La Princesse Asa Vajda est autant repoussante lorsqu’elle est allongée dans son cercueil et qu’une nuée d’araignées lui dévorent l’intérieur des orbites, que belle et énigmatique sous les traits de l’actrice anglaise, Barbara Steele.
Asa Vajda était une terrible sorcière vivant au XVIIe siècle dans la très ancienne Moldavie, mais accompagnée de son diabolique amant, Igor Iavoutich, ils sont suppliciés et lui est cloué sur le visage, le fameux masque de fer ou masque du démon du titre (l’équivalent de « la vierge de fer » mais uniquement pour le visage). Avant la pose du masque, Asa Vajda lance une terrible malédiction sur les descendants de la famille de ses bourreaux. Cette introduction du MASQUE DU DÉMON (1960, La Maschera del demonio) de Mario Bava, inspirera un nombre incroyable d’imitations, et notamment mexicaines et britanniques. Mais la violence visuel du début du film de Bava reste encore intact de nos jours, au moment où l’énorme maillet s’abat sur le masque aux clous énormes qui vont s’enfoncer dans le visage de la sorcière.
Mario Bava s’est plus ou moins inspiré de la nouvelle « Vij » de Nicolas Gogol, inspirée de légendes ukrainiennes (et non pas moldaves comme dans le film de Bava) et qui traite de la résurrection d’une entité démoniaque se transformant en une belle jeune femme. Évidemment, l’adaptation qu’en a faite Mario Bava est très romancée, voire même très occidentalisée, sûrement dans le but d’être mieux exportable. Les deux cinéastes russes, Constantin Erchov et Gueorgui Kropatchev, en tourneront une version plus fidèle en 1967 pour la Mosfilm avec VIJ, quoiqu’elle soit très « chantée » à la manière du cinéma de propagande soviétique. Il existe une autre version datant de 2014, réalisée par un autre cinéaste russe, Oleg Stepchenko, mais je ne l’ai jamais vue.
Et pour le coup, la Princesse Asa Vajda appartient corps et âme au film de Mario Bava. Et bien que la notion vampirique présente chez Gogol soit latente durant tout le film, la belle Asa reste avant tout une sorcière séductrice mais cruelle et meurtrière cherchant à aller jusqu’au bout de la malédiction qu’elle a lancée.
Pour ce qui est de Barbara Steele, rares sont les autres films de sa filmographie dans lesquels elle atteint un tel jeu haineux, autant dans le regard que dans le ton de la voix. Bien qu’elle soit toujours aussi excellente en damnée en tant qu’Helen Karnstein dans LA SORCIÈRE SANGLANTE (1964, I Lunghi capelli della morte), en Veronica, sorcière ambiguë dans LA SŒUR DE SATAN (1966, The She-Beast) ou encore, en tant que Lavinia l’incroyable prêtresse du Malin dans LA MAISON ENSORCELÉE (1968, Curse of the Crimson Altar). Que des rôles qui, à eux seuls, pourraient remplir plusieurs articles de la rubrique des “Monstres Sacrés”, tout comme le personnage Igor Iavoutich, amant livide et sanguinaire de la sorcière Asa qui imprègne tout le film de sa présence fétide.
Mais la Princesse Vajda laissera au moins flotter une empreinte indélébile sur une bonne partie de la carrière de Barbara Steele et de nombreux autres films d’épouvante européens : son double rôle. Asa est autant maléfique que la Princesse Katia, sa descendante se voudrait un double angélique malgré la présence inquiétante des deux énormes molosses qui l’accompagnent en tout lieu. Et Mario Bava ne s’est pas encombré du cliché de la douce blonde et de la rugueuse brune, il a carrément choisi Barbara Steele pour incarner ce double-rôle, rendant ainsi le film plus étrange et ambivalent encore. Et oui, on n’attrape pas la Princesse Vajda comme ça !
- Trapard -
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Si il y a bien un auteur étonnant c’est bien Gogol.
Quand au film en question, « Le masque du démon », Je ne connaissais pas. Bien qu’en réalité cette époque ne fasse pas partie des mes références cinématographiques. En tout cas tu me donnes envie de le voir.
Dans ce cas, regarde aussi le film à sketchs LES TROIS VISAGES DE LA PEUR (1963) du même Mario Bava. Et notamment le segment « Les Wurdalaks » tiré de légendes d’Europe de l’Est.
Tout comme la sorcière-vampire ukrainienne et moldave, le vampire est aussi une entité ambivalente que certaines régions associent au loups-garou.
Je te laisse juge
Wikipedia :
- »Le vampire est lié au loup-garou dans les pays d’Europe orientale, en Bulgarie, en Serbie et en Slovaquie. En Serbie, le loup-garou et le vampire sont connus sous le même nom : Vulkodlak.
-Dans la mythologie hongroise et celle des Balkans, de nombreux loups-garous étaient décrits comme des sorcières vampiriques qui devenaient loups afin de sucer le sang des hommes nés un jour de pleine lune, dans le but de préserver leur santé. Sous forme humaine, ces lycanthropes seraient pâles, avec un visage émacié, les orbites creuses, les lèvres gonflées et les bras flasques.
-Les lycanthropes sont très proches des vampires dans le sens où le loup-garou est un pont entre l’homme et l’animal, un animal bestial qui détruit et dévore le monde, le vampire est un pont entre le monde des vivants et celui des morts.
-« Volkodlak » est un terme slovène issu de volk (« loup ») et dlak (« poil ») qui désigne le loup-garou d’après Ernest Jones (« Voukodlak » -вукодлак- en serbo-croate ; vlkodlak en tchèque et slovaque). En russe, loup-garou signifie littéralement « voleur ».
« Vîrcolac » est le terme roumain, emprunté au bulgare vŭrkolak (върколак). Il désigne, en roumain, aussi bien un vampire, un revenant, un fantôme, qu’un loup-garou, et, en tout cas, un être fabuleux susceptible de cacher, en les dévorant, le soleil et la lune. En grec, le mot est βρυκόλακας (vrykólakas). Ces termes étant également utilisés pour désigner le vampire, cela indique un rapport étroit entre ces deux créatures.
-Wawkalak, vourdalak, vlkodlak et bodark :
Le wawkalak, également nommé vourdalak, bodark ou оборотень en Russie, est un homme victime de la colère du Diable et puni par une transformation en loup, puis renvoyé parmi les siens qui généralement le reconnaissent et le nourrissent. Contrairement à la plupart des lycanthropes, il n’est pas mauvais de nature et ne s’en prend jamais aux hommes, allant même jusqu’à leur lécher les mains pour leur témoigner son affection. En revanche, sa malédiction fait qu’il ne peut rester longtemps au même endroit et voyage de foyer en foyer puis de village en village. Le vlkodlak se transforme lui aussi à cause de la magie d’un autre, mais reste généralement à l’écart des gens.
-Vârcolac
Le vârcolac est une créature du folklore roumain qui possède différentes formes selon les traditions, il peut être un lycanthrope ou un Gobelin. En roumain, ce nom dérive de vukodlak, вълк (vâlk)/вук (vuk), signifiant « loup » et dlaka, signifiant « fourrure », et décrit à l’origine un lycanthrope (Fourrure du loup littéralement). Dans certaines version (notamment au nord-ouest de la Bulgarie), il s’agit d’un démon loup qui avale occasionnellement la Lune et le Soleil, causant ainsi des éclipses comme le fait le loup Fenrir de la mythologie nordique. Ce terme renvoie également à un mage ayant la capacité de se transformer en loup pour se camoufler, que les hommes craignent bien entendu. D’autres légendes le décrivent comme un fantôme, un vampire ou un lycanthrope, sous le nom de Vrykolakas.
Et pour la Lettonie et la Littuanie :
Pour le RENNE BLANC : http://morbius.unblog.fr/2014/07/page/2/
Bien qu’il s’agisse d’un renne.
Les vilkacis, Vilkatas ou Vilkatis, sont des lycanthropes communs aux folklores letton et lituanien. Vilkacis signifie littéralement « loup-garou aux yeux de loup ». Le flou demeure pour savoir s’il s’agit d’une transformation physique ou de l’âme d’une personne qui prend possession d’un corps de loup car les récits font états de personnes apparemment endormies qui « courent le garou », après quoi la personne se révèle être morte et l’âme ne peut plus réintégrer sa demeure de chair. Les vilkacis ne s’attaquent qu’aux animaux (particulièrement aux troupeaux) et jamais à l’homme, à l’occasion, ils se montrent bienveillants ou apportent des trésors. Pour se changer en vilkacis, il suffit d’attendre la pleine lune et de se placer sous un arbre dont la cime est courbée vers le sol en formant un arc de cercle. L’autre méthode rapportée par les contes de fées lettons est plus traditionnelle, il s’agit de revêtir une peau de loup et de prononcer une incantation. Au temps des procès de sorcellerie, il suffisait qu’une femme possède une peau de loup chez elle pour se voir accusée.
Contrairement à la plupart de ses cousins, le vilkacis ne guérit pas de ses blessures, en particulier mortelles. Il existe un teika (traduit par « récit » ou « mythe » en letton) où un homme se transforme en vilkacis pour attaquer le troupeau de vaches d’un baron. Blessé par un coup de feu, il meurt peu après. Dans le folklore letton, les femmes se transformeraient plus volontiers en vilkacis (elles sont nommées vilkatas). Pour cela, elles se déshabillent complètement et cachent leurs vêtement dans un lieu où personne ne peut les trouver car si quelqu’un y touchait, la vilkatas ne peut pas réintégrer sa forme humaine pendant un certain temps (de un à neuf ans). Lorsque cela arrive, la vilkatas erre autour de sa maison, et si elle a un mari et des enfants, elle hurle et tente de se rapprocher d’eux. Les vilkacis sont parfois nommés « Dieva Suni », qui signifie Chiens de Dieu, mais on ne sait pas si Dieu désigne la divinité lettone Dieviņš ou le Dieu unique après l’évangélisation du pays.
Folklore lituanien
Olaus Magnus parle des loups-garous lituaniens dans son Histoire des peuples septentrionaux. Les loups-garous sont très craints des populations et particulièrement actifs le soir de Noël, où ils assiègent les maisons de ceux qui vivent au fond des bois avec une extrême fureur, défonçant les portes des habitations et des étables pour dévorer les hommes et les bêtes. Ils entrent aussi dans les celliers où ils vident des baquets de bière et de cervoise, buvant tout leur saoul avant de les reposer les uns au-dessus des autres. Ils dorment généralement sur place avant de repartir, et si par malheur quelqu’un trébuche à l’endroit même où un loup-garou s’est couché, cette personne risque de mourir au jour de l’an et ne vivra pas un an de plus. Les loups-garous lituaniens sont généralement d’anciens seigneurs à qui la malédiction du loup-garou a été transmise : lorsqu’un lycanthrope lituanien veut affecter une autre personne, il prend un hanap ou une coupe de cervoise et trinque avec sa victime en prononçant une malédiction. Lorsque la personne qui a trinqué boit, elle acquiert le pouvoir de se changer en loup, généralement en se cachant dans une forêt ou au fond d’une cave, et de redevenir humain à volonté.
Les vourdalaks sont aussi les personnages centraux de LA NUIT DES DIABLES (1972) de Giorgio Ferroni.
L’intrigue : Un jeune commerçant en bois, Nicola, se réveille amnésique et épuisé dans une clinique. Il ne se souvient pas de ce qui lui est arrivé et il a été retrouvé errant dans les bois, à la frontière entre l’Italie et la Yougoslavie. Chaque nuit, il est hanté par de terrifiants cauchemars. La venue d’une superbe jeune femme, Sdenka, à son chevet le rend fou furieux et agressif. Car elle est liée au drame l’ayant fait basculer dans l’amnésie. Toujours hospitalisé, Nicola se souvient…
Après un accident de voiture, Nicola a été recueilli par une famille de paysans, les Ciuevelak, isolée du monde extérieur et terrifiée par la nuit. Nicola a appris avec stupeur que la région était infestée de « vourdalaks », des créatures buvant le sang de leurs victimes… Si un membre de la famille venait à être mordu par ces monstres, il deviendrait à son tour un vampire condamné à supprimer tous ses proches pour échapper à leur propre solitude. Le patriarche est contaminé et, avant que son état empire, demande à ses proches de ne pas le laisser rentrer. Sinon, ils deviendront ses proies et il les transformera à leur tour en créatures assoiffées de sang…
On trouve aussi des créatures similaires dans LE CLUB DES MONSTRES (1980) de Roy Ward Baker.
L’intrigue : Un auteur britannique de romans d’horreur est approché par un vampire nommé Eramus, qui lui boit un peu de son sang. Pour le remercier de cette petite « donation », il l’invite à son « Club des monstres » où les vampires, loups-garous, et autres créatures surnaturelles du tout Londres viennent se divertir. Eramus, qui voue une admiration à l’auteur, lui raconte trois histoires de créatures de la nuit qui pourraient l’inspirer dans ses prochains écrits, tout en regardant les spectacles divers montrés par le Club. Dans la première histoire, une créature hybride, nommée le Shadmock, tue ses victimes en sifflant. Dans la seconde, une paisible famille de vampires est attaquée par des chasseurs qui sont à la recherche du père depuis des années. Dans la troisième, un réalisateur de films d’horreur, parti à la recherche d’un village devant servir de décor pour son prochain film, tombe sur un patelin habité par des goules mangeuses de chair humaine. À la fin du film, Eramus demande aux autres membres du Club que l’auteur devienne le premier humain membre honoraire de leur association, ce qui est vite accepté…
Quelques dérivés du MASQUE DU DÉMON :
-LA CITÉ DES MORTS (1960) de John Llewellyn Moxey.
Un étranger arrive au village de Whitewood en Nouvelle Angleterre, et recherche un document unique sur la sorcellerie. Des événements étranges surviennent…
-THE NAKED WITCH (1961) de Claude Alexander, Larry Buchanan.
Un jeune étudiant découvre la tombe d’une sorcière autrefois exécutée. Celle-ci se lève de sa tombe et se lance dans une campagne de vengeance et de meurtre contre les descendants des responsables de sa mort..
-LE MIROIR DE LA SORCIÈRE (1962) de Chano Urueta.
XIXème siècle, dans une sombre demeure, face à un miroir magique, la sorcière Sara met en garde Elena, sa nièce, contre son époux le docteur Eduardo. Mais il est trop tard : Elena meurt empoisonnée, laissant la place à Deborah la nouvelle femme d’Eduardo. Malheureusement, le bonheur de cette dernière est de courte durée. Voulant faire disparaître le fantôme d’Elena, Eduardo lance une lampe à pétrole et les flammes brûlent Deborah. Pour redonner un visage humain à sa femme, il vole des cadavres pour effectuer des greffes… Mais Sara, la vindicative sorcière, en profite et remplace une des mains de Déborah par celle d’Elena…