Après avoir définitivement quitté le Sci-Fi Club en 1996, j’avais décidé de fonder à nouveau une association destinée à promouvoir le fantastique et la science-fiction en Nouvelle-Calédonie : Futur Immédiat. Quelques anciens du Sci-Fi Club m’avaient rejoint pour composer son bureau, type loi 1901. Etait-ce le manque de motivation ou les difficultés à mettre en oeuvre ce projet ? En tout cas, Futur Immédiat ne dépassa jamais le seuil de ses statuts…
LE GRAND DEPART
J’ai quitté le Sci-Fi Club en pleine année 1996, quelques semaines avant son édition des 24H du Fantastique. Ce que l’on me reprocha d’ailleurs en raison de son organisation inachevée. Les dernières moqueries blessantes de certains membres du club au cours d’un après-midi « Trillium » (séance qui réunissait les trois sections d’alors) avaient fait déborder le vase. Cela faisait déjà des mois que je n’éprouvais quasiment plus aucun plaisir à me rendre aux réunions de l’association, en particulier depuis ma proposition de projet de séparer les jeux de rôles du Sci-Fi Club, car ce projet avait provoqué des réactions violentes de la part de certains adhérents. Je me souviens encore de ce jour où j’ai franchi la porte du Sci-Fi d’un pas décidé avant d’aller faire un grand tour de l’Anse Vata pour réfléchir à ma décision. Mais je crois qu’elle sommeillait déjà en moi depuis longtemps : après dix ans de présidence du Sci-Fi Club, c’était fini. Je laissais le soin à d’autres de poursuivre l’aventure de ce que j’avais créé en 1986 avec une bande de copains. Je pensais faire la plus grande connerie de ma vie : le Sci-Fi Club, c’était plus qu’une passion, c’était mon enfant ! Etonnamment, je vécus très bien ce divorce malgré une petite période de moral à zéro. Etait-ce pour me venger ou pour revivre cette passion que je décidais de créer un nouveau club ? Un peu des deux, je dois l’avouer…
LA NAISSANCE D’UN FUTUR IMMEDIAT
J’avais décidé que le nom de cette nouvelle association serait Futur Immédiat, titre d’un banal film de SF des années 1980. J’aimais assez ce nom. Nous étions à quelques années à peine de l’an 2000, et pour tout fan de SF ce futur auquel nous avions rêvé n’avait jamais été aussi proche, aussi immédiat ! Et puis ce nouveau club devait faire la part belle aux progrès scientifiques, en plus de promouvoir la SF et le fantastique. Je voyais un peu Futur Immédiat sous la forme d’un Temps X des frères Bogdanoff ! M’inspirant des statuts du Sci-Fi Club, je rédigeais ceux de Futur Immédiat après avoir pu trouver mon vice-président et mon trésorier. L’association naquit officiellement le 25 février 1997. J’avais réalisé une affiche que je comptais photocopier et distribuer un peu partout à Nouméa afin de nous faire connaître et d’attirer les adhérents. Un fanzine était prévu ainsi qu’un site internet (le fanzine ne vit jamais le jour, quant au site internet : seule la page d’accueil fut créée !).
UN MAGAZINE POUR FUTUR IMMEDIAT !
Et voilà qu’un beau jour je fus contacté par un atelier publicitaire qui me croyait encore membre du Sci-Fi Club… Je remettais alors les pendules à l’heure. A l’arrivée, cette situation imprévue l’arrangeait, tout comme moi d’ailleurs ! En effet, Futur Immédiat, venant d’être créé, innovait en son genre quant à moi je pouvais profiter de cet atelier pour faire connaître l’association. Après avoir fixé un rendez-vous, je rencontrais les deux responsables de ce tout nouvel atelier publicitaire. On me proposa alors tout bonnement la publication gratuite d’une revue bimestrielle, elle-même gratuite, Futur Immédiat ! Ce magazine en couleur aurait ni plus ni moins ressemblé à une sorte de Paru Vendu ou Le Gratuit. Il aurait proposé des articles sur la SF et le fantastique (sans doute noyés dans un flot de publicités locales)… Ma foi, je ne risquais pas de refuser, l’aubaine était trop grande, même si je me demandais un peu à quoi allait ressembler la chose ! L’atelier publicitaire et moi-même avons ensuite fixé les règles par écrit. J’ai dû signer, en compagnie des responsables, plusieurs lettres d’accréditation où il était stipulé qu’en tant que président-fondateur de Futur Immédiat je donnais « tous pouvoirs à l’Atelier …, enregistré sous le Ridet n°… et dirigé par …, afin d’éditer et de publier la revue bimestrielle Futur Immédiat, dans l’optique de promouvoir le club Futur Immédiat par le biais de diverses rubriques ayant toutes trait à la science-fiction et au fantastique. » Encore aujourd’hui je me demande si je n’étais pas plutôt tombé dans un « traquenard »…
LA MISE EN PLACE DU PROJET
L’atelier publicitaire, ayant eu carte blanche pour la mise en chantier du projet, me tenait régulièrement informé des avancées. Il conçut lui-même le logo de l’association. Il devait servir pour la couverture de la revue gratuite. On me dit qu’il était temporaire. Je n’avais pas été consulté pour son apparence, mais comme je le trouvais plutôt sympa… Les premiers contacts auprès des éventuels annonceurs de Futur Immédiat s’avérèrent plutôt positifs. En attendant, je rencontrais l’atelier pour lui fournir les documents en rapport avec les articles prochainement publiés (articles que l’on retrouve un peu partout sur ce blog…). Je demandais à quelques membres du Sci-Fi Club, avec qui j’avais gardé de bons contacts, s’ils souhaitaient se joindre à l’aventure. Mandragore, des Feuillets d’Hypnos, accepta de rédiger un article, de même qu’un célèbre libraire de la place aujourd’hui à la retraite. Ce fabuleux projet me motivait beaucoup, et j’écrivais alors avec passion. Cependant aucune réunion de l’association Futur Immédiat n’avait encore eu lieu puisque nous n’avions pas d’adhérents. En outre, je ne souhaitais pas vider à nouveau certaines pièces de ma maison, comme à l’époque du Sci-Fi Club, pour accueillir le local de l’association. J’avais l’intention de faire les réunions chez moi, sans ne rien chambouler.
UNE FIN PRECIPITEE
Et puis tout se précipita. Je devais rapidement me fâcher avec l’atelier publicitaire qui me fixait des rendez-vous auxquels finalement personne ne venait. En outre, mon foutu caractère ne devait pas arranger les choses. Le Sci-Fi Club m’avait servi de leçon , je ne souhaitais plus passer pour un c… ! Une franche engueulade finit par éclater. Je perdis dans l’affaire une série de documents, sans compter le projet de publication de la revue Futur Immédiat. Fatigué de devoir continuellement me battre pour des projets, pas encore totalement remis de mes derniers mois passés au Sci-Fi Club, et n’ayant jamais senti une réelle motivation de la part du bureau de Futur Immédiat, je larguais définitivement ce projet d’association. En y repensant, je me dis parfois que ce n’est peut-être pas plus mal, mon métier d’enseignant m’accapare déjà beaucoup, lui aurais-je consacré autant de temps si ce club avait existé ? Allez, on va se consoler comme ça.
Futur Immédiat aurait dû fêter ses treize ans cette année. Elle dort éternellement dans la quatrième dimension…
Le Sci-Fi Club organise du 2 au 23 juillet une superbe exposition d’oeuvres originales de SF et de fantastique à la Maison du Livre de Nouméa, un rendez-vous à ne pas manquer car il est suffisamment unique en son genre pour qu’on le signale ! L’expo présentera en effet des oeuvres inspirées par un extrait d’un roman ou d’une nouvelle de SF ou de fantastique. A signaler que toutes ces illustrations ont été réalisées par des artistes locaux ou ayant travaillé sur le Caillou. Une douzaine d’entre elles devraient êtres exposées. Un événement qui s’avère être une initiative de Mati, si je ne m’abuse, et à en juger par l’affiche : ça promet ! Pour tout savoir, rendez-vous sur le site de Mati ici-même : http://under-the-stars-light.over-blog.com/
Le Cri du Cagou, site calédonien que l’on ne présente plus, accorde une jolie place au Sci-Fi Club de Nouvelle-Calédonie dans sa première partie consacrée aux ciné clubs du Caillou. Merci à Trapard Creteux (et trop fort la photo…). Le lien : http://lecriducagou.com/?p=8292
Pour les rôlistes du Caillou (et Dieu sait qu’il y en a…), je ne pense pas leur apprendre quelque chose en leur signalant la future 19e convention de jeux de rôles organisée par le Sci-Fi Club. Néanmoins je le signale tout de même pour ceux et celles qui erreraient encore dans la quatrième dimension. Cette convention se déroulera ce week-end (29 et 30 mai) dans la salle d’honneur de la mairie de Nouméa, de 8H à 18H. Pour tout savoir, rendez-vous chez Mati : http://under-the-stars-light.over-blog.com/
Qu’ai-je découvert hier matin, ahuri, dans mon quotidien local : « Angoisse au Sci-Fi Club », c’est le titre ! Et pourquoi donc cette « angoisse » soudaine ? J’apprends en lisant l’article que le club se retrouve désormais à la rue, privé de son local associatif prêté par la F.O.L. !
Le Sci-Fi Club de Nouvelle-Calédonie (dont j’ai déjà parlé sur ce blog, voire le tag), et qui vient de fêter « l’année dernière » sa vingt-quatrième année d’existence, nous dit-on, (erreur, c’est cette année la vingt-quatrième !), ne rassemble plus aujourd’hui qu’une petite vingtaine de membres actifs ! Et l’on comprend vite pourquoi ce naufrage grandiose en poursuivant la lecture de l’article… On y apprend en effet, ébahi, que le Sci-Fi Club, à l’origine des célèbres 24H du Fantastique, des concours littéraires Sci-Fi / Les Nouvelles et des conventions de jeux de rôles (glorieuse époque !), ne propose plus à présent que »des ateliers de vie médiévale avec des animations de tir à l’arc, de tissage, de fabrication de blason ou de cuisine, dans un environnement mi-historique, mi-fantastique. » Ainsi donc, l’Imaginaire au Sci-Fi Club d’aujourd’hui ne se résume plus qu’à un seul genre : la Fantasy (ou le Merveilleux) ! La Science-Fiction et le Fantastique sont passés aux oubliettes des châteaux médiévaux ! Quant aux activités que l’on trouve dorénavant au sein du club, en plus des sempiternels jeux de rôles grandeur nature, je pense qu’elles se passent de tout commentaire… Et cette « chose » ose encore s’appeler Sci-Fi Club ? Médiéval Club ou Fantasy Club conviendrait mieux, je pense sincèrement. Les rôlistes ont fini par obtenir ce qu’ils voulaient depuis toujours, mais visiblement leur victoire se retourne contre eux…
« Oyez, oyez, braves gens, gentes dames et damoiselles, nobles sires et damoiseaux, le Sci-Fi Club quémande un logis qui pourra accueillir ses preux chevaliers et ses belles dames ! Oyez, oyez »
CosmoFiction fut le premier fanzine calédonien consacré aux genres de l’Imaginaire, en particulier au cinéma fantastique et de science-fiction. Publié irrégulièrement de 1984 à 1991, entièrement conçu et rédigé par de jeunes fans adhérents du Sci-Fi Club, mais également par d’autres, il fut réalisé avec amour et passion durant des années et vendu dans les librairies de Nouméa. Digne « ambassadeur » du Sci-Fi Club, il proposa toujours à ses lecteurs des articles, des critiques, des dossiers, des BD, sur un ton décontracté.
Cela faisait depuis des années que je regroupais dans de grands cahiers des documents sur les films de SF et de fantastique. Il s’agissait d’articles, de photos et d’affiches parus dans divers journaux (Première, Starlog, Fangoria, L’Ecran Fantastique, Mad Movies, Starfix, Vidéo 7, Télé Junior…). J’y notais scrupuleusement mes impressions, rédigeais quelques critiques, donnais des notes ou des appréciations. Puis, parvenu à mes 18 ans, je décidais finalement de publier un fanzine (j’aimais me lancer des défis à l’époque !) où je pourrais étaler toute ma passion et tenter de la faire partager à d’autres en donnant ou vendant autour de moi ce que j’avais alors décidé d’appeler CosmoFiction ! Pourquoi Cosmo + Fiction ? Je voulais y retrouver en abrégé les termes « cosmos » et « science-fiction »… ouep… j’avoue qu’aujourd’hui, jamais je ne l’aurais appelé ainsi !
Totalement motivé par ce projet fou, je me lançais à corps perdu dans cette affaire de CosmoFiction, rassemblant autour de moi documents, machine à écrire, ciseaux, colle, règle, marqueurs noirs et feuilles blanches à petits carreaux (lesquels me servaient de repères pour coller correctement mes photos) !
Au départ, il n’y avait que moi, moi et encore moi… Ça fait pas beaucoup ! Le premier numéro parut en août 1984. Je le vendais alors aux copains pour une bagatelle, question de rembourser mes frais de photocopies. Il ne comptait même pas une dizaine de pages. Les réactions de mes lecteurs étant positives, je décidais de poursuivre l’aventure et leur proposais rapidement d’étoffer l’équipe de rédacteurs. Un pote se joignit pour y publier une nouvelle de SF qu’il avait écrite, Au-delà de la Muse Bleue…
Ensuite, à partir du numéro 4, ce fut au cousin de Métropole de rejoindre l’aventure en tant que « correspondant de France » ! Ca sonnait si bien et ça faisait vraiment sérieux ! Puis vinrent progressivement se joindre d’autres participants, à la fois de Nouvelle-Calédonie et de France.
17 numéros de CosmoFiction parurent ainsi entre 1984 et 1986. Toujours photocopiés, agraffés sur le côté et tirés en une petite dizaine d’exemplaires vendue en cercle restreint. Mais lorsque le Sci-Fi Club ouvrit ses portes en 1986, CosmoFiction marqua une pause forcée car on ne pouvait pas se consacrer pleinement aux deux.
Cependant le Sci-Fi Club devait représenter une formidable opportunité pour élargir l’équipe de rédaction du fanzine et aussi pour offrir à CosmoFiction davantage de moyens. Pendant quelque temps, j’envisageais de rebaptiser le fanzine. Mais me rappelant tous les bons moments de cette formidable aventure, je maintenais finalement le nom « CosmoFiction ». Le compteur fut remis à zéro et le numéro 1 parut en avril 1988 avec, à la une, Robocop et Star Trek : The Next Generation. L’équipe de rédaction comprenait alors une dizaine de participants (rédacteurs, dessinateurs…), avec de nouveaux »correspondants », et notamment notre talentueux dessinateur des Star Blagues, à Tahiti, dont vous pouvez trouver ici quelques planches et promos réalisées pour le fanzine.
La mise en page de CosmoFiction avait été entièrement revue et corrigée, et on le tirait désormais dans une imprimerie à une centaine d’exemplaires, mais sa conception demeurait toujours aussi artisanale ! On commença à le vendre en librairie et en vidéo-clubs où son succès fut immédiat, ce qui ne sera malheureusement pas toujours le cas des autres numéros. Qu’importe ! Ce qui comptait avant tout dans cette affaire de fanzine c’était d’abord de partager nos passions en écrivant !
On eut droit à de sacrés numéros bien remplis, certains allant jusqu’à 68 pages, avec des dossiers complets, des critiques sur chaque film fantastique ou de SF sorti au cinéma, des dessins et des BD originales, des rubriques littéraires, des publications de nouvelles, des jeux et même des concours !
CosmoFiction s’arrêta en 1991 avec son numéro 6, une partie de l’équipe de rédaction ayant décidé de quitter le navire après des tensions. Le cœur n’y était plus. Les moyens financiers non plus. En outre, il fallait aussi publier en parallèle le bulletin du Sci-Fi Club, Sci-Fi News, ce qui me demandait un surplus de travail. L’aventure se termina donc un peu brutalement, non sans un certain regret.
- Morbius -
Le second recueil de nouvelles de science-fiction, lauréat des Nickels de l’Initiative, publié par le Sci-Fi Club en 1996.
Le premier recueil de nouvelles de science-fiction publié par le Sci-Fi Club en 1994.
LE « MINICLUB »…
En 1985, alors que j’avais 19 ans, je décidais pour mes futurs 20 ans de fonder, en compagnie de quatre copains passionnés, un fan club sur la saga Star Wars. Mais nous nous sommes vite rendus compte que nous n’allions malheureusement jamais être assez nombreux pour le remplir… La saga venait de s’arrêter en 1983 avec Le Retour du Jedi, et Lucas semblait nous abandonner définitivement comme de pauvres orphelins. Alors, changement de cap ! Comme les fans de Star Wars aiment forcément la science-fiction en général, nous optâmes finalement pour la création de la première association de SF de l’île, association appelée naïvement au départ Sci-Fi « Miniclub »… « mini »… pourquoi « mini » ?… tout simplement parce que le local que nous avions à notre disposition pour nous réunir n’était autre qu’une toute petite pièce de 4 mètres sur 4 située chez moi…
Cependant, et malgré ce « mini » très cucu-mimi, nos projets étaient déjà plutôt ambitieux : le Sci-Fi Miniclub allait avoir pour objectif de promouvoir la SF et le Fantastique sous toutes leurs formes d’expression : cinéma, littérature, arts plastiques, jeux… Problème : nous étions tous des cinéphiles… Même si nous lisions aussi de temps à autre de la SF ou du Fantastique, même si nous connaissions quelques grands auteurs appartenant à ces genres, nous ne nous considérions absolument pas comme des spécialistes de la littérature de l’Imaginaire.
De même, nous n’avions personne de qualifié pour s’occuper des arts plastiques ou des jeux de rôle (très en vogue alors à cette époque)… Qu’importe ! Le Sci-Fi Miniclub ouvrit malgré tout ses portes un glorieux 4 janvier 1986 avec une pièce entièrement aménagée et décorée pour la circonstance ! Et cette pièce allait rester le sanctuaire de l’association jusque vers 1989. Dès le départ, Robby le robot devenait la mascotte officielle du Sci-Fi Miniclub. Sur la photo ci-dessous on voit le petit local qui accueillit au début nos réunions et un petit Robby qui trône fièrement dans le coin…
DU CINÉMA ET DES DRAGONS…
Pendant longtemps, le Sci-Fi Miniclub ne proposa à ses membres que des présentations et des projections de films suivies de débats. Le magnétoscope tournait à fond chaque samedi après-midi, moment sacré où nous nous retrouvions tous.
Les inscriptions se firent de plus en plus nombreuses grâce au bouche à oreille et « radio-cocotier » (normal sur une île, me direz-vous !). La moyenne d’âge demeurait (et demeurera longtemps) très jeune : environ 16 ans.
La section cinématographique finit par se scinder en deux groupes : SF & F (faisant la part belle au cinéma uniquement consacré à ces nobles genres que sont la Science-Fiction et le Fantastique) et Bloodzone, la section du cinéma d’horreur et d’épouvante.
Arriva ensuite vers la fin 1987 la section jeux de rôles, d’abord appelée tout simplement Donjons & Dragons (en l’honneur de ce que vous connaissez peut-être) puis rebaptisée Dragons du Lagon (bien plus océanien comme nom !). Dirigée par un rôliste fan des premiers jeux vidéo (Atari et compagnie…), la section démarra timidement, avec un cercle restreint d’initiés et de quelques curieux. Elle connaîtra cependant des années plus tard un tel essor qu’elle « parasitera » quelque peu le fonctionnement normal de l’association.
LE FANZINE…
Nous publiions alors chaque mois le bulletin du club, Sci-Fi News, en compagnie de notre fierté : notre fanzine CosmoFiction. Ce dernier était tiré en une centaine d’exemplaires vendus dans les librairies de la ville.
CosmoFiction était un peu notre « ambassadeur », il était fait avec amour et passion, et réalisé avec les moyens du bord (pas d’ordi à l’époque !). L’équipe de rédaction me donnait les textes des ‘articles, et je les tapais à la machine tout en les illustrant de diverses photos découpées dans des magazines spécialisés (Mad Movies, L’Écran Fantastique, …). Mais pour CosmoFiction, c’est une autre histoire que je développerai dans un prochain article. Sur une des photos ci-dessous, on peut voir une partie du matériel « hétéroclyte » nécessaire pour accoucher d’un numéro du fanzine du Sci-Fi Miniclub !
L’ARRIVÉE DE MANDRAGORE…
Ce fut grâce au numéro 2 de CosmoFiction, notre « ambassadeur » en librairie, qu’un professeur de collège, fan de SF et de Fantastique, vint nous retrouver un beau jour de l’année 1988 pour s’inscrire dans notre association.
Passionné de littérature, en particulier celle qui nous intéressait tous alors, et écrivain à ses heures, Mandragore (pseudo qu’il utilisera toujours au club) allait apporter sa pierre à l’édifice, et quelle pierre ! Bouleversé de ne pas trouver au sein de notre association la place que devait mériter la littérature de l’Imaginaire, il proposa illico presto de créer une section littéraire, la fameuse branche qui nous manquait tant depuis le début ! Impossible de refuser ! Ce fut donc Les Feuillets d’Hypnos, section qui revint désormais régulièrement en alternance avec les autres.
Les activités étaient très diverses : présentations d’auteurs et d’ouvrages, ateliers d’écriture avec cadavres exquis, histoires sans fin, méthode S + 7, et tant d’autres délires qui nous firent passer de sacrés bons moments ! Tout comme pour les sections cinématographiques, des journées à thème étaient parfois organisées : Lovecraft, Jules Verne, Stephen King…
LES 24 HEURES DU FANTASTIQUE…
Mandragore contribua énormément au développement du club. Très à l’aise pour entrer en contact avec les divers services administratifs, il permit au Sci-Fi Club de connaître ses premières subventions. C’est ainsi que nous pûmes lancer fièrement en 1987, en collaboration avec les cinémas Hickson, notre festival cinématographique appelée Les 24 Heures du Fantastique, événement qui allait revenir chaque année et connaître un immense succès ! Comprenez : 13 films de SF et de Fantastique pour seulement 1000 CFP (8 €) ! Bien sûr, ces films n’étaient que des reprises, mais le public venait chaque année toujours plus nombreux, certains spectateurs attendant même impatiemment l’événement pour tout voir d’un coup !
On démarrait à 9 H le samedi pour finir le lendemain dimanche à 9 H ! Des entractes réguliers permettaient aux spectateurs d’aller se restaurer ou fumer une cigarette.
LA CONVENTION DE JEUX DE RÔLES…
Cette autre manifestation organisée par le Sci-Fi Club eut lieu chaque année dans la salle d’honneur de la mairie de Nouméa. Elle regroupait les rôlistes, les amateurs, les novices et les curieux, les passants pouvant s’approcher des tables de jeux pour observer le déroulement d’une partie. À l’époque, Empire Galactique, Star Wars, L’Appel de Cthulhu, Paranoïa, Donjons & Dragons… étaient quelques-uns des jeux les plus célèbres que l’on pratiquait.
Le tournoi durait deux jours. À l’issue de la manifestation, le meilleur rôliste recevait une récompense et voyait son nom gravé sur un katana, celui de la convention, qui demeurait propriété de l’association. De même, le meilleur maître de jeu était récompensé.
LE CONCOURS SCI-FI / LES NOUVELLES…
En 1989, le Sci-Fi « Miniclub » devint enfin le Sci-Fi « Club » ! Pourquoi plus de « mini » ? Parce que Mickey avait fini par divorcer de Mini et… pardon… Le « mini » disparut car nous avions obtenu une pièce supplémentaire pour notre association, le local initial étant devenu au fil du temps, on s’en doute, bien trop étroit pour contenir sa trentaine de membres réguliers, tout simplement !
Le Sci-Fi Club changera encore de local, vers 1992, pour aller s’installer cette fois définitivement dans une vaste salle de la ville (à Magenta, sous le Parking Hickson).
Alors, toujours portés par notre enthousiasme inébranlable et nos projets de plus en plus nombreux et ambitieux, aidés par la volonté fougueuse de nos jeunes adhérents très actifs et motivés, soutenus par les instances locales (mairie de Nouméa, Province Sud, Congrès du Territoire…) mais aussi par le représentant du Ministère de la Culture et de certaines boîtes locales comme la librairie Montaigne, l’imprimerie Gutenberg 2000, la Grande Brasserie Calédonienne, RFO, Télé 7 Jours et quelques autres, Mandragore accoucha d’un projet formidable de concours de nouvelles de SF et de Fantastique en partenariat avec notre unique quotidien local : Les Nouvelles Calédoniennes.
Ainsi, tous les deux ans, le concours Sci-Fi / Les Nouvelles eut lieu avec un évident succès. Les auteurs devaient s’efforcer, si possible, de situer leur récit en Nouvelle-Calédonie, ou du moins de faire en sorte qu’il ait un rapport avec la Nouvelle-Calédonie.
Par la suite le concours s’étendit à toute la zone Pacifique Sud. Les histoires pouvaient alors se dérouler n’importe où. Des Australiens, Néo-Zélandais et Vanuatais y participèrent, en anglais, of course.
Les membres du jury de ce concours littéraire venaient de divers horizons : service de la jeunesse de Nouméa, de la culture, on y trouvait aussi des journalistes, des libraires, des présidents d’autres associations… Toutes ces personnes n’avaient pas forcément d’affinités avec la science-fiction et le fantastique, et certaines allaient même jusqu’à clamer haut et fort qu’elles n’aimaient pas ces genres… Néanmoins il faut bien avouer qu’elles assurèrent toujours avec sérieux leur rôle, du moins pour la plupart, et qu’elles apportèrent finalement une vision plus neutre, moins partisanne que celle des passionnés.
LES ÉDITIONS SCI-FI CLUB…
Fort de son succès honorable, le concours littéraire Sci-Fi / Les Nouvelles déboucha quelques années plus tard, toujours à l’instigation de Mandragore, sur la publication de deux recueils regroupant les meilleures nouvelles des différentes éditions.
Le premier parut en 1994 sous le titre En d’autres temps, en d’autres lieux… (206 pages), puis le second, La dernière fugue (228 pages) fut publié en 1996, l’année des 10 ans de l’association, avec le soutien fort appréciable des Nickels de l’Initiative.
Mandragore avait créé pour la circonstance les Editions du Sci-Fi Club qui publièrent en tout et pour tout deux ouvrages durant leur courte existence, les deux cités précédemment.
Les chemins de la création, un recueil de conseils et de recettes d’écriture destiné surtout à l’usage des enseignants désirant faire écrire leurs élèves, fut édité en 1992 en partenariat avec le Centre Territorial de Recherche et de Documentation Pédagogiques alors que les Editions du Sci-Fi Club n’avaient pas encore été créées.
DES SOUS-SECTIONS…
Après le regroupement des deux sections cinématographiques en une seule (baptisée Fantasy, puis Métaluna), et la présence de la section Les Feuillets d’Hypnos et celle de Dragons du Lagon, apparurent progressivement des sortes de « sous-sections » (sortes de « branches » pas toujours utiles…) que l’on appela alors divisions (car elles dépendaient parfois d’une section).
Il y eut celle de Star Trek (USS Prometheus), celle consacrée aux réalisations de courts-métrages (Dreamfactory), celle dédiée aux phénomènes étranges (Walpurgis), celle des fans de dessins animés japonais et de mangas (Japanimation)…
Ce trop plein de divisions finit par enrayer le roulement régulier des sections du club.
1986 – 1996 : LES 10 ANS DU SCI-FI CLUB…
En 1996, voulant marquer les dix ans de l’association en beauté, nous fîmes venir en Nouvelle-Calédonie, à l’occasion de la manifestation Le Temps des Livres (organisée par la municipalité), trois grands auteurs de science-fiction : Gérard Klein, Jean-Pierre Andrevon et Norman Spinrad. Quel événement !
Ce fut aussi l’année où je devais me retirer du Sci-Fi Club après dix années de présidence. Beaucoup de tensions, de divergences et de moqueries blessantes envers les uns, les autres et moi-même avaient fini par me dégoûter. Les réunions n’étaient plus un plaisir. En outre, les proportions prises par la section des rôlistes, Dragons du Lagon, entraînaient l’association sur une voie qui n’était pas prévue au départ de sa création. Ainsi, certains ne venaient plus que pour les jeux de rôles au détriment des autres sections auxquelles ils n’accordaient strictement aucun intérêt.
AUJOURD’HUI…
Aujourd’hui le Sci-Fi Club existe toujours. Après avoir traversé une période difficile, il semble repartir sur de nouvelles bases. Il se réunit plus ou moins régulièrement dans un local qui ne lui appartient pas, et organise encore Les 24 Heures du Fantastique devenues La Nuit du Fantastique (programmation de 5 films). L’association animait autrefois un forum sur Internet, mais il a disparu depuis longtemps déjà. Désormais Facebook est le lieu de prédilection du Sci-Fi Club. Quant au célèbre logo de l’association, il a été « revu et corrigé »…
L’aventure valut largement la peine d’être vécue. Elle fut riche en événements, en rencontres, en créations et projets de toutes sortes, riche d’enseignements aussi… Si le Sci-Fi Club d’aujourd’hui, Sci-Fi Club qui en sera bientôt à ses 24 ans d’existence, ne ressemble en rien à celui d’hier, je lui souhaite malgré tout de poursuivre éternellement son beau voyage dans les contrées de l’Imaginaire… Que la Force soit avec lui, et bien sûr : longue vie et prospérité !