LA MOUCHE (THE FLY)
Année : 1986
Réalisateur : David Cronenberg
Scénario : Charles Edward Pogue & David Cronenberg
Production : Stuart Cornfeld, Marc Boyman & Kip Ohman (Brooksfilms / Twentieth Century Fox)
Musique : Howard Shore
Effets spéciaux : Chris Walas, Louis Craig & Ted Ross
Pays : USA
Durée : 95 min
Interprètes : Jeff Goldblum, Geena Davis, John Getz, Joy Boushel, Les Carlson…
L’HISTOIRE :
Seth Brundle, un savant, vient d’inventer des machines qui vont révolutionner l’humanité : des téléporteurs. Au cours de l’une de ses expériences, il se téléporte lui-même sans s’être rendu compte de la présence d’une mouche dans la cabine de téléportation. Il va alors connaître la fusion progressive et horrible d’un être humain et d’un insecte…
LA MOUCHE est le remake d’un célèbre classique des années 50 : LA MOUCHE NOIRE (The Fly, 1958, de Kurt Neumann), qui connaîtra plusieurs suites.
C’est en 1984 que le projet de remake de LA MOUCHE NOIRE prend forme grâce à la Twentieth Century Fox détentrice des droits du film. Mais il faut savoir que c’est Mel Brooks lui-même (LA FOLLE HISTOIRE DE L’ESPACE) qui va remuer ciel et terre pour faire aboutir ce fabuleux projet. Non seulement notre homme, plus connu dans les productions de films comiques, va s’investir grandement dans le développement du remake, mais en plus il va le financer grâce à sa société de production Brooksfilms (ELEPHANT MAN, FRANCES, LE DOCTEUR ET LES ASSASSINS…).
Le scénariste Charles E. Pogue (PSYCHOSE III) contacte en 1984 le producteur Stuart Cornfeld afin de lui présenter son projet de remake de LA MOUCHE NOIRE. Cornfeld, intéressé, prend alors une décision importante concernant le scénario : « Nous avions décidé qu’il serait beaucoup plus dérangeant, cauchemardesque, parce que le cœur du problème serait une métamorphose. » En outre, Cornfeld précise à propos de la participation de Mel Brooks : « Les gens ont commencé à s’imaginer , puisque Mel était sur le coup, que ce serait une parodie de film d’horreur. En fait, ils se trompaient du tout au tout : THE FLY est le côté Hyde de Mel et c’est véritablement un film d’horreur ! »
LA MOUCHE entre en chantier en janvier 1985, en Angleterre. Le premier réalisateur qui travaille sur le film quitte le projet en pleins préparatifs en raison d’un drame familial. David Cronenberg (SCANNERS, DEAD ZONE, VIDEODROME…) est alors choisi par Stuart Cornfeld. Le réalisateur commence par refuser. Il travaille déjà sur un autre film, n’aime pas les remakes et déteste mettre en scène les scénarios des autres. Bref, ce monsieur a visiblement du caractère ! Néanmoins Cronenberg va finir par accepter car son projet de tournage avec Dino de Laurentiis clapote (c’était une version cinématographique de la nouvelle de Philip K. Dick : We can remember it for you wholesale, autrement dit le fameux TOTAL RECALL !). Mais il exige que le scénario soit revu et corrigé, bien sûr. Cronenberg déclare : « En général, je n’apprécie pas les remakes. Mais le scénario de Charles E. Pogue offrait une authentique et passionnante relecture du sujet. J’ai été frappé par la puissance de son imagerie, la minutie et la précision scientifique de son approche. Tous les effets horrifiants du film s’y trouvaient déjà. Mon apport de scénariste s’est limité aux dialogues et à la conception des personnages. »
Jeff Goldblum (L’INVASION DES PROFANATEURS, TRANSYLVANIA 6-5000, JURASSIC PARK, INDEPENDENCE DAY…) est choisi par David Cronenberg pour incarner le scientifique Seth Brundle. « Nous étions tous d’accord pour faire appel à lui » déclare le réalisateur. « Nous savions que Jeff était un acteur formidable, et je pensais que ce serait son grand rôle. C’était son premier rôle important dans la peau d’un personnage romantique, drôle et terrifiant à la fois. Il allait pouvoir donner le meilleur de lui-même. Il était très heureux que je le lui propose. Il m’a dit que c’était le meilleur rôle qu’on lui ait jamais offert et je crois que c’est vrai. »
Rick Baker est d’abord envisagé pour les effets spéciaux de maquillage. Cependant il travaille sur plusieurs autres projets. C’est alors Chris Walas, grand spécialiste (LE RETOUR DU JEDI, ENEMY MINE, GREMLINS…), qui va s’occuper des effets spéciaux de maquillage, lesquels vont devoir montrer les sept phases de la lente et effrayante métamorphose de Seth Brundle. C’est dans son atelier de San Francisco, entouré d’une trentaine de personnes, que Walas va concevoir les impressionnants maquillages, mécanismes et autres effets particulièrement élaborés de LA MOUCHE. Jeff Goldblum devra « subir » cinq heures par jour de prothèses et maquillages. Cronenberg confie à propos de la métamorphose : « Pour moi, la transformation en mouche était une métaphore ; un transfert avec la vieillesse, le cancer, toutes les métamorphoses qui attendent un être humain, et c’était une façon de montrer les réactions du personnage devant ces métamorphoses. » Cronenberg précise : « Chris Walas et moi-même ne nous sommes pas inspirés du cinéma, mais de la nature. Nous voulions créer une entité nouvelle, un être issu de la fusion de deux espèces : Brundlemouche. »
Quant à la musique dramatique du film, elle est confiée à Howard Shore (LE SEIGNEUR DES ANNEAUX). « Je crois que les meilleures musiques de films sont comme celle-là » déclare David Cronenberg. « Vous avez l’impression de ne pas pouvoir l’écouter sans voir les images. Il n’y a pas de mélodie qui vient voler la vedette au film ; vous n’y pensez pas tout le temps. »
LA MOUCHE (dont le budget était de 15 millions de dollars) obtiendra un joli succès (inattendu) au box-office américain de 1986, devançant même ALIENS de James Cameron sorti la même année. Le film remportera l’Oscar 1987 du Meilleur Maquillage (décerné à Chris Walas et Stéphane Dupuis), il sera nominé au Prix Hugo du meilleur film de 1987 et recevra, en dehors de nombreuses autres récompenses, le prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d’Avoriaz 1987.
David Cronenberg nous livre, avec LA MOUCHE, un formidable remake largement supérieur à l’original, un film de science-fiction horrifique à la fois bouleversant et effrayant, véritable réussite du cinéma fantastique des années 80. Jeff Goldblum y excelle dans son rôle de scientifique passionné, et son horrible dégénérescence, lente agonie douloureuse, est une épreuve pour lui comme pour le spectateur, avec des scènes parfois très gores.
LA MOUCHE connaîtra une suite réalisée par Chris Walas lui-même en 1989.
À parier qu’un reboot ou remake du film de Cronenberg est déjà secrètement en préparation à Hollywood…
L’avis des spécialistes :
« Est-ce aller trop loin que d’y voir aujourd’hui une prémonition du sida ? Cette transformation physique étonnante du personnage interprété par Jeff Goldblum doit beaucoup aux effets spéciaux de maquillage de Chris Walas. » (L’Encyclopédie de la Science-Fiction / Jean-Pierre Piton & Alain Schlockoff / éd. Jacques Grancher)
« À partir d’un certain temps, le film devient étonnamment touchant : la métamorphose graduelle de Seth en monstre est émouvante, grâce notamment à l’interprétation de Jeff Goldblum, à sa gestuelle disloquée, à son mélange de fébrilité et de mégalomanie. » (Les Films de Science-Fiction / Michel Chion / éd. de l’Étoile Cahiers du Cinéma)
Sources : L’Écran Fantastique n°74 et 76, Wikipédia
- Morbius -
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STAR TREK, LE FILM (STAR TREK : THE MOTION PICTURE)
Année : 1979
Réalisateur : Robert Wise
Scénario : Alan Dean Foster, Harold Livingston & Gene Roddenberry
Production : David C. Fein & Gene Roddenberry (Paramount)
Musique : Jerry Goldsmith
Effets spéciaux : Douglas Trumbull
Pays : USA
Durée : 120 min
Interprètes : William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, James Doohan, George Takei, Walter Koenig, Nichelle Nichols, Persis Khambatta, Stephen Collins…
L’HISTOIRE :
Une gigantesque nuée cosmique d’origine inconnue se dirige droit vers la Terre en détruisant tout ce qui entrave sa progression. Le vaisseau Enterprise, doté des dernières technologies de pointe de la science du XXIIIe siècle, est chargé d’intercepter à temps la menace…
En 1979, l’événement que tous les trekkies espéraient se produit : STAR TREK fait un retour en force après dix années d’absence sous la forme d’une superproduction de plus de 40 millions de dollars (ce qui en fera le film le plus cher de l’époque) destinée au grand écran ! Après le succès phénoménal rencontré par STAR WARS, les producteurs ont en effet préféré opter pour le cinéma plutôt que la télévision, éliminant ainsi du même coup la nouvelle série télévisée STAR TREK qui était alors en chantier : STAR TREK II. De nouveaux personnages devaient apparaître parmi les anciens : Will Decker, nouveau capitaine de l’Enterprise, et le lieutenant Ilia de la planète Delta. Ils seront cependant conservés pour le film réalisé par Robert Wise et supervisé par Gene Roddenberry, le créateur de STAR TREK. Toute la célèbre équipe se trouve alors réunie pour la grande aventure spatiale que va vivre un Enterprise flambant neuf !
C’est en 1977 que la Paramount décide de relancer STAR TREK à la télévision avec une toute nouvelle série intitulée sobrement : STAR TREK II. Trois nouveaux personnages sont prévus : le Commandant Will Decker (nouveau capitaine de l’Enterprise interprété par Stephen Collins), le lieutenant Ilia (une femme à la beauté exceptionnelle originaire de la planète Delta, incarnée par Persis Khambatta, ex-miss Inde) et un nouveau Vulcain appelé Xon (Leonard Nimoy refusant de reprendre son rôle de Spock). Mais à cette époque, un film fait fureur au box office : STAR WARS…
Changement de cap : STAR TREK II devient STAR TREK, LE FILM (STAR TREK : THE MOTION PICTURE) destiné aux salles de cinéma. Tout d’abord flanqué d’un budget de 5 millions de dollars, la Paramount rectifie rapidement le tir et accorde pas moins de 44 millions de dollars à son enfant chéri (soit quasiment cinq fois plus que le budget de STAR WARS !). Les producteurs misent haut et veulent le gratin d’Hollywood pour le grand retour de STAR TREK. Ils n’hésitent donc pas à faire appel à Robert Wise dont pratiquement chaque film est un classique du cinéma (LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA, LA MAISON DU DIABLE, LE MYSTÈRE ANDROMÈDE, LE PONT DE LA RIVIÈRE KWAÏ…). Ce dernier accepte volontiers. « J’ai pensé qu’il était temps pour moi de faire un film de science-fiction qui se situerait dans l’espace ! L’idée de réaliser STAR TREK m’a plu dès le début : c’était d’une telle qualité… J’ai vraiment été fasciné et j’ai aussitôt voulu faire un film qui traitait de l’expérience de la vie dans l’espace », déclare-t-il. Sept plateaux de la Paramount sont alors réquisitionnés pour le tournage du film.
Douglas Trumbull (2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE, SILENT RUNNING, RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE…) se joint à l’équipe pour les effets spéciaux. Il remplace désormais Robert Abel, renvoyé en plein tournage pour son insouciance et pour les millions de dollars engloutis dans des séquences qui n’ont jamais abouties ! Il se met au travail en compagnie d’un autre grand spécialiste en effets spéciaux : John Dykstra (STAR WARS et la série télévisée d’époque GALACTICA). Mais Trumbull peut être frustré : lui qui s’occupait déjà des effets spéciaux du projet TV STAR TREK II se voit contraint de tout recommencer à zéro pour le film de Wise auquel on ne peut en aucun cas adapter des séquences conçues pour le format de la télévision…
C’est également le cas de nombreux décors conçus au départ pour la série télévisée : il faut tout revoir à la demande de Robert Wise. La passerelle de l’Enterprise, qui avait déjà coûté plus d’un million de dollars, est entièrement refaite, de même que la chambre des machines. Le réalisateur se plaint de l’aspect peu pratique de certains décors pour déplacer ses caméras. Le design final des différents niveaux de l’Enterprise est dû à Syd Mead (BLADE RUNNER, TRON, 2010…) et à Andy Probert (concepteur des Cylons de 1978 et du Galaxy Class de STAR TREK, THE NEXT GENERATION). Robert Wise insiste sur leur aspect fonctionnel. De même, c’est Robert Wise lui-même qui souhaite la création de nouveaux uniformes Starfleet : « C’est moi qui ai insisté pour que les costumes soient changés. Et cela dès que je suis arrivé ! Les costumes originels ressemblaient plus à des pyjamas qu’à autre chose ! On aurait vraiment trop dit une bande-dessinée, si vous voyez ce que je veux dire ! » Mais il est évident que l’on passe de pyjamas des sixties à des pyjamas des seventies…
Robert Wise parvient à convaincre Leonard Nimoy de reprendre son rôle de Spock. Les autres acteurs de la série d’origine suivront tous. Le réalisateur déclare : « C’était tous de très bons acteurs, de parfaits professionnels. Il y a eu de très bons moments, très agréables, avec tous les acteurs sur le plateau, parce qu’il m’apparaissait qu’ils aimaient vraiment leur personnage et qu’ils cherchaient constamment à l’améliorer. »
Pour la musique du film, on pense au grand Jerry Goldsmith (LA PLANÈTE DES SINGES, LA MALÉDICTION, ALIEN…). « Lorsque je suis intervenu dans le projet, Jerry n’avait pas encore signé avec la Paramount mais ils étaient très désireux de l’avoir, » confie Robert Wise. « Ils m’ont demandé ce que j’en pensais, et je leur ai répondu que je trouvais ça parfait. J’aime beaucoup Jerry, et ce qu’il fait. Il a écrit la partition de l’un de mes films, il y a quelques années, et nous avons très bien travaillé ensemble. Mais il n’avait pas été engagé avant que je donne mon accord. »
Et quand on demande à Robert Wise s’il aime STAR TREK, LE FILM, il répond : « Souvent, nous autres metteurs en scène préférons notre dernier film… Je l’aime beaucoup. Je n’y retrouve pas tout ce que j’aurais aimé y mettre, et je ne me doutais vraiment pas qu’il allait coûter la somme fabuleuse qu’il a coûté. Personne ne s’en doutait. Je suis sûr qu’à la Paramount personne n’aurait jamais entrepris ce film si on avait su dès le début ce qu’il allait coûter. Je suis convaincu qu’ils s’en sortiront bien et que le film ne leur fera pas perdre d’argent. Mais pour moi, pour son contenu, pour l’histoire et les personnages, pour ce que le film a à dire et pour son sujet, je préfère toujours LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA. »
STAR TREK, LE FILM sort dans 857 salles aux États-Unis et récupère en dix jours son budget faramineux. Il reçoit un accueil plutôt mitigé en France où le public connaît encore mal STAR TREK à l’époque et où la critique se montre peu indulgente (174 584 entrées sur Paris en 3 semaines). Le film remportera une nomination aux Saturn Award du meilleur film de science-fiction par l’Académie des films de science-fiction, fantastique et d’horreur. La splendide musique de Jerry Goldsmith sera nommée aux Oscars.
STAR TREK, LE FILM assume magistralement sa position de second 2001 : L’ODYSSÉE DE L’ESPACE de l’histoire du cinéma de science-fiction. Son aventure est à l’échelle de l’univers : grandiose, mystérieuse et dangereuse. Et elle possède une dimension philosophique rare dans le space opera. Le voyage à travers cette entité nuageuse appelée V’ger, véritable voyage intérieur jusqu’à la révélation finale coup de théâtre, s’avère fascinant et littéralement mystique. Les décors étranges de l’intérieur de V’ger et la musique de Goldsmith aux sonorités inédites contribuent grandement à ce spectacle extraordinaire. Certes, l’humour est peu présent dans ce STAR TREK, faisant de ce chapitre un film aussi froid que l’espace est glacial. En outre, quelques longueurs le parsèment malgré une suppression de 30 minutes de la part de Robert Wise. Certaines de ces séquences inédites se retrouveront d’ailleurs quelques années plus tard incluses dans le DVD de la version remaniée de STAR TREK, LE FILM par son réalisateur (une édition spéciale surtout sur le plan des effets spéciaux).
L’avis des spécialistes :
« À beaucoup, Star Trek : le Film fera donc l’effet d’une réunion d’anciens combattants au passé obscur et aux motivations déroutantes. Cette impression sera renforcée par la liberté de jeux des acteurs, qui règlent entre eux leur cabotinage et peaufinent du même coup l’interprétation horripilante de William Shatner dans son rôle cousu-main de capitaine au grand coeur et aux muscles d’acier. Basée également sur une relance commerciale de la vente des innombrables gadgets Star Trek, la mise en scène de Wise ne se livre à aucune audace sur un terrain aussi bien ordonné qu’un courts de tennis, et le film s’avère peu enclin à verser dans l’humour. » (L’Écran Fantastique n°13 / Christophe Gans)
« Star Trek souffre, désormais, curieusement, de gigantisme. Et, oubliant le caractère « western » qui lança la série, le film donne dans l’ésotérisme… On a réembauché à prix d’or les acteurs de la série, bien qu’ils aient dix ans de plus. Vieillis mais vaillants, le capitaine Kirk, Monsieur Spock et le Docteur, dont les uniformes semblent avoir rétréci, assument leurs rides avec philosophie. Surtout lorsqu’ils contemplent la nouvelle venue dans l’équipage, le lieutenant Ilia, habitant de la planète Delta. Interprétée par Persis Khambatta – ancienne miss Inde – celle-ci a accepté de se raser les cheveux pour obtenir le rôle. Son arrivée à bord restera le grand moment du film dont les recettes dépassent déjà les 60 millions de dollars aux États-Unis. Séduira-t-elle aussi les Français par la seule perfection de son crâne ? » (L’Express / Catherine Laporte)
« Star Trek - le Film se pose en remake imparable de 2001 : l’Odyssée de l’Espace. À l’austérité et aux non-dits de Stanley Kubrick, Robert Wise préfère le contemplatif et le démonstratif. Derrière ce scénario à gimmick (V’ger = Voyager 6), Star Trek - le Film (trop long, rarement ringue) dissimule en fait une réflexion aussi profonde que passionnante sur les limites du savoir et sur les conséquences à long terme des théories d’aujourd’hui. Paré d’un budget monstre, Star Trek - le Film présageait une saga cinématographique où l’intelligence aurait le droit de cité. Les réactions très mitigées des trekkies (60 pour, 40 contre, dixit Robert Wise, chiffres à inverser bien sûr) en décidèrent autrement… » (Impact n°49 / Vincent Guignebert)
Sources : L’Écran Fantastique n°13, 80 Grands Succès de la Science-Fiction (éd. Casterman), Wikipédia
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LE DRAGON DU LAC DE FEU (DRAGONSLAYER)
Année : 1981
Réalisateur : Matthew Robbins
Scénario : Hal Barwood & Matthew Robbins
Production : Howard W. Koch (Walt Disney / Paramount)
Musique : Alex North
Effets spéciaux : ILM
Pays : USA
Durée : 109 min
Interprètes : Peter MacNicol, Caitlin Clarke, Sir Ralph Richardson, John Hallam, Peter Eyre, Ian McDiarmid…
L’HISTOIRE :
Un dragon terrorise les habitants d’une région. Afin de calmer la bête, le roi fait sacrifier de jeunes vierges. Mais un vieux magicien et son apprenti décident d’aller tuer le monstre…
C’est en pleine période où les échecs des studios Walt Disney se succèdent et où la célèbre maison de production cherche à se donner une nouvelle image que naît LE DRAGON DU LAC DE FEU. L’époque laisse peu de place aux films appartenant au Merveilleux et à l’Heroic Fantasy, le public préférant alors le cinéma de science-fiction, par conséquent le projet nage à contre courant, et l’on peut s’étonner de l’accord des studios.
On doit LE DRAGON DU LAC DE FEU à deux hommes : Hal Barwood et Matthew Robbins (lesquels, pour la petite histoire, on fait découvrir Ralph McQuarrie à George Lucas). Avant de parvenir à une version qui les satisfasse, Barwood et Robbins écriront treize scénarios du film ! Leur connaissance en matière d’effets spéciaux représentera un atout non négligeable pour la mise en chantier du DRAGON DU LAC DE FEU (nos deux hommes ont assisté à la création d’Industrial Light and Magic).
Le projet prend progressivement une telle envergure que le budget atteint bientôt les 18 millions de dollars, une somme énorme pour l’époque. Walt Disney s’associe alors à Paramount pour produire le film. 40 des meilleurs techniciens au monde travaillent sur LE DRAGON DU LAC DE FEU (parmi eux Brian Johnson, Dennis Muren, Phil Tippett…) dont la plupart ont travaillé sur STAR WARS IV, RENCONTRES DU TROISIEME TYPE et ALIEN. Le film nécessitera deux années.
Dès le départ, Barwood et Robbins ne souhaitent pas que LE DRAGON DU LAC DE FEU s’apparente à un merveilleux conte de fées. Au contraire, les deux hommes font tout pour décrire un Moyen Âge authentique, à la fois plongé dans l’obscurantisme, les croyances et la misère, cela afin de gagner en crédibilité aux yeux du public. Les décors sont soignés, et l’éternelle grisaille du film contribue à son atmosphère souvent sinistre. En ce qui concerne le tournage en extérieurs, Barwood déclare : « Le temps n’était pas toujours très beau. Nous avions beaucoup de problèmes à cause du temps. Nous tournions pendant l’été écossais et gallois, et pourtant nous avons eu de terribles pluies ! » L’histoire du film se déroule dans le monde d’Urland. Barwood précise : « Nous pensions que cela ressemblerait à l’Angleterre au début du VIe siècle. En général, nous avions plus en tête un endroit historique qu’un site fantastique, parce que cela correspondait à notre idée que tout devait avoir un aspect très réel. Nous savions que nous choisirions les îles britanniques, parce qu’elles ont l’aspect, le paysage, l’arrière-plan rocheux, le ciel bas et couvert de nuages que nous recherchions. Nous avons créé ce monde en construisant 18 décors différents. Quatre plateaux principaux furent nécessaires aux Studios Pinewood. Des tonnes de ciment, plastique, de faux rochers, etc., ont été disposés avec soin sur une surface de plusieurs hectares. »
Toujours dans cette optique de conférer au film une certaine crédibilité, Barwood et Robbins se refusent à y introduire des créatures fantastiques tels que des elfes ou des gnomes. Tous leurs efforts vont alors converger vers une seule et même créature : le dragon. Créature légendaire s’il en est, le dragon est ici la vedette du film, et quelle vedette ! Barwood et Robbins vont jusqu’à lui donner un nom latin : Vermithrax Pejorative (le vers maléfique de Troie) !
Le dragon du film sera conçu par David Bunnett et Phil Tippett des studios ILM de George Lucas, à partir des idées de Barwood et Robbins qui auront pour l’occasion compulsé et étudié toutes les publications en rapport avec la créature fantastique. Le monstre se devait d’être très impressionnant et imposant, à tel point que lorsque Vermithrax déployait ses ailes, le public devait s’imaginer une envergure d’environ 27 mètres ! Et, plus que tout, Vermithrax devait être absolument crédible au risque de ridiculiser le film. Ainsi, 4 millions de dollars seront nécessaires pour sa conception, et notre dragon sera l’objet de toutes les attentions. Il est le résultat à l’écran des effets spéciaux les plus aboutis en matière d’effets optiques, d’animation en stop-motion, d’intervention de l’informatique, d’effets de maquillages et mécaniques. Plusieurs versions de Vermithrax seront conçues en différentes tailles (de quelques centimètres à plusieurs mètres). Un modèle réduit situé sur un moteur spécial pourra même bouger 16 parties différentes du corps simultanément.
Danny Lee et son équipe fabriquent également une tête aux yeux et aux mâchoires articulées au bout d’un cou de 4,80 mètres de long (pour un poids de 2 tonnes !), une queue mobile de 6 mètres, une patte griffue et des ailes de 18 mètres d’envergure. La peau de Vermithrax sera en uréthane. L’ensemble sera conçu en deux mois seulement. Brian Johnson (COSMOS 1999, L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE…) supervisera les effets mécaniques d’une grande difficulté à coordonner car les pannes se succèdent et les mouvements du dragon s’avèrent plutôt saccadés. Dix personnes sont parfois nécessaires pour permettre à la créature de se mouvoir convenablement. Cependant ce travail de titan portera à la longue ses fruits et Vermithrax s’offrira alors son premier rôle à l’écran.
Hal Barwood déclare à propos du repaire du dragon : « C’est Elliot Scott qui a conçu le décor du repaire du dragon, occupant à lui seul deux plateaux ! Ce décor devait être soigneusement protégé contre les dangers du feu. En fait, les sapeurs-pompiers de la région étaient toujours présents. Peter McNicol a montré beaucoup de courage lorsqu’il a traversé les flammes et tout le reste ! »
Sir Ralph Richardson (Ulrich) incarne brillamment le vieux magicien détenteur d’un savoir interdit tandis que Peter MacNicol joue le jeune Galen pour son premier rôle au cinéma. Barwood déclare au sujet des acteurs du film : « Matthew est allé à Toronto, New York, Los Angeles et San Francisco, où nous avons vu beaucoup d’acteurs pour les rôles de Galen et Valériane, les deux jeunes premiers. Il nous a tout simplement fallu beaucoup de temps pour trouver les acteurs qui semblaient répondre aux besoins dramatiques que nous avions en tête. » En ce qui concerne Sir Ralph Richardson : « Pour ce qui est de Sir Ralph Richardson, nous avions pensé à lui en écrivant l’histoire. C’est étrange, parce que à deux occasions, la même chose s’était passée, et dans les trois cas, l’acteur auquel nous pensions a fini par jouer le rôle ! Il est très rare d’écrire un rôle avec un acteur en vue. Cela peut d’ailleurs être très dangereux pour la rédaction de l’histoire. Mais nous trouvions que Sir Ralph Richardson avait une très grande maîtrise de son rôle, et qu’il pouvait incarner un vieil homme à la main de fer et être empreint d’une sorte de pouvoir charismatique, sauvage et démentiel. Nous avons donc pensé que nous devrions lui présenter l’histoire, pour savoir s’il aimerait jouer le rôle, nous l’avons fait et il a accepté. »
LE DRAGON DU LAC DE FEU, qui fête cette année ses 30 ans, demeure encore aujourd’hui une référence en la matière, en particulier, on s’en doute, pour son dragon d’une crédibilité rarement atteinte au cinéma. A la fois cruelle, féroce, effrayante et majestueuse, la créature fantastique qui hante les légendes du monde entier depuis des siècles trouve enfin un film qui restitue avec honneur toute sa force et son image impressionnante. Chacune de ses apparitions est superbe.
Le film de Barwood et Robbins s’affranchit du monde souvent mièvre de Disney. Cette fois, on ne s’adresse plus aux enfants mais aux adultes, avec des scènes parfois cruelles où l’on frôle l’horreur, et avec l’univers sombre d’un Moyen Âge inquiétant. Quant aux acteurs, Sir Ralph Richardson nous offre un puissant magicien maître de son art alors que Peter MacNicol s’avère peut-être un peu fadasse dans le rôle du jeune Galen, et surtout il ne possède pas la gueule de l’emploi.
LE DRAGON DU LAC DE FEU, s’il est aujourd’hui dépassé par les dragons de l’ère du numérique, aura marqué d’une pierre blanche le cinéma du Merveilleux, et son dragon est loin d’avoir vieilli. Il paraît encore plus beau que jamais face aux versions de pacotille présentées dans des films tels que DONJONS ET DRAGONS.
L’avis des spécialistes :
« Dragonslayer est un film audacieux à plus d’un titre : premier grand film de « fantasy » pure, il s’est refusé, à un certain niveau, d’exploiter le genre dans ses aspects les plus commerciaux pour, au contraire, rester fidèle à un esprit très traditionnel. » (Jean-Marc Lofficier / L’Ecran Fantastique n°27 d’octobre 1982)
« Pendant près de deux heures, on feuillette un merveilleux – c’est le cas de le dire – livre d’images. C’est devenu tellement rare qu’on aurait tort de s’en priver. » (Première)
Sources : L’Ecran Fantastique, Wikipédia.
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FLASH GORDON
Année : 1980
Réalisateur : Mike Hodges
Scénario : Lorenzo Semple Jr (d’après les personnages créés par Alex Raymond)
Production : Dino de Laurentiis (AMLF)
Musique : Queen
Pays : USA / Grande-Bretagne
Durée : 115 min
Interprètes : Sam Jones, Ornella Muti, Melody Anderson, Max Von Sydow, Chaim Topol, Timothy Dalton, Brian Blessed, Mariangela Melato…
L’HISTOIRE :
Suite à une série de catastrophes naturelles étranges, Flash Gordon, capitaine de l’équipe de foot-ball américain des New York Jets, Dale, une fervente admiratrice, et Zarkov, savant atomiste de la NASA, sont faits prisonniers par l’empereur Ming sur la planète Mongo. Ce dernier, séduit par Dale, décide de l’épouser tandis que Flash est condamné à mort…
Au départ, le projet de l’adaptation cinématographique de la célèbre BD d’Alex Raymond, Flash Gordon (Guy l’Eclair, en français), aurait dû revenir dans les années 1970 à George Lucas. Mais les droits lui furent (heureusement !) refusés et Lucas créa par la suite ce que l’on connaît : STAR WARS, une saga qui, à sa façon, s’inspire à bien des niveaux de Flash Gordon. Ce sera après le prodigieux succès de LA GUERRE DES ETOILES en 1977 que le fameux producteur italien Dino de Laurentiis, à la recherche d’un futur filon, parviendra à s’emparer des droits de Flash Gordon afin de mettre en chantier le film. Il investira alors plus de 40 millions de dollars dans ce projet faramineux.
Dino de Laurentiis choisit le metteur en scène Nicolas Roeg qui se lance dans l’immense travail de pré-production. Cependant Roeg est renvoyé au bout d’un an. Dino de Laurentiis prétexte que l’homme est « trop intellectuel » et « pas assez commercial ». Dino avoue aussi : « Mon but : faire rêver le spectateur au premier degré. » Néanmoins on apprend dans Impact 48 que Nicolas Roeg envisageait une version totalement à part de FLASH GORDON, un FLASH GORDON revu et corrigé qui aurait abouti à une aventure sado-maso… Si le FLASH GORDON de Mike Hodges évite cet écueil, il n’est pas exempt de scènes à l’érotisme sulfureux et aux touches parfois sado-maso (la princesse Aura fouettée…). Sacrés Italiens !
Finalement, c’est Mike Hodges qui hérite du projet. Ce réalisateur, formé sur des séries télévisées dramatiques et des tournages de spots publicitaires, est l’auteur de séries telles que RUMOUR et SUSPECT, et il a débuté au cinéma dans GET CARTER (avec Michaël Caine).
Le tournage de FLASH GORDON débute le 6 août 1979 et occupe six plateaux dans les studios de Shepperton en Angleterre, mais aussi le complexe « GUERRE DES ETOILES » (ainsi nommé après le tournage de STAR WARS) de E.M.I. à Borehamwood (avec une surface scénique de 14 000 mètres carrés !) ainsi qu’une immense structure à Brookland dans le Surrey. C’est Danilo Donati (CALIGULA) qui est chargé des décors somptueux du film. Décorateur et costumier italien, Donati a travaillé au théâtre avec Luchino Visconti, puis il deviendra le collaborateur attitré de Fellini et Zeffirelli.
Le film sera terminé six mois plus tard. Il aura nécessité de gigantesques décors et 600 costumes dont celui de l’empereur Ming qui pesait à lui seul 30 kg ! Inutile de préciser que l’acteur Max Von Sydow ne le portait que le temps d’une prise.
Les spécialistes des effets spéciaux du film durent faire face à certains problèmes techniques, notamment la conception si particulière du ciel de Mongo ou des diverses planètes de FLASH GORDON. La solution sera trouvée en plongeant la caméra dans un bassin où sont déversés des liquides aux couleurs et aux densités différentes. En ce qui concerne les hommes-faucons, un système de marionnettes à fils sera conçu pour les soutenir dans leur vol. C’était l’époque de la débrouillardise où les techniciens du merveilleux se lançaient constamment des défis et où les solutions parfois les plus simples étaient les meilleures.
Sam Jones incarne Flash Gordon à l’écran, il avait auparavant tourné aux côtés de Bo Derek dans le film ELLE. C’est en participant à un jeu télévisé programmé à Los Angeles que Dino de Laurentiis le remarque. La séduisante princesse Aura, fille de l’empereur Ming, est jouée par la superbe actrice italienne Ornella Muti. Max Von Sydow, talentueux acteur suédois (naturalisé français en 2002), est le despotique empereur Ming, un rôle qui lui va à ravir. Melody Anderson, apparue dans des téléfilms, incarne Dale Arden. Timothy Dalton, futur James Bond (et dont la carrière est en dents de scie), joue le prince Barin. Enfin, c’est Brian Blessed (STAR WARS EPISODE I : LA MENACE FANTÔME) qui est le prince Vultan, chef des hommes-faucons.
La musique de FLASH GORDON sera confiée au groupe Queen, lequel composera le célèbre générique du film en compagnie de superbes morceaux.
Un FLASH GORDON 2 aurait dû être tourné, mais l’acteur Sam Jones, fou furieux après avoir appris qu’il avait été doublé sans son accord dans certaines scènes, refusa systématiquement de participer au projet, lequel sombra rapidement dans les marais d’Arboria…
FLASH GORDON, considéré par certains comme un navet du genre et par d’autres comme un film culte, représente une sympathique tentative d’adaptation de la bande-dessinée d’Alex Raymond. Certes, notre auteur de BD a dû plus d’une fois se retourner dans sa tombe lors du tournage du film de Mike Hodges, mais l’oeuvre possède un charme clinquant qui, s’il pourra irriter la rétine de quelques-uns (voire les oreilles avec Queen…), pourra également amuser et faire sourire sans hypocrisie les amateurs de cinéma italien kitsch à la sauce STAR CRASH (toutes proportions gardées entre les deux films, bien sûr !). Eh oui, comment ne pas songer au film de Luigi Cozzi en contemplant les décors du palais de Ming dignes d’un show disco des années 1980 ? Les costumes eux-mêmes s’inscrivent dans un style que l’on qualifierait aujourd’hui de « bling-bling » (c’est d’ailleurs le bruit qu’ils font tout au long du film !). Mais peu importe : le spectacle est là, souvent magnifié par des ciels merveilleux, de splendides décors de villes flottantes ou de forêts profondes et hostiles. En dehors des scènes parfois torrides entre la princesse Aura et Flash, la poésie est présente ! Et que dire de Max Von Sydow dans le rôle de l’empereur Ming ! On se délecte à chacune de ses apparitions.
FLASH GORDON n’est pas un film à prendre au sérieux, quiconque expérimente cette tentative s’enfuit en hurlant car ce n’est pas un film qui se prend au sérieux. FLASH GORDON est un film où l’humour (volontaire ?… involontaire ?…) est omniprésent dans des scènes délirantes aux dialogues et aux situations inattendus. FLASH GORDON est un film qui n’a peur de rien, ce que savaient faire les Italiens, autrefois…
L’avis des spécialistes :
« Oeuvre à grand spectacle sans prétention, « Flash Gordon » a su garder son charme désuet cher aux nostalgiques de la BD 1930. » (Catherine Laporte / L’Express)
« [...] Mais la ligne est ténue entre le naïf rigolo et le cucul. Or on la franchit ici avec allégresse, à coups d’effets spéciaux qui – hyper raffinement technologique ? – ont l’air rudimentaires et d’humour que l’on craint involontaire (« Je t’aime, Flash, mais il nous reste quatorze heures pour sauver la Terre ! »). Ornella Mutti parade dans des robes interstellaires et paraît doublée par Linguaphone, Max Von Sydow semble bien content que personne ne le reconnaisse sous son maquillage et Sam Flash Jones est musclé mais inexistant. Sorry, folks ! » (H.B. / Première)
« [...] Dino de Laurentiis, grand vizir de cette superproduction, déverse des flots de dollars dans des plateaux clinquants, aux couleurs criardes. Un mauvais goût à combler un Andy Warhol. Un mauvais goût également de circonstance car, dans ce space opera rococo, la navette spatiale est bricolée dans une serre par un savant atomiste de la Nasa. Zarkov, qu’il s’appelle, et c’est une espèce de professeur Tournesol, formulant des théories ahurissantes sur l’agression de la Terre par une puissance extraterrestre belliqueuse. [...] Ce Flash Gordon, c’est vraiment « Sérénade dans le Cosmos ». Ne manque plus que Luis Mariano dans un scaphandre orange fluorescent, poussant la chansonnette de l’espace. Freddie Mercury et le groupe Queen s’acquittent fort bien de cette tâche, constellant les déboires de l’aventurier, et notamment un fastueux match de rugby, d’un tonique « Flash, ah ah » dans la grande tradition de « I want to buy a bicycle » de leur cru aussi. » (Marc Toullec / Impact 48)
« Bien que tentant d’attirer un public jeune à travers la musique du groupe Queen et quelques touches d’érotisme apportées par Ornella Muti, Dino de Laurentiis échoua lamentablement. Seuls les décors baroques et futuristes de la cour de Ming , les costumes étonnants de la princesse Aurore et des hommes-faucons imaginés par Dino Donati, parvinrent à retenir l’attention. Sam Jones, l’interprète du rôle-titre retourna aussitôt à l’anonymat dont il n’aurait jamais dû sortir. » (Jean-Pierre Piton & Alain Schlockoff / L’Encyclopédie de la Science-Fiction / 1996 / éd. Jacques Granger)
Sources : Première, Impact, L’Express, 80 Grands Succès de la Science-Fiction, Wikipédia.
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ENEMY (ENEMY MINE)
Année : 1985
Réalisateur : Wolfgang Petersen
Scénario : Edward Khmara, d’après la nouvelle de Barry Longyear
Production : Stephen J. Friedman & Stanley O’Toole (20th Century Fox)
Musique : Maurice Jarre
Effets spéciaux : Bob McDonald & Chris Walas
Pays : USA / Allemagne
Durée : 108 min
Interprètes : Dennis Quaid, Louis Gossett Jr., Brion James, Richard marcus, Carolyn McCormick, Bumper Robinson, Jim Mapp…
L’HISTOIRE :
Dans un futur éloigné, la Terre est en guerre contre une civilisation extraterrestre : les Dracs. Lors d’une bataille spatiale, le chasseur de Davidge et celui d’un guerrier Drac s’écrasent sur la planète volcanique Fyrine IV. Ces deux ennemis vont devoir oublier leurs différends pour survivre dans un environnement extrêmement hostile…
Wolfgang Petersen, réalisateur allemand de DAS BOOT, L’HISTOIRE SANS FIN, AIR FORCE ONE, TROIE, POSEIDON… sera contacté à deux reprises pour réaliser ENEMY. La première fois qu’on lui parle du projet, c’est en pleine nuit alors qu’il dort. Il raccroche au nez de son agent… La seconde fois, c’est le producteur Stephen Friedman qui insiste (mieux : qui le supplie) afin qu’il prenne au moins le temps de lire le script ! Petersen vient de finir L’HISTOIRE SANS FIN et il est épuisé par ce film qui lui a demandé énormément de travail. Néanmoins il consent à lire le scénario. « Ce sont les prolongements du scénario qui m’ont enthousiasmé », déclare Petersen. « C’était une histoire très personnelle, très émotionnelle pour un film d’aventures et de science-fiction. Les relations de cet être humain et de cet extraterrestre étaient si étranges, si touchantes, si émouvantes, dans une certaine mesure… Je n’avais jamais rien vu de tel jusqu’à présent dans un film de science-fiction. » Petersen accepte finalement de réaliser ENEMY en précisant qu’il n’aurait jamais accepté si ça avait été un petit film de science-fiction classique.
Edward Khmara (LADYHAWKE), diplômé de littérature et de cinéma, est l’auteur du scénario. Khmara, réputé pour être l’un des meilleurs scénaristes du cinéma fantastique, a toujours été fasciné par la mythologie et les mondes imaginaires. ENEMY représente pour lui une occasion rêvée de s’en donner à coeur joie et d’offrir au spectateur une histoire originale, loin des space operas habituels.
Flanqué d’un budget de 24 millions de dollars, le film est tourné aux studios Bavaria, en Allemagne, et bénéficie de 70 décors conçus par Rolf Zehetbauer (Oscar pour CABARET). Ce dernier explique : « Avec ENEMY, nous avons dû construire pour ce film le plus grand plateau d’Europe continentale. Nous y avons édifié un décor volcanique, avec un cratère, un champ de lave, un bassin et y avons installé un dispositif technique sophistiqué permettant de déclencher à volonté averses, tornades, bombardements de météorites, inondations et incendies. Nous avons abordé le problème des maquettes sous un angle inédit : chacune de nos maquettes occupait un plateau entier, soit plus de deux fois la surface d’un court de tennis ! »
Chris Walas (GREMLINS) se charge quant à lui des maquillages élaborés des extraterrestres, les Dracs. Mais il conçoit également les créatures qui peuplent la planète aride du film. Pour sa conception du Drac, six mois de recherches et d’essais sous la direction de Wolfgang Petersen lui seront nécessaires. En effet, plus de 25 Dracs différents apparaitront à divers moments du film, en particulier dans les dernières scènes d’ENEMY. Enfin, L’ILM de George Lucas s’occupe des effets spéciaux visuels.
C’est Louis Gossett Jr. (oscarisé pour son rôle du sergent instructeur dans OFFICIER ET GENTLEMAN) qui incarne Jeriba Shigan, le Drac. « J’ai eu envie d’interpréter le rôle de Jeriba Shigan parce que c’était un emploi différent », déclare-t-il. « Si un rôle n’est pas différent, dans mon esprit, ça ne vaut pas la peine de l’accepter. Le Drac a l’air d’être un monstre, mais en fait il est plus civilisé que le Terrien. C’est un être sensible et très cultivé. » Il poursuit : « Je n’avais jamais rien fait d’aussi difficile. J’étais presque entièrement recouvert de maquillage, ce qui m’interdisait de me servir de mon visage et de mes yeux. Il fallait que je rende le personnage crédible rien que par ma gestuelle et mes schémas de langage. » Concernant les mouvements du Drac, Louis Gossett Jr. précise : « Les mouvements du Drac sont une combinaison de lézard, de kangourou, de Stevie Wonder, et d’animaux divers et variés. J’ai dû travailler pendant un mois avec un spécialiste du mouvement, un athlète, danseur et mime tout à la fois. Je me suis exercé afin d’arriver à une plus grande aisance dans l’exécution des mouvements. »
On découvre dans le film que le Drac est en fait une créature hermaphrodite qui donnera naissance à un petit Drac que Davidge, le pilote terrien, devra par la suite éduquer et protéger.
Si ENEMY n’est pas un chef-d’oeuvre malgré tous ses moyens humains et techniques mis en oeuvre, il n’en demeure pas moins un merveilleux film de science-fiction original, bien conçu et souvent émouvant, loin des sempiternelles batailles spatiales et autres invasions galactiques. Le film se veut en effet un magnifique plaidoyer en faveur du rapprochement des individus ou des races, ici un humain et un alien, malgré leurs différences, même les plus extrêmes. Dennis Quaid incarne un héros américain certainement plus dangereux que le Drac, un soldat qui finira par comprendre l’autre, son ennemi, avant de devenir son ami.
L’avis des spécialistes :
« Sur la toile de fond d’une SF riche d’effets visuels qui en renforcent à chaque image l’étrangeté – tout en maintenant quelque chose de familier peut-être destiné à nous donner la clé du message – Khmara et Petersen tissent un véritable conte philosophique nous ramenant au sens même du genre sans se départir un instant de la magie propre au cinéma. Ils nous communiquent ainsi une croyance pleine d’espoir en un temps où les limites du monde connu semblent partout craquer du fait de leur étroitesse. L’Homme pourra se redéfinir en sachant sortir de ses interdits. [...] Grâce à la qualité des effets visuels, à la somptueuse beauté des décors, au caractère convaincant du maquillage de Louis Gossett Jr. (l’un des plus remarquables du cinéma fantastique) et à la profondeur discrète de la partition de Maurice Jarre, cette épopée ouvre des frontières qui seules lui permettent de prendre tout son envol : celles du grand spectacle. Et, après tant d’années d’aventures spatiales certes pleines d’attrait et de vitalité, mais parfois un peu vides d’humanité, ENEMY MINE fait revenir la science-fiction à ce qui constitue l’essence même de l’expression artistique : l’émotion. » (Bertrand Borie / L’Ecran Fantastique n°66 de mars 1986)
« Ce film est avant tout le résultat d’une savante étude de la Fox visant à trouver une succession à la saga éteinte de La Guerre des Etoiles. Le résultat : une sorte de version SF de Duel dans le Pacifique, où un Terrien et un extra-terrestre (Drac) tous deux miraculeusement rescapés des batailles rangées entre leurs deux nations, se livrent un duel sans merci sur le sol inhospitalier d’une planète située en terrain neutre. Apparemment, donc, rien de neuf sous les soleils de la galaxie. Mais la suite de l’histoire réserve quelques surprises : après s’être battus comme des malpropres, les deux « hommes » font en effet alliance pour mettre fin à une exploitation d’esclaves… et, surtout, le Drac qui est hermaphrodite donne naissance à un petit extra-terrestre… » (Guy Delcourt / L’Année du Cinéma Fantastique 85-86 / éd. Bédérama)
« Dans un cadre inhabituel, ce récit d’apprentissage est presque une histoire d’amour dotée d’un personnage totalement inédit. Que le rôle soit tenu par Louis Gossett Jr, un acteur noir, montre qu’Enemy dépasse le simple cadre des relations entre un homme et un extraterrestre mais concerne aussi celles des Blancs et des Noirs ! Au-delà du conte philosophique, le film vaut encore pour la qualité de ses effets spéciaux, la beauté des décors et le maquillage imaginé par Chris Walas. » (L’Encyclopédie de la Science-Fiction / Jean-Pierre Piton & Alain Schlockoff / éd. Jacques Grancher)
Sources : L’Ecran Fantastique, Wikipédia.
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VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? (FRIGHT NIGHT)
Année : 1985
Réalisateur : Tom Holland
Scénario : Tom Holland
Production : Herb Jaffe & Jerry A. Baerwitz (Vistar Films / Columbia Pictures)
Musique : Brad Fiedel
Effets spéciaux : Richard Edlund
Pays : USA
Durée : 1h45
Interprètes : Chris Sarandon, Roddy McDowall, William Ragsdale, Amanda Bearse, Stephen Geoffreys…
L’HISTOIRE :
Peter Vincent anime régulièrement une émission télévisée consacrée aux films fantastiques de série Z, « Fright Night ». Charley Brewster, adolescent passionné de films fantastiques, le contacte un jour alors qu’un étrange voisin vient de s’installer dans son quartier…
VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? est un savoureux film d’horreur soft, on parlera même plutôt de « comédie d’horreur », produit type des années 1980 comme on savait alors en faire sans tomber dans le ridicule. Il s’agit du premier film de Tom Holland pour le cinéma et une parfaite réussite du genre : « J’ai eu envie de traiter ce sujet parce que j’adore depuis toujours les histoires de vampires », avoue Tom Holland. « Les vampires sont des êtres qui se transforment, changent d’apparence. Il nous fallait donc des effets spéciaux et des maquillages sophistiqués. Cependant, j’ai parfois choisi de suggérer les pouvoirs surnaturels du vampire plutôt que de les montrer. Certaines séquences de « vol », par exemple, reposent sur des trucages optiques, d’autres sont réalisées en caméra subjective, avec une Louma. Je ne voulais à aucun prix que les effets spéciaux prennent la vedette… » Et c’est réellement le cas.
VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE s’avère, en outre, un sympathique clin d’oeil aux geeks de l’époque passionnés de programmes télévisés entièrement dédiés à leurs genres favoris, mais c’est aussi à bien des moments, et pour notre plus grand plaisir, un hommage original aux films d’épouvante classique.
Richard Edlund est choisi pour s’occuper des effets spéciaux. Fraîchement sorti de SOS FANTÔMES et de 2010, il déclare alors : « Après les grosses machines qu’étaient Ghostbusters et 2010, Fright Night nous a fait l’effet d’un projet idéal. Notre atelier de création de monstres était tout prêt, et si nous avions d’autres contrats en vue, nous n’en avions encore signé aucun à ce moment précis. C’était aussi une bonne occasion pour nous de montrer que nous savions également gérer un petit budget : plus question de jongler avec des devis de 5 ou 8 millions de dollars, et encore pas tout à fait. C’était le moment ou jamais de prouver notre versatilité. » Cependant Richard Edlund précisera avec élégance que « le film est surtout l’oeuvre de l’Atelier de Création des Monstres, dirigé par Steve Johnson et Randall William Cook. » Voilà qui est dit…
Parmi les séquences les plus impressionnantes du film, on pourra signaler la scène douloureuse du crayon planté dans la main du vampire (Chris Sarandon) et qui laisse un joli trou fumant à sa victime, le copain de Charley Brewster (William Ragsdale) métamorphosé en loup-garou, l’attaque de la chauve-souris géante, les splendides mâchoires de l’amie du vampire, le serviteur du vampire se liquéfiant sur place jusqu’à en devenir squelettique et bien sûr la fin du seigneur de la nuit, conçue à partir de cristaux de magnésium placés dans le latex d’une créature en gélatine afin de produire une désintégration tout en flammes multicolores !
Mais VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? c’est aussi et surtout un casting de choix. Chris Sarandon, comédien de formation classique, incarne à la perfection le vampire séducteur, élégant et cabotin qui charmera rapidement la petite amie de notre héros adolescent. Dans le rôle de l’animateur de l’émission « Fright Night » et du chasseur de vampire malgré lui, Peter Vincent, on trouve l’excellent (et regretté) Roddy McDowall que l’on ne présente plus à tout fantasticophile qui se respecte (célèbre pour son rôle de Cornélius dans la série LA PLANETE DES SINGES, il a également joué dans LA MAISON DES DAMNES et des épisodes de séries TV comme LA QUATRIEME DIMENSION, LES ENVAHISSEURS, NIGHT GALLERY…). A noter que Peter Vincent est un croisement volontaire entre le prénom de Peter Cushing et celui de Vincent Price, célèbres acteurs de films d’épouvante. Tom Holland déclare à son sujet : « Il a une longue carrière dans le métier et je voulais que le public le reconnaisse immédiatement dans son personnage typique d’ « enfant vieillissant » – bien qu’il soit connu également pour son rôle dans la série des « Planètes des Singes ». La douceur et la gentillesse naturelle de Roddy se retrouvent à l’écran et ces qualités étaient nécessaires pour que le public puisse lui pardonner sa lâcheté (un défaut auquel il est impossible d’identifier des gens comme Cushing ou Price) ou le fait qu’il soit un très mauvais acteur ! »
VAMPIRE, VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? fut tourné dans les décors du film de Disney LA FOIRE DES TENEBRES pour ce qui est des extérieurs et des intérieurs de la maison. En raison du succès du film, une suite fut réalisée en 1988. Plutôt médiocre, elle est l’oeuvre de Tommy Lee Wallace. Enfin, le remake de Creg Gillepsie sortira cette année avec Colin Farrell dans le rôle du vampire, Anton Yelchin (le jeune Chekov dans STAR TREK XI) dans celui de l’adolescent et David Tennant (DOCTOR WHO) dans le rôle de Peter Vincent.
L’avis des spécialistes :
« Soigneusement réalisé, techniquement parfait, Fright Night suscite de nombreuses interrogations quant à certaines incohérences inhérentes à un récit trop bien ordonné ; saupoudré d’un humour glacial, il s’apparente plus à une « galerie de monstres » qu’au film fantastique et d’horreur que nous étions en droit d’attendre. Bénéficiant de remarquables effets spéciaux supervisés par Richard Edlund, Fright Night perd en émotion ce qu’il gagne en spectaculaire, et l’atmosphère cauchemardesque du film s’en trouve cruellement altérée. » (Daniel Scotto / L’Ecran Fantastique 65).
« Chris Sarandon, le Jerry Dandrige de Vampire, vous avez dit Vampire ?, se plaît à tomber l’adolescente encore vierge, effarouchée par les avances pressantes de son boy-friend. Bel homme mûr, amoureux des convenances, bien habillé, Jerry Dandrige est à deux doigts de toucher au but, d’emporter l’hymen de la belle, tandis que son rival boutonneux bafouille lamentablement. Il ne doit son salut qu’à la sournoise bienveillance et au moralisme étriqué du scénariste et réalisateur, un Tom Holland pourtant en grande forme. » (Marc Toullec / Mad Movies 79)
Sources : L’Ecran Fantastique, Mad Movies, Wikipédia.
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LIFEFORCE
Année : 1985
Réalisateur : Tobe Hooper
Scénario : Dan O’Bannon et Don Jakoby, d’après le roman de Colin Wilson « Les vampires de l’espace »
Production : Menahem Golan et Yoram Globus (Cannon Group)
Musique : Henry Mancini
Effets spéciaux : John Dykstra
Pays : USA
Durée : 1h44
Interprètes : Steva Railsback, Peter Fifth, Frank Finlay, Mathilda May, Patrick Stewart, Michael Gothard…
L’HISTOIRE :
Un vaisseau spatial anglo-américain en mission vers la comète de Halley découvre, caché derrière elle, un immense vaisseau extraterrestre de plus de cent kilomètres. Une équipe pénètre à l’intérieur et trouve les restes momifiés de chauves-souris géantes ainsi que trois sarcophages de cristal contenant chacun un humanoïde nu. Les corps, en état de léthargie, sont ramenés sur Terre pour être étudiés à Londres. Mais les humanoïdes se réveillent et provoquent la panique dans la capitale britannique et bientôt dans le monde entier…
Fort de son succès international aquis avec POLTERGEIST en 1982, Tobe Hooper, célèbre réalisateur du non moins célèbre MASSACRE A LA TRONCONNEUSE (TEXAS CHAINSAW MASSACRE : THE SHOCKING TRUTH / 1974), se voit confier la tâche de réaliser cette grosse production de la très productive (et très contestée) Cannon des années 1980. « Menahem Golan m’avait fait parvenir un exemplaire des « Vampires de l’espace » de Colin Wilson au cours de l’été 1983″, déclare Tobe Hooper. « Je l’ai lu en un week-end, nous nous sommes entretenus 15 minutes, et j’ai été engagé pour réaliser le film ! Les premières pages du roman, et notamment la découverte du vaisseau spatial et des trois humanoïdes m’avaient fasciné. Wilson était arrivé, par la seule vertu de son style, à créer une ambiance horrifiante dans laquelle j’avais retrouvé mes propres visions. Le livre se situait dans un avenir lointain, mais nous avons décidé de rendre l’action contemporaine pour faciliter l’identification du spectateur. J’ai engagé Dan O’Bannon et Don Jakoby pour écrire le scénario. O’Bannon sait très habilement doser les éléments futuristes, le suspense et l’horreur. Nous avons eu de très bonnes relations. C’est un scénariste rapide, et nos vues se sont remarquablement complétées. »
LIFEFORCE, réalisé en 1985 pour un budget de 25 millions de dollars, profite astucieusement du passage en 1986 de l’impressionnante comète de Halley aux environs de la Terre, passage qui a lieu à peu près tous les 76 ans (2061 pour le prochain…). Les comètes ayant depuis toujours fasciné et inquiété les hommes, la presse de l’époque entretient cette peur de l’inconnu. Les frères Golan Globus sautent sur cette occasion rêvée pour exploiter cinématographiquement l’événement, première incursion de Tobe Hooper dans le domaine de la science-fiction. Pour cela, ils décident de lui offrir un panel des meilleurs techniciens de l’époque : John Graysmark (chef décorateur de RAGTIME), Alan Hume (chef opérateur du RETOUR DU JEDI), John Dykstra (superviseur des effets spéciaux de STAR WARS IV), Nick Maley (maquilleur de KRULL) et beaucoup d’autres encore. En outre, la musique du film est confiée au talentueux Henri Mancini (connu entre autres pour son thème de LA PANTHERE ROSE). Enfin, si le casting fait la part belle aux acteurs peu connus (Patrick Stewart ne l’était pas autant qu’aujourd’hui), il laisse la place à une nouvelle venue, la Française Mathilda May, choisie pour sa beauté plastique… Celle-ci déclare à propos de son rôle : « Au début, je me suis demandée dans quelle affaire je m’engageais. Je sais qu’ils souhaitaient pour le rôle une fille dont le physique présente la particularité de ne pouvoir être immédiatement associé à un pays. La recherche du casting a d’ailleurs été internationale. Mon agent m’a appelée en me disant que je devais me rendre à Londres sur le champ : tout ce que je savais du film, c’est que le réalisateur était Tobe Hooper, dont je connaissais, en particulier, Poltergeist. Et c’est là que j’ai eu le choc : car la première chose qu’on m’a demandée a été de me déshabiller… »
38 décors sont nécessaires pour LIFEFORCE dont le plus imposant : l’antre des vampires de l’espace à l’intérieur du vaisseau extraterrestre. Le film est entièrement tourné aux studios Thorn Emi d’Elstree en Angleterre, avec un quartier entier de la ville de Londres qui sera reconstitué sur plusieurs centaines de mètres carrés. Des dizaines de morts-vivants sont conçus par Nick Maley, maquilleur prothésiste. Ces zombies sont le résultat des méfaits des vampires de l’espace assoiffés de l’énergie vitale des êtres humains qu’ils aspirent dans un tourbillon d’ectoplasmes. C’est également Nick Maley qui se verra confier la tâche ardue de créer la gigantesque chauve-souris finale du film. Tobe Hooper déclare à propos du travail de Nick Maley : « Nick Maley a réussi des prothèses grandeur nature, des robots entièrement articulés incroyablement osseux, tout racornis, télécommandés par radio ou par fil, dont certains nécessitaient pas moins de vingt opérateurs ! » En ce qui concerne les attaques des vampires extraterrestres, John Dykstra déclare : « Il nous fallait représenter l’âme humaine quittant le corps. Ce qui n’était pas rien. Après tout, je n’en avais jamais vu, pas plus en train de quitter l’organisme humain que de faire quoi que ce soit d’autre… Nous voulions quelque chose d’impalpable, de ténu comme un voile ; quelque chose de translucide, de tangible et d’intangible à la fois. Il fallait que ce soit reconnaissable, identifiable instantanément par la couleur, la forme ou le mouvement, de telle sorte que le public comprenne ce qui était en train d’arriver d’une séquence à l’autre. »
Six mois de tournage, 400 acteurs et techniciens seront nécessaires à Tobe Hooper pour accoucher d’un film brouillon, particulièrement décevant dans sa mise en scène, le jeu de ses acteurs et son rythme. Le sujet prometteur aurait peut-être abouti entre de meilleures mains. LIFEFORCE, continuellement plongé dans l’obscurité, réserve malgré tout quelques jolies séquences comme l’ouverture du film, Londres en proie aux morts-vivants ou encore la beauté plastique de Mathilda May en vampire de l’espace. Mais malheureusement cela ne suffit pas pour un faire un bon film, même en bénéficiant des meilleurs techniciens au monde, surtout si le projet est livré à un réalisateur incompétent. LIFEFORCE ne rapportera que 11 millions de dollars et scellera le destin et la réputation surfaite de Tobe Hooper.
L’avis des spécialistes :
« Avec un enthousiasme juvénile, Hooper nous donne des séquences spatiales ronflantes pleines d’effets spéciaux stupéfiants. Et une vampire qui passe son temps toute nue. Et des victimes qui se désintègrent, et une théorie prouvant que Dracula était un extraterrestre, et – de plus en plus fort – Londres en proie aux flammes et aux zombies sans compter un accouplement sauvage dans la Cathédrale Saint-Paul ! Que demander de plus ? Peut-être un scénario qui perde moins de boulons en marche, une réalisation qui ne ridiculise pas tout ce qu’elle touche, et des acteurs moins granitiques. A ceci près, Lifeforce est un beau jouet. » (Guy Delcourt / L’année du Film Fantastique 85-86 / éd. Bédérama)
« Quand on compare en effet le film et le livre de Wilson, on éprouve le paradoxal sentiment de vivre vraiment la même histoire et, dans le même temps, une histoire complètement différente ! La solution de l’énigme est évidente : les deux scénaristes ont réussi une excellente transposition sur le plan de l’image de ce qui fonctionnait fort bien sous la forme romanesque. Au point que sur le moment, le livre risque même de paraître, comparativement, un peu faible, poussiéreux et verbeux. » (Bertrand Borie / L’Ecran Fantastique 61)
Sources : Wikipédia, L’Ecran Fantastique, L’Année Du Cinéma Fantastique 85-86.
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STARFIGHTER (THE LAST STARFIGHTER)
Année : 1984
Réalisateur : Nick Castle
Scénario : Jonathan R. Betuel
Production : Gary Adelson & Edward O. Denault (Universal / Lorimar)
Musique : Craig Safan
Effets spéciaux : Digital Production
Pays : USA
Durée : 101 min
Interprètes : Lance Guest, Catherine Mary Stewart, Robert Preston, Dan O’Herlihy, Barbara Bosson…
L’HISTOIRE :
Alex Rogan est un jeune américain résidant dans un camping-car avec sa famille. Il passe le plus clair de son temps à jouer à Starfighter, un jeu d’arcade. Un jour, alors qu’il a pulvérisé tous les records, un étrange inconnu l’embarque à bord de sa voiture. Il s’agit en fait d’un extraterrestre chargé de recruter les meilleurs pilotes afin de sauver la galaxie de l’armada Ko-Dan dirigée par le dangereux Xur. Alex se retrouve catapulté dans un univers à des années lumière de la Terre où il va devoir participer à un conflit spatial à bord d’un vaisseau de combat stellaire…
STARFIGHTER possède tout le charme des films de divertissement SF des années 1980 : tonus, originalité, humour et personnages attachants. Réalisé avec un petit budget d’environ 15 millions de dollars (quand on connaît ceux d’aujourd’hui !), il parvient sans le moindre problème à atteindre son objectif premier : distraire le spectateur dans un space opera-comédie plein d’entrain. Il réalise également l’exploit de présenter pour la première fois à l’écran un vaisseau spatial entièrement conçu en images de synthèse. Et l’histoire ne se contente pas d’être un simple film sur les jeux vidéo d’arcade très en vogue à l’époque (Space Invaders, ça vous rappelle quelque chose ?) : « Je raffole tout simplement des légendes de la Table Ronde, de ces garçons d’étables devenant roi », déclare le scénariste Jonathan R. Betuel. « Pour moi, STARFIGHTER n’est pas ce que j’appellerais un film sur les jeux vidéo. Je considère ce jeu comme un moyen de passer de la Terre sur un autre monde. Mon intention était de raconter la légende du roi Arthur dans des termes contemporains. Le jeu vidéo du film remplace l’épée dans la pierre : lorsque Wart a retiré l’épée de la pierre, il devient roi, avec l’aide de Merlin. De la même façon, lorsque Alex réussit un score inégalé au Starfighter, grâce à l’intervention d’un Merlin moderne, Centauri – interprété par Robert Preston – il est transporté sur un autre monde où il doit mener « le bon combat » contre les extraterrestres maléfiques, les Ko-Dans. »
Ron Cobb, connu pour son travail sur CONAN, ALIEN et STAR WARS IV, est le chef décorateur sur STARFIGHTER. Betuel raconte à propos de lui : « Il suffisait de lui dire : « extraterrestres », et il inventait quelque chose ! Nous pensions avoir une imagination délirante, mais là, il nous bat tous. C’est le plus grand dans son domaine. » En ce qui concerne les effets spéciaux visuels du film, c’est le super-ordinateur CRAY-1, créé par Digital Production, qui en est à l’origine. STARFIGHTER regroupe au total une vingtaine de minutes de scènes spatiales entièrement virtuelles pour un coût de 3 millions de dollars, un exploit deux ans seulement après le pionnier en la matière : TRON. « Nous avons beaucoup tâtonné au début », avoue le directeur de la photo King Baggot. « L’animation par ordinateur fait appel à des optiques tout à fait inédites. Il faut s’y faire. » Les productions actuelles n’ont plus de soucis à se faire sur ce plan là.
Parmi les acteurs, on trouve Dan O’Herlihy dans le rôle de Grig, le compagnon extraterrestre d’Alex qui sera également son guide dans cet univers inconnu. L’acteur déclare à propos de son rôle : « Le personnage me plaisait. Il me faisait rire, et j’avais justement envie de jouer dans une comédie. Ce n’est pas un rôle purement comique, bien entendu, mais il y a des éléments d’humour tout au long. » En ce qui concerne son maquillage d’iguane E.T., il précise : « Pour le maquillage, nous sommes arrivés à battre un record : il ne faut pas plus de 45 minutes pour me transformer en iguane. Au début, ça mettait une heure et demie… Mais nous sommes passés maîtres dans l’art de me métamorphoser en extraterrestre ! »
Quant au générique du film (que vous pouvez écouter ici), composé par Craig Safan, il possède tout le côté épique et militaire, véritable marche triomphante vers la victoire.
Un remake de STARFIGHTER serait annoncé. Une affaire à suivre…
L’avis des spécialistes :
« Moins hypnotique que TRON, plus approfondi qu’EN PLEIN CAUCHEMAR dont les jeunes héros maniaques de jeux vidéo plongeaient eux aussi dans l’univers impitoyable de l’électronique, plus rigolo que WAR GAMES, le « Guerrier des Etoiles » est un divertissement charmant et mouvementé pour tout public. Apparemment sans prétention mais comportant des trucages étonnants (certaines scènes conçues par un ordinateur qui simule les vaisseaux spatiaux à la perfection). STARFIGHTER, le space opera des familles a un petit côté HALLOWEEN avec ses teenagers à peine délurés et SF des années 50 avec ses légions de l’espace à la Edmond Hamilton ! Entre les effets spéciaux comme on les aime et les extraterrestres biscornus avec des groins d’enfer et des tentacules sur la tronche, pas d’ennui possible ! » (Hélène Merrick / L’Année du Film Fantastique 85-86 / éd. Bédérama)
« Rares sont les parodies de films de science-fiction de qualité, encore plus rare leur distribution en France. Cette réjouissante comédie, habilement menée par Nick Castle (tueur fou d’HALLOWEEN et scénariste de NEW YORK 1997) nous entraîne dans une galaxie peuplée d’extraterrestres en folie que ne dénigrerait point Tex Avery, où les gags s’accumulent frénétiquement alors que l’imagerie clinquante côtoie le somptueux visuel, le tout en un amalgame inextricable parfaitement homogène ! » (Daniel Scotto / L’Ecran Fantastique 57 de juin 1985)
« STARFIGHTER de Nick Castle entend bien renouveler le space opera dans ses formes les plus sophistiquées, les effets spéciaux. Ordinateurs et images de synthèse démobilisent donc les bonnes vieilles maquettes de LA GUERRE DES ETOILES. Et STARFIGHTER mise bien des espoirs sur ses ordinateurs, donnant une armada de vaisseaux spatiaux lisses comme des jouets neufs. Logique en fait, puisque ce sont des éléments du jeu vidéo Starfighter (porte sur une autre galaxie) dont rafole le jeune Alex rogan. Là, en live, la planète Rylos résiste aux attaques des despotes Xur et Kodan. STARFIGHTER, c’est du synthétique, du polyphosphaté. LA GUERRE DES ETOILES, c’est de la matière, de la vraie, des émotions et de l’esprit. » (Marc Toullec / Impact 48 de décembre 1993)
Sources : Wikipédia, L’Ecran Fantastique, L’Année du Film Fantastique 85-86.
- Morbius -
LE CHOC DES MONDES (WHEN WORLDS COLLIDE)
Année : 1951
Réalisateur : Rudolph Maté
Scénario : Sydney Boehm (d’après le roman de Philip Gordon Wylie et Edwin Balmer)
Production : George Pal (Paramount Pictures)
Musique : Leith Stevens
Effets spéciaux : Jennings et Barndollar, Chesley Bonestell
Pays : USA
Durée : 85 min
Interprètes : Richard Derr, Barbara Rush, Peter Hansen, John Hoyt, Larry Keating, Rachel Ames…
L’HISTOIRE :
La planète Bellus va entrer en collision avec la Terre. L’espèce humaine est en sursis, il ne lui reste plus que huit mois à vivre. Néanmoins les Nations Unies considèrent les prévisions des spécialistes comme fausses, par conséquent aucune action n’est engagée. Seul un milliardaire finance lui-même les travaux d’un petit groupe de scientifiques dans le but de faire construire un vaisseau spatial capable d’accueillir une quarantaine d’hommes et de femmes tirés au sort, ainsi que différentes espèces d’animaux. L’engin spatial, véritable Arche de Noé, sera expédié vers Zyra, satellite de Bellus, que l’espèce humaine colonisera afin de survivre…
LE CHOC DES MONDES appartient aux grands classiques de la science-fiction cinématographique des années 1950. Il figure en bonne place parmi LA GUERRE DES MONDES, PLANETE INTERDITE, LES SURVIVANTS DE L’INFINI et autre JOUR OU LA TERRE S’ARRÊTA, échantillons les plus représentatifs de la célèbre sci-fi des fifties. Réalisé en 1951 par Rudolph Maté (soit la même année que LE JOUR OU LA TERRE S’ARRÊTA) et produit par le grand George Pal (LA GUERRE DES MONDES, LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS, DESTINATION LUNE, ATLANTIS), LE CHOC DES MONDES dispose pratiquement de la même équipe technique qui, en 1953, travaillera sur LA GUERRE DES MONDES. Ainsi, nous trouvons aux commandes du film : Gordon Jennings pour les effets spéciaux (lequel obtiendra d’ailleurs un Oscar amplement mérité pour son excellent travail), Chesley Bonestell en tant que conseiller technique et Leith Stevens pour la musique. Le budget du film s’élève quant à lui à 936 000 dollars.
On ne peut qu’être impressionné par la qualité des effets spéciaux du CHOC DES MONDES, en particulier en ce qui concerne les splendides peintures sur verre représentant la fusée géante en construction sur sa rampe de lancement et la maquette elle-même, véritable Arche de Noé autour de laquelle s’affairent des centaines d’hommes et de femmes, de machines et de grues, le jour de l’apocalypse se rapprochant un peu plus à chaque seconde qui passe… Zyra, première planète à frôler la Terre, provoquera divers cataclysmes : tremblements de terre, éruptions volcaniques, raz-de-marées (séquences souvent illustrées par de nombreux stocks-shots, budget limité oblige). Bellus, douze fois plus grande que notre planète, entrera quant à elle en parfaite collision avec notre pauvre monde, s’anéantissant elle-même.
LE CHOC DES MONDES bénéficie également d’une très belle photographie (nommée aux Oscars dans la catégorie « Meilleure photographie en couleurs ») signée John F. Seitz et W. Howard Greene, les scènes de fin du monde et de la fusée, avant et après le décollage, s’avèrent à ce propos très spectaculaires. Tout le film est empli d’une dimension tragique et… biblique (George Pal oblige !). Le film s’ouvre d’ailleurs sur la Bible. On ne sera donc guère surpris de savoir que Cecil B. DeMille ait voulu, au départ, réaliser LE CHOC DES MONDES. Le film se termine sur une note d’espoir : les quarante derniers représentants de l’espèce humaine, parvenus sur Zyra, découvrent un monde d’une grande beauté (mais visiblement déjà habité…) sur lequel ils vont devoir rebâtir toute une civilisation. Si autant les peintures sur verre précédentes étaient criantes de réalisme, le dernier plan nous dévoilant le paysage de Zyra est digne d’un dessin animé de Walt Disney ! Cette peinture ne devait être utilisée au départ que pour la promotion du film, George Pal ayant prévu l’utilisation d’une maquette pour la surface de la planète extraterrestre. Malheureusement la Paramount, beaucoup trop pressée, sortit LE CHOC DES MONDES avant que la maquette ne soit finie.
La suite littéraire du CHOC DES MONDES intitulée APRES LE CHOC DES MONDES, devait être tourné en raison de l’ampleur du succès du film de George Pal. Ce ne fut malheureusement pas le cas. DEEP IMPACT (Mimi Leder / 1997) se veut quelque peu la version moderne du CHOC DES MONDES, cependant un remake produit par Steven Spielberg est toujours prévu à ce jour. L’Encyclopédie de la science-fiction (de Jean-Pierre Piton et Alain Schlockoff / éd. Jacques Grancher) déclare à propos du CHOC DES MONDES : « Si le scénario qui n’est pas exempt de scories (deux intrigues amoureuses assez niaises, un personnage de mécène caricatural) agace dès la première image par ses références permanente à la Bible et par son prêche final (« Ce jour-là, un nouveau monde commença »), on peut néanmoins reconnaître au réalisateur, un certain dynamisme de la mise en scène. »
Sources : Wikipédia, Encyclopedia of Science-Fiction Movies, Keep Watching the Skies !
- Morbius -
DARK CRYSTAL
Année : 1982
Réalisateur : Jim Henson & Frank Oz
Scénario : Jim Henson & David Odell
Production : Jim Henson, Gary Kurtz & David Lazer (Universal Pictures)
Musique : Trevor Jones
Effets spéciaux : Roy Field & Brian Smithies (effets visuels), Ian Wingrove (effets mécaniques), Ben Burtt (effets sonores)
Pays : USA
Durée : 93 min
Interprètes : Stephen Garlick, Lisa Maxwell, Billie Whitelaw, Barry Dennen, Michael Kilgarriff…
L’HISTOIRE :
“Un autre monde, un autre temps, à l’âge des miracles… Jen et Kira, seuls survivants de la race des Gelflings, partent à la recherche d’un éclat de cristal gigantesque, qui donne force et puissance aux Mystiques, un peuple sage et pacifique. Ils devront pour cela affronter les terribles et cruels Skeksis qui tiennent ces derniers en esclavage…”
DARK CRYSTAL, qui a obtenu le Grand Prix d’Avoriaz en 1983, est le fruit d’une rencontre extraordinaire entre Jim Henson-Frank Oz (créateurs du célèbre MUPPETS SHOW), Gary Kurtz (producteur de STAR WARS IV et STAR WARS V) et Brian Froud (illustrateur spécialisé dans le domaine du Merveilleux). Il leur a fallu cinq années de travail et de recherches intensives sur le mime, la sculpture, la peinture, le maquillage et la manipulation pour accoucher de l’un des plus beaux films de l’histoire du cinéma fantastique, une véritable oeuvre d’art d’une richesse et d’une imagination rarement atteintes dans le domaine du septième art. « Personne n’avait jamais fait ce que nous tentions de faire », déclare Jim Henson. « Brian Froud avait inventé de merveilleuses créatures, pleines d’humour et d’une grande ingéniosité. Pour leur donner vie, nous avons utilisé de nouvelles techniques de manipulations et appris à travailler sur une multitude de matériaux, depuis le caoutchouc jusqu’au plastique susceptible de donner aux yeux des personnages l’éclat que nous souhaitions. »
A l’époque point de numérique, uniquement de l’animatronique, c’est-à-dire l’animation de marionnettes par des systèmes électroniques même si de nombreux mimes furent également employés pour se glisser sous la peau de certains personnages, y compris des danseurs, des comédiens et un clown ! Il fallait parfois endosser une carapace de Garthim qui pèse 50 kilos ! « Il nous est arrivé de rester trois heures de suite enfermés dans ces carapaces dont nous sortions défigurés, mais avec l’immense satisfaction d’avoir créé quelque chose. Notre désir de perfection nous faisait oublier la technique. Les cables qui commandaient tel ou tel mouvement de détail sont devenus des prothèses, ils faisaient parti de nous, nous les avons oubliés », déclare Jim Henson.
Jim Henson précise avoir choisi Gary Kurtz en tant que producteur car il souhaitait bénéficier de son expérience, en particulier comment ne pas dépasser un budget. Leur rencontre a eu lieu sur le tournage de L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE où Yoda était déjà une création Henson, animé et même doublé par Frank Oz. « Nous avions été très satisfaits de notre travail sur Yoda », avoue Jim Henson. « Mais ça n’avait fait que souligner la complexité de notre projet : tout un film avec des marionnettes… ça ne serait pas simple ! » Gary Kurtz précise pourquoi le film a opté pour des marionnettes plutôt que pour des comédiens en chair et en os : « Si nous avons tenu à le faire comme ça, c’est qu’il nous a paru que de la sorte, les créatures seraient plus crédibles que des êtres humains, même artistiquement maquillés. Nous avons fait des essais avec des enfants et des nains en costume, mais nous avons très vite compris que ça émoussait sensiblement le côté fantastique, merveilleux, du film. »
C’est Brian Froud, talentueux artiste du Merveilleux, qui va s’atteler à la création de tous les personnages du film. Il devra faire face constamment au délicat problème du passage du croquis à la réalisation de la marionnette. « Le plus facile fut de leur donner une allure générale », dit-il. « Cela se compliquait lorsqu’il s’agissait de traduire la grande idée en un animal capable de se mouvoir. » Brian Froud est fier de son travail sur DARK CRYSTAL : « Je voulais que ce soit un succès du point de vue artistique, et à mon avis nous y sommes arrivés. Nous avons fait un grand pas en avant, même si l’on ne s’en aperçoit que d’ici quelques années. Il s’y trouve des images d’une telle densité que sa vision requiert une certaine attention, voire de la concentration de la part du public. C’est mon problème lorsque je le regarde ; j’ouvre tout grand les yeux, j’en oublie d’écouter ce qui se passe ! Ce film est tellement original et nouveau pour moi que je suis à chaque fois emballé. »
Harry Lange (2001 : L’ODYSSEE DE L’ESPACE, MOONRAKER…) s’occupera quant à lui des magnifiques décors de DARK CRYSTAL, mais pas seulement des décors de fond, il sera également à l’origine des armes, des cannes, des bijoux, des tapisseries, des tentures anciennes et du service de table des Skeksis ! Harry Lange avoue avoir appris beaucoup sur le tournage de DARK CRYSTAL, un film dont il gardera un excellent souvenir : « C’était un film difficile à faire, mais rien d’insurmontable. Et je suis bien content d’avoir participé à l’élaboration d’un film aussi ambitieux et expérimental, au fond. Personne n’avait jamais rien fait de pareil. Et je doute qu’il se trouve quelqu’un pour essayer un jour prochain. »
La splendide musique du film est l’oeuvre de Trevor Jones, lequel l’a composée en quelques jours seulement malgré son implication dans le projet durant deux ans et demi : « J’ai écrit un thème principal qui, selon moi, collait exactement avec l’atmosphère fantastique du film et dans les quatre notes toujours répétées duquel on retrouve toutes ces implications. »
DARK CRYSTAL est une expérience visuelle unique, une oeuvre d’art qui prend vie sous nos yeux émerveillés, un monde imaginaire d’une richesse absolue et d’une beauté fascinante, pour ne pas dire saisissante. Presque trente ans après sa sortie, le film de Jim Henson et Frank Oz garde tout de son impact. C’est la perfection à tous les niveaux : de l’animatronique aux décors et paysages en passant par les objets et la musique. Rien n’a été oublié. DARK CRYSTAL est la preuve formelle que lorsque la volonté de réussite est là, on peut déplacer les montagnes, le pouvoir de création l’emporte sur tous les plans. La suite annoncée pour 2011, POWER OF THE DARK CRYSTAL, et réalisée par Genndy Tartakovsky (LE LABORATOIRE DE DEXTER, SAMOURAÏ JACK, CLONE WARS…) saura-t-elle faire aussi bien ? On y suivra les aventures d’une mystérieuse fille de feu, qui avec l’aide d’un paria Gelfling, volera un éclat du cristal légendaire dans le but de faire revivre le soleil mourant se trouvant au centre de la planète… Ne soyons pas déjà défaitiste ou mauvaise langue, espérons simplement que le film évitera au maximum le numérique pour s’en tenir à l’animatronique, ce qui est d’ores et déjà annoncé comme tel, et qu’il parviendra à nous faire rêver autant que DARK CRYSTAL l’a fait.
Bande-annonce américaine de DARK CRYSTAL :
Sources : Wikipédia, L’Ecran Fantastique, Première.
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