Boris Karloff, c’est pourquoi je me retrouvai un jour de 1954 au « Cinémonde-Opéra » pour y voir « Deux nigauds contre le Dr. Jekyll & Mr. Hyde », en VO… J’allais encore à l’école primaire lorsque je découvris ce film, et du même coup, celui qui devait rester pour toujours mon acteur préféré !
Dans ces mêmes années cinquante, je ne devais rater pratiquement aucun des films du genre qui sortaient sur Paris, un des premiers étant « Le spectre de Frankenstein » avec Lon Chaney Jr. et Bela Lugosi, puis « Frankenstein rencontre le Loup-Garou ». Il y eut une mémorable ressortie de « L’homme invisible » de James Whale, d’autres titres comme « Docteur Cyclope », « Tarantula ! », « La main de la momie », « Le château noir », « Le château de la terreur », « Les survivants de l’infini », « Le mystère du château maudit », « L’étrange créature du lac noir » et ses deux suites, « La guerre des mondes », « Planète interdite », « L’homme au masque de cire », « La bête aux cinq doigts », etc.
« Je pris l’habitude d’acheter tous les mercredis « L’Officiel des Spectacles » et de me concocter un programme assez éloigné des films qu’allaient voir les mômes de mon âge. »
Le premier « Hammer Film » que je vis fut sans doute « Le monstre » de Val Guest, suivi quelque temps plus tard de « La marque » du même réalisateur. J’avais lu, dans un article de « Cinémonde », que les mêmes studios tournaient un remake de « Frankenstein », je l’attendais avec impatience, et à l’automne 1957 je devais découvrir le duo de choc Peter Cushing – Christopher Lee, avec plusieurs chefs-d’œuvre au fil des ans, dont bien entendu « Le cauchemar de Dracula », présenté en avant-première à « L’Avenue », rue du Colisée, un mardi soir ! À l’époque, j’habitais une chambre de bonne avenue Mac-Mahon. Le film de Terence Fisher m’avait aussi traumatisé. À l’époque, c’était le plus sanglant qu’il m’ait été donné de voir ! Dans l’intervalle, en 1958, le « Frankenstein » de James Whale était ressorti au « Midi-Minuit », autre traumatisme durable mais pour d’autres raisons…
En 1959, je fis mon premier voyage en Grande-Bretagne, mais en-dehors de Londres, je ne vis donc aucun film, mais une amie anglaise m’envoya ensuite mon premier numéro de « Famous Monsters », c’était le numéro 4, avec le Martien de « La guerre des mondes » en couverture. Je publiai une petite annonce dans le magazine « Fiction », désirant trouver d’autres numéros du magazine, et j’eus la surprise de recevoir une lettre de Forrest J. Ackerman en personne, qui m’envoyait tous ceux déjà parus ! Ce fut le début d’une très longue correspondance, et je devais devenir le « foreign correspondant » de « Famous Monsters » dès le numéro 16. Nous échangions des photos, des affiches, des livres et des magazines, et bien entendu des informations. Je me souviens lui avoir envoyé pas moins de 25 exemplaires du numéro spécial de « Cinéma 57″ consacré au Fantastique…
C’est Forry Ackerman qui m’envoya, en 1964, plusieurs lobby cards d’un double-programme, « Horror Maniacs » et « Strangler’s Morgue », avec pour vedette un certain Tod Slaughter, dont j’entendais parler pour la toute première fois. Il était qualifié comme étant « l’Europe’s Horror Man », je demandai des précisions à Forry, mais je découvris qu’il savait fort peu de choses sur cet acteur dont « Famous Monsters » n’avait jamais parlé. Quelques notules avaient bien été publiées dans « Castle of Frankenstein », un magazine rival, plus « adulte » que celui d’Ackerman, mais avec des dates qui correspondaient aux sorties américaines, souvent tardives par rapport aux sortie britanniques…
« J’eus la surprise de recevoir une lettre de Forrest J. Ackerman en personne, qui m’envoyait tous les « Famous Monsters » déjà parus ! »
Les titres eux-mêmes avaient été changés par Hoffberg, le distributeur américain, et les films étaient plus ou moins raccourcis. « Strangler’s Morgue » était en fait « The Curse of the Wraydons » (1946), et « Horror Maniacs » était « The Greed of William Hart » (1948) – et le double programme affublé d’une affiche carrément hideuse.
Intrigué, je commençai donc des recherches approfondies, j’écrivis au fil des ans des centaines de lettres – c’était l’époque pré-Internet, est-il besoin de le rappeler ? J’obtenais le plus souvent des réponses évasives, mais parfois j’avais la surprise de constater que quelques correspondants portaient le même intérêt que moi à cet acteur, décédé en 1956, la même année que Bela Lugosi et apparemment tombé dans l’oubli. Je dois dire que cet « oubli » m’arrangea à différentes occasions, car je devais obtenir de différentes compagnies américaines des photos originales à peu de frais, les films de cet acteur étant généralement oubliés. Je devais être alors le seul client potentiel pour ce genre de matériel publicitaire…
Inutile de dire que cette situation a changé depuis pas mal de temps, et qu’il est vain de vouloir se procurer de telles photos de nos jours ! Quand par extraordinaire on en trouve, une simple photo noir et blanc peut atteindre un prix extravagant – surtout si ce n’est pas juste une reproduction ! Pour ne rien dire, évidemment, des affiches, lobby cards ou press-books des mêmes films.
En 1974, je publiai donc un premier article sur Tod Slaughter, dans « L’Écran Fantastique », ce qui me valut les félicitations de Jean-Claude Romer, que je connaissais depuis 1962. Il y eut ensuite un article plus détaillé dans le magazine anglais « Headpress » – dans l’intervalle, j’avais pu voir des films de Slaughter en vidéo, le premier étant « Sweeney Todd », en VHS à l’époque, car la chaîne Channel Four commençait à programmer ses films. Le même article, encore augmenté, parut ensuite dans « Splatting Image », le magazine allemand de Graf Haufen. Puis le regretté Pierre Charles me demanda un article sur « The Greed of William Hart », l’ancêtre de « L’impasse aux violences », puisque John Gilling, le réalisateur de ce dernier film, était déjà le scénariste et l’assistant-réalisateur de la version précédente, en 1948, dirigée par Oswald Mitchell. Tod Slaughter et Henry Oscar (le directeur de la pension dans « Les maîtresses de Dracula ») y incarnaient les résurrectionnistes assassins, rôles repris dans le remake par Donald Pleasence et George Rose… Il y eut ensuite un numéro de « Horror Pictures », magazine auquel j’avais collaboré dans le temps, mais cette fois il s’agissait d’un e-magazine, consultable sur le site de Gérard Noël.
« Tout ce travail entrepris depuis si longtemps ne pouvait que conduire à l’idée d’un bouquin complet sur Tod Slaughter. »
Tout ce travail entrepris depuis si longtemps ne pouvait que conduire à l’idée d’un bouquin complet sur Tod Slaughter. Un autre livre, le premier sur l’acteur, vient tout juste de paraître en Grande-Bretagne, sous la plume de trois auteurs dont deux sont des amis de longue date, mais le livre français aura une structure différente, car même si un long chapitre y est consacré à la longue carrière du comédien – plus de cinquante années de théâtre, de 1905 à 1956, soit des centaines de pièces – l’essentiel en sera le compte-rendu détaillé de sa filmographie (cinéma et télévision), ses participations à des émissions radiophoniques, ou à des disques 78t, etc. En ce sens, les deux livres devraient se compléter parfaitement…
Peux-tu nous parler de ton histoire avec le fanzinat et nous expliquer quelle a été ton implication avec le magazine L’Écran Fantastique ?
J’avais d’abord écrit un texte appelé « La dynastie des Frankenstein », qu’avec l’inconscience de mes 18 ans, j’envoyai à la rédaction du magazine « Satellite ». À ma grande surprise il fut accepté d’emblée. Je ne fus pas payé, mais d’un seul coup je me sentais très important, je roulais des mécaniques dans les rues de ma banlieue – je plaisante ! Il fut publié dans leur magazine annexe, « Les Cahiers de la Science-Fiction », à la suite du roman de Philip K. Dick, « Les mondes divergents ». J’écrivais aussi dans le courrier des lecteurs de « Cinémonde », en ardent défenseur du cinéma fantastique, et en 1962, un des rédacteurs du magazine, Henri Rode, qui préparait un numéro spécial sur ces films, me contacta et j’eus ainsi la parole dans son article… et j’eus aussi la surprise d’être payé, cette fois ! 50 francs sur les 20 francs promis au départ… C’était la vie de château ! C’est ce même article de Cinémonde qui me valut une lettre élogieuse de Jean Boullet. Échange épistolaire qui me valut de vivre chez lui pendant un an. J’y rencontrai certains de ses amis comme Elliot Stein, Ornella Volta, Roland Villeneuve, Roland Lacourbe et surtout Philippe Druillet qui était plus proche de moi par l’âge, et en compagnie duquel je devais faire de longues balades dans le Londres du début des Sixties, en quête de comics « horrifiques » et de monster magazines. Dans le numéro 3 de « Métal Hurlant », Philippe évoquait cette période en disant que j’étais « la première personne avec qui il avait pu parler le galactique » ! Un beau compliment…
Ce long séjour à Londres nous avait évidemment permis de voir un tas de films, inédits en France (à part deux ou trois, mais devenus invisibles), comme « Bride of the Monster », « Grip of the Strangler », « Corridors of Blood », « I Was a Teenage Frankenstein », « War of the Colossal Beast », « The Cyclops », « House of Frankenstein », « House of Dracula », « Son of Dracula », « War of the Satellites », « Blood of Dracula », « I Married a Monster from Outer Space », « The Black Sleep », etc. Par la suite j’aurais l’occasion de revenir à Londres une quinzaine de fois, mais la disparition de beaucoup de salles de quartier avait causé des ravages, et la « moisson de films » fut bien moins spectaculaire qu’en ces lointaines années. Par contre, d’autres voyages à Bruxelles étaient toujours enrichissants, et je devais y habiter par deux fois, en 1969/70 et en 1974/75. Mais j’anticipe ! Revenons aux années 60.
« Philippe Druillet évoquait cette période en disant que j’étais « la première personne avec qui il avait pu parler le galactique » ! Un beau compliment… »
Plus tard, en 1964, j’eus une longue correspondance avec Jean-Pierre Bouyxou, qui habitait Bordeaux et travaillait pour un journal local. Il vint chez moi, à Aubervilliers, en 1965. Je lui présentai Raphaël-Georges Marongiu, rencontré plusieurs mois auparavant, et comme Jean-Pierre était en contact avec Gérard Temey et Jean-Pierre Fontana, qui faisaient le fanzine « Mercury », nous fîmes (Bouyxou, Marongiu et moi) un fanzine appelé « Mercury-Bis », dont le premier numéro était un spécial « Boris Karloff » ! Robert Florey lui-même y avait en quelque sorte participé en nous envoyant par la poste, en paquet simple… une des affiches originales françaises, la 120×160, du « Frankenstein » de James Whale… Malheureusement, les fanzines de l’époque ne pouvaient que reproduire pauvrement, en noir et blanc, une telle affiche – affiche qui fut renvoyée en courrier recommandé à Robert Florey, il va sans dire !
En 1966, je passais neuf mois de ma vie en sanatorium, mais c’est là que je reçus une première lettre d’Alain Schlockoff, qui projetait de continuer l’aventure « Mercury-Bis », et me demandais d’y participer. Je suppose qu’il avait dû demander la même chose à Bouyxou et Marongiu, mais sans succès apparemment, car je fus le seul à accepter la proposition. Il y eut donc bel et bien un second numéro de « Mercury-Bis », qui devait être le dernier.
Le second fanzine « schlockoffien », qui devait assez rapidement devenir un magazine, fut en fait « Horizons du Fantastique ». Je participai à plusieurs numéro, mais ensuite Alain se brouilla avec Dominique Besse, qui avait pris la direction du magazine, et je cessai donc toute collaboration avec ce dernier.
Nous devions donc inventer un nouveau fanzine, et c’est comme ça que naquit « L’Écran Fantastique » en 1969. Alain avait proposé « Fameux Monstres du Cinéma », et Dominique Abonyi (plus tard Dominique Hass) « La Grosse Mite de Roubaix » – je cherche encore le jeu de mots, s’il existe, et ce que venait faire Roubaix dans cette histoire. Je proposai juste « L’Écran Fantastique », et c’est finalement ce qui fut retenu. Dominique et moi, en furent les premiers rédacteurs en chef, pendant deux numéros. Je partis ensuite en Belgique pour une année; je travaillais chez Titra-Films à Bruxelles, et Alain devint donc l’unique responsable du fanzine, mais je devais y collaborer régulièrement jusqu’au début des années 80.
« Alain avait proposé « Fameux Monstres du Cinéma », et Dominique Abonyi « La Grosse Mite de Roubaix ». Je proposai juste « L’Écran Fantastique ».
En même temps, il y eut les fanzines « Métaluna », « Astarté », toujours avec Alain. Sans parler du Festival annuel à partir de 1972, auquel je collaborais parfois avec des choix de films.
J’écrivais aussi pour des fanzines américains (« Cinefantastique », qui fut d’abord un fanzine), anglais, belges, et bien sûr français, surtout après la longue période « schlockoffienne ». Dont « Heretic » puis « Nostalgia » avec Lucas Balbo. Et même « Mad Movies », mais anonymement, pour sa rubrique « Dictionnaire du Fantastique », signée du seul Jean-Pierre Putters.
Au fil de ta passion, tu as sûrement fait des rencontres avec des comédiens, des cinéastes et des collectionneurs. Peux-tu nous en raconter quelques-unes ?
En fait, j’ai le plus souvent rencontré d’autres fans, souvent créateurs de fanzines ou de magazines, au fil des ans, Forrest J Ackerman, Jean Boullet, Philippe Druillet, Jean-Pierre Bouyxou, Alain Schlockoff, Dominique Abonyi, Jean-Claude Romer – tous déjà cités – mais aussi Michel Caen, et un peu plus tard, Alain Petit, Jacques Goimard, Pierre Gires, Jean-Pierre Putters, Alain Venisse, Pierre Charles, Gérard Noël, Stéphane Bourgoin, mais aussi Richard Klemensen (aux USA), et pas mal d’autres avec lesquels j’eus des correspondances parfois durables, comme Richard Gordon (le producteur, qui me raconta des anecdotes sur Tod Slaughter qu’il avait pu voir au théâtre). Il y eut aussi Michael Weldon, de « Psychotronic ». Il vint nous voir à Paris au début des années 80, nous allâmes voir « The Black Room » (Le baron Grégor) avec Boris Karloff à la Cinémathèque, et il nous avoua qu’avant ce jour, il n’avait jamais vu un seul film de Karloff sur le grand écran !
Je connaissais aussi, évidemment, Christophe Gans avant qu’il devienne le réalisateur que l’on sait, puisqu’il travailla un temps pour « L’Écran Fantastique ». Côté acteurs, c’est plus restreint, j’en ai évidemment approché certains lors de leur présence au Festival, au Rex ou auparavant, mais parmi ceux avec lesquels j’ai pu parler plus de cinq minutes, il y eut une soirée mémorable dans un grand restaurant de Neuilly avec José Mojica Marins, deux heures en tête-à-tête avec Paul Naschy dans un café de la rue du Faubourg-Montmartre alors qu’on projetait « El gran amor del Conde Drácula » au « Palace » voisin. Chez Jean Boullet, le jour de l’enterrement d’Édith Piaf au Père-Lachaise en 1963, il y eut un repas avec Piéral, qui ne pouvait conduire une voiture, dans la cuisine du pavillon de la rue Bobillot. Toujours chez Boullet, lorsque Marco Ferreri vint parler de son projet de film sur une femme à barbe – rôle qui devait par la suite être attribué à Annie Girardot – il y eut une longue discussion au cours de laquelle Boullet proposa une authentique femme à barbe à laquelle il avait consacré quelques paragraphes dans un de ses articles sur les monstres de foire dans le magazine « Æsculape ». Alain Schlockoff, lui, avait reçu Juan Lopez Moctezuma, dont un film devait être projeté au Festival… Tout petit, chez une amie de ma mère, j’avais rencontré – mais je ne savais pas du tout qui c’était à l’époque – la célèbre Kiki de Montparnasse, qui servit de modèle au peintre Foujita. Mais là on sort du domaine du cinéma ! Kiki devait décéder peu de temps après. Côté théâtre, une amie personnelle est Denise Dax – aucun rapport avec Micheline – qui fut meneuse de revue, interprète de théâtre classique et de boulevard, compagne et partenaire de Michel Simon, et surtout actrice vedette du Grand-Guignol à la fin des années cinquante. Denise aura bientôt 95 ans, elle était encore sur les planches il y a cinq ou six ans, elle conduisait encore sa voiture voici quelques années à peine, et est toujours en pleine forme aux dernières nouvelles !
Que dire de plus ? j’ai quitté Paris en 2015, après y avoir vécu 70 ans (en-dehors des deux séjours en Belgique déjà mentionnés), et suis revenu dans ma Bretagne natale, berceau également de mes ancêtres. Je ne vois désormais des films – anciens ou modernes – qu’en vidéo. Je suppose que, vu le bazar qu’étaient devenues les salles de cinéma dès la fin des années 80, c’est tout aussi bien ! Et la plupart des cinéma que j’aimais ont tous disparus, remplacés par des banques, des bureaux de poste, des supérettes ou des garages. Quand Paris tout entier ressemble à un cimetière, du moins à mes yeux, autant prendre le large… Et quoi de mieux que la Bretagne pour cela !
Merci beaucoup Jean-Claude.
- Interview réalisée par Trapard -
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Une affiche de film est supposée refléter à la fois l’histoire et l’esprit d’un film. Autrefois réalisées avec amour et passion, parfois volontairement exubérantes ou mensongères, les affiches étaient souvent très proches d’une œuvre d’art. Le cinéma Fantastique et de Science-Fiction en possède une extraordinaire collection que nous vous invitons à découvrir pour le plaisir.
GALACTICA, LA BATAILLE DE L’ESPACE est le titre français de la version cinématographique de l’épisode pilote diffusé, quant à lui, en trois parties à la télévision américaine, en 1978, sous le titre BATTLESTAR GALACTICA : SAGA OF A STAR WORLD. Sa durée totale véritable (car il existe des versions raccourcies) est de 135 minutes. S’en suivront 21 épisodes d’une série de space opera devenue culte aujourd’hui malgré son côté kitsch. C’est ce qui en fait son charme, dirons-nous !
Ce monstrueux pilote, puisque c’est lui qui nous intéresse ici, à la dimension cinématographique (d’où sa projection en salles un peu partout dans le monde) possédait une certaine envergure starwarsienne, ce qui lui valut d’ailleurs un procès de la part de la Fox. En effet, Ralph McQuarrie, concepteur de nombreux vaisseaux et engins de STAR WARS, de même que John Dykstra, lui-même concepteur des effets spéciaux sur le film de George Lucas, participèrent tous deux à ce méga-pilote créé par Glenn A. Larson et réalisé par Richard A. Colla.
Pour sa distribution internationale, BATTLESTAR GALACTICA bénéficia des talents de plusieurs artistes dans la réalisation de ses affiches. Nous voyons tout d’abord, ci-dessous, une ébauche réalisée par Ralph McQuarrie.
On peut constater, étrangement, que les ennemis ne sont pas ici les Cylons mais les Ovions (créatures inserctoïdes qui font une courte apparition dans le film). Pour le reste, Boxey (l’enfant) et son chien robotisé, de même que les principaux personnages, sont déjà présents mais peu ressemblant à leur version définitive puisque les acteurs seront choisis par la suite.
La version définitive de l’affiche américaine (ci-dessous), superbement réalisée par Solie, reprend le brouillon de McQuarrie pour, cette fois, représenter les vrais personnages du pilote avec leurs vrais ennemis : les Cylons !
Mais ma version préférée de l’affiche de GALACTICA, LA BATAILLE DE L’ESPACE demeure bien celle que l’on voit ci-dessous…
Cette affiche magnifique est l’œuvre de Robert Tanenbaum. On y voit les colons pourchassés par les Cylons tandis que des soldats du Galactica tentent de les protéger. Dans le ciel, deux Cylon Raider tirent sur un Colonial Viper.
Ci-dessous, une autre version de l’affiche avec cette fois la mention « Sensurround », « un type d’effets spéciaux sonores, exploité dans les salles de cinéma, durant les années 1970. Il consiste à synchroniser à l’action, la diffusion de puissantes vibrations sonores de très basse fréquence dans la salle. Ces vibrations et ces ondes sonores se propagent et sont censées procurer au spectateur, certaines sensations en rapport avec le film projeté. Principalement exploité lors de la sortie de quelques productions à grand spectacle, ce système d’effets spéciaux n’a été exploité que quelques années au cinéma ainsi que dans des parcs d’attraction. » (Wikipédia)
Ci-dessous, la version Jack Gaughan de l’affiche, très inspirée du design Ralph McQuarrie, laquelle servira d’ailleurs à la distribution Blu-ray du film en France.
Enfin, ci-dessous, une très jolie version japonaise de l’affiche qui mêle à la fois le style Ralph McQuarrie et la version de Robert Tanenbaum…
- Morbius – (morbius501@gmail.com)
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De Philip K. DICK à Ridley SCOTT
Aux yeux des amateurs, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? et Blade Runner ne bénéficient pas forcément du même statut. Le roman de Philip K. Dick est considéré avant tout comme un bon cru de son auteur, parmi d’autres - Ubik, Le Maître du Haut Château - tandis que le film de Ridley Scott, après un démarrage difficile dans les salles obscures, a acquis le statut de chef-d’œuvre incontournable du cinéma de science-fiction et constitue sans doute l’une des œuvres les plus abouties du réalisateur d’Alien.
Se pose alors une question : en dépit de ses qualités manifestes, le roman aurait-il aujourd’hui la même notoriété sans l’influence, toujours vivace, du long-métrage ? Une chose est sûre, l’utilisation du film comme argument de vente s’est rapidement imposée aux éditeurs qui, non contents d’en exploiter l’affiche comme illustration de couverture, phénomène marketing somme toute courant, sont allés jusqu’à modifier le titre (traduit initialement en France par Robot Blues), ainsi que toutes les occurrences de l’expression « chasseur de primes » présentes dans le roman, par celle de « Blade Runner », elle-même empruntée à William Burrough par les scénaristes du film. Néanmoins, la dernière édition en date, proposée par les éditions J’ai lu, a rétabli Rick Deckard dans ses fonctions originelles et replacé Les Androïdes rêvent-ils de moutons électrique ? en sous-titre sur la couverture… mais pas au dos d’un roman qui s’intitule donc toujours officiellement : Blade Runner.
Alors, Les Androïdes est-il le roman de Dick qui a inspiré un film, ou seulement un roman dont est tiré le film de Scott ? La réponse se trouve sans doute dans un de ces univers alternatifs dont l’écrivain avait le secret. Ce qui ne doit pas nous empêcher d’examiner les deux œuvres pour mieux comprendre la nature des liens qui les unissent… ou des innovations scénaristiques (nombreuses) qui les distinguent.
De San Francisco…
L’histoire des Androïdes se déroule en 1992, un futur relativement proche lors de la publication du roman en 1968.
À la suite de la Dernière Guerre Nucléaire – dont plus personne ne sait pourquoi, ni par qui, elle a été déclenchée – d’importantes retombées radioactives ont rendu la plupart des terres inhabitables. Première conséquence liée à ce conflit planétaire, une grande partie de la population a émigré vers les colonies martiennes. Parmi les hommes qui ne les ont pas rejointes, se distinguent deux catégories d’individus : les Normaux, qui ne peuvent se résoudre à abandonner la Terre et les Spéciaux, que les retombées ont rendus inaptes à la « préservation de l’espèce » et se sont vus refuser l’accès aux colonies. Seconde conséquence, la plupart des animaux sont morts et les quelques spécimens ayant survécu, ou leurs copies synthétiques, occupent désormais une place prépondérante dans la société. Troisième et dernière conséquence, pour faciliter le développement des colonies, l’humanité a mis au point des androïdes organiques capables de survivre dans n’importe quel environnement. Ces derniers sont devenus un argument commercial supplémentaire pour inciter à l’émigration, chaque colon s’en voyant attribuer un pour son usage personnel. Les androïdes sont strictement interdits sur Terre et dépourvus d’empathie, ce qui permet de les détecter grâce à des tests sensés provoquer une réponse émotionnelle (le Voigt-Kampff) ou un arc réflexe du système nerveux (le Boneli).
En dépit de son contexte post-nucléaire, le monde décrit par Dick ne s’inscrit pas vraiment dans l’imagerie traditionnelle de ce sous-genre de la science-fiction, décliné aujourd’hui jusqu’à l’écœurement, pour la simple raison que dans les années 60 (et même si Dick s’y était déjà essayé brillamment en 1953 avec sa nouvelle Le Grand O), le genre post-apocalyptique n’avait pas encore acquis la visibilité, ni la popularité, que devaient lui offrir des œuvres séminales telles que les Mad Max de George Miller, à la fin des 70′s. Exit donc la société effondrée, survivant dans les ruines du vieux monde à l’agonie. Même si de nombreux territoires ont été laissés à l’abandon et qu’il flotte constamment dans le ciel de San Francisco des nuages de particules radioactives, la plupart des habitants semblent vivre dans un relatif confort et disposer d’une technologie pour le moins sophistiquée, héritée tout droit de la SF de l’Âge d’or : aéromobiles, pistolets laser, orgues d’humeur, animaux électriques, mais également télévision, la vie des gens s’articulant essentiellement autour de deux programmes ultra-médiatiques : le talk-show de l’Ami Buster et le Mercerisme.
Si le premier apparaît comme le pendant débridé des célèbres émissions de Jerry Springer, le second s’apparente davantage à une nouvelle forme de religion, dont le message impacte toute l’humanité, sur Terre comme sur Mars. Grâce à une console, baptisée « boîte à empathie », les adeptes du Mercerisme peuvent partager pensées et sensations (on parle d’ailleurs de « fusion physique ») à travers l’esprit de Wilbur Mercer, vieillard condamné à gravir inlassablement le flanc d’une colline, sous les jets de pierres d’ennemis invisibles. Ce culte de l’Ascension, inaccessible à ceux qui ne prennent pas soin d’un animal – vivant, si possible, ou au pire synthétique… ce qui n’est pas franchement bien vu – explique la véritable fixation qui s’est développée sur Terre autour de la possession d’un animal domestique. D’autant qu’y déroger dénote une attitude immorale, voire une absence suspecte d’empathie.
… à Los Angeles
Le film de Ridley Scott laisse de côté San Francisco, peut-être trop connectée à l’univers personnel de Dick, ainsi qu’à la contre-culture hippie. Initialement, son film devait se situer à New York, mais une scène se déroulant dans le 2nd Street Tunnel, aisément reconnaissable à l’écran (par le public américain !), l’intrigue fut transposée à Los Angeles. En réalité, cette localisation n’a pas vraiment d’importance, puisque c’est avant tout un nouvel archétype de la ville du futur que Scott nous propose, personnage à part entière de son film, à l’instar de la Metropolis de Fritz Lang ou de la cité souterraine, imaginée par Moebius pour sa bande dessinée The Long Tomorrow. Surpeuplé, inhumain, plongé dans une nuit éternelle, délavé par des pluies incessantes, le Los Angeles de Blade Runner apparaît sans conteste comme la première réussite du film, à tel point qu’il constitue encore aujourd’hui le modèle architectural indépassable pour tout artiste désireux de représenter un environnement urbain futuriste esthétiquement acceptable.
Ce changement de lieu s’accompagne également d’un changement d’époque. Forcément, en 1982, l’échéance posée par Dick risque de paraître un peu trop proche aux spectateurs pour rester crédible. Se déroulant en novembre 2019 (c’est à nous, maintenant, que l’échéance semble courte), Blade Runner ne conserve du background, décrit dans le roman, que les éléments saillants : comment le monde en est-il arrivé à un tel état de délabrement ? Où se situent les « colonies de l’espace » ? Pourquoi une partie de la population a-t-elle choisi de rester sur Terre ? Charge au spectateur de remplir le hors-cadre avec ses propres conjectures.
Si les références au Mercerisme – ainsi qu’à l’Ami Buster – sont toutes évacuées du film, les animaux continuent en revanche d’y jouer un rôle important, quoique de second plan. Cristallisateurs, chez Dick, de l’empathie humaine et centre de leurs attentions (en somme, tout ce qui est refusé aux androïdes), ils semblent désormais se confondre avec les Réplicants dans une sorte de relation totémique : le regard de Roy Batty et celui du hibou de la Tyrell Corporation, Zhora trahie par les écailles de son serpent, Deckard comparé à un poisson froid par sa propre voix-off, avant que celle-ci ne soit retirée des versions director’s cut du film.
Du chasseur de primes…
Dans son récit, Philip K. Dick nous offre de suivre deux intrigues parallèles, développées à parts quasiment égales : celle de Rick Deckard et celle de John R. Isidore.
Deckard est un Normal, marié et chasseur de primes de second rang. Lorsque son collègue Dave Holden se retrouve à l’hôpital, après une mauvaise rencontre avec un androïde de classe Nexus-6 qu’il était chargé de « retirer », Deckard récupère le dossier. Il y voit l’opportunité de remporter assez d’argent pour s’offrir, ainsi qu’à sa femme, un véritable animal de compagnie. De fait, le couple ne dispose au début de l’histoire, que d’un mouton électrique, symbole artificiel d’une quête de respectabilité vis-à-vis de ses voisins, d’un désir de se conformer aux normes morales imposées par le Mercerisme, ainsi qu’aux valeurs familiales en donnant l’illusion d’une union épanouie dont les rapports sont en fait régulés artificiellement (on n’en sort pas) par un « orgue d’humeur ».
Ainsi, l’enquête de Deckard, qui s’étend sur une seule journée, s’apparente davantage à un voyage initiatique qui se conclura par une Ascension, à la fois physique et spirituelle. Entrant en relation avec divers personnages : Rachael (la nièce d’Eldon Rosen, dont la fondation a conçu les Nexus-6), la chanteuse d’opéra Luba Luft ou encore le chasseur de primes Phil Resch, le héros va être amené à se reconnecter avec ses émotions, à modifier les sentiments qu’il éprouve pour ses semblables, qu’ils soient humains ou synthétiques, et à prendre conscience du caractère éphémère de la vie. Autant de transformations intérieures matérialisées par un crapaud, autre animal-totem, que Deckard ramasse dans le désert pour le ramener chez lui.
John R. Isidore apparaît comme le pendant, en négatif, de Rick Deckard. C’est un Spécial qui travaille comme chauffeur-livreur pour une clinique vétérinaire, spécialisée dans la réparation d’animaux synthétiques. A la différence du chasseur de primes, il est l’unique occupant d’un immeuble délabré, situé dans un quartier en marge du centre-ville. Isidore ne possède pas d’animal, mais est décrit comme un fervent adepte du Mercerisme. Les deux personnages vont partager deux expériences déterminantes en tombant amoureux du même modèle d’androïde (Pris/Rachael) et en ayant chacun sa vision de Wilbur Mercer. Ces expériences les conduiront toutefois à des prises de consciences opposées : une volonté de revenir vers ses semblables pour Isidore et la tentation d’aller mourir seul, dans les terres désolées du Nord, pour Deckard.
… au Blade Runner
Le film conserve la structure binaire du roman, sans l’appuyer de façon aussi explicite. Rick Deckard n’a plus rien du petit fonctionnaire, somme toute banal, décrit par Dick. Il est devenu une nouvelle incarnation du privé de roman noir à la Hammett. De son passé, de ses motivations, le scénario nous livre le minimum, distillant çà et là quelques indices qui permettent à l’imagination de gambader, d’échafauder diverses théories. La version originelle de 1982 nous apprenait qu’il avait été marié et que sa femme l’avait quitté. Le director’s cut s’en dispense. Dans tous les cas, une grande question subsiste, à laquelle Ridley Scott et Harrison Ford ont chacun apporté leurs réponses contradictoires : le personnage est-il vraiment humain ?
À l’autre bout de la ville, loin de l’appartement-grotte du Blade Runner mutique, J.R. Isidore est devenu J.F. Sebastian. Le chauffeur-livreur s’est transformé en un brillant généticien. Pour autant, il vit lui aussi comme un paria dans les ruines du Bradbury Hotel, entouré par une cour d’automates qu’il s’est lui-même fabriquée pour tromper sa solitude. J.F. est rendu « spécial » par le biais d’une maladie génétique (le syndrôme de Mathusalem) qui le fait vieillir prématurément, comme les Nexus-6 à l’élaboration desquels il a contribué. Ironiquement, cette dégénérescence génétique lui interdit tout espoir de rejoindre un jour les colonies de l’espace. Comme son modèle littéraire, le personnage va tomber sous le charme manipulateur de Pris, la belle androïde, mais l’intrigue s’en débarrassera un peu trop rapidement, dès lors qu’il aura servi le dessein de Roy Batty, en l’aidant, malgré lui, à rencontrer son créateur, Eldon Tyrell. Parce qu’au final, dans Blade Runner, les véritables héros sont plus les machines que les hommes.
Des androïdes…
Les androïdes de Philip K. Dick rêvent-ils seulement de moutons électriques ? Si l’on en croit ce que raconte leur meneur Roy Batty à J.R. Isidore, ils en ont surtout eu assez de subir les tâches ingrates auxquelles les humains les soumettaient dans les colonies et ne supportaient plus de se sentir moins importants à leurs yeux que la plus insignifiante araignée. En venant sur Terre, ils aspirent à se mêler à la population et à vivre comme tout un chacun. Malheureusement, certains membres du groupe vont opter pour des professions peu discrètes – policier, chanteuse d’opéra… – qui faciliteront leurs pertes.
Dick décrit ses androïdes comme des êtres froids et méthodiques, mais non dépourvus de personnalités. Leur rôle consiste avant tout à permettre à Deckard d’évoluer d’un rapport de soumission à l’empathie, telle que prêchée par le Mercerisme, à une perception beaucoup plus contradictoire, autrement dit plus « humaine », de ses sentiments. Comment concilier le fait que la société commande de prendre soin d’un animal (même synthétique), tout en jugeant nécessaire l’exécution de machines pourtant capables d’une certaine forme d’émotion ? Qui est le plus humain, de l’androïde qui cherche à vivre comme tout le monde et du chasseur de primes qui les abat sans remords ? Peut-on aimer un(e) androïde ?
… aux Réplicants
Les quatre Réplicants de Blade Runner ont une toute autre motivation. Ils reviennent sur Terre pour y retrouver leur créateur, le dirigeant de la Tyrell Corporation, afin de lui demander d’augmenter leur espérance de vie, limitée à quatre ans (une donnée déjà présente dans le roman, sans qu’elle paraisse véritablement affecter les androïdes). Batty et Léon mènent donc leur petite enquête qui, grâce à Pris, va les conduire à J.F. Sebastian, gardien de la pyramide-sanctuaire, dans laquelle s’est retranché Eldon Tyrell. Les motivations et, par là même, la fonction narrative des androïdes changent donc profondément en passant du support à un autre.
Dans le film, le rapport de force s’inverse. Les Réplicants ne sont plus présentés comme des jalons dans l’évolution personnelle de Deckard. C’est le Blade Runner lui-même qui va offrir à Batty l’opportunité de se réaliser en tant qu’être sensible, lorsque la machine, devenue figure christique, jusque dans les clous qu’elle se plante dans la paume des mains, choisit finalement de sauver l’Homme d’une mort certaine, au prix d’un geste de bonté purement désintéressé.
De Ridley SCOTT à Denis VILLENEUVE : Blade Runner 2049 (2017)
En venant « retirer » le Nexus 8 Sapper Morton dans le complexe agricole où il se cache depuis des années, l’officier K. (Ryan Gosling), découvre une malle enterrée au pied d’un arbre mort. Examinée par le service scientifique du LAPD, la boîte de Pandore révèle l’incroyable secret qui y a été déposé : des ossements humains appartenant à une femme artificielle morte pendant son accouchement. Devant l’ampleur de cette découverte, et craignant qu’elle ne soit exploitée par un groupe de rebelles répliquants que la police de Los Angeles tente en vain de démanteler, le Lieutenant Joshi (Robin Wright) ordonne à K., lui-même un nouveau modèle de Répliquant programmé pour servir docilement ses maîtres, de retrouver la trace de l’enfant et, s’il vit toujours, de le supprimer. L’existence de ce chaînon manquant entre humains et machines intéresse également Niander Wallace (Jared Leto), dont la société produit l’alimentation qui a permis à l’humanité de se maintenir après le terrible Black Out, et assure la fabrication des Nexus, depuis la faillite de la Tyrell Corporation.
Le scénario de Michael Logan Green est l’adaptation d’un traitement écrit, sous forme de nouvelle, par Hampton Fancher, scénariste du premier Blade Runner. Celui-ci a utilisé, en accord avec Ridley Scott (producteur de BR2049), le prologue du complexe agricole, abandonné en 1982 pour des raisons de temps et de budget. En réintégrant la scène d’ouverture originelle de Blade Runner et en reprenant à grands traits la trame de ce dernier, tout en restant accessible aux spectateurs qui ne l’ont jamais vu, Villeneuve et Scott ont fait de BR2049 une œuvre singulière, à la fois suite et relecture de l’originale.
Si l’on en croit les informations disséminées dans la presse spécialisée, il semblerait que la volonté de renouer avec l’esprit de Blade Runner incombe avant tout à Scott. Problème. La réussite de son film tenait moins à la profondeur de l’enquête menée par Deckard, pur hommage au film noir américain, qu’à l’alchimie inattendue de divers talents et sources d’inspirations : le roman de Philip K. Dick, le scénario de Fancher et David Peoples, le design imaginé par Syd Mead, les effets spéciaux de Douglas Trumbull, l’esprit du magazine Métal Hurlant et les dessins de Moebius, les interprétations à fleur de peau de Ford et de Rutger Hauer, la musique lancinante de Vangelis et enfin la capacité de Scott à canaliser toute cette énergie créatrice dans une mise en scène irréprochable. Tenter de ressusciter cette magie était certes louable, mais somme toute utopique, l’énergie qui peut galvaniser une équipe sur un tournage ne se commandant pas. Il n’y a qu’à comparer les bonus du Hobbit avec ceux du Seigneur des Anneaux pour s’en convaincre.
Blade Runner était un film lent, souvent contemplatif, ponctué de scènes d’action aussi fugaces que violentes. Villeneuve, par respect pour son matériau d’origine, mais peut-être aussi poussé par les exigences de son producteur et la volonté honorable de rompre avec les montages souvent hystériques des blockbusters actuels, a malheureusement tendance à entraîner BR2049 sur la pente dangereuse de l’auto-contemplation (l’interminable scène d’investigation l’orphelinat). Noyés dans le courant d’une intrigue qui n’a parfois pas grand-chose à dire, mais s’étire malgré tout au-delà du raisonnable, comme si cet étirement était sa seule raison d’être, la plupart des personnages finissent eux aussi par s’y dissoudre, et leurs motivations par perdre en netteté, y compris Deckard qui n’arrive jamais à justifier sa présence dans le film au-delà de son rôle de McGuffin.
Pour autant, si l’on peut regretter la difficulté de BR2049 à trouver un rythme satisfaisant et à donner à ses personnages des motivations claires, il faut reconnaître que le film de Villeneuve apparaît comme une véritable réussite visuelle qui permet au spectateur de prolonger l’exploration des bas quartiers de Los Angeles, rongés par le smog et les pluies acides, et s’offre même plusieurs escapades vers de nouveaux territoires – le fameux complexe agricole, les ruines de San Diego et celles de Las Vegas – qui contribuent à réduire l’écart avec le roman de Dick. Pour le coup, le réalisateur a le bon goût de ne pas jouer la carte de la surenchère numérique, ni de l’esbroufe pyrotechnique et se réapproprie avec élégance l’esthétique à la fois déliquescente et ultra-technologique (l’architecture organique de la Wallace Corporation) de son modèle.
BR2049 n’aurait-il donc à offrir que sa magnifique esthétique et une poignée de scènes réussies (ce qui le placerait déjà, haut la main, au-dessus de l’embarrassant Ghost in the Shell de Rupert Sanders) ? Heureusement non, grâce à Joe K., héros kafkaïen en qui l’inexpressivité du jeu de Ryan Gosling fait merveille. Blade Runner soumis aux ordres d’une supérieure tyrannique, K. est un androïde qui accepte sa condition et trompe sa solitude avec Joi (Ana de Armas), un plantureux hologramme. L’enquête qu’il va mener pour retrouver l’enfant de Rachael l’entraînera de désillusion en désillusion. En dépit de tout ces revers, K. va parvenir à se hisser au-dessus de sa condition de machine et accomplir un acte de total liberté en réunissant un père et sa fille. A l’image du film de Villeneuve, il est un produit qui se cherche une légitimité et finit, peut-être, par la trouver comme passeur de relais entre l’ancienne génération – Deckard, le Blade Runner de Scott et, au-delà, ses aficionados – et la nouvelle, celle qui découvre cet univers par le biais de BR2049. Un méta-héros au service d’une œuvre parfois maladroite, mais généreuse, qui laisse entrevoir un renouveau bienvenu de la science-fiction sur grand écran.
- Le Hangar Cosmique -
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